L’IFRAP et « les enseignants pris en otage par les syndicalistes »
Non, cela ne fait pas rire. Les conclusions de cette fondation « reconnue d’inutilité publique » selon laviemoderne.net et dont nous publions un bref extrait, sont à lire sur http://www.laviemoderne.net/grandes-autopsies/68-reconnue-d-inutilite-publique
L’iFRAP : Reconnue d’inutilité publique
La fondation iFRAP : fossoyeur officiel de l’école publique
L’iFRAP[1] est un think tank devenu depuis 2009 une « fondation » reconnue d’utilité publique.
Si l’iFRAP existe depuis 1985, son audience médiatique explose depuis 2010[2]. Sa directrice actuelle, Agnès Verdier-Molinié, est aujourd’hui régulièrement invitée dans les médias, qu’elle connaît par ailleurs très bien pour en être issue[3] : « Avec en moyenne un passage par jour dans les médias, la Fondation iFRAP est la plus sollicitée de tous les think tanks par la presse économique, mais aussi par les radios et les télévisions. »
Malgré ses moyens importants, nous avons déjà pu douter du sérieux et de l’impartialité de cette « fondation ». Voilà qui nous amène aujourd’hui à nous intéresser de plus près à la vocation, au fonctionnement et à l’idéologie de l’iFRAP, non pas en se fiant à des préjugés mais en étudiant méthodiquement ses articles et ses dossiers « coups de poing ».
Une vocation ambiguë
L’IFRAP définit ainsi ses « missions sociales » :
Effectuer des études et des recherches scientifiques sur l’efficacité des politiques publiques, notamment celles visant la recherche du plein emploi et le développement économique, de faire connaître le fruit de ces études à l’opinion publique, de proposer des mesures d’amélioration et de mener toutes les actions en vue de la mise en œuvre par le Gouvernement et le Parlement des mesures proposées.
Évaluer « l’efficacité des politiques publiques » pour le « plein emploi » et le « développement économique », une noble mission sans doute, qui fait de l’iFRAP une sorte de jumeau privé de la Cour des comptes. Celle-ci s’est d’ailleurs reconnu récemment des convergences de vue avec l’iFRAP[4].
On peut en revanche s’interroger sur la compatibilité du caractère « scientifique » de ces « études » et « recherches » avec la forme de lobbying revendiquée dans le même temps (« mener toutes les actions en vue de la mise en œuvre par le Gouvernement et le Parlement des mesures proposées »).
La prétention scientifique de l’iFRAP est bien sûr l’alibi d’une officine ultra-libérale militante, dont le statut de « fondation » vise à asseoir encore davantage la crédibilité
Le financement de l’iFRAP
Comment la fondation iFRAP est-elle financée ?
Essentiellement par les dons toujours croissants : l’iFRAP a ainsi reçu 1 180 941 € de dons en 2014[5], ce qui constitue une somme considérable pour un organisme non caritatif. Il faut dire que, depuis que l’iFRAP a été reconnue d’utilité publique, les dons des particuliers et des entreprises sont déductibles de l’impôt sur le revenu (66%), de l’impôt sur les sociétés (60%) et de l’impôt sur la fortune (75%).
On peut estimer que la réduction d’impôt pour les donateurs, et donc le manque à gagner pour l’État, peu être évalué entre 708.000 et 885.000 euros en 2014.
Impossible d’en savoir plus : si l’iFRAP est transparent sur ses comptes (« l’iFRAP ne bénéficie d’aucune subvention publique, ce qui est un gage d’indépendance »), il ne l’est malheureusement pas sur ses principaux donateurs : aucune liste de particuliers ou d’entreprises n’est en effet publiée. Comment s’assurer de son indépendance dès lors ?
Ces dons assurent aux cinq salariés de l’iFRAP (dont un seul cadre) un salaire moyen de 4 991 € nets par mois en 2012. En principe, selon la loi, les membres de son conseil d’administration[6], et a fortiori son directeur, « exercent leur fonction à titre gratuit ». Aux charges de personnel s’ajoutent les contributions volontaires en nature qui « correspondent à la valorisation des bénévoles » (« prestations en nature », « mise à disposition gratuite de biens et services ») : plus de 220 000€ en 2012, soit presque 19 000€ par mois pour l’ensemble des « bénévoles ».
Une « expertise » plus que douteuse
L’iFRAP s’attribue une bonne douzaine de « domaines d’expertise », de la « fonction publique et administrations » aux « transports ». Nous limiterons notre réflexion à la seule administration que nous connaissons : l’Éducation nationale.
Il se trouve que l’école française est un domaine qui intéresse tout particulièrement l’iFRAP : ses publications à son sujet sont toujours plus nombreuses. Bien sûr tous les articles de l’iFRAP sur l’Éducation nationale sont à charge, conformément à sa vocation scientifique.
A vrai dire la liste serait longue des multiples erreurs de l’iFRAP dans ce domaine. Trois exemples récents suffiront à se convaincre de l’amateurisme — ou plus sûrement de la malhonnêteté intellectuelle — de l’iFRAP.
Contrairement à l’iFRAP nous indiquerons nos sources précises accompagnées de liens vérifiables.
Le fabuleux surcoût des « trente milliards »
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