Décryptage de la réforme

Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie. Merci Jacques (coll. Limas)

Enseignements au collège

Organisation

NOR : MENE1515506C
circulaire n° 2015-106 du 30-6-2015
MENESR – DGESCO A1-2


Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie ; aux inspectrices et inspecteurs d’académie-directrices et directeurs académiques des services de l’éducation nationale ; aux inspectrices et inspecteurs d’académie-inspecteurs pédagogiques régionaux ; à la directrice du centre national d’enseignement à distance ; à la directrice de l’association des établissements français à l’étranger ; au directeur général de la mission laïque française ; aux inspectrices et inspecteurs de l’éducation nationale – enseignement technique-enseignement général ; aux inspectrices et inspecteurs de l’éducation nationale ; aux chefs d’établissements publics et privés sous contrat ; aux professeurs des établissements publics et privés sous contrat


La loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République confie au collège unique, dont elle réaffirme le principe, la mission de conduire les élèves à la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Le collège unique est à la fois un élément clé de l’acquisition, par tous, du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, et un creuset du vivre ensemble. C’est pourquoi la mixité sociale et scolaire au sein des classes fait l’objet d’une attention spécifique.

Le nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture (publié le 2 avril 2015 au Journal officiel), les nouveaux programmes de cycle de la scolarité obligatoire, la nouvelle politique de l’évaluation des élèves et la nouvelle organisation des enseignements au collège doivent concourir à faire du collège, pour chaque élève, le tremplin vers la poursuite de ses études, la construction de son avenir personnel et professionnel, et la préparation à l’exercice de la citoyenneté.

L’objectif du collège est double : renforcer l’acquisition des savoirs fondamentaux dans tous les enseignements et développer les compétences indispensables au futur parcours de formation des collégiens. Assurer un même niveau d’exigence pour que tous les élèves acquièrent le socle commun de connaissances, de compétences et de culture par une priorité centrale donnée à la maîtrise des savoirs fondamentaux est un impératif. Toutes les disciplines d’enseignement contribuent à la maîtrise de ces savoirs.

Les enseignants sont des professionnels de haut niveau qui maîtrisent les savoirs disciplinaires et leur didactique, construisent, mettent en œuvre et animent des situations d’enseignement et d’apprentissage prenant en compte la diversité des élèves. Pour permettre à tous les élèves de mieux apprendre pour mieux réussir, et aux équipes de conduire une action déterminée auprès des élèves les plus fragiles, l’organisation du collège repose sur la confiance dans le professionnalisme de tous les personnels et libère leur capacité d’initiative.

Les personnels d’encadrement (personnels de direction et d’inspection), pleinement investis dans leur rôle d’animation des équipes pédagogiques, sont également des points d’appui essentiels pour une évolution des pratiques pédagogiques au service de la réussite de tous les élèves.

Les principes de la nouvelle organisation du collège, plus collective, sont définis par le décret n°2015-544 du 19 mai 2015 relatif à l’organisation des enseignements au collège et l’arrêté du 19 mai 2015 relatif à l’organisation des enseignements dans les classes de collège. La nouvelle organisation du collège entre en vigueur, pour tous les niveaux d’enseignement, à compter de la rentrée scolaire 2016.

1. L’organisation des enseignements dans l’établissement

L’organisation du collège renforce l’autonomie des établissements et des enseignants et par conséquent leur capacité d’adaptation aux besoins et aspirations des élèves. Les pratiques différenciées s’enrichissent de toutes les innovations et initiatives pédagogiques des équipes enseignantes.

Les enseignements obligatoires se répartissent en enseignements communs à tous les élèves et en enseignements complémentaires (accompagnement personnalisé et enseignements pratiques interdisciplinaires), qui contribuent à la diversification et à l’individualisation des pratiques pédagogiques. Le collège propose en outre aux élèves un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires « Langues et cultures de l’Antiquité » et « Langues et cultures étrangères ou régionales ». Cet enseignement porte sur le latin, le grec ou une langue régionale.

Tous les enseignements s’appuient sur les contenus disciplinaires des programmes d’enseignement déclinant le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, que les élèves doivent acquérir au meilleur niveau de maîtrise possible.

Le total hebdomadaire des heures mis à la disposition des établissements pour la prise en charge des élèves de la classe de sixième à la classe de troisième augmente : il passe de 110,5 heures à 115 heures à la rentrée 2016, et à 116 heures à partir de la rentrée 2017 (pour les quatre niveaux). Ce total hebdomadaire inclut, outre la dotation horaire élève correspondant aux enseignements obligatoires, une dotation horaire supplémentaire pour l’établissement, afin de favoriser, en fonction des besoins, le travail en groupes à effectifs réduits, les interventions conjointes de plusieurs enseignants, et de mettre en place les enseignements de complément.

Les équipes pédagogiques disposent d’une plus grande marge de manœuvre dans l’utilisation de la dotation correspondant aux marges heures professeurs, mais aussi pour l’organisation de l’accompagnement personnalisé et des enseignements pratiques interdisciplinaires. La répartition des volumes horaires entre l’accompagnement personnalisé et les enseignements pratiques interdisciplinaires est identique pour tous les élèves d’un même niveau.

Dans ce cadre, les équipes pédagogiques élaborent des projets. Les choix faits par les équipes doivent permettre une organisation équilibrée de l’emploi du temps des classes et des enseignants. Le travail en équipe s’appuie notamment sur les instances collégiales existantes. En fonction des besoins exprimés par les équipes, les chefs d’établissement doivent s’employer à dégager des plages horaires libres communes, qui facilitent le travail collectif, car elles sont anticipées et placées sur des temps compatibles avec l’organisation personnelle de chacun.

Les projets sont mis en cohérence dans les différentes instances selon les modalités qui régissent l’autonomie pédagogique et éducative dont disposent les collèges.

Le conseil d’enseignement

Le conseil d’enseignement, qui réunit les professeurs d’une même discipline, réfléchit à la mise en œuvre du programme de cycle, aux besoins de mise en œuvre de l’accompagnement personnalisé dans la discipline et à l’inscription de la discipline dans les huit thématiques des enseignements pratiques interdisciplinaires.

Le conseil pédagogique

Le conseil pédagogique, présidé par le chef d’établissement, réunit notamment au moins un professeur principal de chaque niveau d’enseignement et un professeur par champ disciplinaire. Il favorise la concertation entre les enseignants des différentes disciplines et des différentes équipes de classe, et prépare la partie pédagogique du projet d’établissement. Il est consulté sur la préparation de l’organisation des enseignements. Il formule des propositions quant aux modalités de l’accompagnement personnalisé – soutien, approfondissement, méthodes de travail – et de regroupement des élèves, que le chef d’établissement soumet ensuite au conseil d’administration. Il est saisi pour avis sur l’organisation des enseignements pratiques interdisciplinaires.

Le conseil d’administration

Le conseil d’administration, qui réunit les représentants des personnels, les représentants des usagers (parents d’élèves et élèves) et les représentants de l’administration et des collectivités territoriales, arrête la répartition des moyens horaires entre les enseignements communs, les enseignements complémentaires (accompagnement personnalisé et enseignements pratiques interdisciplinaires) et les enseignements de complément.

Sont présentées au conseil d’administration :

- l’offre d’accompagnement personnalisé : les modalités de la participation des disciplines à l’accompagnement personnalisé et, pour le cycle 4, le volume horaire hebdomadaire, dans la limite de 2 heures ;

- l’offre d’enseignements pratiques interdisciplinaires pour le cycle 4 : la liste des thématiques interdisciplinaires qui sont proposées aux élèves à chacun des niveaux (une même thématique peut être proposée sur plusieurs niveaux) ; les modalités de la participation des disciplines aux thématiques interdisciplinaires ; le volume horaire hebdomadaire et le nombre de semaines consacrées dans l’année scolaire à chacun des enseignements pratiques interdisciplinaires ; les modalités de la participation des élèves et de leurs représentants légaux au choix des thématiques interdisciplinaires qui seront suivies (progression en partie ou totalement imposée par l’établissement, ou libre-choix des élèves).

Le conseil d’administration répartit la dotation horaire supplémentaire mise à la disposition des établissements entre les moyens nécessaires à la constitution de groupes à effectifs réduits, aux interventions conjointes de plusieurs enseignants et aux enseignements de complément. Le volume de la dotation horaire supplémentaire pour l’établissement est calculé sur la base de 2 heures 45 minutes par semaine et par division pour la rentrée scolaire 2016, puis sur la base de 3 heures par semaine et par division à compter de la rentrée scolaire 2017. Il est, dans l’organisation actuelle du collège, de 2 heures pour quatre divisions. Un collège de 20 divisions pourra ainsi utiliser une enveloppe de 55 heures à la rentrée 2016 et 60 heures à partir de la rentrée 2017, contre 10 heures aujourd’hui, ce qui équivaut à une multiplication par six de la dotation horaire heures professeurs.

Les établissements qui proposent aujourd’hui les options latin, grec et langues régionales disposeront donc des moyens nécessaires à la mise en œuvre dans les meilleures conditions des enseignements de complément en latin, grec et langues régionales.

Les groupes à effectifs réduits ont vocation à être constitués en priorité pour les sciences expérimentales, la technologie, les langues vivantes étrangères, les langues régionales et l’enseignement moral et civique.

La forme courante d’organisation en classes peut être remplacée temporairement par d’autres formes de regroupements, dont l’objectif doit être de favoriser les pratiques pédagogiques différenciées.

Dans chaque établissement, les choix reposent sur les équipes et les compétences en place et sur les projets en cours.

La dotation horaire supplémentaire ne peut pas être utilisée, à l’exception des heures dédiées aux enseignements de complément, pour augmenter l’horaire hebdomadaire des élèves.

Dans les établissements d’enseignement privé sous contrat, l’organisation des enseignements est fixée par le chef d’établissement en concertation avec les professeurs. L’instance de concertation mise en place, représentative des niveaux et des disciplines, peut participer à la construction du volet pédagogique du projet d’établissement et formuler des propositions quant aux modalités de l’accompagnement personnalisé et de regroupement des élèves. Elle peut être saisie pour avis sur l’organisation des enseignements pratiques interdisciplinaires.

2. Les enseignements pratiques interdisciplinaires et les enseignements de complément

Les enseignements pratiques interdisciplinaires concernent les élèves du cycle 4. Ils permettent de construire et d’approfondir des connaissances et des compétences par une démarche de projet conduisant à une réalisation concrète, individuelle ou collective (qui peut prendre la forme d’une présentation orale ou écrite, de la constitution d’un livret ou d’un carnet, etc.). Ils peuvent être mis en œuvre progressivement tout au long du cycle 4. Le volume horaire hebdomadaire qui leur est consacré peut ainsi être croissant de la classe de cinquième à la classe de troisième. Des heures professeurs peuvent être mobilisées notamment pour des interventions conjointes de plusieurs enseignants.

Chaque enseignement pratique interdisciplinaire porte sur l’une des thématiques interdisciplinaires suivantes : corps, santé, bien-être et sécurité ; culture et création artistiques ; transition écologique et développement durable ; information, communication, citoyenneté ; langues et cultures de l’Antiquité ; langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales ; monde économique et professionnel ; sciences, technologie et société.

Toutes les disciplines d’enseignement contribuent aux enseignements pratiques interdisciplinaires. Les professeurs documentalistes et les conseillers principaux d’éducation, dans leurs champs de compétences respectifs, ont vocation à apporter leur expertise dans leur conception et à participer à leur mise en œuvre. Le programme d’enseignement du cycle 4 fixe le cadre des contenus enseignés pour chacune de ces thématiques.

Les enseignements pratiques interdisciplinaires contribuent, avec les autres enseignements, à la mise en œuvre du parcours citoyen, du parcours d’éducation artistique et culturelle ainsi que du parcours Avenir. La mise en œuvre des parcours doit favoriser la participation d’autres personnels de l’établissement et les partenariats.

Les enseignements pratiques interdisciplinaires sont des temps privilégiés pour développer les compétences liées à l’oral, l’esprit créatif et la participation : les élèves apprennent à s’inscrire dans un travail en équipe, à être force de proposition, à s’exprimer à l’oral, à conduire un projet, individuel ou collectif.

Les enseignements pratiques interdisciplinaires sont aussi l’occasion privilégiée de mettre en pratique les langues vivantes étudiées ainsi que les outils numériques. Notamment dans le cadre de l’enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures étrangères et régionales », un enseignement de discipline non linguistique peut être proposé aux élèves. Les recteurs mettent en place dans les académies des procédures simples de certification pour les professeurs non linguistes volontaires.

À l’issue du cycle 4, chaque élève doit avoir bénéficié d’enseignements pratiques interdisciplinaires portant sur au moins six des huit thématiques interdisciplinaires sauf, nécessairement et à titre transitoire, les élèves des classes de troisième pour l’année scolaire 2016-2017 et les élèves des classes de quatrième pour les années scolaires 2016-2017 et 2017-2018. Les enseignements pratiques interdisciplinaires offerts aux élèves doivent, chaque année, être au moins au nombre de deux, portant chacun sur une thématique interdisciplinaire différente.

Les enseignements pratiques interdisciplinaires peuvent être de durée variable (trimestrielle, semestrielle, annuelle), sur un horaire hebdomadaire de 1 à 3 heures. Un établissement peut combiner des enseignements pratiques interdisciplinaires de durées différentes. Par exemple :

- trois enseignements pratiques interdisciplinaires trimestriels de 3 heures ;

- deux enseignements pratiques interdisciplinaires semestriels de 2 heures, et trois enseignements pratiques interdisciplinaires trimestriels d’une heure ;

- un enseignement pratique interdisciplinaire semestriel de 3 heures, un enseignement pratique interdisciplinaire semestriel d’une heure, un autre de 2 heures ;

- un enseignement pratique interdisciplinaire annuel d’une heure, et deux enseignements pratiques interdisciplinaires semestriels de 2 heures ;

- un enseignement pratique interdisciplinaire annuel d’une heure, et trois enseignements pratiques interdisciplinaires trimestriels de 2 heures.

Les organisations trimestrielles ou semestrielles sont à privilégier. D’autres modalités peuvent être conçues, telles que des semaines interdisciplinaires.

Une même thématique interdisciplinaire peut être suivie par un élève au cours de chacune des trois années du cycle 4.

Un élève peut ainsi suivre l’enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures de l’Antiquité » en classes de cinquième, quatrième et troisième. Il peut en outre suivre, de la classe de cinquième à la classe de troisième, l’enseignement de complément de latin et, en classe de troisième, l’enseignement de complément de grec. Les langues et cultures de l’Antiquité jouent un rôle important dans l’acquisition de la culture commune et la construction de la citoyenneté, pour leur dimension linguistique comme pour l’apprentissage de l’histoire des civilisations. Les enseignements de complément de latin et de grec sont pris en charge par les professeurs de lettres classiques, qui ont en outre vocation, avec les professeurs d’autres disciplines, à être mobilisés pour la prise en charge de l’enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures de l’Antiquité ».

De la même façon, un élève peut suivre l’enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures étrangères et régionales » en classes de cinquième, quatrième et troisième. Il peut en outre suivre, de la classe de cinquième à la classe de troisième, l’enseignement de complément de langue régionale. L’enseignement des langues vivantes régionales au collège reste régi par la circulaire n° 2001-166 du 5 septembre 2001 sur le développement de l’enseignement des langues et cultures régionales à l’école, au collège et au lycée. S’agissant spécifiquement de l’enseignement bilingue d’une langue régionale, celui-ci reste organisé d’après les instructions pédagogiques figurant dans l’arrêté du 12 mai 2003 « Enseignement bilingue en langues régionales à parité horaire dans les écoles et les sections « langues régionales » des collèges et des lycées ». Les sections bilingues de langue régionale, les dispositifs bi-langues de continuité en classe de sixième et les enseignements d’initiation et de sensibilisation en classe de sixième sont par conséquent maintenus.

Les élèves qui bénéficient d’un enseignement de complément doivent être répartis dans plusieurs classes, afin d’éviter la constitution de filières sur la base de ce choix.

3. L’accompagnement personnalisé

L’accompagnement personnalisé concerne les élèves de tous les niveaux. Tenant compte des spécificités et des besoins de chaque élève, il est construit à partir du bilan préalable de ses besoins. Tous les élèves d’un même niveau de classe bénéficient du même nombre d’heures d’accompagnement personnalisé.

Toutes les disciplines d’enseignement peuvent contribuer à l’accompagnement personnalisé. Il est destiné à soutenir la capacité des élèves à apprendre et à progresser, notamment dans leur travail personnel, à améliorer leurs compétences et à contribuer à la construction de leur autonomie intellectuelle. Les professeurs documentalistes et les conseillers principaux d’éducation, dans leurs champs de compétences respectifs, ont vocation à apporter leur expertise dans sa conception et à participer à sa mise en œuvre.

L’accompagnement personnalisé prend des formes variées : approfondissement ou renforcement, développement des méthodes et outils pour apprendre, soutien, entraînement, remise à niveau. Quelles que soient les formes retenues, il repose sur les programmes d’enseignement, dans l’objectif de la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, notamment le domaine 2 « les méthodes et outils pour apprendre ».

En classe de sixième, les 3 heures d’accompagnement personnalisé ont pour objectif de faciliter la transition entre l’école et le collège, en rendant explicites les attendus du travail scolaire dans les différentes disciplines enseignées au collège et en conduisant tous les élèves à les maîtriser. On cherchera notamment à faire acquérir plus explicitement les méthodes nécessaires aux apprentissages : en lien avec les attendus des différentes disciplines, apprendre une leçon, faire des révisions, comprendre et rédiger un texte écrit, effectuer une recherche documentaire, organiser son travail personnel, etc.

Au cycle 4, les élèves bénéficient d’une heure à deux heures hebdomadaires d’accompagnement personnalisé. Il favorise, en classe de troisième, la construction de l’autonomie, dans la perspective de la poursuite d’études au lycée.

Les élèves peuvent être regroupés en fonction de leurs besoins, au sein de groupes dont la composition peut varier durant l’année. Des heures professeurs sont mobilisées pour la prise en charge des groupes.

4. Les langues vivantes étrangères et régionales

L’offre de formation en langues vivantes étrangères de l’établissement est définie dans le cadre de la nouvelle carte académique des langues vivantes (public et privé sous contrat), qui sera achevée à la fin du premier trimestre de l’année scolaire 2015-2016.

La nouvelle carte des langues vivantes assure, dans chaque académie, une continuité de l’apprentissage entre le primaire et le collège, et vise le développement de la diversité linguistique, notamment en faveur de l’allemand. Tous les recteurs d’académie réunissent, dans la perspective de ce travail, la commission académique sur l’enseignement des langues vivantes étrangères. Les réseaux d’éducation prioritaire (REP et REP+) constituent une cible prioritaire pour le développement d’une offre linguistique diversifiée dans le premier degré et la mise en place de dispositifs bi-langues de continuité au collège.

Les élèves qui ont bénéficié à l’école élémentaire de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais ou d’une langue régionale peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. L’apprentissage de ces deux langues se fera à hauteur de 6 heures hebdomadaires. Les élèves doivent être répartis sur plusieurs classes pour éviter toute constitution de filières.

Le démarrage de la deuxième langue vivante en classe de cinquième, avec un horaire hebdomadaire de 2,5 heures de la classe de cinquième à la classe de troisième, augmente le temps d’exposition des élèves à la langue vivante étrangère. Il revient aux établissements de déterminer la fréquence hebdomadaire d’exposition des élèves aux langues vivantes étudiées. L’organisation de l’apprentissage de la deuxième langue vivante en trois séances est à privilégier. Elle peut être combinée avec l’organisation de séances de cours de trois quarts d’heures en langue vivante 1 au cycle 4.

5. L’organisation horaire des sciences expérimentales et de la technologie en classe de sixième et des enseignements artistiques

En classe de sixième, la dotation horaire est de 4 heures pour les sciences expérimentales (sciences de la vie et de la Terre, physique-chimie) et la technologie. Il revient aux établissements d’assurer l’enseignement des sciences de la vie et de la Terre et de la technologie selon un volume horaire pertinent. Les établissements qui ont mis en place l’enseignement intégré de science et technologie (EIST) peuvent le poursuivre dans ce cadre. Cet enseignement peut également être poursuivi en classe de cinquième. Ce n’est pas pour autant une modalité d’enseignement généralisée : ce choix reste du ressort des équipes.

Dans les tableaux des volumes horaires des enseignements obligatoires applicables aux élèves de la classe de sixième comme à ceux du cycle 4, le regroupement des enseignements artistiques – arts plastiques et éducation musicale – vise à faciliter les modalités d’enseignement de ces deux disciplines, à la condition nécessaire que les enseignants qui en ont respectivement la charge aient donné leur accord. L’organisation horaire pourra proposer 2 heures d’arts plastiques sur un semestre et 2 heures d’éducation musicale sur l’autre semestre. En effet, cette souplesse essaie de répondre aux spécificités du travail effectué par les élèves dans ces deux disciplines et des conditions matérielles de ces enseignements.

6. L’organisation du temps scolaire des élèves

La journée est le premier niveau de l’organisation du temps scolaire. Les enseignements doivent être répartis de façon équilibrée entre la matinée et l’après-midi, en veillant au respect d’une pause méridienne d’au moins une heure et demie. Leur amplitude quotidienne est limitée à 6 heures de cours par jour pour les élèves de la classe de sixième, à 7 heures de cours, autant que faire se peut, pour les élèves du cycle 4. Lorsque certaines contraintes locales l’imposent, ces deux dispositions relatives à la pause méridienne et à l’amplitude quotidienne des enseignements peuvent faire l’objet d’une dérogation accordée par le recteur d’académie, par exemple pour des problèmes de transports scolaires ou dans le cadre de classes à horaires aménagés.

Les collèges d’enseignement privés sous contrat ne sont pas concernés par ces deux dispositions.

L’établissement peut réfléchir à la mise en place d’une organisation du temps scolaire visant à réduire dans la journée et la semaine le nombre de séances, afin de limiter le morcellement des temps d’apprentissage. Des séquences d’une heure et demie peuvent constituer des temps d’apprentissage efficaces.

L’organisation du temps scolaire doit être attentive au travail personnel qui est demandé aux élèves en dehors des temps d’enseignement. Le conseil pédagogique doit intégrer cette dimension dans sa réflexion.

La semaine constitue le second niveau d’organisation du temps scolaire. L’arrêté du 19 mai 2015 relatif à l’organisation des enseignements dans les classes de collège fixe le cadre dans lequel d’éventuelles modulations peuvent être faites dans la grille hebdomadaire des horaires d’enseignement. Ces modulations font l’objet d’un suivi attentif par les autorités académiques.

L’établissement peut moduler de manière pondérée la répartition du volume horaire hebdomadaire par discipline, dans le respect à la fois :

- du volume horaire global dû à chaque discipline d’enseignement obligatoire pour la durée du cycle ;

- du volume horaire global annuel des enseignements obligatoires dû à chaque élève ;

- des obligations réglementaires de service des enseignants.

La modulation de la répartition du volume horaire hebdomadaire est fixée pour la durée du cycle. La répartition du volume horaire doit rester identique pour tous les élèves d’un même niveau. Toutes les disciplines d’enseignement obligatoire sont enseignées chaque année du cycle.

7. Les dispositifs spécifiques et les sections d’enseignement général et professionnel adapté

Les volumes horaires des enseignements des classes de troisième dites « préparatoires à l’enseignement professionnel », installées dans des collèges ou des lycées, sont identiques à ceux des autres classes de troisième. Ces classes disposent en outre d’un complément de dotation horaire spécifique. L’organisation des classes de troisième dites « préparatoires à l’enseignement professionnel » fera l’objet d’un arrêté spécifique.

Les enseignements complémentaires doivent permettre aux élèves de ces classes de découvrir différents champs professionnels afin de construire leur projet de formation et d’orientation. Ces élèves bénéficient en outre de périodes de stage en milieu professionnel.

En ce qui concerne les classes à horaires aménagés (classes à horaires aménagés musique, danse et théâtre et sections sportives) ainsi que les sections internationales, les aménagements horaires restent identiques aux conditions actuelles.

La section d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA), bien identifiée comme structure au sein d’un collège plus inclusif, permet aux élèves éprouvant des difficultés graves d’être mieux pris en compte dans le cadre de leur scolarité. Une circulaire relative aux SEGPA sera prochainement publiée.

8. La formation et l’accompagnement des personnels éducatifs

La mise en œuvre des nouveaux cadres d’enseignement et d’organisation pédagogique suppose un effort de formation important.

La formation de tous les professeurs, conseillers principaux d’éducation, personnels d’éducation et inspecteurs de l’éducation nationale sera assurée afin de permettre à chacun d’aborder la rentrée 2016 dans de bonnes conditions et de garantir le suivi nécessaire à la mise en œuvre de la réforme sur la durée. Une politique globale d’accompagnement des équipes est mise en œuvre, tant pour l’enseignement public que pour l’enseignement privé.

8.1 Un plan national de formation à destination des cadres et formateurs académiques

Le plan national de formation 2015-2016 porte fortement la priorité donnée à la scolarité obligatoire et propose 23 séminaires nationaux sur la réforme du collège, les nouveaux programmes, les nouveaux enseignements et le numérique.

8.2 Un plan ambitieux de formation en académie qui privilégie la formation de proximité

Dès le début de l’année scolaire 2015-2016, les personnels de direction et les inspecteurs territoriaux bénéficieront d’un plan d’accompagnement spécifique dans chaque académie.

Tous les enseignants et conseillers principaux d’éducation de collège seront formés dans le cadre d’organisations privilégiant la formation de proximité, en présentiel.

Ces formations se dérouleront à la fois dans les collèges et dans le bassin, selon les modalités d’organisation qui paraîtront les plus favorables à un travail collectif et à une appropriation des principes et des objectifs de la réforme, et à l’élaboration de réponses collectives aux problématiques d’enseignement auxquelles les équipes sont confrontées.

Les formations porteront sur la nouvelle organisation pédagogique du collège et sur les nouveaux programmes. Les enseignants et conseillers principaux d’éducation participeront à des formations portant sur :

- l’appropriation des nouveaux programmes de cycle ;

- la mise en place des nouveaux temps d’enseignement : enseignements pratiques interdisciplinaires, accompagnement personnalisé, groupes à effectifs réduits ;

- la différenciation pédagogique ;

- la pédagogie de projet ;

- les usages pédagogiques du numérique, en lien avec la mise en œuvre des programmes ;

- les pratiques d’évaluation des acquis des élèves.

Les formations des enseignants et conseillers principaux d’éducation se dérouleront entre octobre 2015 et mai 2016, dans un format qui doit être compatible avec l’importance des changements engagés. Elles dureront de quatre à cinq jours. Dans toute la mesure du possible, la première journée se déroulera avant la fin du premier trimestre de l’année scolaire 2015-2016.

La formation des enseignants et conseillers principaux d’éducation se déploie en plusieurs vagues, afin de ne pas mobiliser tous les enseignants d’un collège en même temps. La première vague des enseignants formés en bassin est composée d’enseignants volontaires, en particulier des membres des conseils pédagogiques des collèges, qui pourront accompagner la réflexion pédagogique au sein des établissements.

Dans l’enseignement privé sous contrat, un abondement des moyens de formation à hauteur de celui de l’enseignement public sera réalisé. L’abondement de ces moyens spécifiques sera fléché vers des actions de formation dédiée à la réforme du collège. Les chefs d’établissement seront invités à participer aux journées de formation destinées aux personnels de direction en début d’année scolaire 2015-2016.

Ayant été anticipée, l’organisation de la prise en charge des élèves pendant le temps de formation des enseignants est facilitée.

En complément de la formation en présentiel, des ressources pédagogiques, notamment numériques, sont mises à disposition des enseignants et des personnels de direction.

Les équipes de formateurs assureront un suivi et une veille auprès des collèges du bassin pendant l’année 2016-2017 pour répondre aux besoins complémentaires de formation.

 

[Collège 2016] L’organisation des enseignements au collège au

Les volumes horaires des enseignements obligatoires dispensés au collège dès 2016

Niveau sixième (cycle 3)

Enseignements Horaires hebdomadaires
Éducation physique et sportive 4 heures
Enseignements artistiques *

(arts plastiques + éducation musicale)

1 heure + 1 heure
Français 4,5 heures
Histoire-géographie

Enseignement moral et civique

3 heures
Langue vivante 4 heures
Mathématiques 4,5 heures
SVT, technologie, physique-chimie 4 heures
Total ** 23 + 3 heures ***

* Chacun de ces enseignements peut être organisé à raison de deux heures hebdomadaires sur un semestre.

** S’y ajoutent au moins dix heures annuelles de vie de classe.

*** Ces trois heures hebdomadaires sont consacrées aux enseignements complémentaires sous la forme d’accompagnement personnalisé.

Niveaux du cycle 4

Enseignements Horaires hebdomadaires
cinquième quatrième troisième
Éducation physique et sportive 3 heures 3 heures 3 heures
Enseignements artistiques *

(arts plastiques + éducation musicale)

1 heure + 1 heure 1 heure + 1 heure 1 heure + 1 heure
Français 4,5 heures 4,5 heures 4 heures
Histoire-géographie

Enseignement moral et civique

3 heures 3 heures 3,5 heures
Langue vivante 1 3 heures 3 heures 3 heures
Langue vivante 2 2,5 heures 2,5 heures 2,5 heures
Mathématiques 3,5 heures 3,5 heures 3,5 heures
SVT 1,5 heure 1,5 heure 1,5 heure
Technologie 1,5 heure 1,5 heure 1,5 heure
Physique-chimie 1,5 heure 1,5 heure 1,5 heure
Total ** 22 + 4 heures par niveau ***

* Chacun de ces enseignements peut être organisé à raison de deux heures hebdomadaires sur un semestre.

** S’y ajoutent au moins dix heures annuelles de vie de classe par niveau.

*** Ces quatre heures hebdomadaires sont consacrées aux enseignements complémentaires (accompagnement personnalisé et enseignements pratiques interdisciplinaires).

Les enseignements complémentaires

Les contenus des enseignements complémentaires sont établis en fonction des objectifs de connaissances et de compétences du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et des programmes des cycles concernés. Les enseignements complémentaires prennent la forme de temps d’accompagnement personnalisé et d’enseignements pratiques interdisciplinaires.

Les enseignements pratiques interdisciplinaires

Chaque enseignement pratique interdisciplinaire porte sur l’une des thématiques interdisciplinaires suivantes :

  • corps, santé, bien-être et sécurité
  • culture et création artistiques
  • transition écologique et développement durable
  • information, communication, citoyenneté
  • langues et cultures de l’Antiquité
  • langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales
  • monde économique et professionnel
  • sciences, technologie et société

Les enseignements pratiques interdisciplinaires incluent l’usage des outils numériques et la pratique des langues vivantes étrangères. Ils contribuent, avec les autres enseignements, à la mise en œuvre du parcours citoyen, du parcours d’éducation artistique et culturelle ainsi que du parcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel.

Une dotation horaire mise à la disposition des établissements

Outre la dotation horaire correspondant aux enseignements obligatoires, une dotation horaire est mise à la disposition des établissements afin de favoriser le travail en groupes à effectifs réduits et les interventions conjointes de plusieurs enseignants. Cette dotation horaire permet aussi, dans le cadre du projet pédagogique de l’établissement, de proposer, pour les élèves volontaires, un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires, qui porte sur un enseignement de langues et cultures de l’Antiquité ou sur un enseignement de langue et culture régionales.

 

 

Décorticage par le  site reformeducollège.fr

A- Décodage du décret et de l’arrêté

 

Chacun d’entre nous a éprouvé combien il est difficile de se faire sa propre opinion sur cette réforme du collège.
Nous subissons tous un déferlement continu d’informations.
Mais ce tourbillon médiatique nous emporte, plus qu’il ne nous apporte de réponses.

Faisons ensemble l’expérience de nous poser quelques instants et de regarder les faits.
Laissez-nous vous donner quelques clefs, et décryptons ensemble cette réforme du collège.

Nous pouvons commencer par examiner les textes du décret et de l’arrêté.
Ils ont été publiés au journal officiel le 20 mai 2015, en plein débat sur la réforme du collège.
Ils mettent en œuvre une partie des orientations de la loi de refondation de l’école.
Ces textes font seulement quelques pages, nous allons assez facilement en dégager ensemble les quelques idées principales.

Le décret commence par nous dire l’objet de cette réforme du collège : C’est de modifier le travail qui est fait au quotidien par les élèves et les professeurs dans les collèges.
Ces changements concernent à la fois le contenu des enseignements dispensés, mais aussi les pédagogies d’enseignement et vont jusqu’à modifier l’organisation des cours[1].
La réforme du collège ouvre donc un triple chantier : les programmes, l’organisation humaine et les méthodes de travail.

 

De nouveaux programmes : quels contenus pour les enseignements ?

Le contenu des enseignements visera à acquérir « le socle commun de connaissances, de compétences et de culture »[2] : c’est une ambition revue à la baisse.
La loi actuelle dit qu’il faut acquérir au moins le socle et le dépasser[3].
Ces contenus d’enseignement modifiés font l’objet de l’écriture de nouveaux programmes.
Les programmes changent donc pour toutes les matières et tous les niveaux à la rentrée 2016[4].
Ceci posera certainement des problèmes de continuité aux élèves en cours de scolarité avec les anciens programmes.

 

Les options et dispositifs qui disparaissent

Le texte supprime des options telles qu’elles existent aujourd’hui : Classes Euro et Découverte professionnelle.
Les classe Euro permettent à 10% des élèves d’avoir 2h de langue en plus en 4e et en 3e.
La découverte professionnelle est destinée aux élèves de 3e pour préparer leur avenir professionnel à raison de 3h par semaine.

Autre dispositif appelé à évoluer : les SEGPA, qui scolarisent les élèves les plus fragiles, ceux qui présentent des difficultés d’apprentissage graves et durables.
Ces classes leur permettent de suivre des enseignements adaptés en effectifs réduits afin de progresser.
Si elles disparaissent, ces élèves auront une scolarité « inclusive », dans des classes jusqu’à 30 élèves.
Une circulaire à paraître précisera le sort des SEGPA.

 

Les options qui deviennent des enseignements de complément

Le latin, le grec et les langues régionales sont maintenant appelées des enseignements de complément.
Chaque établissement proposera les enseignements de complément qu’il décidera localement[5] en répartissant au mieux son budget d’heures.
Pour cela il devra utiliser des heures prises dans une enveloppe appelée « marge horaire ».

Concrètement il ne sera pas toujours possible de proposer autant d’enseignements de complément qu’aujourd’hui.
D’autant plus que les horaires hebdomadaires des enseignements de complément diminuent (par exemple : 2h de latin par semaine en 4e, contre 3 aujourd’hui).

Cas particulier, les bilangues seront parfois maintenues au nom de la continuité des enseignements[6].
Cependant, les bilangues concernent aujourd’hui 16% des élèves, et seulement 7% des élèves du primaire ont pratiqué une autre langue que l’anglais.
Le ministère propose de re-travailler la carte des langues au primaire pour tenter de remédier à cet état de fait.

 

Et les enseignements complémentaires ?

Il ne faudra pas les confondre avec les enseignements de complément.
Les enseignements complémentaires seront proposés sous deux formes : l’accompagnement personnalisé (AP) et les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI)[7].
La réforme du collège a donc pour objectif de modifier les pédagogies utilisées en classe.
Pour cela ces deux modalités d’enseignement sont fortement mises en avant.
Ceci marque une rupture avec la tradition de liberté pédagogique des enseignants.

Les élèves de 6e n’auront que de l’accompagnement personnalisé[8].
Les enseignements pratiques interdisciplinaires commenceront à partir de la classe de 5e.

Les horaires de ces enseignements complémentaires sont prélevés sur les horaires des matières.
Jusque-là il y avait 2h d’accompagnement personnalisé en 6e en plus des horaires de cours « classiques ».
Il y aura 3h d’accompagnement personnalisé, mais prises sur les heures d’enseignement.

Pour les élèves de la 5e à la 3e l’accompagnement personnalisé se substitue à l’aide aux devoirs, qui disparaît à la rentrée 2015. L’aide aux devoirs était proposé en plus des heures de l’emploi du temps, l’accompagnement personnalisé sera fait sur les cours des matières. Cet accompagnement éducatif était proposé à tous les élèves de collège sur la base de leurs besoins. Il devient simplement obligatoire et intégré aux horaires disciplinaires .

 

L’autonomie des établissements

La répartition des heures par matières et par années sera préparée en conseil pédagogique et votée au conseil d’administration[9].
Les emplois du temps seront donc différents dans chaque collège. La grille horaire qui répartit les heures devient une organisation annuelle et par cycle. Une organisation annuelle signifie que chaque établissement devra respecter un total annuel d’heures. Par exemple, pour un élève inscrit en classe de 6e : 26h*36 semaines = 936h d’enseignement obligatoire à l’année [10]. Un peu plus d’Anglais et un peu moins d’Histoire, un peu plus en septembre, un peu moins en octobre, peu importe. Il faudra par contre respecter le total de 936h d’enseignement pour l’année de 6e. Une organisation par cycles signifie que chaque établissement devra respecter un total d’heures pour une matière sur un cycle. Par exemple, chaque établissement devra respecter un total de 13h de Français sur les 3 années du cycle 4 : 5e – 4e – 3e[11]. Une heure de plus de Français en 5e sera compensée par une heure de moins en 4ème. Il faudra respecter un total de 13 heures de français sur les 3 années.

Autre conséquence de cette organisation par cycle, les programmes ne seront plus annuels[12].
Il ne faudra plus « terminer le programme » chaque année.  Seul l’enseignant en dernière année de cycle devra s’assurer que le programme est bien couvert dans son ensemble. Les enseignants auront donc la responsabilité du découpage annuel du programme et de sa mise en place concrète. Chaque établissement décidera aussi la répartition des heures d’EPI et les thèmes abordés dans ces projets. Il faudra aussi déterminer sur quels cours seront prélevées les heures des EPI et de l’AP.  Arrivés là, vous avez déjà une assez bonne idée d’ensemble de la réforme du collège. Vous pouvez poursuivre votre lecture, car certains détails pratiques méritent d’être compris.

En particulier, il est intéressant de consacrer quelques minutes à la question essentielle des emplois du temps.
Vous verrez, vous ne regretterez pas le temps investi.

Page mise à jour le 2 juillet 2015.


Nous avons déjà vu ensemble quelques-uns des enjeux de cette réforme :

(+) : La possibilité d’adapter l’organisation de chaque établissement à un contexte particulier.

(+) : La possibilité pour un établissement d’optimiser les ressources dont il dispose.

(+) : Une incitation à la mise en place de pratiques pédagogiques qu’une partie des enseignants souhaite expérimenter.

(+) : Un assouplissement des modalités pour faire cours.

 

(-) : Une ambition revue à la baisse dans les contenus des enseignements.

(-) : Un risque de déséquilibre de la quantité de travail par matière à la fois pour les élèves, mais aussi pour les enseignants.

(-) : Une perte du repère structurant de « l’emploi du temps » figé pour les élèves avec une organisation qui devient annuelle.

(-) : Le risque de quasi-disparition de matières dans certains établissements si les enseignements de complément ne sont pas proposés.

(-) : Un changement de programmes sur tous les niveaux, non testé au préalable. Un gros budget pour renouveler tous les manuels.

(-) : De nouvelles pratiques pédagogiques, comme les EPI, imposées à tous les enseignants et à toutes les matières, allant à l’encontre de leur « liberté de choix pédagogiques », certaines matières s’y prêtant probablement moins que d’autres.

(-) : des risques de discontinuité dans les enseignements, les programmes étant écrits pour un cycle de 3 ans, mais les élèves changeant d’enseignant chaque année.
(-) : De nombreux changements : d’organisation, de contenus et de méthodes, qui auraient mérité d’êtres testés scientifiquement et à plusieurs échelles.


[1] Décret Objet : « modifier les articles en vigueur du code de l’éducation relatifs à la formation dispensée dans les collèges et notamment à l’organisation des enseignements. »

[2] Décret art. 1er : « Le collège dispense à chaque élève, sans distinction, une formation générale qui lui permet d’acquérir, au meilleur niveau de maîtrise possible, le socle commun de connaissances, de compétences et de culture défini en application de l’article L. 122-1-1 et dont l’acquisition a commencé dès le début de la scolarité obligatoire. »

[3] Code de l’éducation art. 332-2 actuel : « Le collège dispense à chaque élève, sans distinction, une formation générale qui doit lui permettre d’acquérir au moins le socle commun de connaissances et compétences, défini en application de l’article L. 122-1-1 et dont l’acquisition a commencé dès le début de l’instruction obligatoire. D’autres enseignements sont dispensés au cours de la scolarité obligatoire et complètent le socle commun dont la maîtrise est indispensable pour la poursuite des études, l’exercice de la citoyenneté et l’insertion professionnelle future. »

[4] La Ministre a été interpellée à ce sujet lors des questions au gouvernement le mardi 12 mai 2015, et elle n’a pas contredit l’idée que les programmes seraient modifiés sur 9 niveaux à la même rentrée.
Projet d’arrêté p.4 article 10 : « L’arrêté du 29 mai 1996 relatif à l’organisation des enseignements dans les classes de sixième de collège, l’arrêté du 26 décembre 1996 relatif à l’organisation des enseignements du cycle central de collège (classes de cinquième et de quatrième), l’arrêté du 2 juillet 2004 relatif à l’organisation des enseignements du cycle d’orientation de collège (classe de troisième), l’arrêté du 14 février 2005 relatif à l’enseignement de l’option facultative de découverte professionnelle (trois heures hebdomadaires) en classe de troisième, ainsi que l’arrêté du 14 février 2005 relatif à l’enseignement du module de découverte professionnelle (six heures hebdomadaires) en classe de troisième sont abrogés.»

[5] Arrêté article 7 : « Cette dotation horaire attribuée à l’établissement lui permet également, dans le cadre de son projet pédagogique, de proposer, pour les élèves volontaires, un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires prévus à l’article 3, qui porte sur un enseignement de langues et cultures de l’Antiquité ou sur un enseignement de langue et culture régionales. Cet enseignement peut être suivi au cours des trois années du cycle 4, dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de deux heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième. »

[6] Les élèves qui ont bénéficié de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais à l’école élémentaire peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. Le cas échéant, une dotation horaire spécifique peut être attribuée à cette fin.

[7] Arrêté article 3-2 : « Les enseignements complémentaires prennent la forme de temps d’accompagnement personnalisé et d’enseignements pratiques interdisciplinaires»

[8] Arrêté article 4 : « Pour les élèves de sixième, les enseignements complémentaires sont des temps d’accompagnement personnalisé.»

[9] Décret article 2 : « l’organisation des enseignements est fixée par le conseil d’administration, conformément au projet d’établissement et après avis du conseil pédagogique.
L’établissement peut moduler la répartition du volume horaire hebdomadaire par discipline, dans le respect :
- du volume horaire global dû à chaque discipline d’enseignement obligatoire pour la durée du cycle ;
- du volume horaire global annuel des enseignements obligatoires dû à chaque élève. »

[10] Arrêté annexe 1 : « Total 26 heures »

[11] Arrêté annexe 2 : « Français 4.5 heures + 4.5 heures + 4 heures »

[12] Arrêté article 2 : «Le volume horaire et les programmes des enseignements communs d’un cycle sont identiques pour tous les élèves. »

 

Loi de refondation de l’école

Le décret et l’arrêté de la réforme du collège, publiés le 20 mai 2015, visent à mettre en œuvre une partie de la loi de refondation de l’école.
Cette loi a été publiée au Journal Officiel plus d’un an et demi auparavant, le 9 juillet 2013.
Elle a une portée bien plus large que la réforme du collège : elle concerne tout le système éducatif.
La réforme du collège ne couvre qu’un des aspects des nombreux chantiers ouverts par la loi de refondation*.
Le texte nous donne les grandes orientations en matière d’évaluation des élèves, de formation des personnels, de santé à l’école,…
Plusieurs arrêtés ont déjà été pris pour mettre en application certains points de la loi (par exemple l’arrêté du 24 juillet 2013 sur les cycles d’enseignement à l’école primaire et au collège).

Plusieurs autres sont encore à venir, comme la réforme de l’évaluation des élèves.

La réforme du collège quant à elle change l’organisation des enseignements dispensés au collège, ce que l’on appelle la « grille horaire ».

Prenons un exemple : l’accompagnement personnalisé (AP), ce sont les heures d’aide aux élèves.
Avec la réforme du collège, cet AP aura lieu sur les heures de cours et non en plus des heures de cours comme actuellement.

Cependant, rien dans la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’Ecole de la République n’oblige à organiser les enseignements complémentaires (AP et EPI) sur les horaires des disciplines.

Ce décret et cet arrêté prennent ainsi des dispositions qui ne sont ni imposées ni empêchées par la loi et qui font encore débat aujourd’hui.

 

On peut donc se demander dans quelle mesure les choix qui ont été faits pour la réforme du collège étaient intégralement inscrits dans la loi de refondation.

Car en tant que décret et arrêté, ces textes doivent respecter l’esprit de la loi qui a été votée à l’assemblée nationale.

 

Or, cette réforme se met en place par étapes, dans de nombreux décrets et arrêtés, qui sont présentés séparément dans un vaste calendrier. Cela rend difficile la compréhension et la vision de l’ensemble de ces changements.
Cela complique également l’organisation d’un débat démocratique précis et constructif, qui prendrait en compte l’intégralité de la réforme. Pour mieux discuter du décret et de l’arrêté de la réforme du collège de mai 2015, il faut donc distinguer ce qui est déjà inscrit dans la loi, et ce qui ne l’est pas.

 

Dans la suite de cette page, nous mettons en évidence les liens qui existent entre la loi de refondation et les décrets et les arrêtés qui définissent la réforme du collège. Les textes officiels sont cités en italique. Dans les textes qui ont été modifiés, les parties abrogées sont barrées, les parties ajoutées sont soulignées.

 

En bref : dans quelle mesure la réforme du collège était-elle inscrite dans la loi de refondation ? 

Les points qui sont prévus par la loi et strictement mis en oeuvre par l’arrêté et le décret de mai 2015 :

- Le redécoupage des cycles (notamment le cycle regroupant le CM2 et la 6e) et les programmes définis par cycles (sauf exception).

- La création d’enseignements complémentaires.

- L’introduction de l’enseignement d’une première langue vivante en CP.

- La création de parcours : Enseignement Moral et Civique (EMC), Parcours d’Education Culturelle et Artistique (PEAC), Parcours Individuel d’Information et de Découverte du Monde Professionnel (PIIODMEP, en passe de devenir le Parcours Avenir).

- La suppression de l’option Découverte professionnelle.

- Les créations de postes.

 

Les points qui sont prévus par la loi et mis en oeuvre par l’arrêté et le décret avec des nuances sensibles :

- Le principe de la mise en place d’une marge d’autonomie est présent dans la loi de refondation, mais les usages de cette marge sont bien plus larges (donc concurrentiels) dans l’arrêté de mai 2015 que dans la loi.

- Les enseignements transversaux et interdisciplinaires : sur la base du volontariat selon la loi, décidés par les instances dirigeantes des établissements selon l’arrêté de mai 2015.

- La continuité d’une langue autre que l’anglais entre le primaire et le collège : une continuité assurée selon la loi, possible selon l’arrêté de mai 2015.

- Les langues régionales : un enseignement favorisé selon la loi, mais ensuite décision de la fin programmée de la dotation horaire spécifique pour l’enseignement optionnel de langue et culture régionale.

 

Les points en plus : ceux qui ne sont pas prévus par la loi mais qui apparaissent dans les textes de mise en oeuvre :

- L’enseignement de la deuxième langue vivante à partir de la 5e (au lieu de la 4e jusqu’à présent).

- La suppression des sections bilangues hors continuité (c’est-à-dire le commencement d’une deuxième langue vivante en 6e).

- La suppression des sections européennes.

- La réduction de la palette et des horaires des enseignements optionnels (qui deviennent des enseignements de complément).

- La suppression de l’accompagnement éducatif dans les établissements hors éducation prioritaire.

 

Les points en moins : ceux qui sont prévus par la loi mais ne sont pas contenus dans les textes de mise en oeuvre publiés à ce jour :

- La lutte contre l’illettrisme et les difficultés en calcul est érigée en priorité par la loi, mais pas de renforcement des horaires de Français ni de Mathématiques dans l’arrêté.

 

B- La réorganisation des cycles du collège 

 

Loi pour la refondation, article 34, modifiant l’article L.311-1 du Code de l’Education :

La scolarité est organisée en cycles pour lesquels sont définis des objectifs et des programmes nationaux de formation comportant une progression annuelle régulière ainsi que des critères d’évaluation.

Le nombre de cycles et leur durée sont fixés par décret.

Dans l’enseignement primaire, l’évaluation sert à mesurer la progression de l’acquisition des compétences et des connaissances de chaque élève.

Cette logique est aussi encouragée dans l’enseignement secondaire.

Pour assurer l’égalité et la réussite des élèves, l’enseignement est adapté à leur diversité par une continuité éducative au cours de chaque cycle et tout au long de la scolarité.

Décret n°2013-682 du 24 juillet 2013, paru au Journal Officiel du 28 juillet 2013 :

Article 1 – Le chapitre Ier du titre Ier du livre III de la deuxième partie (partie réglementaire) du code de l’éducation est complété par une section IV ainsi rédigée :

Section IV

Les cycles d’enseignement à l’école primaire et au collège

Art. D.311-10. – La scolarité de l’école maternelle à la fin du collège est organisée en quatre cycles pédagogiques successifs [...]

3° le cycle 3, cycle de consolidation, correspond aux deux années de l’école élémentaire suivant le cycle des apprentissages fondamentaux et à la première année du collège appelés respectivement : cours moyen première année, cours moyen deuxième année et classe de sixième ;

4° le cycle 4, cycle des approfondissements, correspond aux trois dernières années du collège appelées respectivement : classes de cinquième, de quatrième et de troisième.

 

La loi de refondation stipule que les cycles sont fixés par décret. Le décret du 24 juillet 2013 intègre la classe de 6e au cycle 3, et crée un cycle 4 regroupant les classes de 5e, 4e et 3e.

La loi réclame (en Annexe) un cycle commun au CM2 et à la 6e, pour une meilleure continuité pédagogique. Elle stipule également, paradoxalement, que l’école maternelle doit constituer un seul cycle afin de retrouver son unité.

 

La réforme des programmes est liée à la refondation de l’Ecole de la République, donc à la réforme du collège. La plupart des programmes présentés en avril 2015 sont cycliques, comme le rend possible l’article L.311-1 du Code de l’Education modifié par la loi de refondation, en définissant une progression régulière et non plus annuelle (« La scolarité est organisée en cycles pour lesquels sont définis des objectifs et des programmes nationaux de formation comportant une progression régulière ainsi que des critères d’évaluation, » article L.311-1 du Code de l’Education).

 

La mise en place de l’Accompagnement personnalisé et de l’interdisciplinarité

Loi pour la refondation, article 51 :

L’article L.332-3 du même code [de l'Education] est ainsi modifié :

 

1° Les deuxième et dernière phrases sont ainsi rédigées :

 

A chacun d’entre eux, des enseignements complémentaires peuvent être proposés afin de favoriser l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et de faciliter l’élaboration du projet d’orientation mentionné à l’article L.331-7.

Au cours de la dernière année de scolarité au collège, ceux-ci peuvent préparer les élèves à une formation professionnelle et, dans ce cas, comporter éventuellement des stages contrôlés par l’Etat et accomplis auprès de professionnels agréés.

Arrêté du 19 mai 2015, article 4 :

I. – Pour les élèves de sixième, les enseignements complémentaires sont des temps d’accompagnement personnalisé.

II. – Au cycle 4, la répartition entre l’accompagnement personnalisé et les enseignements pratiques interdisciplinaires varie en fonction des besoins des élèves accueillis et du projet pédagogique de l’établissement. Chaque élève bénéficie chaque année de ces deux formes d’enseignements complémentaires. La répartition des volumes horaires entre l’accompagnement personnalisé et les enseignements pratiques interdisciplinaires est identique pour tous les élèves d’un même niveau.

 

Arrêté du 19 mai 2015, article 5 :

 

Chaque enseignement pratique interdisciplinaire porte sur l’une des thématiques interdisciplinaires suivantes :

a) corps, santé, bien-être et sécurité ;

b) culture et création artistiques ;

c) transition écologique et développement durable ;

d) information, communication, citoyenneté ;

e) langues et cultures de l’Antiquité ;

f) langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales ;

g) monde économique et professionnel ;

h) sciences, technologie et société.

 

Le programme d’enseignement du cycle 4 fixe le cadre des contenus enseignés pour chacune de ces thématiques.

 

La loi de refondation requiert la création d’enseignements complémentaires, dont l’objectif est de favoriser l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et de faciliter l’élaboration du projet d’orientation.

 

L’arrêté distingue deux sortes d’enseignements complémentaires : l’Accompagnement personnalisé (AP) et les Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI).

Il fait le choix de ne créer que de l’AP en 6e, et d’organiser de l’AP et des EPI au cycle 4.

La loi n’oblige pas à organiser les enseignements complémentaires sur des horaires disciplinaires hebdomadaires.

Mais les volumes horaires fixés dans l’annexe de l’arrêté indiquent que les enseignements complémentaires sont organisés sur les horaires disciplinaires.

 

 

Loi pour la refondation, Annexe :

Lutter contre l’illettrisme :

3,1 millions de personnes sont en situation d’illettrisme en France. Ce sont 3,1 millions de personnes qui ne maîtrisent plus la lecture, l’écriture, le calcul ni les compétences de base pour être autonomes dans des situations simples de la vie quotidienne, alors même qu’elles ont été scolarisées en France. Les conséquences pour celles qui sont concernées sont souvent dramatiques : licenciement, éloignement durable du marché du travail, désocialisation.
C’est pourtant un phénomène qu’il est possible de prévenir, à condition de donner une cohérence aux actions de tous les acteurs qui agissent dans le domaine. L’éducation nationale, les familles, les associations, les collectivités, chacun a un rôle dans la prévention de l’illettrisme. Il convient désormais de donner une impulsion nationale et d’accompagner la mise en cohérence du travail de tous les acteurs.
L’illettrisme demeure une réalité relativement méconnue, que les pouvoirs publics ont tardé à appréhender. Le Premier ministre a fait de la lutte contre l’illettrisme la grande cause nationale de l’année 2013. Le Gouvernement entend ainsi prendre la mesure d’un sujet qui suppose un engagement fort et une action concertée des ministères concernés.

 

La lutte contre l’illettrisme, les difficultés en calcul et le manque de maîtrise des compétences de base de la vie quotidienne est une priorité énoncée par la loi.

Mais l’arrêté du 19 mai 2015 ne prévoit pas un renforcement de l’enseigement du Français ni des Mathématiques, au contraire puisque l’Accompagnement personnalisé (AP) sera organisé sur les heures de cours (l’AP correspond actuellement à des heures en plus), et probablement en groupes de la taille d’une classe car tous les élèves devront bénéficier d’AP (contrairement à aujourd’hui).

 

 

Loi pour la refondation, Annexe :

Le lycée connaît trop d’échecs : le taux de réussite au baccalauréat est en stagnation et le taux de diplômés de l’enseignement supérieur (44%) reste insuffisant au regard des pays comparables. L’objectif de 50% visé par la loi d’orientation de 2005 n’est pas atteint.

Le lycée français est, en outre, un des plus coûteux et des plus denses au monde. Les séries de la voie générale sont déséquilibrées au profit de la filière scientifique. Enfin, l’accompagnement personnalisé ne donne pas tous les résultats escomptés. [...]

 

La loi de refondation reconnaît les limites de l’Accompagnement personnalisé (AP) en lycée. Chaque classe de Seconde reçoit une marge d’autonomie sur une base de 10h30, afin de pouvoir organiser, notamment, l’AP et les enseignements d’exploration. Face à la difficulté d’organiser l’AP, celle-ci est parfois dévoyée (enseignement disciplinaire organisé sur l’AP, AP en effectifs trop nombreux pour être efficace).

Les sections et options

La loi pour la refondation ne vise, à aucun moment, les filières sélectives ou considérées comme « élitistes ». Elle ne recommande pas de réduire les sections bilangues pour en reporter les moyens sur l’anticipation de l’apprentissage de la deuxième langue vivante, elle ne recommande pas non plus de supprimer les sections européennes, ou de réduire les horaires d’options.

 

Ces choix relèvent de l’arrêté, et non de la loi. Ils n’ont donc pas été débattus à l’Assemblée nationale, et encore moins votés par les députés.

Les langues vivantes

Loi pour la refondation, article 39 modifiant la section 3 ter du chapitre II du titre Ier du livre III de la 2e partie du code de l’Education :

I.-La section 3 ter du chapitre II du litre Ier du livre III de la deuxième partie du même code [de l'Education] est ainsi rétablie :
Section 3 ter
L’enseignement des langues vivantes étrangères
Art.L.312-9-2.-Tout élève bénéficie, dès le début de sa scolarité obligatoire, de l’enseignement d’une langue vivante étrangère.
Dans chaque académie peut être favorisé l’apprentissage des langues étrangères parlées dans les pays avec lesquels des accords de coopération régionale sont en vigueur.
Une continuité des apprentissages de langues vivantes étrangères doit être assurée entre le primaire et le collège.
Outre les enseignements de langues qui leur sont dispensés, les élèves peuvent bénéficier d’une initiation à la diversité linguistique. Les langues parlées au sein des familles peuvent être utilisées à cette fin.
II.-Le I est applicable à compter de la rentrée scolaire 2015-2016.

 

La sensibilisation à une langue vivante dès le CP est obligatoire depuis 2013 (BO du 5 janvier 2012, page 5). A partir de 2015, il devra s’agir d’un enseignement et non plus seulement d’une initiation.

 

D’après la loi, les langues étudiées en primaire doivent trouver une continuité au collège. 93% des élèves apprennent l’anglais en primaire. Pour les 7% restants, la réforme du collège prévoit un maintien des sections bilangues sur une dotation spécifique (« Les élèves qui ont bénéficié de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais à l’école élémentaire peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. Le cas échéant, une dotation horaire spécifique peut être attribuée à cette fin« , article 8 de l’arrêté du 19 mai 2015). Par contre, un élève qui aura étudié l’anglais en primaire ne pourra pas choisir d’apprendre une deuxième langue dès la 6e (ce qu’il peut faire aujourd’hui). Le Ministère a fait le choix de supprimer cette possibilité, ainsi que la possibilité de choisir une section européenne en 4e, afin de récupérer les moyens horaires attribués à ces sections et ainsi permettre à tous les élèves de commencer une deuxième langue vivante en 5e (aujourd’hui, cette langue est commencée en 4e).

 

Un lien est établi entre les langues étrangères enseignées et les accords de coopération régionale. On peut donc imaginer que l’enseignement de l’italien sera encouragé dans le sud-est de la France, que celui de l’allemand sera encouragé en Alsace notamment… Mais dans les autres régions, quels choix seront faits ? Il faut attendre la publication de la future carte des langues en primaire pour le savoir.

 

La loi garantit donc la poursuite d’une langue vivante étrangère commencée en primaire, tandis que l’arrêté n’en fait qu’une possibilité (« Les élèves [...] peuvent se voir proposer« , « une dotation horaire spécifique peut être attribuée« ). Le projet de circulaire, présenté en juin 2015, confirme qu’il s’agit d’une possibilité et non d’une garantie.

 

 

La loi garantit donc la poursuite d’une langue vivante étrangère commencée en primaire, tandis que l’arrêté n’en fait qu’une possibilité (« Les élèves [...] peuvent se voir proposer« , « une dotation horaire spécifique peut être attribuée« ). La circulaire d’application datée du 30 juin 2015, publiée le 2 juillet, confirme qu’il s’agit d’une possibilité et non d’une garantie.

 

L’enseignement des langues régionales suit les mêmes principes.

 

Loi pour la refondation, article 40 :

I.-L’article L.312-10 du code de l’éducation est ainsi rédigé :

Art. L.312-10.-Les langues et cultures régionales appartenant qu patrimoine de la France, leur enseignement est favorisé prioritairement dans les régions où elles sont en usage. Cet enseignement peut être dispensé tout au long de la scolarité selon des modalités définies par voie de convention entre l’Etat et les collectivités territoriales où ces langues sont en usage.

Le Conseil supérieur de l’éducation est consulté, conformément aux attributions qui lui sont conférées à l’article L.231-1, sur les moyens de favoriser l’étude des langues et cultures régionales dans les régions où ces langues sont en usage.

L’enseignement facultatif de langue et culture régionales est proposé dans l’une des deux formes suivantes :

1° Un enseignement de la langue et de la culture régionales ;

2° Un enseignement bilingue en langue française et en langue régionale.

Les familles sont informées des différentes offres d’apprentissage des langues et cultures régionales.

Art. L.312-11.-Sans préjudice des dispositions de l’article L.121-3, les enseignants des premier et second degrés sont autorisés à recourir aux langues régionales, dès lors qu’ils en tirent profit pour leur enseignement. Ils peuvent également s’appuyer sur des éléments de la culture régionale pour favoriser l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et des programmes scolaires.

 

La loi affirme la place des langues et cultures régionales dans le système éducatif.

 

La réforme du collège prévoit effectivement un enseignement de langue et de culture régionales, dans le cadre :

  • des EPI (EPI « Langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales », article 5 de l’arrêté du 19 mai 2015)
  • des enseignements de complément, financés par la marge heures professeurs (« Cette dotation horaire attribuée à l’établissement lui permet également, dans le cadre de son projet pédagogique, de proposer, pour les élèves volontaires, un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires prévus à l’article 3, qui porte sur un enseignement de langues et cultures de l’antiquité ou sur un enseignement de langue et culture régionales. Cet enseignement peut être suivi au cours des trois années du cycle 4, dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de deux heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième, » article 7 de l’arrêté du 19 mai 2015).

Le cas de l’enseignement bilingue en langue française et en langue régionale n’est pas cité dans la réforme du collège. Cependant, le Ministère a certifié dans un courrier du 24 avril 2015 que « Les enseignements bilingues ne sont pas impactés par la réforme du collège. ». Ces enseignements, qui nécessitent une dotation horaire importante afin d’organiser des cours de langue régionale et des cours de disciplines non-linguistiques (DNL ; par exemple mathématiques enseignées en breton), devraient continuer à recevoir une dotation horaire spécifique.

Par contre, le Ministère ne dit pas clairement si cette dotation horaire spécifique permettra d’organiser aussi les enseignements de complément (les options langues et cultures régionales sont actuellement comprises dans la dotation spécifique). Ils pourraient donc, comme le prévoit d’ailleurs l’arrêté du 19 mai 2015, être financés par la marge heures professeurs et donc entrer en concurrence avec les dédoublements, le co-enseignement, l’enseignement de complément langues et cultures de l’Antiquité.

 

 

La circulaire d’application du 30 juin 2015 (publiée le 2 juillet)  donne une place explicite aux langues régionales : l’existence des filières bilingues est réaffirmée, la possibilité est donnée de proposer un enseignement de complément Langue régionale en 6e (niveau auquel il n’y a normalement pas d’enseignement complémentaire) mais sans évoquer les moyens (il pourrait s’agir de la marge, donc d’une mise en concurrence avec les groupes et le co-enseignement).

 

De nouveaux enseignements

Loi pour la refondation, Annexe :

Mettre en place de nouveaux contenus d’enseignement pour la scolarité obligatoire :

Plusieurs enseignements particuliers seront développés et leurs contenus feront l’objet de propositions du Conseil supérieur des programmes.

 

 

 

 

Un enseignement moral et civique.

Enseigner et faire partager les valeurs de la République est une des missions qui incombent à l’école. [...]

 

Le projet de programme d’enseignement moral et civique (EMC) a été présenté en juillet 2014, puis il a été soumis à la consultation des enseignants. Le programme définitif est en attente de publication. L’enseignement moral et civique sera mis en place à la rentrée 2015 ; son horaire dédié remplacer l’éducation civique, tandis qu’une autre partie de son horaire sera transversal.

 

Un parcours d’éducation artistique et culturelle

[...] Afin de réduire les inégalités et de favoriser un égal accès de tous les jeunes à l’art et à la culture, il est mis en place un parcours d’éducation artistique et culturelle personnalisé tout au long de la scolarité des élèves.

Ce parcours doit permettre d’acquérir des savoirs artistiques et culturels, de pratiquer les arts, de découvrir des oeuvres, des artistes, des monuments et des lieux à caractère artistique et cultuel. Ce parcours doit s’appuyer sur les apports conjugués de l’institution scolaire et de ses partenaires : collectivités locales, institutions culturelles, associations. Il doit être l’occasion de mettre en place des pratiques pédagogiques coconstruites innovantes et actives, envisageant aussi l’art comme vecteur de connaissances.

A cette fin, il faut mieux structurer et travailler à une complémentarité entre les interventions sur des temps éducatifs articulés entre eux : temps scolaire, périscolaire et extrascolaire.

 

Le parcours d’éducation artistique et culturelle (PEAC) doit être mis en oeuvre avec la réforme du collège, en septembre 2016. Il ne disposera pas d’horaire dédié, mais traversera les différentes matières.

 

Loi pour la refondation, article 47 :

L’article L.331-7 [du Code de l'Education] est ainsi rédigé :

Art. L.331-7.-L’orientation et les formations proposées aux élèves tiennent compte du développement de leurs aspirations et de leurs aptitudes et des perspectives professionnelles liées aux besoins prévisibles de la société, de l’économie et de l’aménagement du territoire. Elles favorisent la représentation équilibrée entre les femmes et les hommes parmi les filières de formation.

Afin d’élaborer son projet d’orientation scolaire et professionnelle et d’éclairer ses choix d’orientation, un parcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel est proposé à chaque élève, aux différentes étapes de sa scolarité du second degré.

Il est défini, sous la responsabilité du chef d’établissement et avec l’élève, ses parents ou son responsable légal, par les conseillers d’orientation-psychologues, les enseignants et les autres professionnels compétents. Les administrations concernées, les collectivités territoriales, les organisations professionnelles, les entreprises et les associations contribuent à la mise en oeuvre de ce parcours. ;

2° Les deuxième et troisième alinéas de l’article L.313-1 sont supprimés.

 

Loi pour la refondation, Annexe :

La découverte de métiers et du monde du travail ne peut plus être une option « découverte professionnelle » réservée aux seuls élèves s’orientant vers l’enseignement professionnel. Déterminant dans la construction de l’orientation de tous les élèves, qui doivent être informés et éclairés tout au long de leurs études secondaires sur les métiers, sur les formations qui y mènent et sur les entreprises dans lesquelles ils s’exercent, un nouveau parcours de découverte du monde économique et professionnel, mis en place à partir de la rentrée 2015, s’adressera à tous et trouvera sa place dans le tronc commun de formation de la sixième à la troisième.

 

 

 

 

 

 

La loi demande l’organisation d’un parcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel (le PIIODMEP, qui pourrait devenir le Parcours Avenir).

 

 

 

 

 

 

 

 

L’option découverte professionnelle, qui bénéficie actuellement d’un horaire dédié (option DP3 de 3h par semaine en troisième), disparaîtra avec la mise en oeuvre de la réforme du collège en septembre 2016.

Le PIIODMEP sera mis en place à la rentrée 2015. Il ne disposera pas d’horaire dédié, mais traversera les différentes matières.

 

Les moyens de la réforme du collège

 Loi pour la refondation, Annexe :

Les collèges doivent pouvoir disposer d’une marge de manoeuvre dans la gestion de leur dotation afin que les équipes pédagogiques puissent concevoir des actions pédagogiques et des parcours scolaires favorisant la réussite de tous. Le travail en équipe et les projets de classe permettront une plus grande transversalité. Cette marge de manoeuvre doit permettre, sur la base du volontariat, des expérimentations pédagogiques, des regroupements d’élèves, du travail transversal et pluridisciplinaire, des projets collectifs etc. Ces expérimentations devront être évaluées.

 

L’arrêté du 19 mai 2015 prévoit une marge de manoeuvre hebdomadaire sur une base de 2h45 par classe en 2016-2017 puis de 3h par classe à partir de la rentrée 2017. Cette marge est laissée à l’appréciation du recteur, selon des critères qui ne sont pas explicités. (« Outre la dotation horaire correspondant aux enseignements obligatoires, une dotation horaire est mise à disposition des établissements afin de favoriser le travail en groupes à effectifs réduits et les interventions conjointes de plusieurs enseignants, conformément à l’article D.332-51 du code de l’éducation. Son volume pour l’établissement est arrêté par le recteur d’académie, sur la base de deux heures quarante-cinq minutes par semaine et par division pour la rentrée scolaire 2016, puis sur la base de trois heures par semaine et par division à compter de la rentrée scolaire 2017. L’emploi de cette dotation est réparti proportionnellement aux besoins définis dans le projet d’établissement pour chaque niveau d’enseignement [...]« , article 7 de l’arrêté du 19 mai 2015.

 

Cette marge devra aussi permettre d’organiser les enseignements de complément (langues et cultures de l’Antiquité, langues et cultures régionales) qui n’étaient pas prévus par la loi de refondation mais qui sont mentionnés dans l’arrêté (« Cette dotation horaire attribuée à l’établissement lui permet également, dans le cadre de son projet pédagogique, de proposer, pour les élèves volontaires, un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires prévus à l’article 3, qui porte sur un enseignement de langues et cultures de l’antiquité ou sur un enseignement de langue et culture régionales. Cet enseignement peut être suivi au cours des trois années du cycle 4, dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de deux heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième, » article 7 de l’arrêté du 19 mai 2015).

 

La loi prévoit que cette marge devrait permettre des expérimentations pédagogiques, des regroupements, du travail transversal et pluridisciplinaire, des projets collectifs etc. sur la base du volontariat.

Cependant, le décret du 19 mai 2015 prévoit que l’organisation reviendrait au conseil pédagogique (avis consultatif) et au conseil d’administration (rôle décisionnel) : « II.-Conformément à l’article R.421-41-3, le conseil pédagogique est consulté sur la préparation de l’organisation des enseignements. En application du 2° de l’article R.421-2, l’organisation des enseignements est fixée par le conseil d’administration, après avis du conseil pédagogique et conformément au projet d’établissement« , article 2 du décret. Pour des raisons d’organisation à l’intérieur de chaque établissement, le travail transversal et disciplinaire, les projets collectifs (dans les EPI notamment) seront probablement imposés aux enseignants et aux élèves (impossibilité de proposer toute la palette des EPI, nécessité que toutes les mêmes matières d’un même niveau contribuent de façon égale aux EPI, quasi-obligation d’organiser plusieurs voire tous les EPI d’un même niveau sur un même créneau horaire pour pouvoir créer des groupes…).

 

 

Loi pour la refondation, Annexe :

Dans le second degré, les moyens nouveaux seront en priorité consacrés à la mise en place, dans les collèges comptant une forte proportion d’élèves en difficulté et les lycées professionnels, de dispositifs pédagogiques adaptés à l’hétérogénéité des publics et de parcours favorisant la réussite de tous les élèves. L’objectif est notamment de lutter contre le phénomène du décrochage des élèves du second degré. Cela nécessite la création de 4000 postes.

 

Le Ministère prévoit effectivement la création de 4000 postes (il s’agit plus exactement de 4000 équivalents temps-plein, c’est-à-dire 4000 fois 18h d’enseignement hebdomadaire, le temps de service d’un professeur certifié étant de 18h). Mais rapporté au nombre de collégiens, c’est très peu : ces 4000 postes ne suffiront pas à organiser les petits groupes mis en avant par la réforme du collège.

 

En complément de ces 4000 postes, le gouvernement a fait le choix, pour attribuer davantage de moyens aux élèves les plus en difficulté, de limiter voire de supprimer les moyens dont bénéficiaient d’autres élèves. C’est ainsi que l’accompagnement éducatif sera supprimé à la rentrée 2015 (sauf dans les établissements de l’éducation prioritaire) et que la marge d’autonomie créée par l’arrêté du 19 mai 2015 sera laissée à l’appréciation du Recteur, sur une base de 2h45 puis 3h par classe (on suppose donc que le recteur pourra attribuer une marge moins importante ou au contraire plus forte selon le profil des élèves).

 

 

Loi pour la refondation, Annexe :

Après des années de réduction des emplois, la refondation de l’école consiste d’abord à réinvestir dans les moyens humains qui sont mis à son service. Il est ainsi programmé la création de 60 000 emplois dans l’enseignement sur la durée de la législature.

 

La création des 60 000 emplois dans l’enseignement (il ne s’agit pas nécessairement de 60 000 emplois de professeurs, et ils concernent tous les niveaux de l’éducation, du premier degré au supérieur, ainsi que la formation des enseignants) fait partie des promesses du Président de la République. Cette promesse est inscrite dans la loi.

Fin 2014, 24 000 postes avaient été programmés ou créés.

Le budget triennal 2015-2017 présenté le 9 juillet 2014 prévoit la création des 36 000 emplois restants. Cependant, depuis plusieurs années, les concours de recrutement des enseignants ne réussissent pas à pourvoir tous les postes mis au concours.

C- Brevet et évaluation: vers la fin des notes?

La réforme du collège concerne son organisation, les enseignements, les programmes, mais aussi désormais l’évaluation des élèves.

Les textes sur l’évaluation des élèves du cycle 1 à 4 ont été travaillés fin septembre et remaniés par le Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE) le 15 octobre 2015.

Le collège est concerné par la dernière classe du cycle 3 (cycle 3: CM1, CM2, 6e) et le cycle 4 en entier (5e 4e 3e).

Rappelons qu’actuellement, les collégiens font l’objet d’une double évaluation :

  1. évaluation des compétences sur le Socle Commun (il s’agit de cocher des cases correspondant à des compétences et des connaissances, dans un livret)
  2. notation : évaluation chiffrée dans chaque matière, au moyen de notes qui se traduisent par une moyenne dans chaque matière par trimestre sur le bulletin scolaire et qui comptent en 3e pour l’obtention du brevet.

Les actuelles expérimentations autour des évaluations interdisciplinaires par compétences (pas de note chiffrée) ainsi que l’existence de classes sans note dans certains collèges pouvaient déjà laisser penser que les notes auraient une place de moins en moins importante et que l’évaluation par compétences serait développée.
Le projet de nouveau bulletin scolaire, ainsi que les projets de textes sur le nouveau brevet et l’évaluation[1] semblent confirmer cette tendance à la suppression progressive des notes et au développement de l’évaluation par compétences.

Certaines informations (le détail des épreuves du brevet, entre autres) figurent uniquement sur le site internet du Ministère, lui-même soumis à des mises à jour régulières.

Le nouveau Diplôme National du Brevet (DNB)

Pour obtenir le brevet 2017, l’élève devra obtenir la moyenne, soit 350 points sur 700[1]. Le contrôle continu sera noté sur 400 (tout au long du cycle 5e/4e/3e), le contrôle final sera sur 300 (épreuves communes en fin d’année).

Le contrôle continu: 400 points sur le Socle

En 2016-2017, les notes sur vingt que les élèves de 3e recevront dans chaque matière ne compteront plus du tout (en supposant que ces notes existent encore), alors qu’aujourd’hui, les résultats des élèves leur permettent de cumuler des points toute l’année dans toutes les matières (sauf en histoire géographie).

L’élève ne recevra plus de points en fonction des notes attribuées par les professeurs dans chaque matière tout au long de l’année. Il recevra des points en fonction de son niveau de maîtrise des compétences du Socle Commun, lui-même remanié.

Les compétences apparaitront dans le livret scolaire de la scolarité obligatoire.

L’élève obtiendra pour chaque domaine, sans aucune modulation possible :

  • 10 points (maîtrise insuffisante),
  • 25 points (maîtrise de base),
  • 40 points (maîtrise satisfaisante),
  • 50 points (très bonne maîtrise).

D’après le livret de compétences mis en ligne par le Ministère, il y aura huit domaines (en fait cinq domaines, mais le premier comporte lui-même quatre sous-domaines à valider).

Tous les élèves auront donc au moins 80 points (maîtrise insuffisante).

Un niveau de « maîtrise satisfaisante » lors du contrôle continu permettra presque d’obtenir à lui seul le Brevet (320 points sur les 350 points de moyenne nécessaires). En effet, les points attribués pour chaque niveau de maîtrise ont été revus à la hausse par le CSE le 15 octobre 2015 pour « rendre l’obtention du DNB plus probable » (amendement 2 article 8)[3].

Le contrôle terminal sur 300 points: trois épreuves finales (deux écrites, une orale).

Chaque épreuve est notée de 0 à 100 :

  • une épreuve écrite sur les programmes de français (3h) histoire-géographie et enseignement moral et civique (2h), avec un thème fil rouge pour l’ensemble, une dictée, un travail de rédaction et d’argumentation, ainsi que des questions identifiées pour chaque discipline.
  • une épreuve écrite sur les programmes de mathématiques (2h) et ceux de physique-chimie, sciences de la vie et de la Terre et technologie (1h), avec un thème fil rouge pour l’ensemble, un exercice de programmation informatique, en lien avec les nouveaux programmes de mathématiques et de technologie, ainsi que des questions identifiées pour chaque discipline.
  • une épreuve orale qui porte au choix du candidat, sur l’un des projets menés par le candidat dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires, du parcours avenir, du parcours citoyen ou du parcours d’éducation artistique et culturelle. (à noter que la notion de parcours n’est pas définie du tout pour l’instant).

Chaque épreuve regroupe plusieurs matières, d’après le projet de texte. Sur le site de l’Éducation Nationale, on observe que ce sont uniquement la physique chimie, les SVT et la technologie qui seraient regroupées en un seul et même sujet. Rappelons qu’actuellement, chaque épreuve correspond à un enseignement bien différent (épreuve de mathématiques, épreuve de français, épreuve d’histoire géo éducation civique, épreuve d’histoire de l’art).

Concernant les points pouvant être gagnés grâce aux options (appelées enseignements de complément) : il ne sera plus possible de moduler les points attribués. Les élèves pourront obtenir soit 10 soit 20 points.[1] À noter également que les options seront moins nombreuses qu’aujourd’hui.

L’obtention du niveau A2 en langue vivante n’est plus une condition à remplir pour obtenir le brevet.

L’épreuve obligatoire d’histoire des arts disparait. Ce sera à l’élève de choisir le thème de son épreuve orale. Celle-ci peut (mais ne doit pas nécessairement) contenir des éléments d’histoire de l’art.

Le premier mercredi de chaque année scolaire aura lieu une remise officielle des brevets obtenus l’année précédente. Cette cérémonie rassemblera la communauté éducative et les élus locaux autour des élèves.

L’évaluation des élèves au collège.

Elle reposera toujours sur le Socle Commun de connaissances, de compétences et de culture pour le collège. Il se présente sous la forme de listes de points à acquérir par chaque élève. Un nouveau Socle Commun est prévu pour l’année scolaire 2016-2017.

Les enseignants se réuniront en conseils de cycle pour décider des modalités d’évaluation. Les compétences seront à évaluer en continu, tout au long de l’année pour chaque niveau.

Un bilan sur l’acquisition des compétences sera effectué par les enseignants à chaque fin de cycle (fin 6e, fin 3e pour le collège) selon une échelle de référence qui comprendra quatre échelons.

Ce bilan apparaitra dans le livret scolaire de l’élève, qui va prendre la forme d’un document très détaillé[4].

Par ailleurs, le bulletin existe toujours. Le site du Ministère en a publié un exemple, alors que le projet de décret ne l’évoquait pas. Sur ce bulletin seront récapitulés les thèmes vus dans chaque matière (ces thèmes apparaissent déjà dans le cahier de l’élève ainsi que sur le cahier de texte en ligne), en EPI et en AP. Il sera possible pour chaque enseignant d’attribuer une note sur 20 – possible, mais pas obligatoire. En effet, en ce qui concerne l’existence ou non de notes, « la liberté est laissée aux équipes enseignantes » [2]. D’ailleurs, aucune case n’est prévue pour indiquer la moyenne générale. Les EPI se feront pas non plus l’objet d’une note dans le bulletin, mais ils devront être évalués. Enfin, ce bulletin sera conservé pour une durée d’un cycle par l’Éducation nationale. Il aura donc moins d’importance que les bilans de fin de cycle.

Les documents essentiels dans le livret scolaire seront donc les bilans de fin de cycle (6e et 3e au collège). En fonction de ces bilans, les enseignants devront proposer des modalités d’accompagnement afin de permettre à l’élève d’atteindre les objectifs.

Notes ou pas notes ?

Si la notice du décret sur l’évaluation évoque bien le fait de « diversifier les modalités de notation et d’évaluation » , le site du Ministère annonce la mise en place d’un nouveau bulletin sans moyenne générale, avec toutefois la possibilité d’attribuer des moyennes par matière (si les enseignants continuent de noter sur 20). Ces bulletins ne seront pas conservés plus d’un cycle par l’Éducation Nationale. Seuls les bilans resteront (fin 6e, fin 3e pour le collège).

Dans les projets de textes, il est question du livret scolaire, ce document où figureront notamment les points à valider du Socle Commun. Il n’est pas question de notes.

Enfin, on constate que le nouveau Brevet rendrait tout-à-fait possible de se passer des notes attribuées jusque-là pendant l’année par les professeurs des différentes matières.

Ce qui dépendra de chaque collège

L’acquisition des notions par les élèves qui changeront de collège (en cours d’année ou même d’une année sur l’autre) est un problème qui n’est pas nouveau, mais qui va se poser dans des termes différents dès la rentrée 2016 puisque la réforme accroit l’autonomie des établissements du point de vue de l’organisation, des contenus et des pédagogies.
Le décret publié le 20 mai 2015 rappelle que « l’organisation des enseignements est fixée par le conseil d’administration, après avis du conseil pédagogique et conformément au projet d’établissement ». Ces instances existent déjà au collège. La réforme 2016 vient allonger la liste des points qui seront décidés dans chaque établissement (par exemple: le contenu d’une partie des heures obligatoires, les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires).
Vous trouverez ci-dessous un récapitulatif de ce qui sera différent d’un collège à l’autre. Ces informations sont détaillées, expliquées et sourcées dans les différentes rubriques de ce site.
Organisation générale

- la mise en place d’un emploi du temps pour l’année, par semestre ou par trimestre

- la durée de certains cours: séquences de 45 minutes ou de 90 minutes encouragés dans certains cas

- le nombre d’heures de cours traditionnels qu’il restera pour chaque matière: combien d’heures de quelles matières sont utilisées pour AP (Accompagnement Personnalisé) et EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires)?

- la répartition entre le nombre d’heures d’AP et d’EPI en 5e, 4e, 3e.

- la participation ou non de personnels non enseignants aux EPIs

- l’organisation des heures de cours sur le cycle 5e, 4e, 3e : possibilité de mettre plus d’heures sur certaines matières certaines années au détriment d’autres, puis l’inverse l’année suivante

- l’enseignement de certaines matières sur l’année ou sur un trimestre (arts plastiques et éducation musicale)

Contenus enseignés
- la répartition des enseignements du cycle 3 (CM1, CM2, 6e) dans certaines matières: que verra-t-on en primaire, que verra-t-on au collège en 6e?
- les thèmes travaillés dans les EPI: huit thèmes sont fixés, l’établissement doit en proposer six
- le choix de dispenser ou non certains enseignements en langue étrangère, notamment pendant les EPIs

- la mise en œuvre des programmes, comme ceux d’histoire, de français (choix des œuvres issues ou non de la littérature), de mathématiques (hors programme possible), selon ce que décidera l’enseignant
- le choix de traiter certaines notions une année ou l’autre (en mathématiques, par exemple, les indications de niveau ne sont qu’indicatives), selon ce que décidera l’enseignant

- mettre en place l’Enseignement Intégré de Sciences et Technologie (EIST) ou pas en 5e, 4e, 3e.

- la manière de mettre en place l »EIST en 6e: quel professeur est en charge de quoi?

- selon les choix d’utilisation du budget d’heures (« marge »), qui ne permet pas de tout proposer:

- enseignement de latin, ou pas

- enseignement de grec, ou pas

- enseignement de Langues et Cultures Régionales (LCR), ou pas

- l’accompagnement éducatif : aide aux devoirs, soutien, clubs : en collèges REP/REP+ uniquement (dès la rentrée 2015)


Pédagogie pratiquée

- selon les choix d’utilisation du budget d’heures (« marge »), qui ne permet pas de tout proposer:

- mise en place des petits groupes en sciences, ou pas
- mise en place des petits groupes en Accompagnement Personnalisé, ou pas

- mise en place de co-interventions, ou pas

D- Aux Origines de la Réforme

Essayons d’analyser la réforme du collège dans une échelle de temps plus longue : les dix années passées.
Dans cet intervalle les changements de notre système éducatif se sont succédé à intervalles rapprochés : réforme du lycée, rythmes scolaire, réforme du collège. L’éducation nationale est un monde en pleine mutation.

A ce titre, la lecture d’un document de 2006, nous est apparue comme éclairante quant aux origines de la réforme du collège. Ce rapport pourtant assez ancien, décrit avec des détails concordants les changements qui surviennent 10 ans plus tard. Cet audit portait sur la grille horaire des enseignements au collège.
Il répondait à une commande du monde politique en responsabilité en 2006, dans le cadre de la modernisation de l’état. Dans ce texte est assez court, une quarantaine de pages, les auteurs formulent 20 propositions pour améliorer le collège.
Ce texte a des qualités rares :

Ses auteurs n’emploient pas la langue de bois, ils sont très explicites sur les constats, les solutions, et les buts à atteindre. Ils nous donnent ainsi un aperçu des opinions les plus communément répandues chez les hauts fonctionnaires et les cadres supérieurs de l’éducation nationale. Une population très influente, qui s’exprime peu en direction du grand public, mais qui est au cœur de la conception des réformes.
Il serait illusoire d’espérer retracer la provenance des idées contenues dans la réforme du collège : organismes internationaux, chercheurs en éducation, modèles de pays étrangers transposés avec plus ou moins de bonheur, modes passagères et chevaux de bataille personnels s’entremêlent dans ce projet.
Ce qui est certain, c’est qu’un bouleversement de l’ampleur de la réforme du collège ne s’improvise pas en quelques mois. Il n’est certainement pas non plus le projet d’un seul homme. C’est le fruit d’un travail d’équipe.
Ces changements ont donc fait l’objet d’une préparation minutieuse et d’un consensus, a minima dans un cercle de décideurs de l’éducation nationale, avant d’être rendus publics.

Alors, dans quelle mesure la réforme du collège était-elle déjà conçue dès 2006 ?
A contrario qu’est ce qui a changé en 10 ans ? Quelles sont les volte-face, ces virages à 180° dont l’éducation nationale est coutumière ? Enfin, ce rapport nous permet-il de comprendre dans quel contexte les changements  de la réforme du collège s’inscrivent ? Cet éclairage est utile car dans un collège en pleine mutation, il nous est difficile, personnels et parents, de comprendre le sens de ces réformes.

 

Une réforme conçue en 2006 ?

Le rapport sur la grille horaire du collège répondait à une commande du monde politique en responsabilité en 2006 :

L’audit cherchera à repérer les leviers sur lesquels agir pour alléger l’horaire hebdomadaire obligatoire de formation du collégien ; permettre une organisation différente de la semaine du collégien (annualisation, modules…) et l’expression  de  l’autonomie  pédagogique  de l’établissement, en cohérence avec les propositions formulées dans le cadre de l’audit sur la grille horaire des lycéens, en passant notamment par une augmentation de la part des moyens non fléchés ;

La réforme du collège s’annonce donc comme un prolongement de la réforme du lycée.
Conçues à la même époque et probablement par un cercle de décideurs identiques, elles poursuivent des objectifs communs.

Il faut trouver des solutions concrètes pour plusieurs chantiers :
-alléger les emplois du temps
-mettre en place les cycles d’enseignement internationaux et un socle normatif de compétences
-augmenter la part des dispositifs d’aide pour traiter l’échec scolaire
- développer l’autonomie des établissements
- améliorer l’enseignement des langues vivantes
- déployer de nouvelles modalités d’enseignement

Bien que la fin de la scolarité obligatoire se situe à un âge, 16 ans, où la quasi-totalité des jeunes ne se trouve plus au collège, c’est essentiellement à ce dernier que revient la mission de faire acquérir à chaque élève le socle commun de connaissances et de compétences, dans la continuité des enseignements dispensés à l’école primaire.

Depuis la mise en place d’un collège unique il y a trente ans, le collège en France s’est trouvé investi d’une double mission : donner à tous les élèves une culture commune et les préparer à la poursuite d’études. Préparer les élèves à entrer au lycée d’enseignement général étant le plus exigeant de ces deux objectifs, c’est celui qui a toujours guidé l’organisation et la définition des enseignements.

L’intention de départ de la réforme du collège est donc bien de recentrer le collège sur l’acquisition d’un socle minimal normatif de compétences.
L’organisation du collège est donc modifiée pour traiter en priorité la difficulté scolaire.
L’objectif, plus ambitieux, de préparation à la poursuite d’études au lycée perd de son importance et devient secondaire.
De cette décision, découlera d’une part la volonté de réduction d’options devenues superflues, et d’autre part l’augmentation des heures de dispositifs d’aide et de projets concrets, pris sur des heures de cours.
Les programmes disciplinaires seront aussi recentrés autour de compétences du socle.

La réussite au brevet des collèges qui plafonne à moins de 80%, les résultats aux évaluations bilans de fin de collège qui montrent que seul de l’ordre d’un quart des élèves atteint véritablement les objectifs du collège et qu’à l’inverse un élève sur six est en grande difficulté, la position moyenne des élèves français aux évaluations internationales et le constat de la persistance de 4 à 5% d’illettrés aux tests passés par tous les jeunes Français lors des journées d’appel de préparation à la défense, montrent que, malgré les dispositifs mis en place, le collège ne parvient pas à atteindre pleinement les objectifs qui lui sont assignés.
(…)
Le collège constitue-t-il pour autant « le maillon faible » ou « le maillon sensible » du système éducatif comme on l’a souvent dit ?

Le constat sur les résultats du collège est nuancé par trois contraintes que subit le collège :
- L’accueil d’une proportion importante d’élèves qui à l’entrée au collège ne maîtrisent pas les compétences de base indispensables à la poursuite d’études.
- Le collège est un service de proximité et la taille des établissements ne permet pas d’offrir une diversité de parcours qui s’adapterait à tous les élèves.
- L’adolescence cumulée à la paupérisation de certains quartiers entraîne des phénomènes de violence et de décrochage scolaire quasi inévitables.

 

L’audition de chefs d’établissement placés pourtant dans des situations très différentes a fait, d’autre part, émerger quelques constantes du fonctionnement des collèges qui expliquent la difficulté à en améliorer l’efficacité pédagogique : l’organisation du temps scolaire en semaines identiques, la répartition des élèves en groupes-classes et le primat du dédoublement, la séparation disciplinaire stricte consacrée par le statut des enseignants, le recours encore trop fréquent au redoublement comme solution aux difficultés d’apprentissage des élèves.

 

L’équipe d’audit insiste sur la faible flexibilité du système. Une organisation qui serait trop rigide et qu’il faudrait assouplir. Les principaux n’auraient pas la capacité localement d’utiliser au mieux les ressources dont ils disposent pour mettre en place des dispositifs innovants. Certes il y a des études sur l’efficacité du redoublement, encore ces études sont elles souvent imparfaites et dépendantes de l’ensemble des mesures éducatives prises pour pallier à la grande difficulté scolaire. Mais rien à notre connaissance ne démontre que l’organisation en semaines identiques soit un frein quelconque à la réussite des élèves.
On peut même penser que la créativité des enseignants ne peut se déployer sereinement qu’à l’intérieur d’un cadre qui donne des repères sur lesquels s’appuyer.

 

Les moyens consacrés à l’activité en marche courante devraient être de l’ordre de 80% des moyens horaires disponibles de façon à libérer 20% des moyens horaires à la mise en œuvre des objectifs de progrès. Une nouvelle approche du référentiel horaire, telle que celle proposée ci-après, devrait permettre de dégager ces 20% de moyens non fléchés.
(…) Sont abrogées pour l’ensemble des années au collège les grilles horaires hebdomadaires au profit d’un référentiel qui fixerait pour chaque enseignement une base horaire.
(…) Cette base est inférieure à la dotation actuelle, car elle est appelée à être complétée à hauteur de 20% par des moyens non fléchés.
(…)
Ce système permet aux établissements de faire de vrais choix pédagogiques, dans un cadre qui reste garanti au niveau national par la définition des programmes disciplinaires, des examens et des résultats attendus.

Le référentiel horaire annualisé propose de réduire les enseignements disciplinaires au profit d’une marge non fléchée. Cette marge négociée avec le rectorat est un levier de conduite du changement vers des objectifs dits « de progrès ». On observe dans la réforme du collège un prélèvement horaire sur les enseignements disciplinaires d’environ 10%. C’est aux équipes de décider quelles matières verront leurs horaires de « cours classiques » diminuer. A cette érosion s’ajoutent 10% de marge horaire à distribuer aux disciplines, ce qui fait effectivement 20% d’autonomie au total : 10% de contenu définis par chaque établissement à la place des heures de cours (en respect du cadre général) et 10% de moyens à utiliser selon les choix de l’établissement.

La grille actuelle se heurte en effet à deux écueils : ou bien l’élève est sorti physiquement de la classe pour suivre des enseignements adaptés, ce qui achève de le déconnecter du rythme de ses camarades ou bien le soutien est organisé après la classe et se posent d’évidents problèmes de transport scolaire.

Sur le plan budgétaire, cette réforme représente un puissant outil d’économies structurelles.

Enfin, ce référentiel n’interdit pas, bien au contraire, les expériences d’enseignement inter-disciplinaires à l’image de l’expérience d’enseignement intégré de la technologie, des sciences physiques et des sciences de la vie et de la terre qui sera lancée à la rentrée 2006 dans une trentaine de collèges.

Dans ce nouveau cadre horaire, il ne sera plus possible de rendre juridiquement opposable le concept d’horaire hebdomadaire dû aux élèves, car la responsabilité de l’éducation nationale deviendra une responsabilité de résultat dans l’acquisition des compétences.

 

Le rapport de 2006 propose d’intégrer aux horaires disciplinaires les dispositifs d’aide.
En effet les dispositifs d’aide qui sont proposés en plus des horaires disciplinaires coûtent cher.
De plus ils prolongent au-delà du raisonnable les journées d’élèves en grandes difficultés scolaires.

Ce changement est à la fois un puissant levier d’économies structurelles et de management des équipes.
Les économies structurelles sont réalisées car ces heures d’aide se substituent à des heures de cours, donc ne coûtent rien. Le management des équipes en est facilité, car une équipe qui ne coopérerait pas verrait ses moyens diminués par le biais de la réduction de la marge allouée. En effet, la marge est décidée par le recteur, sur la base des objectifs financiers et pédagogiques des académies.
Personne ne doute que cette marge sera la première variable d’ajustement à la baisse quand les besoins d’économies se feront pressants.
On observe aussi que l’interdisciplinarité et l’enseignement en projets sont mis en avant :

Si le volume horaire global est resté pratiquement stable, la part des disciplines a été modifiée à plusieurs reprises afin de dégager des marges de manœuvre pour permettre le travail en groupes allégés ou favoriser les « parcours diversifiés », les « travaux croisés », les « itinéraires de découverte » ou les « dispositifs en alternance » sans que la charge horaire des élèves s’en trouve alourdie.

Ces changements ont induit de la part des enseignants concernés un sentiment de frustration lorsqu’ils ont estimé que leur discipline voyait son volume horaire diminué au profit d’enseignements transversaux ou de modalités d’apprentissage alternatives. Par ailleurs, la rapidité du rythme de ces changements, l’un chassant l’autre avant même que l’on n’ait pu mesurer les effets du premier, s’est souvent traduite par un désintérêt de beaucoup d’enseignants et de chefs d’établissements pour les nouveaux dispositifs à mettre en œuvre.

Le rapport reconnaît que la volonté de faire travailler les élèves en projets (les EPI dans la réforme du collège) a au moins une vingtaine d’années. Tour à tour appelés parcours diversifiés, travaux croisés et IDD chacune de ces modalités d’enseignement a été essayée à grande échelle, puis abandonnée. Il est d’ailleurs noté, que l’efficacité de tels dispositifs n’est jamais évaluée, et n’a donc jamais pu être démontrée.
Par exemple, avant de réformer le collège on aurait déjà pu évaluer la réforme du lycée qui est comparable. Mais cette évaluation est sans cesse reportée.
Il faudra aussi s’interroger sur ce manque de créativité qui consiste à toujours essayer la même idée, alors que les pistes d’amélioration ne manquent pas. Enfin la liberté pédagogique est le meilleur gage de l’utilisation par le professeur de la pédagogie la mieux adaptée au contexte dans lequel il est placé. Certes, un professeur doit d’abord être formé, pour avoir plusieurs techniques d’enseignement à sa disposition. Et c’est bien dans cette direction que devraient porter les efforts d’une administration efficace.

A l’idée que l’amélioration de l’efficacité de l’enseignement passe nécessairement par une augmentation de moyens, doit se substituer l’idée que l’on peut faire mieux en faisant différemment.

La dualité entre qualité et quantité est clairement posée.
Ce sera un des débats majeurs de la réforme du collège 2016 : il y aura certes moins de cours, mais de qualité.
Posée en ces termes cette affirmation est doublement piégée :

D’une part apprendre prend du temps. Un temps incompressible et variable selon les individus.
En réduisant les horaires, on sacrifie les élèves les plus lents.
D’autre part la qualité d’un cours dépend avant tout du savoir-faire du professeur et non pas pour l’essentiel de dispositifs institutionnels. La plupart des enseignants ont une démarche volontaire pour rechercher des solutions opérationnelles aux problèmes d’apprentissage qui leurs sont posés. Cette recherche est limitée principalement par la compétence des professeurs et le temps dont ils disposent pour préparer et pour dispenser leurs cours.
Mais une pédagogie imposée fera-t-elle la qualité d’un cours ? Ce qui garantit que les professeurs peuvent faire différemment et s’adapter au mieux est généralement appelé liberté pédagogique.

Laisser au libre choix des établissements, dans le cadre de leur projet, la décision d’offrir l’apprentissage d’une seconde langue vivante en classe de cinquième.

L’introduction de la seconde langue vivante en cinquième est une mesure phare de la réforme du collège, obligatoire pour tous les établissements en 2016 :

Rationalisation de la carte des langues vivantes étrangères :
Limiter autant que faire se peut le nombre de choix possibles au niveau primaire pour assurer la continuité au collège (anglais, allemand, arabe, espagnol, italien, portugais, chinois)
Engager une réflexion stratégique sur le nombre de langues étrangères que l’enseignement obligatoire doit et surtout peut porter au niveau B1 parmi les choix actuels au collège : anglais, allemand, arabe, italien, hébreu, néerlandais, portugais, espagnol, turc, chinois, russe, japonais, polonais
Indicateur : Nombre de groupes de LV inférieurs à 10 élèves.

L’équilibre entre diversité de l’offre de langues et coût de ces enseignements est déjà posé.
Il faut limiter les situations d’enseignants face à des groupes inférieurs à 10 élèves jugés trop coûteux.
En même temps on prône l’enseignement des langues en petits groupes d’une quinzaine d’élèves afin qu’ils puissent apprendre à s’exprimer…

A la lecture du rapport, on est surpris de trouver dès 2006 autant de détails sur une réforme qui n’est finalement mise en place que 10 ans plus tard. Dans ses grandes orientations la réforme du collège 2016 était déjà conçue en 2006 par une administration qui avance dans une direction bien déterminée. Mais en y regardant de plus près, un observateur attentif note des différences sensibles entre le projet de 2006 et sa réalisation concrète en 2016.

Quelles volte-face entre 2006 et 2016 ?

Le premier changement notable concerne les options pour lesquelles la tendance s’est inversée entre 2006 et 2016 :

Ces pratiques sont favorisées par les stratégies d’offre éducative des établissements dont les intérêts convergent avec ceux des parents pour sélectionner les élèves. Cette diversification de l’offre se traduit par des choix d’option de langues ou de cours spécialisés comme les classes européennes ou les classes à horaires aménagés.

La stratégie d’offre éducative , qui était le signe de l’autonomie grandissante des établissements et du dynamisme des équipes pédagogiques n’est plus d’actualité.
Cette stratégie était un moyen de rendre attractifs des établissements en développant les options.
Cela permettait d’assurer une mixité sociale dans des établissements difficiles. Mais utiliser une partie des moyens pour développer des options serait concentrer les effort à la périphérie de l’enseignement.
Le cœur de la mission du collège étant de faire reculer l’échec scolaire, il est maintenant recommandé de focaliser toutes les énergies sur des dispositifs pédagogiques : AP et EPI censés aider à lutter contre les grandes difficultés que rencontrent nos élèves.

Prendre les mesures pour que la fin du redoublement soit une chance nouvelle offerte aux élèves en difficulté.

Une telle évolution nécessite de promouvoir des changements importants dans l’approche des élèves en difficulté, notamment dans le cadre de PPRE reposant sur une analyse pédagogique suffisamment fine, où l’on évitera de reproduire avec l’élève ce qui a déjà été tenté sans succès parfois par le même enseignant ;

Les moyens jusque là consacrés au redoublement (1.5 milliard €) doivent être réinvestis dans les dispositifs d’aide, sur la base du projet de chaque établissement, ainsi que dans la réflexion sur les pratiques innovantes et la valorisation des réussites.

Malheureusement aucun dispositif d’aide n’est prévu pour traiter l’échec scolaire.
La fin du redoublement ne sera pas synonyme de nouvelle chance pour des élèves fragiles.
On aurait espéré des dispositifs innovants inspirés des pays nordiques où un élève en échec est pris en charge par des maîtres dont c’est la spécialité. Mais aucun dispositif n’a été imaginé dans la réforme du collège 2016 pour ces élèves, qui passeront automatiquement d’année en année sans pourvoir suivre. Leur régression étant accompagnée d’une souffrance psychologique importante.

Qui sont les auteurs de ce rapport ?

L’équipe d’audit était composée de membres des inspections de l’éducation nationale et des finances.
Cette équipe réduite va rencontrer une centaine de personnes (p71 annexe III Liste des personnes rencontrées) : de nombreux hauts fonctionnaires et cadres de l’éducation nationale.
Toute la chaîne hiérarchique sera auditée : des recteurs jusqu’aux principaux de collège, en passant par les inspecteurs. C’est donc une population de décideurs assez peu nombreux et éloignés d’une pratique quotidienne du métier d’enseignant qui va avoir la charge de proposer les idées de réforme du collège.
Les syndicats n’ont probablement eu qu’un rôle très minime et avant tout consultatif dans la conception de la réforme du collège. On peut d’ailleurs penser que cette réforme est le signe d’une administration dans laquelle il y a un cloisonnement fort entre la base des professeurs et des cadres supérieurs dirigeants.
Ces deux populations travaillant finalement à atteindre des objectifs distincts. Il serait essentiel de permettre à nouveau que les idées et les besoins puissent remonter de la base opérationnelle.
Les consultations auxquelles les professeurs sont toujours conviés a postériori, donnent de plus l’impression d’une administration qui cherche à s’acheter une bonne conscience.

La conduite du changement dans l’éducation nationale

Par ailleurs, le manque de lisibilité de certaines réformes, accompagné de quelques tergiversations ou volte-face, par exemple dans le domaine de l’aide aux élèves ou en matière de transversalité (parcours diversifiés, travaux croisés, itinéraires de découverte), n’ont fait que conforter la suspicion naturelle à l’égard des prises de position institutionnelles, tout en accréditant le mythe des réformes nombreuses et inutiles, avec le risque que cette perte de crédibilité n’affecte les chances de réussite des réformes à venir.

Pour  faciliter  leur  appropriation,  certaines  mesures  font  désormais  l’objet d’expérimentations préalables, visant aussi bien à assurer une meilleure communication qu’à prendre la mesure de problèmes éventuels. Cette pratique ne donne pas toujours lieu aux évaluations qui seraient nécessaires. Ainsi, a-t-on essayé de dépasser le stade de l’injonction, au profit d’une politique apparemment plus concertée, qui n’élimine pas pour autant le risque de défiance de la part de certains acteurs, ni des pratiques pouvant relever davantage de la logique d’une profession libérale.

Dès l’introduction il est question de conduite du changement des grandes organisations, telles que l’éducation nationale. Par conduite du changement on entend l’ensemble des techniques managériales utilisées au sein de l’éducation nationale pour mettre en place des réformes. Ces institutions sont réputées difficiles à réformer (il y a pourtant eu 11 réformes au collège ces 30 dernières années).
C’est une des leçons de ce rapport, pour réformer le collège il faudra employer de nouvelles techniques de conduite du changement :

- Stratégie des petits pas, chaque texte, livrés année après année, apportant une pièce du puzzle.
- Plan d’ensemble non communiqué, à tel point qu’un observateur serait incapable de voir quelle est la nature du changement. C’est souvent une ou deux années après que l’on comprend quels étaient les objectifs du ministère.

- Formatage à l’obéissance dès la formation initiale : les cadres de l’éducation nationale reprochent aux enseignants d’être trop autonomes, voire de croire leur métier relever d’une « profession libérale ». Alors que ces enseignants sont surtout livrés à eux-mêmes pour trouver des solutions concrètes à des situations parfois critiques.

- Passage en vitesse en évitant un débat parlementaire : La réforme du collège a été publiée sous la forme d’un décret, et ce n’est certainement pas un hasard.

- Priorité donnée à la communication sur le contenu : On assiste aussi à des politiques qui donnent la priorité à la pédagogie de la réforme en direction de l’opinion publique, tâche jugée essentielle, au détriment du travail sur le contenu des changements.
On sent bien que les experts en conduite du changement ont été sollicités, mais il n’est pas sûr que la qualité du débat et des réformes y ait gagné.

 

Pour accompagner l’effort des établissements et des académies dans la mise en œuvre de ce nouveau mode de pilotage et éviter le retour aux pratiques traditionnelles (souvent peu efficaces
mais plus faciles à décider en raison des nombreuses pressions qui s’exercent sur les autorités académiques et les chefs d’établissements), la mission préconise l’utilisation de trois catégories de
leviers qui sont susceptibles d’être intégrés dans les contrats de performance pour faciliter la réalisation de certains objectifs : des leviers pédagogiques, des leviers financiers et des leviers de gouvernance.

 

Parmi les leviers listés on note :
- La rédaction de nouveaux programmes centrés sur le socle minimal de compétences qui obligent les professeurs à modifier le contenu de leurs cours.

- L’annualisation des horaires : favoriser une gestion souple pour gagner en « efficacité pédagogique ».

- La suppression du redoublement : le redoublement inefficace et cher (coût 1.5 milliard € en 2002), jugé comme une solution d’une époque révolue.

- Éviter la systématisation du dédoublement des classes : mesure jugée peu efficace. On préférera les « groupes de besoin » dont la taille peut être équivalente, voire supérieure à une classe.

- Créer des relais auprès du chef d’établissement : les coordonnateurs de discipline.

- Valoriser la performance individuelle : améliorer les conditions de travail (emploi du temps, salle), allouer une « gratification individuelle non pécuniaire » quand un professeur donne satisfaction.

 

De l’état centralisé à l’état évaluateur : des règles écrites au management

Depuis deux siècles, l’offre éducative est organisée de façon centralisée avec des normes identiques pour toutes les composantes du système. Le travail est divisé en niveaux et en matières et
cette organisation engendre une définition précise des fonctions, rôles et compétences de chacun en fonction de règles écrites et précises. L’Etat met en place une hiérarchie et un contrôle de conformité de tous les agents du système aux règles et procédures à suivre. Cette organisation est justifiée par la nécessité de la plus grande universalité possible des règles à l’échelon de l’Etat nation, fondant ainsi une égalité de traitement et une égalité d’accès de tous à l’éducation.

Cette organisation est associée à une large autonomie individuelle et collective des enseignants, fondée sur leur expertise et sur leurs savoirs professionnels.

 

Le fonctionnement de l’éducation nationale a toujours été organisé par un ensemble de règles écrites.

Au fil des décennies ces textes se sont accumulés, ce qui leur a fait perdre beaucoup de leur force.

Ce cadre offre paradoxalement une grande liberté pédagogique aux professeurs à l’intérieur de limites bien précises. Cette liberté pédagogique n’a de sens que si l’on fait confiance à des professeurs recrutés et formés pour leur excellence professionnelle. Cependant, la crise du recrutement que traverse l’éducation nationale ne garantit plus un niveau d’expertise suffisant, et la formation des enseignants est une faiblesse du système.

 

Ce modèle d’organisation et de pilotage est contesté depuis une vingtaine d’années par l’introduction de pratiques nouvelles qui s’inspirent d’un autre modèle d’organisation, celui de l’Etat évaluateur.

L’autonomie des établissements, la contractualisation et la déconcentration au niveau des académies sont désormais privilégiées au détriment des solutions centralisées et planifiées. L’évaluation des résultats se développe avec, en particulier en France, la création de la DEP en 1987.
(…)
la contestation du modèle traditionnel d’organisation et de pilotage se traduit par l’érosion de l’autonomie professionnelle et individuelle des enseignants au travers du renforcement du rôle des chefs d’établissement et des incitations à la coordination pédagogique et au travail en équipe.

L’évolution en direction d’un modèle de pilotage fondé sur les objectifs et l’évaluation des résultats est cependant restée insuffisante pour contribuer à l’amélioration des résultats du système éducatif. C’est notamment le cas en matière d’évaluation. Comme le souligne Christian Maroy, « la mise en place des évaluations externes, ou semi-externes, s’est développée sans être assortie de réelles sanctions institutionnelles ou économiques à l’égard des établissements.

 

L’évaluation des résultats des collèges n’a pas toute la rigueur scientifique souhaitée.

Le principal indicateur reste les résultats au brevet des collèges.
Mais le contrôle continu en 3e pèse pour plus de la moitié de la note d’un élève au brevet, cet indicateur doit donc être écarté. On reste surpris de l’absence d’une évaluation avec une méthodologie scientifique éprouvée.
Celle-ci passerait probablement par un test normalisé à l’entrée en 6ème et un second test à la sortie de la 3ème.

Ces tests n’étant pas corrigés en interne pour éviter d’être juge et partie. En l’absence d’une telle évaluation, les indicateurs utilisés (poursuite d’études au lycée, compétences, notes,…) reflètent plus l’obéissance des équipes disciplinaires à des souhaits de l’encadrement, où des pratiques locales. On voit donc qu’il est délicat de demander à des équipe d’atteindre des objectifs chiffrés qui ne représentent pas toujours une réelle amélioration de l’éducation des élèves.
L’Etat évaluateur doit donc commencer par évaluer scientifiquement les résultats des collèges.
Une fois ce diagnostic sur les résultats posé, il y a une volonté que chaque établissement cherche des solutions à sa problématique locale. Cela passe par de nouvelles règles de fonctionnement moins directives, laissant des choix d’organisations variées. Dans une moindre mesure, les textes réglementaires ont toujours laissé une marge d’adaptation locale. Elle atteint 20% d’autonomie horaire dans la réforme du collège 2016.

On passe alors de plus en plus d’un monde de règles écrites, à un monde de management oral.

Ce management est plus basé sur le travail en équipes et l’obéissance aux consignes orales.
Un des problèmes qui se pose est que cette obéissance n’a pas de limites bien définies, et peut sérieusement limiter la capacité d’adaptation de chaque enseignant aux situations auxquelles il est confronté.

Conclusion

L’étude de ce rapport nous a passionnés car elle nous a permis de mieux comprendre les grands courants de changements dans lesquels s’inscrit la réforme du collège 2016.

Curieuse genèse que celle de la réforme du collège :
En 2006 elle est la réponse à une commande du monde politique en responsabilité à cette époque.

Elle a pour l’essentiel été conçue par les cadres dirigeants, hauts fonctionnaires de l’éducation nationale.

Puis elle est mise concrètement en œuvre par une autre majorité politique en responsabilité en 2016.
En pleine mutation, l’éducation nationale est pilotée par un cercle de décideurs déterminé à avancer vers ce qu’il juge bon pour l’institution. Les professeurs de terrain sont peu présents dans ces cercles de décision, et les changements ne correspondent pas toujours aux attentes des acteurs opérationnels. Cette éducation nationale, scindée en deux, partagée dans ses constats aussi bien que dans ses solutions, n’est pas en capacité de mobiliser ses énergies pour surmonter les défis qui l’attendent. Ces deux populations doivent se parler et se comprendre à nouveau, car des résultats ne seront obtenus que si tout le monde avance dans la même direction. Plus grave, l’évaluation scientifique des réformes est une faiblesse du système. Entre 2006 et 2016, dans ce vaste intervalle, aucun test scientifique préalable n’a été conduit pour démontrer l’efficacité des mesures avancées. Aucune évaluation préalable digne de ce nom ne permet de démontrer l’efficacité des EPI ou de l’accompagnement personnalisé pris sur les heures de cours. Une agence indépendante de « l’évaluation des pratiques pédagogiques » pourrait permettre de dépasser le stade de l’injonction, à condition d’adopter des méthode scientifiques. Il n’est pas acceptable que les changements ne soient pas testés avec toute la rigueur scientifique avant d’être déployés sur des millions d’élèves. La preuve scientifique n’est malheureusement pas un outil très répandu dans la recherche en éducation en France. D’autant que pour établir une preuve robuste il faut un temps long (plusieurs années), incompatible avec le temps politique.

 

Une éducation nationale pragmatique, qui cesserait de s’obstiner à proposer toujours les mêmes solutions, et qui ferait confiance à des acteurs de terrain que l’on recruterait et formerait pour viser l’excellence pédagogique, aurait sans aucun doute une marge de progression importante. Cet exposé, déjà assez long, nous a obligés à choisir quelques extraits représentatifs de l’audit sur la « grille horaire des enseignements au collège ».

Nous vous encourageons à lire l’intégralité du rapport qui est riche de beaucoup d’enseignements.

E- Emploi du Temps

Dans la réforme du collège, une réorganisation des emplois du temps de nos élèves est prévue.
La tendance globale est à l’allégement et à l’uniformisation. Cette baisse concerne même les élèves ne prenant pas d’option complémentaire, et est particulièrement sensible en 3e.  Pour réaliser ce que cela implique concrètement, voici des exemples concrets d’agendas :

Avant la réforme du collège :
Exemple d’agenda actuel d’un élève de troisième en semaine A[1].

   Lundi  Mardi  Mercredi  Jeudi  Vendredi
 8h

 Histoire Géographie

 LV2 :
Espagnol

 LV1 :
Anglais

 SVT

 LV1 :
Anglais

 9h

 Français

 Histoire Géographie

 Physique Chimie

 Technologie

 Français

 10h

 Mathématiques

 Mathématiques

 Français

 LV2 :
Espagnol

 11h

 Arts Plastiques

 Physique Chimie

 Histoire Géographie

 Latin

 EPS

 12h          
 13h

Latin

 Latin

 14h

 EPS

 LV1 :
Anglais

 Français

Mathématiques

 15h

 Français

 Mathématiques

Éducation Musicale

 16h

 LV2 :
Espagnol

AE (soutien)[2]

 

 Club Théâtre[3]

 SVT

 

Pour cette semaine cet élève a 34h de travail au collège.

Cet élève a choisi comme langues vivantes : Anglais en LV1 (3h/sem) et Espagnol en LV2 (3h/sem).

Il a choisi d’étudier le Latin en option (3h/sem).
Dans le cadre de l’Accompagnement Éducatif, il bénéficie en outre d’une heure de Club Théâtre et d’une heure de soutien en Mathématiques.

 


 

Avec la réforme du collège :

Exemple d’agenda, compatible avec la réforme du collège, pour le même élève de troisième en semaine A.

 

   Lundi  Mardi  Mercredi  Jeudi  Vendredi
 8h

 Histoire Géographie

X

 LV1 :
Anglais

 SVT

 LV1 :
Anglais

 9h

 Français

 Histoire Géographie

 Physique Chimie

 Technologie

 Français

 10h

 Mathématiques

 Mathématiques

 Français

 LV2 :
Espagnol

 11h

 Arts Plastiques

 Latin

 Histoire Géographie

 EPI[7]

 EPS

 12h

X

X

 13h30

 EPS

 EPI[5]

 Latin

Mathématiques

 14h30

 Accompagnement Personnalisé[6]

X

Éducation Musicale

 15h30

EPI[4]

X

 

X

 SVT

 

Pour cette semaine cet élève n’a plus que 28h de travail au collège.


Avec la réforme
du collège, on observe une diminution du nombre d’heures dont bénéficiait cet élève pour apprendre : 6h de moins chaque semaine.
Ceci s’explique pour trois raisons :
- La diminution de son option latin (de 3h on passe à 2h dans les établissements qui feront le choix de conserver le latin).
- La diminution du nombre d’heures d’enseignement des matières (les horaires diminuent légèrement en français, mathématiques, LV2, Technologie et Physique chimie, sans compter que l’aide personnalisée et les EPI sont pris sur les heures des matières). Mais il a « récupéré » certaines de ces heures dans les niveaux inférieurs.
- La suppression de l’Accompagnement Éducatif[8] dans ce collège, ce qui fait disparaître le soutien en mathématiques et le club théâtre, deux dispositifs dont l’élève bénéficiait gratuitement.

Avec la réforme du collège, tous les élèves de 3ème auront entre 3h (élève aujourd’hui sans option) et 8h de moins chaque semaine (cas le plus défavorable d’élève qui perd son option avec la réforme du collège).

La pause déjeuner est maintenant d’au moins 1h30, cela devient une obligation légale[9].
Nous avons choisi de vous montrer l’exemple d’un élève de troisième qui nous semblait le plus explicite.

La tendance générale pour l’ensemble du collège est à l’allègement des emplois du temps des élèves.

Vous pouvez faire la même comparaison pour les autres niveaux.
Pour cela il vous faut comprendre la construction des emploi du temps en lisant la page Grille Horaire.

Sinon vous pouvez aussi approfondir votre compréhension des cours et des options avec la réforme du collège.

F- Grille Horaire : Options

La réforme du collège propose d’abroger les options actuelles, d’en remplacer certaines par des parcours ou des projets de volume horaire bien inférieur et de limiter les compléments possibles

La réforme du collège propose une refonte des options telles qu’elles existent aujourd’hui :

  • l’option Euro disparaît. Elle concerne aujourd’hui 10.6% des élèves[1]. Les sections européennes n’auraient plus de vocation à exister avec le renforcement de la formation des élèves en LV du CP à la 3e, l’apparition de la LV2 dès la 5e, et la possibilité d’EPI enseignés en langue vivante étrangère (cf. FAQ Eduscol Textes Officiels).
  • les options Découverte Professionnelle (DP3 et DP6) disparaissent. On peut retenir comme ordre de grandeur qu’en 2008 12% des élèves de 3e suivaient une option DP3 [2]. Un parcours individuel d’information et de découverte du monde économique et professionnel (PIIODMEP), inclus dans le cursus général donc sans aucune heure complémentaire, est annoncé comme devant les remplacer. Les classes de 3e prépa pro sont maintenues, mais les horaires hebdomadaires seront ceux des 3e classiques, avec une « dotation horaire spécifique » dont rien n’est précisé (heures à l’EDT ? heures de marge ?) et des EPI tournés vers la découverte professionnelle (cf. articles 11 et 9 du projet d’arrêté, Textes Officiels).
  • l’option Bilangue ne s’appliquera plus qu’à certains secteurs, pour les élèves ayant étudié en primaire une autre langue que l’Anglais (cf. Langues Vivantes).
    Seuls 7% des élèves de primaire étudient une autre langue vivante que l’Anglais[3], donc à supposer que la future carte des langues aille jusqu’à intégrer l’ensemble de ces élèves dans les secteurs « bilangues », au mieux ces seuls 7% pourraient se voir proposer une 6e bilangue.
    Actuellement, ce sont 15.9% des élèves qui suivent une section bilangue en 6e et au total 18% d’élèves de 6e qui étudient une autre LV1 que l’Anglais[4].
  • les options Langues et Cultures de l’Antiquité (LCA)  et Langue Régionale (LCR) sont fortement modifiées : morcelées entre EPI et complément (ou pas – selon le choix de chaque établissement-) sur des horaires touchant à une ou plusieurs autres disciplines puisque les EPI correspondent à des horaires disciplinaires réaffectés ; en forte concurrence avec les travaux en effectifs réduits (une seule marge de manœuvre pour l’accompagnement, les projets et les compléments) (cf. Latin et Grec, Langues Vivantes, Marge).
    A la rentrée 2013, 20.1% des élèves ont choisi l’option Latin, et 2.2% des élèves de 3e ont choisi l’option Grec[5]. Les données DGESCO les plus récentes indiquent que 2.4% des élèves suivaient un enseignement de Langue Régionale en collège en 2008[6].
  • les enseignements de complément ne seront pas cumulables, comme le Latin et le Grec peuvent l’être actuellement.

Par contre, il semble acquis que la réforme du collège ne modifie ni les sections internationales, ni les sections sportives, ni les Classes à Horaires Aménagées (Musique, Danse…). A notre connaissance, les raisons du maintien de ces sections, souvent plus sélectives que les options supprimées, n’ont pas été explicitées.

Les élèves suivant une option au collège sont fréquemment présentés comme minoritaires, ce qui est vrai pour chacune d’entre elle (à l’exception des langues anciennes qui concernent un élève sur 5). Mais même en tenant compte du cumul qui peut exister entre différentes options à l’heure actuelle, sur lequel malheureusement aucun chiffre officiel n’est disponible, on peut estimer que plus d’un collégien sur deux suit une option[7], sans compter les options moins généralisées que nous n’avons pas mentionnées. Ce qui ne ferait qu’une petite moitié d’élèves qui ne suivent aucune option sur leur cursus de collège.

Graphiquement, les choses se résument ainsi :

Pourcentage d’élèves et Horaire total correspondant sur les 4 années du collège.
Avec la réforme du collège, la possibilité de suivre un enseignement bilangue ne concernera plus que les élèves ayant étudié une autre langue que l’Anglais en primaire (d’où la distinction entre les bilangues venant ou non en continuité avec l’école primaire), et une dotation complémentaire peut être accordée à l’établissement.
Actuellement, les élèves suivant une option reçoivent un volant d’heures standard qui s’ajoute à la dotation des établissements (voir les détails dans le tableau 5 ci-dessous). (*) A contrario, les enseignements de compléments LCA et LCR devront être mis en place à partir de la marge horaire de l’établissement, qui doit déjà assurer pour tous les élèves travail en petits groupes ou à plusieurs professeurs (cf. Marge). De plus, les volumes des compléments LCA et LCR sont définis dans les limites d’1h en 5e, et de 2h en 4e et 3e, et ne peuvent être proposés qu’en complément de l’EPI correspondant (LCA ou LCR). Autant d’éléments qui incitent à penser qu’ils ne seront pas maintenus dans tous les collèges et que l’horaire maximal sera systématiquement proposé. Par ailleurs, l’application de la réforme du collège à tous les niveaux en même temps signifie pour les élèves préalablement engagés dans une option l’arrêt de cet enseignement en 2016 si leur collège n’est pas en mesure de leur proposer une continuité.

Les pertes horaires de la Grille Horaire sont très amplifiées par la refonte des options

 

Exemple illustré ci-dessous

 

Hors toute option la réforme du collège aboutit d’une part à la diminution des heures d’enseignement (toutes disciplines confondues) malgré le démarrage anticipé d’une LV2 en 5e et d’autre part à la réaffectation d’une partie des heures attribuées aux disciplines vers l’accompagnement des élèves et les projets (cf. Grille Horaire Hors Options).
En ajoutant la réforme du collège des options :

  • Un élève bilangue perdra au total 270H d’enseignement cumulé (presque 10 semaines de cours) pour les 4 années de son cursus au collège dans l’hypothèse où il pourrait bénéficier d’une 6e bilangue, à la fois parce qu’il serait dans un secteur qui le permet et parce que la « dotation horaire spécifique qui peut être affectée » au collège le serait effectivement (-7h30 en base hebdomadaire). Si la 6e bilangue de son collège ne peut pas être maintenue, cet élève perdra 342H d’enseignement cumulé (12 semaines et demi de cours) sur son cursus au collège (-9h30 en base hebdomadaire).
  • Un élève latiniste perdra 270H d’enseignement cumulé pour les 4 années dans l’hypothèse où il serait en mesure de suivre un enseignement de complément en Latin dans le cadre de la réforme du collège (-7h30 en base hebdomadaire). Sinon ce sera 450H d’enseignement de perdues pour lui.
  • Un élève suivant une option langue régionale perdra 198H d’enseignement cumulé pour les 4 années (5h30 en base hebdomadaire) dans l’hypothèse où il serait en mesure de suivre un enseignement de complément en langue régionale dans le cadre de la réforme du collège. Sinon ce serait 378H d’enseignement de perdues pour lui.
  • Un élève suivant une option DP3 en 3e perdra 270H d’enseignement cumulé, soit presque 10 semaines de classe entre son entrée en 6e et la fin de sa 3e (-7h30 en base hebdomadaire).

Tableau 5. Comparaison des volumes horaires (base hebdomadaires) pour les différentes options (actuelles)
et les enseignements de complément possibles avec la réforme
du collège.
Les textes établissent les grilles horaires (les horaires pour chacune des disciplines) par semaine, l’année scolaire étant fixée à 36 semaines. Le nombre d’heures reçues par un élève sur l’ensemble de son cursus de 4 ans au collège est évalué en additionnant les horaires par semaine des 4 niveaux (cumuls mentionnés dans les colonnes « de 6e à 3e »). La colonne « écart » indique la différence entre les horaires proposés par la réforme du collège et les horaires actuels. Cet écart en base hebdomadaire peut être multiplié par 36 pour obtenir le nombre total d’heures gagnées ou perdues avec la réforme du collège sur le cursus complet de 4 années au collège. Le pavé du haut mentionne les heures dévolues aux disciplines et à l’accompagnement (AP) et aux projets (IDD actuels, EPI) pour chacun des niveaux et pour le cumul des 4 années. Le pavé du bas compare les ajouts d’horaires liés aux principales options actuelles ou aux enseignements de compléments proposés par la réforme du collège.

(1) l’option bilangue ne pourra être maintenue que pour les élèves ayant étudié une autre langue que l’Anglais à l’école primaire.
(2) les compléments en langues et culture de l’antiquité (LCA) ou en langues et cultures régionales (LCR) se décideront établissement par établissement, dans la limite d’1h par semaine en 5e et dans la limite de 2h par semaine en 3e et 4e, soit éventuellement avec des horaires inférieurs.
(3) les filières bilingues, dont le maintien n’est pas assuré, offrent un enseignement de langue régionale et en langue régionale. DNL : Discipline Non Linguistique, dont l’enseignement est prodigué en langue régionale.
(4) les options DP3 et DP6 sont abrogées. Un parcours individuel d’information et de découverte du monde économique et professionnel (PIIODMEP), inclus dans le cursus général, est annoncé en contrepartie sans heure ajoutée. Les classes de « 3e prépa pro » sont maintenues, mais les élèves y recevront les mêmes 26h que les autres 3e et la dotation spécifique n’est pas détaillée (heures de cours ? moyens pour effectifs réduits et interdisciplinarité ?).

Exemple de l’évolution horaire avant/après réforme du collège pour un collégien prenant l’option latin-grec :

 

Redistribution des moyens ? + 54H en LV2, mais le triple perdu pour les élèves ne suivant aucune option, et une perte moyenne d’au moins 9 semaines

Du point de vue des heures de classe, la Réforme du collège met en place 54H de plus pour l’enseignement de LV2 sur les 4 années de collège. Mais au prix d’une diminution bien supérieure des heures d’enseignement pour tous : depuis 162H de cours perdues (plus de 6 semaines de classe) pour les élèves ne suivant aucune option, jusqu’à 450H (plus de 15 semaines de classe) pour un élève latiniste si son collège ne met en place un complément LCA (ou qu’ils ne puissent intégrer cet élève faute de places).
Afin d’estimer la perte en moyenne, nous pouvons pondérer chaque perte d’heures par le pourcentage d’élèves concernés. Vu ainsi, la Réforme du collège aboutit à une perte moyenne de 230H de cours par élève sur les 4 années du collège, l’équivalent de 8 semaines et demie de classe.
En pratique, la perte sera même plus importante, de l’ordre de 250H de cours sur les 4 années du collège (l’équivalent de 9 semaines et demie de classe). En effet, avec la réforme du collège le taux d’élèves bilangues passera de 16% à 7% maximum (taux d’élèves de primaire n’y étudiant pas l’Anglais), et il est probable qu’environ une section sur deux de Latin et de Langue Régionale seront maintenues avec la réforme du collège.

Une autre manière de percevoir les changements horaires apportés par la Réforme du collège consiste à faire abstraction des heures d’enseignement qui sont communes entre l’Actuel et la Réforme du collège (même si sur la forme et sur leurs organisations il existe des transformations, par exemple avec l’apparition des EPI). Si on ne considère que les heures de cours qui disparaissent ou apparaissent avec la Réforme du collège :

  • disparaissent avec la Réforme du collège : d’une part concernant tous les élèves, les heures qui s’ajoutent pour l’aide personnalisée (2h en 6e) et pour les projets (2h en 5e, 2h en 4e) (cf. Grille Horaire Hors Options) ; et d’autre part les heures des options qui sont soit abrogées, soit profondément modifiées (cf. plus haut).
  • apparaissent avec la réforme du collège : un ajout d’heures de LV2, une possibilité d’enseignement bilangue sous condition d’une continuité avec l’enseignement de langues en primaire, et des enseignements de compléments en langues régionales ou en langue ancienne. (Les EPI LCA et LCR ne sont pas mentionnés car ils correspondent à des heures de cours qui existent déjà et qui ne seront que ré-organisées).

Analysons ces modifications sur la base d’un panel de 100 élèves représentatif des principales options suivies en collège. Dans un tel panel, on retrouverait 20 élèves avec une option latin (LCA), 12 avec une option DP3, 10 avec une option Euro (e), 9 avec une option bilangue après avoir étudié l’Anglais en primaire (b*), 7 élèves avec une option bilangue en ayant étudié une autre langue en primaire (b) et 3 élèves avec une option de langue régionale (r). Le total des heures de cours reçues par l’ensemble du panel n’est pas modifié si des élèves cumulent plusieurs options.

Sur l’ensemble de leur cursus de la 6e jusqu’à la 3e, si l’on dénombre parmi les heures de cours reçues par ces 100 élèves celles qui sont modifiées par la Réforme du collège, on obtient l’histogramme suivant :

Ce qui apparait ainsi, c’est que la perte principale des heures de cours concerne tous les élèves (avec la disparition des heures d’aide personnalisée et de projets qui jusque là s’ajoutaient aux heures des différentes disciplines). Accompagnement et projets sont très augmentés sur l’EDT des élèves avec la réforme du collège, mais cela est mis en place en parallèle d’une perte d’heures pour tous. Ensuite, concernant les options, la Réforme du collège est loin de correspondre à une redistribution pour tous des horaires accordées actuellement aux Options. En effet sont « redistribuées » 54 heures par élève (pour la LV2), alors que l’arrêt des options correspond à l’équivalent de 115 heure par élève (11 505 heures pour le panel de 100 élèves).

En plus de proposer une nouvelle grille horaire et une refonte des options, la Réforme du collège augmente également la marge de manœuvre des collèges pour permettre d’assurer une partie des heures en moindre effectifs ou avec plusieurs enseignants. Aussi vous trouverez une analyse de la redistribution des moyens du point de vue de la dotation dans l’Onglet Marge (début partie 3.), qui nécessiterait pour pouvoir être complète quelques chiffres que nous n’avons pas réussi à trouver à ce stade.

G-La Marge en Pratique


Exemple concret en bas de page

La marge (marge professeur, heure professeur) est une notion inconnue de la plupart des parents d’élèves, ce qui est bien normal vu que leurs enfants reçoivent des heures qui sont de fait des « heures élève ». Typiquement, pour mettre en place des Travaux Pratiques (TP) de Sciences en demi-groupe, il est nécessaire de faire appel à un complément d’heures. En effet, dans ces cours en demi-groupe, chaque élève reçoit une heure de cours, mais pour cela le professeur de la classe, lui, a dispensé son cours à chaque groupe, autrement dit il a effectué 2 heures. Cette seconde heure, indispensable pour proposer 1h en demi-groupe à tous les élèves, est apportée par une enveloppe particulière : la marge horaire.

La marge horaire, ce ne sont donc pas des heures qui s’ajoutent à l’Emploi du Temps (EDT) de l’élève. Ce sont les « heures professeur » qui permettent de proposer aux élèves des cours en petits groupes, ou des cours encadrés par plusieurs professeurs. Dans les textes, elle est appelée « marge horaire non affectée à répartir par l’établissement ».

Ces heures sont attribuées à l’établissement par classe (ce que les textes nomment « division ») et par semaine. Elles peuvent ensuite être utilisées classe par classe, mais Il est fréquent que les heures de marges soient globalisées et réutilisées par niveau. La globalisation d’une partie de ces heures entre différents niveaux peut permettre, par exemple, de proposer un atelier de conversation en langue vivante, à la fois à des 5e et à des 4e.

Le travail en effectif réduit est loin de se traduire systématiquement par un travail en demi-classe. Pour rester sur l’exemple des TP de Sciences, nous avons vu qu’1h en demi-classe nécessite 1h de marge par classe pour les SVT, encore 1h pour la Physique-Chimie et encore 1h pour la Technologie. Les enveloppes n’étant pas très conséquentes, une façon plus économique d’affecter une marge à chacune de ces 3 disciplines consiste à faire des groupes un peu plus grands qu’une demi-classe. En pratique, il s’agit d’obtenir des groupes juste assez allégés pour s’adapter au nombre de paillasses dans les salles expérimentales. Cela peut aller jusqu’à des combinaisons relativement complexes. Par ex. les 4 classes de 5e d’un collège peuvent se trouver réparties en 5 groupes de TP.  Dans ce cas, pour 1h de cours à ces 4 classes, ce ne sont pas 4h (1h x 4 classes) mais 5h de temps d’enseignement (1h x 5 groupes) qu’il faut mobiliser. Cette organisation ne demande qu’1h de marge pour tout le niveau 5e (au lieu de 4h en demi-classe), soit 0h15 de marge pour chacune des 4 classes de 5e.
Ce dernier exemple de répartition est certes plus économe en marge mais il est clair qu’elle complique nettement le suivi des élèves (qui n’ont plus forcément l’enseignant de la classe en TP), qu’elle ne permet qu’une relative diminution du nombre d’élèves par groupes (dans notre exemple, 4 classes de 28 élèves serait réparties en 3 groupes de 22 et 2 groupes de 23 élèves) et qu’elle repose sur une souplesse des EDT qui n’existe pas toujours.

 

Actuellement

Les textes indiquent une marge pour les niveaux 6e, 5e et 4e, à raison d’une heure pour une classe de 6e [1] ; d’une demi-heure pour une classe de 5e ainsi que pour une classe de 4e [2]. En regard, des horaires en effectifs réduits sont mentionnés dans les textes pour la classe de 6e (à raison de 30 minutes par semaine en Français, SVT et Technologie). Notons au passage que l’heure de marge accordée en 6e n’est pas suffisante pour une organisation en demi-classe aux 3 matières, puisque comme nous l’avons vu 1h30 en demi-groupe (3 disciplines x 0h30) nécessitent en fait 1h30 de marge.

A cette marge au sens strict s’ajoute dans les faits l’accompagnement éducatif (AE), d’une durée indicative de deux heures par classe sur chacun des 4 niveaux, qui permet de proposer aux élèves volontaires : l’aide aux devoirs et aux leçons, la pratique sportive, artistique ou culturelle…[3].
Soit au total sur les 4 niveaux du collège : 2h de marge au sens strict et jusqu’à 8 heures d’AE.

Marge et AE permettent de proposer (liste non exhaustive) :

  • des cours en effectifs réduits (quelle que soit l’organisation choisie).
  • l’accompagnement personnalisé (AP) au-delà du niveau 6e où 2h d’AP sont inscrites dans les horaires hebdomadaires (cf. AP).
  • une aide individualisée.
  • l’intervention de plusieurs professeurs sur un même cours ou sur un projet. En effet, si 2 professeurs interviennent sur la même heure de cours pour les élèves, ce sont bien 2h (1h x 2 enseignants) qu’il faut mobiliser. Là encore, toutes les organisations sont possibles, conduisant à différents « coûts » en marge horaire.
  • l’aide aux devoirs en effectifs réduits.
  • des pratiques sportives, artistiques ou culturelles en petits groupes.

Actuellement, la marge est indépendante de la mise en place des options. Lorsqu’une option est ouverte dans un collège, l’enveloppe horaire spécifique correspondante est accordée en plus à l’établissement. Au total, un collège reçoit pour son fonctionnement : les heures mentionnées que doivent recevoir les élèves, matière par matière et niveau par niveau (cf. Grille Horaire), les enveloppes horaires correspondant aux options qu’il propose (cf. Options), et une dotation pour la marge horaire.

La dotation se calcule à partir d’un indicateur hebdomadaire (cf. Grille Horaire). Il s’agit en fait, à partir de la Grille Horaire, d’additionner les heures d’enseignement sur l’ensemble du cursus en conservant la base hebdomadaire : pour chaque discipline, les horaires de 6e, de 5e, de 4e et de 3e sont cumulés. En quelque sorte, on additionne les heures d’une semaine de 6e, d’une semaine de 5e, d’une semaine de 4e et d’une semaine de 3e.
Pour retrouver les heures par an (ou sur l’ensemble des quatre années de la scolarité au collège), il suffit de multiplier par 36 (le nombre de semaines d’une année scolaire) l’horaire hebdomadaire (ou l’horaire cumulé sur les quatre années de scolarité). Ce point est un peu technique, mais il vous permettra de mieux appréhender les chiffres mentionnés dans les textes de l’Éducation Nationale.

Actuellement, les élèves reçoivent sur les 4 années du collège l’équivalent de 108h30 de cours hebdomadaires (cf. Grille Horaire). Si on y ajoute les 2h de marge strictement définie par les textes, on obtient une dotation de 110h30. C’est cette valeur qui est retenue pour décrire la situation actuelle dans tous les textes officiels concernant la Réforme du collège. On peut noter que cette dotation de 110h30 n’est dans les faits qu’un plancher. Tout d’abord parce qu’aujourd’hui les options sont mises en place sur des dotations complémentaires : une section bilangue, un groupe de Latin ou une 3e DP3 sont mises en place sur des heures ajoutées à la dotation initiale. Et ensuite parce qu’il faut également y ajouter les heures d’accompagnement éducatif (AE), en nombre variable, fonction de l’utilisation qui en est faite par chacune des équipes.

En l’absence de compte précis des heures d’AE accordées globalement pour les collèges, nous pouvons tout de même estimer la dotation réelle moyenne en intégrant les différentes options actuellement suivies par les élèves de collège. En partant d’une base de 110h30 pour les élèves choisissant de ne suivre aucune option, des apports horaires de chaque option (cf. Options) et du pourcentage d’élèves qui suivent chacune (cf. Options), on obtient une moyenne pondérée d’environ 114h de dotation de la 6e à la 3e.

 

A la rentrée 2015, modification du financement des heures d’accompagnement éducatif (AE)

Une modification de l’accompagnement éducatif (AE) se profile pour la rentrée 2015 : son financement ne sera maintenu que dans les collèges ZEP (REP et REP+ pour les nouveaux acronymes consacrés).[4]

Cette mesure relève de la Refondation de l’Éducation Prioritaire 2014-2015[5] , et non strictement de la Réforme du collège 2016. Mais les liens entre les deux sont évidents : la Refondation de l’Éducation Prioritaire concerne toute la scolarité de la maternelle jusqu’au baccalauréat, mais ses grandes lignes rejoignent très clairement celles de la réforme du collège. Le « renforcement de l’action pédagogique et éducative » et la place du « travail collectif » ne sont pas sans rappeler les EPI mis en place par la Réforme du collège (cf. EPI).
La Ministre elle-même associe pleinement Refondation et Réforme du Collège dans la « lutte contre les inégalités scolaires »[6] , et compte tenu du calendrier de mise en place de cette Refondation et de ses importantes conséquences sur la Marge Horaire, il est impossible de l’exclure de la réflexion sur la Réforme du Collège.

Autrement dit, avec la Refondation de l’Éducation Prioritaire : 85% des collèges ne pourront plus bénéficier du financement des heures d’accompagnement éducatif.
Pour 80% des élèves, ce sera la fin des clubs archéologie ou théâtre, des ateliers de découvertes qui participaient à donner vie à la pause méridienne, et la fin de l’aide aux devoirs.

Il est légitime de vouloir accentuer les efforts vers les collèges qui en ont le plus besoin. Mais pour cela supprimer brutalement les moyens à ceux qui ne relèvent pas de REP (ou qui n’auront pas décroché leur classement en REP…), n’est-ce pas simplement nier qu’il existe des élèves en difficulté dans tous les collèges ?

Avec la Réforme du collège en 2016, la marge sera à la fois augmentée et beaucoup plus fortement sollicitée

La Réforme du collège porterait la marge à 2h45 pour chacun des 4 niveaux du collège en 2016, puis à 3h à partir de 2017.

  • Soit un total de 11h de marge pour la rentrée 2016, portant la dotation de la 6e à la 3e à 115h. Et à partir de 2017 un total de 12h, portant la dotation de la 6e à la 3e à 116h. Au passage était-il indispensable que les collèges hors-ZEP redescendent brutalement d’une marge totale qui pouvait aller jusqu’à 10h (depuis 2008 avec l’AE) à un total de seulement 2h à la rentrée 2015, avant de se revoir attribuer un total de 11h à la rentrée 2016 ?
  • Dans le projet d’Arrêté [7] on relève une formulation nouvelle. Actuellement, les heures de marge sont mentionnées sous la même forme que les horaires par matière de la Grille Horaire : 1h ou 0h30 pour tel niveau. Avec la réforme du collège le nombre d’heure de marge sera « arrêté par le recteur d’académie » (qui n’intervenait pas dans la définition des horaires de marge jusque alors), et ce « sur la base de » 2h45 pour la rentrée 2016, puis « sur la base de » 3h à compter de la rentrée 2017. Faut-il comprendre derrière cette formulation que le recteur d’académie pourra attribuer davantage ou au contraire moins ? qu’il pourra différencier les marges au sein de l’académie ? sur la base de quels critères ? Autre interrogation qui reste en suspens : jusqu’à quel point les élus de 2017 se sentiront-ils liés par les bases indiquées aux recteurs par les élus actuels ? 

L’augmentation de la marge cumulée sur les 4 années de collège est conséquente en regard de la marge « stricte » des textes actuels, avec une augmentation de +9h en 2016, puis de +10h à partir de 2017. Elle est plus relative si l’on considère non pas la dotation plancher actuelle (110h30), mais la dotation pondérée par l’existence des options actuelles : 114h (cf. fin point 1.). De ce point de vue, l’augmentation ne serait que d’+1h en 2016, et de +2h à partir de 2017, sachant qu’avec la Réforme du collège les enseignements de compléments éventuels ne viendraient plus s’ajouter à la dotation mais devraient être pris sur la marge réformée déjà incluse (la dotation restera donc de 115h puis de 116h pour les collèges proposant un des trois enseignements de complément (latin, grec ou LCR). L’augmentation de la marge de manœuvre des établissement parait se faire en grande partie au prix de la suppression d’heures de cours pour tous les élèves (104h30 de la dotation seront à l’emploi du temps de l’élève avec la réforme du collège contre 108h actuellement et hors option) et des heures qui permettaient la tenue des options jusque-là. Sans vouloir remettre en cause l’annonce de 4000 postes supplémentaires pour accompagner la hausse de la dotation avec la Réforme du collège, on peut se demander si la restriction des heures d’AE aux seuls collèges REP ne finance pas en partie l’augmentation de la marge, même si ce point est impossible à chiffrer avec les informations dont nous disposons.

Un des objectifs annoncés de la réforme du collège est que « 20 % du temps [soit] consacré aux nouvelles modalités d’enseignement » [8]. Si l’on cumule les heures allouées à l’emploi du temps pour l’accompagnement personnalisé (AP) et pour les projets (EPI) sur les 4 années du collège, on obtient 15h d’AP+EPI. Sur 104h totales à l’emploi du temps réformé sur les 4 années du collège (cf. Grille Horaire, Tab. 3), ces 15h ne représentent que 14.4% des heures d’enseignement (des heures élèves). C’est plus que les 5.5 % actuels (6h pour l’AP et les projets pour 108h30 d’enseignement). Mais ce n’est pas 20% du temps de l’élève. En fait, cette proportion s’appuie sur un autre point de vue : celui de la dotation (l’ensemble des heures dont l’établissement est doté). Qu’importe qu’il s’agisse d’heure élève ou d’heure professeur (qui éventuellement refait son cours à l’autre moitié de la classe), ce sont en fait 20% du budget qui pourront être affectés « à la carte » par chaque établissement. En effet, si l’on ajoute les 12h de marge aux 15h d’AP+EPI, alors les 27h résultantes correspondent à 23% de la dotation globale (104h de cours + 11 ou 12h de marge).

Pour autant, les élèves ne bénéficieront pas d’ateliers en petits groupes sur 20% de leur emploi du temps.
Si l’on considère qu’une classe standard de collège contient 28 élèves, voyons ce que l’on peut proposer avec 2h45 de marge  :

  • si l’on souhaite des effectifs réduits de moitié, la marge réformée permet la réalisation de 2h45 de cours en effectif réduit (11% des heures de l’EDT – groupes de 14 élèves).
  • si l’on imagine des effectifs tels que ceux mentionnés dans les ex. d’EPI ministériels (cf. Dossier de presse sur la Réforme du collège), de l’ordre d’1/6e de la classe, la marge réformée permet la réalisation de 0h33 de cours en effectifs réduits (2% des heures de l’EDT – groupes de 4 à 5 élèves).
  • dans l’hypothèse où il serait possible de réduire plus légèrement l’effectif en répartissant 2 classes entre 3 professeurs, la marge réformée permettrait alors la réalisation de 5h30 en effectif réduit (soit 21% des heures de l’EDT – groupes de 19 élèves). Avec, d’une part, la complexité d’organisation que cela représente (il suffit que le collège soit petit ou qu’un professeur de l’équipe travaille sur deux établissements pour voir apparaître des problèmes), et avec d’autre part la difficulté pour suivre des élèves travaillant avec un autre enseignant que celui en charge de la classe, il est évident que toute la marge ne sera pas utilisée dans cette configuration.

 

Pour l’utilisation de cette marge de manœuvre, les textes indiquent  :

  • qu’elle doit être répartie proportionnellement aux besoins définis par le projet d’établissement[9]
  • qu’elle permet également, dans le cadre du projet pédagogique, de proposer pour les élèves volontaires un enseignement de complément en Langues et Culture de l’Antiquité ou en Langues et Culture Régionales [9]
  • qu’elle est répartie par décision du conseil d’administration, après consultation et avis du conseil pédagogique, et conformément au projet d’établissement [10]

Madame la Ministre a précisé des priorités:  « le renforcement des marges heures professeurs favorisera le travail en groupes à effectifs réduits – tout particulièrement en sciences expérimentales, technologie, langues vivantes étrangères et enseignement moral et civique – et les interventions conjointes de plusieurs enseignants »[11].

Dans le tableau ci-dessous, vous trouverez une estimation des besoins portant sur la marge horaire, en limitant les cours en demi-classes pour diminuer les « coûts » en heure de marge. A titre d’exemple nous avons respecté les priorités énoncées, la place de l’informatique dans les programmes de Mathématiques (cf. Programme Maths), et le maintien d’un accompagnement « personnalisé » compte-tenu de l’importance d’effectifs réduits pour le conduire au mieux. En effet, on peut s’étonner que l’AP ne figure pas dans les priorités énoncées par la Ministre pour le travail en effectifs réduits. Entre l’évidence des besoins et les textes, cet exemple propose un maintien de l’AP sur les heures de marge actuelles. Ce qui explique le calcul du « renforcement de marge » par rapport à l’actuel, et l’application des consignes ministérielles à cette seule partie des heures de marge. Il est toutefois peu vraisemblable que les enseignants parviennent à proposer un accompagnement véritablement  « personnalisé » ne coûtant que 1h de marge en 6e et 0h30 en 5e et en 4e.

Tableau 6 – Marge Horaire et estimation des besoins dans le cadre des priorités ministérielles et des nouveaux programmes.

On voit que même dans cet exemple respectant les recommandations presque au plus juste (on peut retirer les TP d’Informatique si l’on estime leur mention infondée), la marge ne permet de couvrir les besoins pour aucun des 4 niveaux.
Une réalisation minimale (et non minimaliste) de la Réforme du collège, et dans des configurations fréquemment acrobatiques, nécessite une enveloppe déjà très supérieure à la marge proposée.
En fait, ce n’est pas une marge cumulée de 11h ou 12h qu’il faudrait pour réaliser cette réforme du collège, mais entre 17h55 (collège de 24 classes) et 19h35 (collège de 8 classes) : de quoi assurer 17h05 de besoins pour les ex. choisis de la 6e à la 3e, et de dégager 5h pour la mise en place d’un (seul) enseignement de complément quelle que soit la taille du collège (pour dégager les heures nécessaires à la mise en place d’un complément, un collège de 8 classes aurait besoin d’une marge de 4h54 par classe et un collège de 24 classes d’une marge de 4h29 par classe). Si dans un collège de 24 classes il serait potentiellement plus simple de mettre en place un groupe d’enseignement complémentaire, il est évident que pour continuer de proposer par exemple un complément LCA à 20% des élèves, il faudrait ouvrir plusieurs groupes, ce qui à 5h de marge pour chacun des groupes, revient évidemment à la situation compliquée d’un petit collège.

Si la souplesse des recommandations ministérielles le permet, pour ne pas dépasser la dotation réelle, il faudra donc faire des choix. Sinon, une grande partie de l’AP devra être assurée en groupes… de la taille d’une classe entière. Le Dossier de presse Collège 2016 présente clairement d’un côté l’AP et de l’autre le travail en petits groupes (p11). Faut-il en déduire qu’effectivement l’AP doit se faire pour l’essentiel à effectif maximum ? y compris pour des sixièmes et des cinquièmes ? Autre possibilité pour économiser des heures de marge : à l’image des choix pratiqués actuellement par une partie des collèges, les TP de Sciences en effectifs réduits pourraient être réservés aux niveaux 6e et 5e. Les ateliers de langues pourraient eux être mis en place uniquement pour la LV2, compte-tenu du maintien des 4h de LV1 en 6e. Mais il faudra en tout état de cause, rester vigilant à maintenir des propositions équilibrées entre les différents niveaux pour répondre au mieux aux besoins de chacun.

Le danger pour les compléments de Langues anciennes et Régionales (et a fortiori pour le Grec) est évident. Est-ce que seuls les gros collèges, qui auront peut-être un plus de souplesse pour globaliser la marge par niveau, pourront maintenir un enseignement de complément ? Les établissements qui proposent actuellement à la fois du Latin et une Langue Régionale vont-ils pouvoir maintenir leurs enseignements ? Les collèges qui proposent aujourd’hui l’option Latin à deux groupes d’élèves pourraient être amenés à n’en proposer plus qu’un seul. La demande n’ayant pas de raison de diminuer, cela ne risque-t-il pas de conduire à une sélection des élèves pouvant suivre une option ? Sélection qui n’existe pas aujourd’hui et contre laquelle la Réforme du collège s’élève…

Une incertitude encore du côté de l’enseignement bilangue :  pour l’instant l’Article 8 du projet d’Arrêté mentionne que, dans le seul cas des collèges d’un secteur où une autre langue que l’anglais est majoritaire en primaire, une dotation spécifique pourrait être accordée (cf. Langues Vivantes). Attention à ce que la possibilité de conserver une 6e bilangue dans tous les secteurs ne soit pas accordée en mettant encore une fois la marge à contribution.

Pour les Collèges hors ZEP, sans financement de l’accompagnement éducatif donc, pour envisager de reprendre l’aide aux devoirs, un club Unesco, un atelier théâtre ou de conversations en anglais, quel autre choix que de puiser une nouvelle fois sur la marge ? Il est probable que les créneaux libérés par l’allègement des horaires ne deviennent rien d’autre que des heures de permanence. N’était-il pas question d’un temps de midi rallongé et éducatif ou citoyen ?

Pour conclure, on voit que si la marge de manœuvre est effectivement augmentée, dans le même temps :
1. la marge va devoir servir à beaucoup de nouveaux usages, sur des volumes horaires conséquents bien au-delà de ses utilisations actuelles (AP en 6e, groupes de sciences, parfois de LV) :

  • l’AP sur les 4 niveaux et avec des horaires augmentés en 6e
  • l’interdisciplinarité dans les EPI, à raison de 3h par semaine
  • l’Enseignement Moral et Civique que la Ministre a indiqué au nombre des priorités
  • l’informatique et la programmation qui font leur entrée dans les programmes de Mathématiques

2. contrairement à l’organisation actuelle, la marge va devoir également fournir des heures pour les enseignements de complément (LCA, LCR, Grec).
3. l’AE ne sera plus financé pour 85% des collèges (80% des élèves), donc pour ceux-là, ce sera remettre 9h, puis 10h, après leur en avoir retiré 8.

Illustration des besoins en heures de marge dans un collège de 16 classes

Attention : Les besoins d’effectifs réduits pour l’AP ont été ici volontairement estimés de façon plus réaliste, la proposition élaborée depuis les textes officiels dans le Tableau 5 paraissant largement sous-estimer les besoins. Dans un souci de ne pas trop déséquilibrer la proposition finale : les TP d’Informatique n’ont pas été comptabilisés, et la marge affectée aux EPIs a été légèrement abaissée. Pour toutes les autres matières, les exemples détaillés dans le Tableau 5 ont été conservés.

Pour l’Accompagnement Personnalisé, il parait difficile de se contenter d’une part correspondant à la marge stricte actuelle (Tab.5), cela ne permettant de proposer qu’une seule heure d’AP par semaine en effectifs réduits (demi-classe en 6e, par groupe de 20 en 5e et 4e). Chaque équipe évaluera les besoins de ses élèves, nous avons estimé raisonnable pour notre part de retenir pour l’AP en effectifs réduits (bleu clair) : en 6e 2h par semaine en demi-classe, en 5e 1h par semaine en demi-classe, en 4e 1h par semaine par groupe de 20 et en 3e 1h par quinzaine par groupe de 20 élèves. Cette proposition correspond à 3h45 de marge cumulée de la 6e à la 3e, contre 2h dans le Tab.5. Aussi dans ce second exemple avons-nous abandonné les TP d’Informatique (en espérant malgré tout qu’ils trouvent une place dans les EPI), et diminué un peu la marge affectée à l’interdisciplinarité. Au lieu des 3h de marge cumulée pour les EPI de la 5e à la 3e dans le Tableau 5, nous avons choisi ici de n’affecter que 2h. Ce qui correspond pour les EPIs (bleu foncé) : 1h par quinzaine avec 2 enseignants en 5e, et 1h30 par quinzaine avec 2 enseignants en 4e et 3e. Pour les autres matières, soit SVT, SPC, Techno (besoins globalisés en jaune), Langues (vert) et EMC (gris clair), nous avons conservé les exemples détaillés dans le Tableau 5. Nous avons choisi de mentionner les 3 enseignements de complément pour tenir compte des collèges qui souhaiteront maintenir Latin-Grec et Breton (ou toute autre Langue Régionale), en vous laissant la possibilité de ne tenir compte que d’un seul (ils sont mentionnés en hachuré sur le graphique). Nous espérons dans tous les cas vous avoir donné toutes les informations nécessaires à l’élaboration de votre propre proposition le cas échéant.

Nous avons pris comme exemple un collège de taille moyenne, c’est-à-dire comptant 4 classes de 6e, 4 classes de 5e, 4 classes de 4e et 4 classes de 3e. Les besoins de temps en effectifs réduits et en co-enseignement, définis par classe au départ (et dans le Tab.5) ont été multipliés par le nombre de classes par niveau. Pour la marge horaire par niveau (en noir), elle a été calculée sur la base de 3h par classe (c’est-à-dire telle qu’elle est annoncée à partir de 2017). Les enseignements de complément, eux, sont définis à l’échelle de chaque niveau, ils s’ajoutent donc aux besoins cumulés pour les 4 classes, mais une seule fois. En effet, nous avons retenu qu’à chaque niveau sur les 4 classes un seul groupe d’élèves suivrait chaque enseignement de complément (le cumul n’étant plus autorisé) pour les durées d’enseignement maximales de chacun (à savoir 1h en 5e puis 2h en 4e et 3e).

Marge Horaire et Besoins d’horaires en effectifs réduits ou co-animation de la 6e à la 3e
pour un collège moyen avec 4 classes par niveau.
Les chiffres présentés correspondent aux cours en moindre effectif et aux cours à plusieurs enseignants détaillés dans le texte. A savoir : Sciences, pour tous les niveaux : 1h TP SVT par quinzaine en groupes de 20, 1h TP SPC par quinzaine en groupes de 20 et 1h TP Techno par quinzaine en demi-classe ; Langues : 1h LV1 par semaine en demi-classe (6e), 1h LV1 par quinzaine en groupes de 20 (5e-3e), et 1h LV2 hebdo en demi-classe (5e) ou en groupe de 20 (4e-3e) ; Ens. Moral et Civique, pour tous les niveaux : sur un trimestre 1h hebdo en demi-classe ; Accompagnement Personnalisé : 2h AP hebdo en demi-classe pour les 6e, 1h AP hebdo en demi-classe pour les 5e, 1h hebdo en groupe de 20 pour les 4e, et 1h par quinzaine en groupes de 20 pour les 3e ; EPI : 1h par quinzaine à 2 enseignants pour les 5e, 1h30 par quinzaine à 2 enseignants pour 4e et 3e ; et enfin un groupe par enseignement de complément : 1h pour les 5e, 2h pour les 4e et 3e à la fois pour LCA et LCR, et 2h pour les 3e pour le Grec.

Cliquer pour télécharger une version humoristique de ce graphique, inspirée par les analyses de notre site.

Il est évident que parmi ces besoins qui paraissent tous légitimes, il va falloir néanmoins faire des choix. Les besoins dépassent la marge disponible de 5h sur le niveau 6e, de 6h20 sur le niveau 5e (4h20 sans enseignement de complément), de 7h20 sur le niveau 4e (3h20 sans enseignement de complément) et de 8h20 sur le niveau 3e (2h20 sans enseignement de complément). Chaque équipe fera certainement au mieux pour s’adapter à ses élèves, mais si la marge horaire n’est pas relevée et si les consignes ministérielles ne permettent pas davantage de souplesse, les choses risquent d’être particulièrement compliquées.

Cours et Options

La place des options est modifiée avec la réforme du collège.

Leur nom change, elles s’appellent maintenant des « enseignements de complément ».

Ce sujet a été au cœur du débat de la réforme du collège : le Latin et les Langues.

Mais ne parler que du Latin et des langues c’est oublier d’autres changements importants de la réforme du collège.

Les langues vivantes étrangères

Deux options permettent à un quart des élèves de collège d’avoir davantage de cours de langues :

- Les sections Euro qui permettent d’avoir 2h de plus de langues en 4ème et en 3ème.

- Les sections Bilangues qui permettent de commencer une seconde langue en 6ème. Ces élèves ont 2h de plus de langues en 6ème et 3h de plus en 5ème.

Les sections euro disparaissent avec la réforme du collège.
Les sections Bilangues resteront ouvertes à condition que nos enfants aient eu un enseignement d’une autre langue que l’anglais à l’école primaire.

C’est malheureusement rarement le cas.

Par contre tous les enfants commenceront une seconde langue à partir de le 5ème, au lieu de la 4ème aujourd’hui.

Mais le total du nombre d’heures de langues sur les 4 années au collège reste inchangé.

Pour des explications détaillées sur l’enseignement des langues vivantes dans la réforme de collège : Langues Vivantes

 

Le latin

Le latin est actuellement proposé à 20% des élèves à raison de 2h en 5ème, 3h en 4ème, et 3h en 3ème.

Avec la réforme du collège il y aura une initiation au latin pour tous.

Cela sera fait dans le cadre d’un EPI : « Langues et Cultures de l’antiquité », prélevé sur les heures de français.

Cette initiation sera donc probablement l’équivalent d’une heure de latin par semaine, sur un semestre.

Avec la réforme, les collèges pourront proposer en plus un enseignement de complément de Latin.

A condition que le budget d’heures le permette, ce ne sera pas toujours le cas.

Cet enseignement de complément sera au maximum de 1h en 5ème, 2h en 4ème et 2h en 3ème
Pour des explications détaillées sur l’enseignement du latin et du grec dans la réforme de collège : Latin et Grec

 

La découverte professionnelle

L’option découverte professionnelle est proposée en classe de 3ème.

Cette option permet aux élèves de découvrir le monde de l’entreprise et de préparer leur projet professionnel.

Ces élèves ont 3h par semaine pour faire ce travail. Malheureusement, cette option, ne sera plus proposée.

Elle est remplacée par le « Parcours individuel d’information et de découverte du monde économique et professionnel ». Ce parcours doit permettre à tous les élèves, de la 6ème à la terminale, de découvrir le monde économique et d’apprendre à s’orienter. Tous les élèves doivent pouvoir en bénéficier, mais il ne s’agit pas d’une matière avec des horaires dédiés.

 

H- Les EPI

La réforme fait aussi le choix de développer l’enseignement sous forme de projets.
L’idée de travailler en projets est assez ancienne, elle remonte à une vingtaine d’années au moins : tour à tour appelés parcours diversifiés, travaux croisés,  IDD, puis EPI. Ces projets sont maintenant appelés Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI). Ils seront proposés aux élèves à raison de 2h à 3h par semaine en 5ème, 4ème et 3ème. Les heures des ces projets sont prises sur des heures de cours « normales ».

Il n’y a aucune heure pour faire ces projets en plus des heures de cours, contrairement à la situation actuelle.

Aujourd’hui il y a 2h de projets (IDD) en 5ème et en 4ème en plus de heures de cours.
Pour des explications détaillées sur ces projets : EPI

L’accompagnement personnalisé

Enfin la réforme du collège modifie l’accompagnement personnalisé. Cet accompagnement personnalisé (AP), c’est l’aide aux élèves. Aujourd’hui, il y a 2h d’AP en 6ème, ces heures sont en plus des heures de cours.

Avec la réforme il y aura 3h d’AP en 6ème, mais à faire sur les heures de cours. Il faut savoir que l’accompagnement personnalisé ne se fait pas toujours en petit groupe. Il y a beaucoup de risques que cet accompagnement personnalisé ne soit souvent fait en classe de 25 à 30 élèves.
Car il faudra faire des choix, et l’accompagnement personnalisé en demi-classe coûte plus cher.
Pour des explications détaillées sur l’accompagnement personnalisé : Accompagnement personnalisé

I- Langues Vivantes

Les langues se sont retrouvées au cœur du débat sur la réforme du collège, à travers une mesure emblématique, l’introduction de la deuxième langue vivante dès la classe de 5e. La Ministre de l’ Éducation Nationale a rappelé à plusieurs reprises son attachement à développer un enseignement des langues vivantes qui profiterait à tous les élèves. Les langues vivantes sont aujourd’hui enseignées au collège dans le cadre d’enseignements communs à tous les élèves, et de nombreuses options et filières que les élèves volontaires peuvent choisir de suivre afin d’apprendre plus de langues ou de renforcer leurs compétences dans une langue donnée. La réforme du collège modifie légèrement les enseignements communs et réduit voire supprime les possibilités de suivre des filières et des options linguistiques. Les modalités de l’enseignement des langues vivantes pourraient aussi être bouleversées. Il est notamment question de confier au CNED l’enseignement de langues rares ou peu enseignées (plus d’informations dans le point 1, « Au collège »).

1. Le cadre commun de l’enseignement des langues vivantes

A l’école primaire

Aujourd’hui

À partir de 2016

Tous les élèves qui arrivent en 6e ont suivi une initiation à une langue vivante au primaire. Dans 93% des cas, il s’agit de l’ anglais, dans 6% des cas de l’allemand, dans 2% des cas d’une autre langue (source : Éduscol).

La sensibilisation à une langue vivante dès le CP est obligatoire depuis 2013 (BO du 5 janvier 2012, page 5).

Pourtant, l’enseignement des langues vivantes en primaire est très inégal car il dépend :

  • des compétences des professeurs des écoles, qui n’ont pas tous été formés pour enseigner une langue vivante
  • des autorisations attribuées par l’Inspection Académique, qui élabore la carte des langues : les professeurs des écoles n’ont pas la liberté d’enseigner la langue de leur choix, ils doivent se conformer à cette carte des langues (c’est ainsi que 93% des écoliers apprennent l’anglais).
L’apprentissage d’une langue vivante dès le CP est obligatoire. Les textes encore en vigueur ne parlent pas d’apprentissage mais d’initiation ; dans la pratique, il est probable que l’initiation et l’apprentissage recouvrent la même réalité.

Mise à jour de juin 2015 : La carte des langues doit être élaborée au niveau national et non plus académique, comme l’a indiqué la Ministre lors de son audition au Sénat le 3 juin 2015 : « Nous voulons un pilotage national prévoyant des objectifs chiffrés, des ouvertures de classes, des profilages de poste. Recourir à des intervenants extérieurs est un bon moyen de promouvoir l’apprentissage des langues. Qu’on se rappelle le succès des assistants de langue ou des locuteurs natifs, il y a quelques années. Nous voulons redonner une véritable impulsion. »

Au collège

Aujourd’hui

À partir de 2016

Tous les élèves de 6e apprennent une « Langue vivante 1 » (LV1), à raison de 4h par semaine (sauf exception, voir la partie « Les dispositifs optionnels de langues vivantes » ci-dessous). L’anglais est largement majoritaire en LV1.

Parfois, nous le verrons tout à l’heure, ils peuvent étudier d’autres langues en plus.

Dans la première mouture de la réforme du collège, le Ministère de l’Éducation nationale a souhaité réduire l’enseignement de LV1 à 3h par semaine, arguant du fait que les élèves étudieraient cette langue depuis le CP (rappelons que les premiers élèves à avoir bénéficié de la LV1 obligatoire en CP n’arriveront en collège qu’en septembre 2018).

Les enseignants de langues vivantes ont protesté car ils ont de grandes difficultés à porter à un même niveau leurs élèves de 6e, qui viennent d’écoles primaires différentes.

Le Ministère a donc accordé le maintien des 4h de LV1 en 6e.

En 5e, 4e et 3e, les élèves suivent 3h de LV1 par semaine.

Les élèves qui le souhaitent peuvent s’inscrire en option « Langues et cultures de l’Antiquité » afin d’étudier le latin et la culture latine de la 5e à la 3e (voir la page « Latin Grec »).

En 4e, les élèves doivent choisir une « Langue vivante 2 » (LV2), étrangère ou régionale. Le plus souvent, ils ont le choix entre l’allemand et l’espagnol. 71% choisissent l’espagnol (source : Éduscol). Les élèves suivent 3h de LV2 chaque semaine en 4e et en 3e.

En fin de 3e, les élèves doivent valider dans l’une des langues vivantes étudiées un niveau de langue, qui est reconnu au niveau européen : il s’agit du niveau A2 du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL), ou niveau « utilisateur élémentaire usuel ou intermédiaire ».

Concrètement, l’élève doit, pour valider ce niveau, prouver qu’il est capable de comprendre des phrases isolées et des expressions fréquemment utilisées en lien avec un sujet familier ; il doit aussi pouvoir communiquer de façon simple, toujours dans un contexte familier. Ce niveau est atteignable en fin de 5e pour la LV1, en fin de 3e pour la LV2. La validation est faite par les enseignants de langue, sur la base du contrôle continu. Elle est théoriquement obligatoire pour permettre l’obtention du Diplôme National du Brevet.

 

Les horaires consacrés aux langues vivantes (et aux autres matières) avant et après réforme du collège sont présentées dans le tableau grille horaire.

En 5e, 4e et 3e, les horaires de LV1 sont également inchangés.

Les élèves commenceront une « Langue vivante 2 » (LV2) en 5e. Dans le premier projet de réforme du collège, le Ministère envisageait un enseignement de 2h par semaine en 5e, 4e, 3e (au lieu de 3h en 4e et 3h en 3e aujourd’hui). Il n’était donc pas prévu de consacrer des moyens supplémentaires aux LV2. Ce dispositif est testé dans l’Académie de Toulouse en 2014-2015 ; des professeurs ont dénoncé son inefficacité tandis que le Ministère a salué le succès de ce test et souhaité l’étendre à la France entière.

Face à l’opposition des enseignants, le Ministère a porté l’horaire hebdomadaire de LV2 à 2h30 (soit toujours moins de 3h).

Les élèves auront donc suivi, de la 5e à la 3e, 7h30 d’ enseignement de LV2 par semaine (2h30 en 5e, 2h30 en 4e, 2h30 en 3e), contre 6h aujourd’hui (3h en 4e, 3h en 3e). Pourtant, les projets de programmes n’élèvent pas le niveau à atteindre en fin de 3e pour cette LV2 : il s’agira toujours du niveau A2. L’introduction de la LV2 en 5e ne s’accompagnera donc pas d’une exigence d’amélioration du niveau en LV2 à la fin du collège, malgré les moyens importants qui y seront consacrés (54h d’enseignement de LV2 en plus sur les 3 années concernées).

Mise à jour de juin 2016 : La circulaire de rentrée 2015, publiée le 3 juin 2015, prévoit que, « Pour favoriser la mutualisation de l’offre de formation en langues vivantes et ainsi l’attractivité d’un plus grand nombre d’établissements dans un souci de mixité sociale, le Cned proposera à titre expérimental, dans quelques académies, un dispositif de formation hybride (en présence et à distance), sur des langues rares ou peu enseignées, à la rentrée scolaire 2015. Une palette de langues sera proposée au fur et à mesure du déploiement de ce dispositif, qui a pour premier objectif d’offrir à tous les élèves un égal accès aux langues vivantes et d’éviter des stratégies qui entravent la mixité scolaire. »

Voilà pour le cadre commun.

Mais les élèves qui le souhaitent peuvent actuellement choisir un enseignement renforcé de langue vivante, ou choisir une troisième langue vivante. La réforme du collège prévoit de modifier profondément ces dispositifs.

2. Les dispositifs optionnels d’enseignement des langues vivantes

Les classes bilangues

L’avenir des classes bilangues cristallise le débat autour de la réforme du collège. Ce paragraphe s’attache à présenter les classes bilangues dans leur forme actuelle, et leur place dans le collège à partir de 2016.
Si vous souhaitez approfondir ce sujet, et notamment comprendre les éléments du débat, rendez-vous dans le « Zoom sur les classes bilangues » en point 3.

Aujourd’hui

À partir de 2016

Certains établissements proposent aux élèves qui le souhaitent d’apprendre une langue vivante en plus de la LV1 obligatoire en 6e. Ces élèves apprennent ainsi deux langues pendant leurs quatre années de collège (alors que les autres élèves commencent une LV2 en 4e) : ces langues sont  toutes deux considérées comme des LV1, et sont désignées par les termes LVA (langue vivante 1 A) et LVB (langue vivante 1 B).

Ces groupes d’élèves sont appelés « classes bilangues ». Mais il ne s’agit pas à proprement parler de classes puisque les élèves bilangues peuvent être répartis entre plusieurs classes et regroupés seulement pour leurs cours de langue. Ces élèves suivent généralement 6h de cours de langues vivantes chaque semaine (la répartition entre la LV1 et la LV2 est choisie par l’établissement, dans la limite de ce que les heures attribuées par le Rectorat permettent : 3h+3h, 2h+4h…) ; certains établissements réussissent à assurer 7h de langues vivantes.

Parfois, les élèves ont commencé cette langue en primaire : ils la continuent alors au collège, et y ajoutent l’ anglais.

Parfois, les élèves ont commencé l’anglais en primaire mais choisissent d’étudier une autre langue, en plus, dès la 6e.

16% des élèves de 6e sont inscrits dans une section bilangue (source : Rapport sur les classes bilangues et les sections européennes et de langues orientales, décembre 2014).

Les sections bilangues ne sélectionnent pas, sauf quand l’établissement n’a pas reçu assez d’heures pour répondre à la demande des élèves. Elles permettent d’encourager la mixité sociale en évitant des contournements de carte scolaire : les élèves qui le souhaitent peuvent suivre un cursus valorisant dans l’établissement de leur quartier.

Le plus souvent, la langue choisie est l’allemand (aujourd’hui, plus d’un collège sur deux (51,3%) offre à ses élèves de 6e la possibilité d’apprendre deux langues vivantes dont l’allemand). Viennent ensuite l’espagnol et l’italien. Ces sections ont été développées dans le cadre d’accords internationaux (pour approfondir ce point, nous vous invitons à lire le « Zoom sur les classes bilangues » en point 3).

Elles ont un effet positif sur le rapport des élèves aux langues (pour approfondir ce point, nous vous invitons à lire le « Zoom sur les classes bilangues » en point 3).

La réforme du collège prévoit que les classes bilangues ne pourront être maintenues que pour les élèves qui auront étudié une langue autre que l’anglais en primaire (soit 7% des élèves, puisque 93% apprennent l’anglais en primaire). Le nombre de classes bilangues va donc diminuer mécaniquement (rappelons qu’aujourd’hui, les élèves peuvent entrer en classe bilangue même quand ils ont appris l’anglais en primaire). En conséquence, de nombreux élèves qui pourraient aujourd’hui choisir la bilangue ne le pourront plus à partir de 2016, simplement car leur établissement aura dû fermer sa section bilangue.

Si la bilangue ne peut pas être proposée à tous les élèves entrant en 6e, il est fort possible que le nombre d’inscrits diminue, et s’il n’est pas suffisant, la section bilangue peut être fermée. (Ce scénario se produit actuellement pour les LV2, en allemand, en italien par exemple : la langue n’est proposée que si un nombre suffisant d’élèves s’inscrit.)

De plus, la réforme du collège n’apporte aucune garantie que les classes bilangues seront maintenues, même pour les élèves qui auront appris l’allemand, l’espagnol, etc. en primaire. En effet, l’article 8 de l’arrêté du 19 mai 2015 stipule que « Les élèves qui ont bénéficié de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais à l’école élémentaire peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. Le cas échéant, une dotation horaire spécifique (c’est-à-dire des heures attribuées à l’établissement pour organiser des cours dans le cadre de la bilangue) peut être attribuée à cette fin. » Le terme « peut » n’offre aucune garantie que la dotation sera attribuée (pour approfondir ce point, nous vous invitons à lire « Les inconnues de la réforme du collège » en point 4).

Dans les collèges qui fermeraient leurs sections bilangues, le nombre d’heures d’allemand, enseignées chaque semaine diminuerait fortement (voir le Zoom en point 3), et cela aurait des conséquences concrètes pour les élèves et pour les enseignants : moins d’heures dans chaque établissement, donc plus d’établissements pour chaque professeur, donc moins de temps pour monter des projets de type échanges, voyages (pour approfondir ce point, nous vous invitons à lire le « Zoom sur les classes bilangues » en point 3).

Le Ministère a annoncé son intention de refaire la « carte des langues » en primaire, c’est-à-dire de faire en sorte que les langues à faible diffusion (allemand, italien, portugais…) soient enseignées dans suffisamment d’écoles, bien réparties sur le territoire, pour s’assurer que des élèves pourront continuer à apprendre  une langue autre que l’anglais en 6e  (pour approfondir ce point, nous vous invitons à lire le « Zoom sur les classes bilangues » en point 3).

Une autre piste évoquée pour maintenir les sections bilangues qui ne seraient pas alimentées par une école primaire est l’utilisation de la « marge heures professeurs« , sans certitude que cette marge sera suffisante (pour approfondir ce point, nous vous invitons à lire le « Zoom sur les classes bilangues » en point 3).

Mise à jour de juin 2015 : Le projet de circulaire visant à guider la mise en oeuvre de l’arrêté du 19 mai 2015 prévoit pour les élèves bilangues de 6e un enseignement d’anglais réduit à 2h30 par semaine (contre 4h pour les autres élèves) : « Les élèves qui ont bénéficié de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais ou d’une langue régionale à l’école élémentaire peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. L’apprentissage de cette langue se fera à hauteur de quatre heures hebdomadaires et celui de l’anglais à hauteur de 2,5 heures par semaine. Les élèves doivent être répartis sur plusieurs classes afin de ne pas constituer de filières. »

 

Les sections européennes ou de langues orientales

Aujourd’hui

À partir de 2016

Les élèves qui le souhaitent peuvent bénéficier d’un enseignement renforcé de langue étrangère à partir de leur première année en section européenne ou de langues orientales (souvent la 4e, mais parfois la 6e) et d’un enseignement de discipline non-linguistique (ou DNL – par exemple histoire-géographie et/ou mathématiques enseignées dans la langue vivante en question) à partir de la troisième année (en général la 2de, mais parfois la 4e). Au total, ce sont 11 langues qui sont proposées.

L’objectif est non seulement de conforter la maîtrise de la langue étrangère, mais aussi de « sensibiliser les élèves aux enjeux de la citoyenneté européenne » (Éduscol). Ces sections permettent aussi de maintenir une certaine mixité sociale dans des établissements de quartiers plutôt défavorisés, car elles évitent la fuite des meilleurs élèves.

Là non plus, il ne s’agit pas nécessairement de classes à proprement parler : les élèves de section européenne sont regroupés pour suivre leurs cours de langue et, le cas échéant, leurs cours de DNL. 10,6% des élèves de 4e sont inscrits en section européenne (source : Rapport sur les classes bilangues et les sections européennes et de langues orientales, décembre 2014).

Ils peuvent poursuivre au lycée.

Le Ministère a jugé que ces classes étaient élitistes car elles ne profitaient qu’à une minorité d’élèves, et a décidé de les supprimer en collège afin de basculer leurs moyens sur l’apprentissage anticipé d’une LV2 (qui, rappelons-le, devait se faire à horaires constants à l’origine : 2h sur 3 niveaux au lieu de 3h sur 2 niveaux).

 

Les langues régionales

Aujourd’hui

À partir de 2016

Les élèves qui choisissent d’étudier une langue régionale peuvent le faire dans plusieurs dispositifs (Éduscol) :

  • La section bilingue langue régionale : les élèves suivent un enseignement de langue régionale et en langue régionale depuis l’école maternelle, à parité horaire avec le français (c’est-à-dire 50% en langue régionale, 50% en français). En collège, ils poursuivent l’étude de la langue (3h par semaine à chaque niveau de collège) et suivent une ou plusieurs DNL (le nombre d’heures dépend des matières concernées) en plus des LV1 et LV2.

Au Diplôme National du Brevet, ils peuvent passer l’épreuve d’Histoire-Géographie-Éducation civique et une partie de l’épreuve de Mathématiques dans la langue concernée. Leur diplôme mentionne leur parcours en langue régionale. Ils peuvent poursuivre en lycée, sur le même modèle.

  • L’option facultative Langue régionale à partir de la 6e ou de la 4e : il s’agit d’un enseignement à hauteur de 3h maximum par semaine.
    • Les sections bilingues langue régionale ne sont pas mentionnées dans l’ârrêté ni dans le décret. Mise à jour de juin 2015 : Cependant, dans la circulaire d’application, le Ministère précise que l’enseignement bilingue en langue régionale restera organisé selon les organisations pédagogiques contenues dans l’arrêté du 12 mai 2003 intitulé « Enseignement bilingue en langues régionales à parité horaire dans les écoles et les sections langues régionales des collèges et lycée ».

La continuité sera proposée entre le primaire et le collège pour les élèves inscrits en section bilingue. La continuité est mentionnée dans l’arrêté du 19 mai 2015 concernant les langues vivantes étrangères ; la formulation devrait être revue afin d’englober les langues régionales. Ces filières devraient continuer à recevoir une dotation horaire spécifique*. La Ministre l’a confirmé lors de son audition au Sénat le 3 juin 2015, en soulignant que « L’article 8 de l’arrêté prévoit que les élèves qui ont étudié une autre langue que l’anglais en primaire, commenceront à l’étudier dès la sixième. Cela vaut aussi pour les langues régionales. » Il reste donc à l’inscrire dans l’arrêté, afin que cette garantie soit effective.

    • L’option facultative Langue régionale pourrait avoir le même destin que l’option Langues et Cultures de l’Antiquité puisqu’elle en partage les caractéristiques (caractère facultatif, horaires) : elle pourrait être intégrée à un EPI dans les établissements qui en feraient le choix (mais sur quelles matières pourra-t-on prélever des heures pour organiser un enseignement de langue régionale ?!), et/ou fonctionner au moyen de la « marge heures professeurs » (mais les dédoublements de sciences et de langues ainsi que le co-enseignement ont été désignés comme prioritaires par le Ministère pour l’utilisation de cette marge).
    • Mise à jour de juillet 2015 : La circulaire d’application du 30 juin 2015 prévoit qu’un même élève pourra suivre l’EPI Langues et cultures régionales plusieurs années à la suite : « Une même thématique interdisciplinaire peut être suivie par un élève au cours de chacune des trois années du cycle 4. [...] un élève peut suivre l’enseignement pratique interdisciplinaire Langues et cultures étrangères et régionales en cinquième, quatrième et troisième. Il peut en outre suivre, de la cinquième à la troisième, l’enseignement de complément de langue régionale » (circulaire d’application). Il semble toutefois qu’un élève puisse décider de ne suivre l’EPI et l’enseignement de complément qu’à certains niveaux : comment, dans ce cas, organiser un enseignement efficace auprès des élèves qui ne passeraient qu’un semestre dans l’EPI ? comment concilier la progression des élèves qui l’auraient choisi pour un semestre, et la progression des élèves qui choisiraient de suivre cet EPI toute l’année, de la 5e à la 3e ?
    • De plus, l’option langue et culture régionale est actuellement proposée dès la 6e, avec un financement sur la dotation horaire spécifique*. Comment continuer à proposer cet enseignement en 6e à partir de 2016, dans la mesure où les EPI et les enseignements de complément ne commenceront qu’en 5e ? Le décret et l’arrêté du 19 mai 2015 ne prévoient pas ce cas de figure.

La circulaire d’application du 30 juin 2015, cependant, prévoit le maintien des enseignements de d’initiation et de sensibilisation en 6e, sans toutefois en préciser le financement (il semble que cet enseignement sortirait de la dotation spécifique ; serait-il alors financé sur la marge horaire ?).

* dotation horaire : les collèges reçoivent chaque année un nombre d’heures qui leur permettent d’organiser les enseignements. C’est la dotation horaire globale (DHG). Ces heures ne sont pas nommées « Français », « Mathématiques » etc. : c’est au chef d’établissement de répartir ces heures dans le respect des horaires légaux (pour les élèves et pour les professeurs). On parle de dotation horaire spécifique quand le collège reçoit des heures destinées à organiser des enseignements précis, en plus de la dotation horaire globale. C’est le cas des filières bilingues, qui reçoivent par exemple « 12h d’occitan » (3h à chaque niveau), « 12h30 d’histoire-géographie en occitan »… qui s’ajoutent à la dotation horaire globale.

Le cabinet du Ministère de l’Éducation Nationale a été sollicité par des associations réunissant des enseignants de langues régionales, inquiètes de l’avenir de l’enseignement des langues et cultures régionales dans le Collège 2016.

Le cabinet du Ministère s’est voulu rassurant, dans un courrier adressé fin avril 2015.

Il y assure que  »Les enseignements bilingues ne sont pas impactés par la réforme du collège, » que la réforme du collège serait bénéfique pour l’enseignement des langues régionales en LV2 (le début de l’apprentissage étant avancé à la classe de 5e) et pour l’enseignement optionnel (à travers l’EPI et l’enseignement de complément, accessibles à partir de la 5e).

Cette réponse, qui affirme la volonté de maintenir l’enseignement des langues et cultures régionales, laisse des incertitudes quant aux modalités de cet enseignement à partir de 2016 :

  • L’enseignement dans le cadre de l’EPI Langue et Culture régionales ne pourra pas être un enseignement de langue (l’EPI est destiné à être suivi une seule fois en 3 ans, il n’y a aucune certitude qu’il pourra être suivi chaque année par un même élève, ce qui serait nécessaire pour apprendre une langue) ; de plus, quelles disciplines contribueraient à cet EPI ?
  • En comparaison avec l’option actuelle, l’enseignement de complément représenterait une diminution des horaires de langue régionale sur l’ensemble du collège (dans le cas de l’option 3h choisie en 4e et continuée en 3e, ce sont 6h hebdomadaires qui sont suivies par un élève ; dans le cas de l’enseignement de complément suivi de la 5e à la 3e, ce seraient 5h maximum). De plus, l’enseignement de langue et culture régionales peut aujourd’hui être choisi dès la 6e ; avec la réforme du collège, il ne pourrait être commencé qu’en 5e.
  • L’arrêté du 19 mai 2015 prévoit la continuité d’un enseignement de langue vivante étrangère autre que l’anglais étudiée au primaire : les langues régionales seront exclues de cette possibilité si le texte est appliqué strictement ; cette formulation devrait être modifiée afin d’intégrer les langues régionales.
  • L’avancement de la LV2 en 5e ne bénéficiera pas aux langues régionales : elles ne sont qu’exceptionnellement choisies en LV2 par les élèves, qui préfèrent les suivre dans le cadre des options facultatives (la concurrence entre une langue étrangère et une langue régionale bénéficie presque toujours à la langue étrangère) ; par contre, l’enseignement des langues régionales risquerait de pâtir de la réduction des options (réduction horaire, et peut-être obligation de suivre l’EPI pour accéder à l’enseignement de complément).
  • S’il doit être organisé sur la marge heures professeurs, l’enseignement de langue et culture régionales se trouvera en concurrence avec les dédoublements, les groupes, le co-enseignement : il n’est pas certain que les établissements auront les moyens de proposer un enseignement de langue et culture régionales, qui n’est pas parmi les priorités énoncées par le Ministère pour l’utilisation de la marge.
  • Mise à jour de juin 2015 : Le Ministère n’a pas répondu clairement aux questions sur les dotations horaires spécifiques : seront-elles maintenues pour l’enseignement de ce qui est aujourd’hui une option et qui devrait devenir un enseignement de complément ? Le principe selon lequel les filières bilingues bénéficieront d’une dotation spécifique semble acté, mais ce n’est pas le cas pour les enseignements optionnels.

C’est, en substance, ce que l’une des associations concernées a fait remarquer dans un communiqué, en réponse au courrier du Ministère.

Les sections internationales

Aujourd’hui

À partir de 2016

Le collège n’est qu’une partie de ce dispositif, qui commence en primaire et se poursuit en lycée. Les sections internationales accueillent des élèves étrangers et des élèves français désireux de se perfectionner dans l’une de la quinzaine de langues proposées.

Ils y suivent 4h d’Histoire-Géographie par semaine, dont 2h en langue étrangère, et au moins 4h de Lettres étrangères, elles aussi enseignées en langue étrangère. Les programmes tiennent compte à la fois des programmes français et des programmes du ou des pays étrangers concernés (education.gouv.fr).

Les élèves peuvent obtenir la mention « Option internationale » au Diplôme National du Brevet.

Le site Éduscol stipule que les sections internationales seront maintenues dans les formes actuelles.

3. Zoom sur les classes bilangues

Les classes bilangues sont-elles élitistes ?

Actuellement, les classes bilangues sont accessibles aux élèves qui en font la demande, quelle que soit la langue qu’ils ont étudiée en primaire. Il arrive cependant que des établissements ne puissent pas inscrire en bilangue tous les élèves qui le souhaitent, lorsque ces établissements n’ont pas obtenu des services académiques le nombre d’heures nécessaires à l’organisation de l’enseignement d’une deuxième langue en 6e et 5e. 70,21% des collèges proposent une (et parfois plusieurs) section bilangue. De nombreux élèves peuvent donc faire le choix du bilangue. Cependant, la répartition des classes bilangues est très inégale : 100% des collèges de l’Académie de Strasbourg et 90% de ceux de l’Académie de Paris ont des sections bilangues ; ils ne sont que 51,7% dans l’Académie de Caen et 40,4% dans l’Académie de Toulouse qui expérimente cette année la généralisation de la LV2 en 5e (source : Rapport sur les classes bilangues et les sections européennes et de langues orientales, décembre 2014, page 17). Les élèves qui ont appris deux langues étrangères dès le début du collège sont plus nombreux que la moyenne à se lancer dans l’apprentissage d’une troisième langue vivante au lycée : le fait d’apprendre deux langues étrangères à un jeune âge motive les jeunes à apprendre plus de langues encore lorsqu’ils grandissent, et rend plus facile cet apprentissage (par exemple dans l’Académie de Strasbourg, qui a fortement développé l’enseignement des langues : 16,2% des élèves qui ont étudié deux langues vivantes en 6e choisissent une 3e langue vivante en Seconde ; la moyenne nationale est de 6,9%).  Les élèves des sections bilangues et des sections européennes ont, en moyenne, des résultats nettement plus élevés que les autres collégiens, en langues vivantes mais aussi en Français, en Mathématiques et en Histoire-Géographie (2 à 3 points d’écart de moyenne). Il est difficile de savoir si ces résultats sont dus à l’enseignement lui-même ou au profil des élèves qui choisissent ces sections (même en dehors de toute sélection par l’établissement, ces élèves sont motivés et sont capables d’assumer une charge de travail supplémentaire) (source : Rapport sur les classes bilangues et les sections européennes et de langues orientales, décembre 2014, pages 5 et suivantes).

Ces élèves se disent très satisfaits de leur choix, affirment qu’ils bénéficient de bonnes conditions de travail et que le fait d’apprendre une langue en plus leur donne de bonnes habitudes de travail, qui les aident à réussir dans les autres matières aussi (source : Rapport sur les classes bilangues et les sections européennes et de langues orientales, décembre 2014, page 14). Ces élèves sont plus souvent que la moyenne issus de catégories sociales favorisées. Mélangés aux élèves des autres classes, ils constituent une tête de classe qui bénéficie à tous (source : Rapport sur les classes bilangues et les sections européennes et de langues orientales, décembre 2014, pages 21-22).

Pourquoi le débat se cristallise-t-il autour des sections bilangues allemand ?

Historiquement, c’est avec l’Allemagne que la France a passé les premiers accords internationaux qui ont permis le développement des sections bilangues. Des accords avec l’Espagne, l’Italie, le Portugal, ont ensuite été signés (source : Rapport sur les classes bilangues et les sections européennes et de langues orientales, décembre 2014, page 20).  Ainsi, cela fait plus de 50 ans que la France et l’Allemagne oeuvrent à tisser des liens. Voici quelques étapes marquantes :

  • Traité de l’Elysée : reconnaissance de l’importance de la maîtrise de la langue du partenaire, engagement d’en promouvoir l’enseignement.
  • Agenda franco-allemand 2020 – 12e Conseil des ministres franco-allemand (Paris, 4.02.2010) : intensification des échanges, rapprochement des systèmes éducatifs (feuille de route pour 2020).

À chacune de ces étapes, la volonté de renforcer l’enseignement de la langue du pays partenaire est clairement et concrètement énoncée. Les engagements sont réciproques. Les enjeux sont culturels, mais aussi économiques : l’Allemagne est le premier partenaire économique de la France, et l’allemand est, en France, la deuxième langue utilisée lors des échanges commerciaux (après l’anglais). L’Allemagne a donc réagi vivement, et tout à fait officiellement, à la réforme du collège : l’ambassadeur d’Allemagne en France a demandé à rencontrer la Ministre française de l’Éducation nationale à ce sujet (Le Figaro : « Enseignement de l’allemand au collège : l’ambassadeur inquiet »). Le Ministère de l’Éducation nationale a tenté d’apaiser les craintes de l’Allemagne en proposant d’aménager la réforme du collège.

Qu’est-ce que la réduction des sections bilangues changerait dans les établissements, concrètement ?

Dans les collèges qui fermeraient leurs sections bilangues, le nombre d’heures de LVB (allemand, italien, portuguais…) enseignées chaque semaine diminuerait fortement (de 12h à 7h30 en cas de suppression du bilangue, et même de 14h ou 16h* à 7h30 si le collège comportait en plus une section européenne).

De nombreux professeurs d’allemand devraient alors enseigner sur trois établissements pour travailler à temps plein ; mais il n’est pas certain, en raison de la fermeture de nombreuses sections bilangues, que tous puissent être nommés dans des établissements proches les uns des autres : avec plus de classes, dispersées sur plus d’établissements (potentiellement éloignés qui plus est), ces professeurs ne pourraient plus s’investir comme ils le font dans l’organisation d’échanges, de voyages, qui sont pourtant reconnus pour leur efficacité dans l’apprentissage d’une langue.

* les 14h ou 16h correspondent au cumul :
- de la section bilangue, à raison de 3h hebdomadaires pendant 4 ans (soit 12h au total)
- de la section européenne, 1h ou 2h par semaine (selon les établissements) en 4e et en 3e (soit 2h à 4h sur ces deux années de collège). N.B. : Les élèves de section européenne reçoivent aussi parfois, en plus, un enseignement de DNL (exemple : Histoire-Géographie en langue étrangère).

Quels aménagements permettraient de maintenir les classes bilangues existantes ?

Fin avril, face aux contestations des enseignants d’allemand et de l’Allemagne, le Ministère de l’Éducation nationale a proposé deux aménagements afin de permettre aux classes bilangues actuelles de continuer à exister :

  • Refaire la « carte des langues » en primaire, c’est-à-dire faire en sorte que les langues à faible diffusion soient enseignées dans suffisamment d’écoles, bien réparties sur le territoire, afin de diversifier l’offre des langues dans les écoles primaires. Mise à jour de juin 2015 : La future carte des langues sera élaborée au niveau national et correspondra à des objectifs chiffrés. Des postes à profil seront désignés, afin qu’un professeur ayant les compétences en langue soit nommé sur le poste. Il pourra aussi être fait recours à des intervenants extérieurs. (source : audition de Madame Najat Vallaud-Belkacem au Sénat le 3 juin 2015).
    On peut cependant se demander sur quels critères ces écoles (et donc ces élèves) seront choisies, surtout que les professeurs des écoles sont peu nombreux à pouvoir enseigner l’allemand par exemple.
    De plus, ce système autoriserait certains élèves à choisir une section bilangue en 6e (ceux qui auraient eu la possibilité de faire une autre langue que l’anglais en primaire parce que la carte des langues le permettait), tandis que d’autres élèves n’auraient pas cette possibilité. Statistiquement, ces élèves habiteraient pour la plupart en ville, où les professeurs des écoles sont plus nombreux, donc plus susceptibles de proposer un enseignement de langue étrangère autre que l’anglais du CP au CM2. En conséquence, les sections bilangues de nombreux collèges ruraux seraient condamnées, y compris dans les régions frontalières, où cet enseignement est pourtant un atout pour les élèves.

. Utiliser la « marge heures professeurs« .
Cette marge (2h45 par classe à la rentrée 2016, 3h à partir de 2017) est laissée à la disposition de l’établissement pour organiser le travail en petits groupes (AP, EPI, sciences, langues obligatoires…), le co-enseignement (deux professeurs présents avec une même classe sur une même heure de cours), les enseignements de complément (langues et cultures de l’Antiquité, langues et cultures étrangères ou régionales). Cette marge est insuffisante pour permettre tout cela à la fois : les établissements devront faire des choix. Cette piste ne permet donc pas de garantir que les sections bilangues pourront être maintenues.

4. Les inconnues de la réforme du collège

De nombreuses données sont encore inconnues, empêchant d’anticiper pleinement la réforme du collège et ses effets sur les langues vivantes :

  • Les sections bilangues et bilingues seront-elles maintenues, et si oui, à quelles conditions (exigence ou pas d’une continuité avec le primaire), sur quels niveaux de classes, combien d’heures par semaine et avec quel financement (la marge heures professeurs ? une dotation spécifique ?) ?
  • « Les élèves qui ont bénéficié de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais à l’école élémentaire peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. Le cas échéant, une dotation horaire spécifique (c’est-à-dire des heures attribuées à l’établissement pour organiser des cours dans le cadre de la bilangue) peut être attribuée à cette fin. » (article 8 de l’arrêté voté par le Conseil de l’Education le 10 avril).

Qui attribuerait donc cette dotation horaire spécifique (ministère, Rectorat, autre ?) ? Comment serait-elle financée et pérennisée, dans un contexte de réduction budgétaire ? Quelles seraient les conditions d’attribution de cette dotation (effectifs, volonté du chef d’établissement, projet pédagogique du collège, carte des langues, présence d’autres options… ?) ? Quels établissements pourraient y prétendre ? Combien d’heures seraient attribuées, et pour quels niveaux de classes ?… Pourquoi ces questions, posées au Ministère, restent-elles sans réponse ?

  • Quels choix feront les établissements qui ne pourront pas, en raison d’une marge faible (2h45 puis 3h par classe), financer tout ce qui est prévu par la réforme du collège (AP en petits groupes, dédoublements, co-intervention de deux professeurs dans une classe, enseignements de complément, bilangue…) : sacrifieront-ils le travail en petits effectifs ou le panel de choix qui permettent aux élèves de construire un parcours en accord avec leurs goûts et leurs projets d’avenir ?
  • Quel apprentissage de la langue pourra être proposé aux élèves dans le cadre des EPI et des enseignements de complément si, dans un même groupe, on trouve des élèves inscrits certains pour un semestre, d’autres pour les 3 années de collège ?
  • Quelles disciplines accepteront de participer aux EPI Langues et cultures régionales ? On imagine mal un enseignant de Français, de Mathématiques, de SVT… accepter de baisser son nombre d’heures d’enseignement commun pour permettre l’existence d’un EPI pour lequel il n’a aucune compétence et qui ne lui permettra pas de mener à bien son programme.
  • Comment assurer que l’allemand, l’italien, l’espagnol ou le portugais seront encore enseignés en primaire dans les prochaines années (réforme de la carte des langues ? interventions d’enseignants de collège dans les classes de primaire ? intervenants extérieurs comme évoqué lors des questions au gouvernement le 13/05/2015, (vers 19mn30) ?)
  • Quels projets les professeurs de langue vont-ils pouvoir organiser (échanges, voyages, correspondance…) s’ils doivent enseigner dans des établissements plus nombreux et aux projets pédagogiques variables ?
  • Que vont devenir les sections européennes de lycée après la suppression des sections européennes de collège ? Seront-elles supprimées à leur tour ? Seront-elles maintenues ? Dans le cas d’un maintien, le niveau des élèves y sera plus faible qu’aujourd’hui car ils n’auront pas pu bénéficier d’un enseignement renforcé de langue vivante en collège (l’enseignement de la LV2 dès la 5e ne compense pas la perte de l’enseignement renforcé dont bénéficient les élèves des sections européennes), et éventuellement de matières enseignées en langue étrangère.
  • Comment garantir l’égalité des élèves sur le territoire national si le panel d’enseignements proposés dépend à la fois du contexte (possibilité de s’inscrire en section internationale dans les grandes villes seulement), de la volonté du Rectorat (dotation spécifique des bilangues), du projet d’établissement (gestion de la marge) ?
  • Quelles seront les conséquences de la réduction des sections bilangues sur les accords internationaux et sur l’enseignement du français à l’étranger, puisqu’il s’agit d’accords réciproques ?

Les textes officiels publiés par le Ministère dans le cadre de la réforme du collège (arrêté, décret, projets de programmes, circulaire d’application) ne répondent à aucune de ces questions.

La FAQ publiée sur Éduscol et la communication médiatique du Ministère n’ont aucune valeur juridique, et ne garantissent donc pas la mise en place dans les établissements des aménagements promis.

J- Latin et Grec

Actuellement :

1. Grille horaire et recrutement

L’enseignement du Latin et du Grec est présent dans les grilles horaires actuelles du Collège à hauteur de :

  • en 5e : Latin 2 heures
  • en 4e : Latin 3 heures
  • en 3e : Latin 3 heures et/ou Grec 3 heures

Ces enseignements sont facultatifs : seuls les élèves volontaires s’y inscrivent.
Mais ils ne sont pas réservés à quelques élèves triés sur le volet : ils sont ouverts à tous les élèves qui le souhaitent et il n’y a pas de sélection. Ce ne sont donc pas des options élitistes.

Les élèves suivant ces enseignements ne sont pas regroupés dans une classe de latinistes ou d’hellénistes, mais répartis sur plusieurs classes : ce ne sont donc pas des options ségrégatives.

2. Les effectifs et leur évolution

Historiquement le nombre de latinistes en France a connu une évolution constante, augmentant en proportion de la démocratisation scolaire : en quatrième, les latinistes étaient en France 10 000 en 1920, 100 000 en 1965, 160 000 en 2004, 170 000 aujourd’hui. (Source : L’enseignement des langues et cultures de l’antiquité dans le second degré – Rapport de l’Inspection générale de l’éducation nationale  » n° 2011-098 août 2011)

A la rentrée 2013, 534 457 élèves suivaient un enseignement de Latin ou de Grec dans le second degré en France.
Source : Ministère de l’Éducation Nationale : Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche, édition 2014 – RERS 4.18 L’étude du latin et du grec dans le second degré.

Ainsi on notera qu’à l’heure actuelle 23% des élèves de cinquième reçoivent un enseignement de Latin. (Source : L’enseignement des langues et cultures de l’antiquité dans le second degré – Rapport de l’Inspection générale de l’éducation nationale  » n° 2011-098 août 2011)

Les effectifs sont en constante progression, en particulier dans des académies « sensibles » comme celle de Créteil.  C’est ce que montre clairement le rapport de l’Inspection Générale de l’Éducation Nationale consacré à l’enseignement des Langues Anciennes dans le second degré :

 

Année Grec 3e Latin 2nde Grec 2nde Latin 1re et Terminale
2000 810 élèves 1616 élèves 380 élèves 1814 élèves
2009 1559 élèves 1745 élèves 615 élèves 2692 élèves

Source : L’enseignement des langues et cultures de l’antiquité dans le second degré – Rapport de l’Inspection générale de l’éducation nationale  » n° 2011-098 août 2011

Ce succès grandissant est expliqué ainsi par l’inspection générale :

« Dans ces établissements classés en ZEP, l’enseignement du latin et du grec est ainsi une des réponses possibles pour donner plus à des élèves qui sont de bonne volonté et ont le désir d’apprendre et de réussir, mais qui, trop souvent, disent les enseignants et les élèves eux-mêmes, sont laissés sur le chemin. Dans des collèges de zone défavorisée, des élèves évoquent la satisfaction qu’ils ont de pouvoir partager avec leurs parents, qui ne les ont pas connus, les apports culturels des enseignements de langues et cultures de l’Antiquité. »

La seule limite à l’inscription d’un élève en cours de Latin peut être, localement, le refus de certains rectorats d’autoriser l’ouverture d’un second groupe de Latin dans un collège sur un niveau donné même s’il y a suffisamment d’élèves volontaires pour suivre cet enseignement.

3. Contenus et programmes

Les contenus de ces enseignements sont définis dans les programmes officiels de l’Éducation Nationale : ils représentent plusieurs dizaines de pages.

Pour prendre connaissance des programmes actuels en Langues Anciennes : http://eduscol.education.fr/cid52757/langues-et-cultures-de-l-antiquite.html

Ces enseignements associent apprentissages linguistiques et culturels : on apprend une langue, mais aussi la culture, l’histoire de ceux qui la parlaient. Ils sont aussi l’occasion d’un aller-retour entre la langue ancienne et la langue française, pour en éclairer l’étymologie, la syntaxe, etc. et entre l’Antiquité et notre époque, pour en éclairer différents aspects, mettre en lumière différents héritages communs.

4. Importance de cet enseignement

L’importance cruciale de cet enseignement pour notre société est clairement soulignée par les Inspecteurs Généraux de l’Éducation Nationale dans le rapport de 2011 précédemment cité : l’idée même d’ « une décision de suppression radicale des enseignements de langues et cultures de l’Antiquité » leur paraît « impensable » :

 » Une décision de suppression [de l'enseignement des Langues Anciennes] paraît encore plus impensable : pareille mesure, surtout dans la période actuelle, ne resterait pas sans effets sur le pays. Les conséquences prévisibles en seraient à la fois culturelles à long terme (ce serait consommer la rupture avec nos origines culturelles) et à court terme, politiques. Le coût social, politique et budgétaire d’une mesure de suppression programmée serait assurément important, puisqu’elle impliquerait tant dans l’enseignement secondaire qu’à l’université des mises à la retraite anticipée, des plans de reconversion, un repositionnement institutionnel de l’ENS Ulm, de l’École des Chartes, de l’Institut français d’Athènes et de l’École française de Rome. La nécessité d’accompagner pareille décision d’un discours politique ne pourrait que rallumer des guerres de religion. »

« Comment l’école pourrait-elle prétendre enseigner les valeurs humanistes si dans le même temps elle renonce à pratiquer les disciplines fondatrices de l’humanisme ? Le rôle de l’école n’est-il pas d’apprendre aux élèves à se situer par rapport aux évolutions sociales autant que de les y adapter ? La crise des humanités met en évidence les limites des stratégies adoptées depuis 1968 et celles des modèles successivement retenus pour réformer notre système éducatif. » (Source : L’enseignement des langues et cultures de l’antiquité dans le second degré – Rapport de l’Inspection générale de l’éducation nationale  » n° 2011-098 août 2011)

Et pourtant…

Avec la réforme du collège :

1. Plus d’horaire dédié ni de programme

Le principe même d’option « en plus » disparaît dans la réforme du Collège 2016. Les nouvelles grilles horaires du projet de décret ne font plus apparaître d’horaire pour le Latin et le Grec : ces enseignements ont disparu comme disciplines à part entière. Les projets de programme ne comportent plus de rubrique dédiée aux Langues Anciennes. Une simple mention d’une ligne et demie concerne le Latin au détour des programmes de Français du cycle 4, en bas de la page 16 :   »Appui de l’étude de la langue sur les langues anciennes, particulièrement le latin : étude du lexique (étymologie, composition), fonctions syntaxiques ; comparaison du français et du latin. »

Le Grec n’est même plus mentionné. Le Nouveau Socle Commun de Connaissances, de Compétences et de Culture ne mentionne pas non plus les Langues Anciennes. En pratique, les options Latin et Grec disparaissent. A leur place un Enseignement Pratique Interdisciplinaire (EPI) voit le jour, auquel peut s’ajouter localement un « Enseignement de complément ».

2. L’EPI « Langues et Cultures de l’Antiquité »

Parmi les Enseignements Complémentaires mis en place au cycle 4, on trouve, dans la liste des 8 thèmes d’Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), un EPI intitulé : « Langues et Cultures de l’Antiquité « .

Le principe des EPI, décrit dans le Projet d’Arrêté présenté au CSE le 10 avril 2015, est le suivant :

« Les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires permettent

  • de construire et d’approfondir des connaissances et des compétences
  • par une démarche de projet
  • conduisant à une réalisation concrète, individuelle ou collective. »

Pour consulter le Projet d’Arrêté : Projet de Décret & d’Arrêté

NB : Les heures d’EPI ne sont pas de heures en plus des heures d’enseignement des disciplines, mais des heures qui sont prélevées sur les heures d’enseignement des disciplines impliquées dans le projet traité dans l’EPI. Mme Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Éducation Nationale, explique elle-même à la Commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée nationale le 24 mars 2015 le choix de créer cet EPI-LCA :

« C’est exactement à cela que sert le format enseignement pratique interdisciplinaire. C’est pouvoir aborder au-delà de la langue, mais la langue sera préservée évidemment et aura un temps. C’est pouvoir aborder l’Histoire, la civilisation, la culture. Donc avec cet enseignement pratique interdisciplinaire Langues et Culture de l’Antiquité, je vous confirme qu’il y aura le même nombre d’heures qu’aujourd’hui, avec des heures pour l’étude de la culture et de la civilisation et des heures pour l’étude de la langue. Donc les élèves n’y perdent rien. »
(source : http://www.najat-vallaud-belkacem.com/2015/03/25/ouvrir-latin-grec-au-plus-grand-nombre-pour-tirer-tous-les-eleves-vers-le-haut/)

L’enseignement du Latin et du Grec prend donc dorénavant place dans le cadre d’un EPI.
De ce fait, le Latin, ou le Grec, devrait en théorie :

  • être enseigné conjointement à une autre discipline, et non plus seul,
  • prendre son temps d’enseignement sur une autre discipline que lui, puisqu’il n’a pas d’horaire propre, et donc contribuer à construire et approfondir les savoirs d’une autre discipline que lui.
  • Mais en pratique, cet EPI ne permettra pas d’enseigner les Langues et Cultures de l’Antiquité :
  • La langue latine comme la langue grecque ne sont au programme d’aucune discipline (et pour cause) : la matière qui « donnera » des heures pour étudier les langues latine ou grecque dans cet EPI devra donc renoncer à traiter son propre programme sur ce temps-là, donc accepter de perdre une heure pour traiter sa propre discipline.
  • Il ne pourra donc s’agir que d’un vernis culturel, et encore sans Histoire, puisque l’Antiquité est au programme d’Histoire de 6e, niveau qui n’est pas concerné par les EPI.

Un peu d’étymologie, quelques mythes, voilà à quoi cet EPI risque de devoir se limiter, s’il est mis en place.

La mise en pratique elle-même de cet EPI est compliquée et problématique, puisque devant retirer une heure d’enseignement à une autre matière et ayant vocation à être proposé à « 100% des collégiens ». (source : interview de Mme Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Éducation Nationale, à Jean-Jacques Bourdin sur RMC/BFM-TV le 13 avril 2015 : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/najat-vallaud-belkacem-le-latin-et-le-grec-vont-etre-renforces-au-college-497105.html )

Pour mieux comprendre, prenons l’exemple d’un collège lambda ayant 4 classes de 5e.
Dans le Collège Jean Valjean, il a été décidé en conseil pédagogique que l’EPI-LCA serait proposé en classe de 5e.

  • Au 1er trimestre, l’EPI-LCA doit être mené par Mme X, professeur de Lettres classiques qui a la classe de 5eB en Français. De ce fait, les élèves de 5eB n’auront pas 4h30 de Français ce trimestre mais 3h30, puisqu’il faudra y soustraire l’heure dévolue à l’EPI-LCA.
  • Lorsqu’au 2e trimestre ce sera au tour des 5eA de se voir proposer l’EPI-LCA : leur professeur de Français, M. Z, devra céder à son tour 1 heure de Français pour que Mme X puisse mettre en place cet EPI.
  • Et au 3e trimestre, ce sera au tour de Mme W, professeur de 5eC, de devoir céder une heure à cet EPI.
    Mais comme Mme X dans le même temps proposera l’EPI-LCA à la classe de 5eD dont elle est aussi professeur de Français, c’est Mme W. qui devra se charger elle-même de l’EPI-LCA pour ses élèves de 5eC – bien qu’elle ne soit pas professeur de Lettres classiques, mais de Lettres modernes (heureusement, on n’enseigne pas le Latin dans cet EPI, mais seulement de l’étymologie et quelques mythes).

Et nous ne parlons dans notre exemple que d’une heure durant un trimestre en 5e, alors que les élèves actuels suivent toute l’année deux heures hebdomadaires de Latin, et les élèves de 4e et 3e respectivement 3 heures de Latin et/ou 3 heures de Grec en 3e.

Or Mme la Ministre a affirmé à la commission de l’Assemblée nationale qu’il y aurait le même nombre d’heures qu’aujourd’hui et que les élèves n’y perdraient rien ( voir op. cité) : il apparaît très clairement que le compte est loin d’y être, sauf à prévoir un statut particulier dérogatoire à cet EPI, et à lui adjoindre un complément horaire optionnel.

3. Un EPI dérogatoire ?

Ces nouvelles dispositions de l’enseignement des Langues Anciennes – plus d’horaire ni programme dédié, EPI – ont suscité beaucoup de protestations, et de nombreux médias ont relayé l’inquiétude qu’elles suscitaient.

C’est dans ce contexte que Florence Robine, la Directrice générale de l’enseignement scolaire et numéro 2 du Ministère de Éducation nationale, a déclaré au journal L’Express :

« Le latin ne sera plus une option proposée en plus des autres matières, mais l’un des nouveaux Enseignements pratiques transdisciplinaires (EPI). Mais un EPI un peu différent des autres car dérogatoire : contrairement aux autres EPI, l’EPI ‘Langues et civilisations [sic] de l’Antiquité’ pourra être suivi tout au long de l’année, et même jusqu’à la fin du collège, pour les élèves qui le souhaitent. »
Source : http://www.lexpress.fr/education/qui-veut-la-peau-du-latin-au-college_1660893.html#u1hrfD19alsjiIJ4.99

Cependant, on ne trouve aucune trace de cette disposition ni dans le projet de Décret ni dans le projet d’Arrêté remis au CSE. Que faut-il en conclure : oubli, effet d’annonce, ou changement de décision en cours de route ? Seule la FAQ mise en ligne par le Ministère l’évoque :

« Tous les élèves pourront profiter d’un EPI portant sur les langues et cultures de l’antiquité, une ou plusieurs fois au cours de leur scolarité, et, ainsi, accéder à des apports culturels essentiels à notre civilisation. »
Source : http://eduscol.education.fr/cid87584/questions-reponses-sur-la-nouvelle-organisation-du-college.html#le_latin

Et l’on comprend bien que, même s’il était mis en place, un tel dispositif dérogatoire entraînerait nécessairement la perte d’une heure de Français, et non plus sur un trimestre comme dans notre exemple, mais sur toute une année, voire sur tout le cycle 4. Un élève qui choisirait donc de suivre cet EPI dérogatoire de façon continue de la 5e à la 3e aurait ainsi 108 heures de Français en moins dans sa scolarité.
Il semble fort douteux que ceci soit accepté par les enseignants de Français, bénéfique pour les élèves concernés, et souhaité par leurs parents.

Mais en admettant que certains, malgré tout, le suivent continûment, on pourrait alors retrouver dans cet EPI des élèves l’ayant suivi depuis plusieurs trimestres, voire depuis plusieurs années, et des élèves qui choisiraient de le suivre ponctuellement sur un trimestre, de l’abandonner, puis de le reprendre, et ce à n’importe quel niveau. L’idée même d’une progression des apprentissages devient alors très problématique, pour ne pas dire impossible. On notera enfin que la mise en œuvre même de cet EPI, si l’on se réfère au Projet de Décret, ne sera pas obligatoire, mais un choix de l’établissement. En effet, l’article 6 du Projet de Décret remis au CSE par le Ministère prévoit que, sur les 8 thèmes d’EPI, au moins 6 devront être abordés par les élèves au cours du cycle 4. Il en résulte logiquement que deux EPI peuvent donc ne pas être mis en place dans un établissement.
L’EPI Langues et Cultures de l’Antiquité peut donc, par choix local, ne pas être mis en place dans tel établissement, alors qu’il le sera dans l’établissement voisin. Ceci contribuera à creuser encore les inégalités entre territoires et établissements, et ce au détriment des élèves les plus défavorisés.

4. La possibilité d’un « enseignement de complément » aux EPI

A côté de l’EPI « Langues et Cultures de l’Antiquité », l’article 7 du Projet d’Arrêté prévoit pour les établissements la possibilité de mettre en place un enseignement de complément pour « proposer, pour les élèves volontaires, un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires prévus à l’article 3, qui porte sur un enseignement de langues et cultures de l’antiquité ou sur un enseignement de langue et culture régionales. Cet enseignement peut être suivi au cours des trois années du cycle 4, dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de deux heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième. » Il sera donc possible de proposer une option Latin ou Grec aux élèves volontaires : surprenant retour à l’existence d’un enseignement optionnel dont on nous a pourtant expliqué à l’envi qu’il était élitiste et ségrégatif, et devait, de ce fait, être éradiqué. On notera tout de même que cet enseignement de complément parle d’un horaire plafond (« dans la limite de ») et non d’un horaire plancher, comme c’est le cas actuellement : il s’agit donc du nombre maximal d’heures possibles, mais rien n’empêche un établissement de proposer moins, par exemple une heure seulement en 4e et 3e, puisqu’on resterait en deçà de la limite à ne pas dépasser.Il sera en tout cas possible, dans ce cadre, d’étudier véritablement les langues latine et grecque.

Toutefois, outre la question de l’horaire plafond, cet enseignement de complément ne ressemblera que de très loin aux anciennes options, pour deux raisons :

  • L’horaire plafond lui-même en est fortement réduit, amputé d’une heure à chaque niveau, et rien ne garantit qu’on puisse en 3e doubler les deux heures pour mettre en place deux heures de Latin et deux heures de Grec. Les élèves seront donc nettement perdants par rapport à la situation actuelle.
    C’est ce qu’analyse très bien un petit documentaire de la série « Désintox » d’Arte en date du 23 avril 2015 : http://28minutes.arte.tv/blog/chronique/najat-vallaud-belkacem-le-latin-le-grec/
  • Plus grave encore, cet enseignement de complément ne recevra pas de dotation spécifique pour être mis en place.
    Comme l’indique l’article 7 du projet d’Arrêté, les heures devront en être prises sur la « marge heures professeur« , cette enveloppe d’heures données en plus de la dotation horaire pour assurer les enseignements obligatoires, afin de « favoriser le travail en groupes à effectifs réduits et les interventions conjointes de plusieurs enseignants, conformément à l’article D. 332-51 du code de l’éducation. » (op. cité)
    Or le volume de cette marge est fixé par l’Arrêté à « deux heures quarante-cinq minutes par semaine et par division pour la rentrée scolaire 2016, puis sur la base de trois heures par semaine et par division à compter de la rentrée scolaire 2017. » (op. cité)

Comme on le voit, cette marge n’est pas élastique : il faudra donc choisir localement, dans chaque établissement, entre mettre en place l’enseignement de complément, ou faire de plus petits groupes en AP, des groupes de TP en sciences, et de la co-animation.
Dans ces conditions, il semble très douteux que les conseils pédagogiques choisissent de mettre en place cet enseignement, surtout dans les établissements difficiles, où ces petits groupes sont indispensables. Il en résultera immanquablement un accroissement des inégalités entre établissements favorisés et établissements de zones difficiles.

Et de nouvelles inégalités verront sans doute aussi le jour, en fonction de la taille de l’établissement.
En effet, l’enveloppe de la marge heures professeur dépendant du nombre de divisions, elle sera mathématiquement plus importante dans les gros établissements à 7 ou 8 divisions par niveau, que dans les petits, à trois ou quatre divisions par niveau.

Dès lors, si l’on mutualise l’enveloppe donnée en l’envisageant non par classe mais par niveau, il devient possible, dans un gros établissement, de « ventiler » le prélèvement de l’horaire d’enseignement de complément sur plus de classes, et donc d’en diminuer le « poids » en répartissant la charge sans trop hypothéquer la capacité à mettre en place des petits groupes et de la co-animation.
Par contre dans un petit établissement, ce poids restera très important du fait d’une enveloppe moindre et la création de l’enseignement de complément impactera fortement la capacité dans le même temps de mettre en place des petits groupes.

Pour bien comprendre, prenons un exemple concret :

  • Le collège Victor Hugo compte 3 classes de 4e. Sa marge heures professeur à la rentrée 2016 sera donc de 3x2h45, soit 8h15.
    Si l’on décide d’y mettre en place l’enseignement de complément Latin, à raison de deux heures par semaine, ce choix représentera presque 25% de cette marge : un poids insupportable qui ne permettrait plus d’avoir assez de marge pour faire des groupes réduits par ailleurs.
    Il ne sera donc pas mis en place, et les élèves qui avaient commencé le Latin en 5e en 2015 ne pourront pas poursuivre cet enseignement après la réforme du collège.
  • Le collège Romain Gary, lui, compte 7 classes de 4e. Sa marge heures professeur à la rentrée 2016 sera donc de 7x2h45, soit 19h15. Les deux heures pour le Latin représentent environ 10% de cette marge. C’est un prélèvement conséquent, mais envisageable, car il restera encore 90% des heures de cette marge pour les dédoublements et la co-animation. Les élèves qui ont commencé le Latin en 5e en 2015 pourront continuer à suivre cet enseignement, dans la limite toutefois d’un seul groupe de 4e, là où précédemment, dans un établissement de cette taille, il y en avait deux.

Par conséquent, un gros établissement de centre ville pourra plus facilement se permettre de proposer cet enseignement qu’un petit établissement de campagne, aggravant ainsi les inégalités territoriales. En dernière analyse, loin de permettre « le Latin et le Grec pour tous » en gommant les inégalités, cette réforme du collège qui accentue les différences entre les établissements va amplifier les inégalités territoriales, et accroître encore la tentation pour les parents pouvant se le permettre de retirer leurs enfants du collège de secteur pour les scolariser ailleurs, où ces options auront été maintenues : résultat très exactement inverse de celui officiellement poursuivi par cette réforme du collège.

J- Enseignements Pratiques Interdisciplinaires

La maquette de la réforme du collège 2016 voit l’apparition, en 5e, 4e et 3e, des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI).

  • Une façon différente de travailler : les EPI doivent permettre de construire et d’approfondir des connaissances et des compétences par une démarche de projet conduisant à une réalisation concrète, individuelle ou collective ;
  • 2 à 3 heures hebdomadaires leur sont consacrées : elles sont prélevées sur les cours traditionnels qui y sont travaillés (toutes les disciplines contribuent aux EPI au cours du cycle) ;
  • A chaque établissement de définir, pour chaque niveau, quels thèmes sont travaillés, quelles matières sont impliquées, etc.

 

EPI : principes généraux et objectifs.

Statut des EPI.

Les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires concernent le cycle 4, c’est-à-dire les classes de 5e, 4e et 3e.

 

OBLIGATOIRES

NON OBLIGATOIRES

 Enseignements communs
= enseignements traditionnels

 Enseignements complémentaires

 Enseignements de complément aux EPI

  • Français
  • Langues vivantes
  • Éducation physique et sportive
  • Arts plastiques
  • Mathématiques
  • Histoire‐géographie
  • Sciences de la vie et de la Terre
  • Physique‐chimie
  • Technologie
  • Accompagnement Personnalisé (1 à 2h)
  • Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (2 à 3h)
  • Langues et cultures de l’Antiquité
  • Langue et culture régionale
 

4h prélevées sur les Enseignements communs

 Existent si et seulement si le collège décide de leur consacrer une partie de sa marge horaire professeurs.

 

Avec l’Accompagnement Personnalisé (AP), les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires font partie de ce que la réforme du collège intitule « Enseignements complémentaires ».

Cela ne signifie pourtant pas qu’ils s’ajoutent aux enseignements communs : toute heure dédiée aux EPI sera prélevée sur les enseignements communs[1]. En effet, il ne s’agit pas d’un enseignement supplémentaire mais d’une « nouvelle modalité d’enseignement », autrement dit d’une manière différente d’enseigner les disciplines traditionnelles.

Les EPI font l’objet d’une évaluation prise en compte dans le cadre du Diplôme National du Brevet (DNB)[2].

Caractéristiques des EPI.

1. Programmes.

Les EPI sont une modalité nouvelle de mise en œuvre des programmes disciplinaires : ils sont en effet pensés comme une manière pour le professeur de réaliser une partie de son programme différemment : « le programme d’enseignement du cycle 4 fixe le cadre des contenus enseignés [dans les EPI]« [3]. D’autre part, leurs contenus seront établis en fonction des objectifs de connaissances et de compétences du socle commun de connaissances. [4]

Les EPI s’inscrivent dans l’un des 8 thèmes de travail suivants :

  • Corps, santé, bien-être, sécurité ;
  • Culture et création artistiques ;
  • Transition écologique et développement durable ;
  • Information, communication, citoyenneté ;
  • Langues et cultures de l’Antiquité ;
  • Langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales ;
  • Monde économique et professionnel ;
  • Sciences, technologie et société.

Au moins 6 de ces thèmes seront traités par chaque élève au cours du cycle 4, à raison d’au moins 2 thèmes différents traités chaque année.[5]

Enfin, les EPI doivent également contribuer à la mise en œuvre des trois parcours éducatifs : le parcours citoyen, le parcours d’éducation artistique et culturelle (PEAC) et le parcours individuel d’information et de découverte du monde économique et professionnel (PIIODMEP). » [6]

N.B. Toutes les disciplines doivent contribuer aux EPI au cours du cycle 4.[7]

2. Principes du travail en EPI.

  • L’interdisciplinarité : chaque EPI mêle plusieurs disciplines autour d’un thème, de manière à permettre aux élèves de « comprendre le sens de leurs apprentissages en les croisant ». « Ces enseignements ne sont pas interdisciplinaires au sens où ils mobiliseraient nécessairement des notions et concepts communs à des disciplines différentes. Ils permettent en revanche de s’appuyer sur des connaissances issues des disciplines mais appliquées à des objets communs au sein d’un projet porté par des équipes. » [8] Les EPI impliquent donc, entre les professeurs, une importante concertation pour laquelle temps et organisation ne sont pas précisés par les différents décrets.
    Nous ferons remarquer que la question de l’efficacité de l’interdisciplinarité ne fait pas consensus ; cette méthode pédagogique a ses défenseurs et ses détracteurs, sans qu’il soit aucunement possible de trancher le débat.[9]
  • La pédagogie par projet : les EPI favorisent en effet une démarche de projet conduisant à une réalisation concrète, individuelle ou collective (site internet, magazine, maquette, etc.), qui fera l’objet d’une évaluation. L’objectif est de placer l’élève dans une démarche active qui l’amène à utiliser et concrétiser savoirs et compétences.[10]
  • Les élèves travailleront-ils en petits groupes dans ces EPI ? En tant que tels, les EPI n’ont pas lieu en effectifs réduits (cf. ci-dessous, 2.3). L’EPI de base a lieu en classe entière : à partir de là, latitude est laissée au professeur de constituer des petits groupes de travail (« îlots ») ou non. Le texte de la réforme du collège indique que le projet est censé être individuel ou collectif : le travail peut donc lui aussi être individuel ou collectif. Il appartiendra aux professeurs de définir les modalités de travail de leur EPI (travail en groupes ou non, taille de ces groupes, etc.), comme c’est d’ailleurs le cas actuellement de n’importe quel cours classique.
  • Ces temps de travail doivent favoriser l’usage des outils numériques et des langues vivantes étrangères et développer l’expression orale, l’esprit créatif et la participation.[11]
    On peut remarquer que l’utilisation des outils numériques est limitée par les moyens dont disposent les établissements. Au total, dans un établissement lambda, chaque semaine auront lieu a minima 3 EPI (s’il n’y a qu’une classe par niveau), soit 6h d’EPI a minima par semaine : le chevauchement de créneaux deviendra problématique si l’établissement ne dispose que d’un C.D.I. Il le sera d’autant plus si l’établissement comporte plusieurs classes par niveaux.

N.B. Des exemples de ces EPI sont fournis sur la page de présentation du site de l’Education Nationale, « Collège : mieux apprendre pour mieux réussir » ainsi que dans les projets de programmes pour le cycle 4 (CSE, 9 avril 2015 mis à jour le 15 avril 2015), en annexe p.58. Nous en avons analysé trois exemples ci-dessous.

Le cas des EPI « Langues et cultures de l’Antiquité » et « Langue et culture régionale ».

  • Le cas de l’EPI « Langues et cultures de l’Antiquité » est particulier voire, peut-être, dérogatoire d’après Mme F. Robine, directrice générale de la DGESCO.
    Vous trouverez toutes les informations détaillées concernant cet EPI dans la rubrique Latin et grec, II. 2. L’EPI « Langues et cultures de l’Antiquité ».
  • Le sort de l’EPI « Langue et culture régionale » reste ambigu : on ignore en particulier s’il est « dérogatoire » comme ce serait le cas de l’EPI « Langues et cultures de l’Antiquité ».
    Vous trouverez toutes les informations détaillées concernant cet EPI dans la rubrique Langues Vivantes, II. 3. Langues régionales.

EPI et IDD : quelles différences ?

Les EPI ont été à plusieurs reprises comparés aux anciens Itinéraires de Découvertes (IDD)[12].

  • Que sont les Itinéraires de Découverte (IDD) ?

Parallèlement à une réduction des horaires disciplinaires, les IDD, mis en place au collège à la rentrée 2002, « [étaient] organisés à raison de deux heures hebdomadaires inscrites dans l’emploi du temps de la classe, en vue de permettre aux élèves de s’investir dans des projets interdisciplinaires et de travailler de façon autonome individuellement ou en groupe. Portant sur au moins deux disciplines, ils donnent lieu à la réalisation d’une production individuelle ou collective. » (circulaire 2002-160 datée du 2 avril 2002). On retrouve les principes d’interdisciplinarité et de démarche de projet qui ont inspiré la conception des EPI (cf. ci-dessus).
Que sont devenus les IDD ? Certains établissements les pratiquent encore ; d’autres les ont abandonnés pour consacrer le budget horaire à d’autres formes d’enseignement. Le bilan des IDD n’a pas fait l’objet d’un rapport de l’IGEN à ce jour…

  • Qu’est-ce qui différencie les EPI ?
    • Les IDD ne s’appliquaient qu’en classes de 5e et 4e : les EPI concernent les classes de 5e, 4e et 3e ;
    • Les IDD bénéficiaient d’une dotation horaire spécifique ; les heures d’EPI sont prélevées sur les enseignements communs ;
    • Contrairement aux IDD, les EPI sont très encadrés par les programmes (forme, thème, durée) ;
    • Les EPI feront l’objet d’une évaluation qui sera prise en compte pour l’attribution du futur diplôme national du brevet.

Organisation et modalités pédagogiques des EPI.

Volume horaire.

  • Combien d’heures par semaine durent les EPI ?

4 heures d’Enseignements complémentaires sont prévues, dont 2 à 3 heures hebdomadaires d’EPI et 1 à 2h d’AP.

N.B. La répartition du volume horaire entre EPI et AP doit être la même pour tous les élèves d’un même niveau au sein de l’établissement. [13]

  • D’où viennent ces heures ? S’ajoutent-elles aux heures des disciplines ?

Non. Les 2 à 3h d’EPI hebdomadaires seront prélevées sur les disciplines impliquées dans chaque projet [14]. Prenons deux exemples simples :

Pour la 5e A du collège Jules Ferry, le conseil pédagogique a décidé d’organiser au premier trimestre un EPI « Sciences, technologie et société » mêlant Mathématiques, Sciences Physiques et Histoire (exemple fourni par le Ministère de l’Education Nationale) à raison de 3 heures hebdomadaires. Il s’agira de réaliser un magazine consacré à la machine à vapeur. Dans le temps que durera cet EPI (trimestre ou semestre) :

  • les élèves auront 1h30 de cours traditionnels de Mathématiques en moins chaque semaine : au lieu des 3h30 hebdomadaires de Mathématiques, ils auront donc 2h de cours traditionnels et 1h30 d’EPI ;
  • les élèves auront 1h de cours traditionnels d’Histoire-Géographie-Enseignement moral et civique en moins chaque semaine : au lieu des 3h hebdomadaires d’Histoire-Géographie-Enseignement moral et civique, ils auront donc 2h de cours traditionnels et 1h d’EPI ;
  • les élèves auront 0,5h de cours traditionnels de Sciences Physiques en moins chaque semaine : au lieu des 1h30 hebdomadaires de Sciences Physiques, ils auront donc 1h de cours traditionnels et 0,5h d’EPI. Pour éviter de laisser une demi-heure de cours isolée et faciliter l’organisation de l’emploi du temps, le conseil pédagogique a choisi de distinguer une semaine A et une semaine B : en semaine A, les élèves auront donc 2h de cours traditionnels de Sciences Physiques ; en semaine B, ils n’auront pas de cours traditionnels de Sciences Physiques mais 1h d’EPI.

N.B. Ce seul exemple révèle que :
- l’organisation des horaires risque d’être difficile dans certains cas ;
- parfois (notamment pour les disciplines faiblement dotées en heures, comme les sciences physiques ici), les emplois du temps pourront varier sur 2-3 semaines.

Pour la 4e B du même collège, le conseil pédagogique a décidé d’organiser au premier semestre un EPI « Culture et création artistiques » mêlant Français et Langue Vivante 1 (Anglais) à raison de 2 heures hebdomadaires cette fois. Dans le temps que durera cet EPI (trimestre ou semestre) :

  • les élèves auront 1h de cours traditionnels de Français en moins chaque semaine : au lieu des 4h30 hebdomadaires de Français, ils auront donc 3h30 de cours traditionnels et 1h d’EPI ;
  • les élèves auront 1h de cours traditionnels d’Anglais en moins chaque semaine : au lieu des 3h hebdomadaires d’Anglais, ils auront donc 2h de cours traditionnel et 1h d’EPI.

Comment s’organisent les EPI (répartition des heures, disciplines impliquées, etc.) ?

L’organisation des EPI relève pour une grande part de chaque établissement.
Elle varie en fonction des besoins des élèves accueillis et du projet pédagogique de l’établissement[15].

Il appartient au conseil pédagogique de chaque établissement de :

  • décider la répartition du volume horaire qui leur est dédié entre EPI et AP (4h hebdomadaires à répartir, dont 2 à 3h pour les EPI) ;
  • fixer, pour chaque niveau, quels EPI seront traités, avec quelles matières et pour combien de temps (trimestre, semestre, etc.) ;
  • préciser les modalités de regroupement des élèves en EPI et du recrutement de ces regroupements, c’est-à-dire si les EPI seront imposés ou choisis par les élèves, s’ils seront formés sur les groupes-classes ou sur des groupes inter-classes, etc.
    Constituer des groupes inter-classes implique une gestion très lourde autant d’un point de vue administratif (emplois du temps) que pédagogique (concertations multipliées). Pourtant, que faire quand les Langues Vivantes 2 seront impliquées dans un EPI ? En effet, tous les élèves d’une même classe ne suivent pas la même LV2 : il faudra donc soit former des groupes inter-classes regroupant les élèves de chaque LV2 (mais que faire si, par exemple, la LV2 allemand compte beaucoup moins d’élèves que la LV2 espagnol ?), soit, si l’on conserve les groupes-classes, prévoir un dédoublement d’heure et concevoir un projet qui puisse englober indifféremment les différentes LV2, sans égard pour leurs spécificités culturelles.

Cette variabilité d’un établissement à l’autre soulèvera quelques difficultés dans le cas d’un élève changeant d’établissement au cours du cycle 4 : il sera possible, en définitive, que contrairement à ce qu’impose le décret, cet élève n’ait pas étudié au moins 6 des 8 thèmes de travail à la fin du cycle.

La réforme du collège ne prévoit pas, en l’état, de temps de concertation entre les enseignants pour l’organisation des EPI qui leur échoient. La page de présentation fournie par l’Education Nationale indique simplement que les enseignants des disciplines sollicitées par un projet devront « définir en équipe les contenus des cours ».

Les EPI ont-ils lieu en effectifs réduits avec plusieurs professeurs dans la salle ?

Les EPI en tant que tels ne le prévoient pas : pour organiser des cours en effectif réduit ou faire de la co-intervention (deux professeurs de disciplines différentes ensemble dans la même salle), il faudra prévoir des heures que l’on prendra sur la marge horaire (2,75h hebdomadaires affectées par le rectorat pour chaque division en 2016, 3h en 2017).
L’usage de cette marge horaire n’a rien d’obligatoire ni de systématique : c’est à chaque établissement de décider s’il l’utilise et dans quelle proportion.

Cependant, cette marge est fortement sollicitée et non exclusivement par les EPI (Accompagnement Personnalisé  en effectifs réduits ; matières scientifiques : T.P. en effectifs réduits ; Langues Vivantes : travail en demi-classe ; Enseignements de complément de langues et cultures de l’Antiquité ou de langue et culture régionale, etc.) : de fait, la possibilité des EPI en effectifs réduits ou avec intervention simultanée de plusieurs professeurs est limitée.

Vous trouverez les informations détaillées dans la rubrique La marge en pratique, « Avec la réforme du collège en 2016 » ; un tableau illustre les difficultés esquissées ci-haut.

Trois exemples concrets d’EPI analysés.

Voici trois des exemples d’EPI proposés par l’Education Nationale sur la page de présentation de la réforme du collège[16] :

Sciences et société : mathématiques, physique et histoire
 

Un magazine consacré à la machine à vapeur
Nadia, Carole et Jérôme sont en classe de 4e. Ce trimestre, le jeudi après-midi de 14 h à 16 h, avec leurs professeurs de mathématiques, de physique-chimie et d’histoire, ils mènent un projet sur la machine à vapeur : créer un magazine consacré à cette invention. Du cours d’histoire, ils utilisent leurs connaissances sur la révolution industrielle au XIXe siècle. Du cours de physique, le chapitre sur la pression d’un gaz. Leur professeur de mathématiques leur a demandé de prouver qu’il s’agissait réellement d’une révolution en calculant, à partir de la vitesse d’un cheval et la vitesse des premiers trains, le temps gagné pour rejoindre les villes de Lyon, Marseille, Orléans et Nantes depuis Paris.

Nadia, Carole et Jérôme rédigent actuellement leur magazine et seront évalués dans quelques semaines sur ce projet qu’ils présenteront à toute leur classe.

 

Analyse de l’exemple n°1 :

a) Organisation :

  • Cet EPI dure un trimestre à raison de 2h par semaine (décisions du conseil pédagogique de l’établissement) ;
  • Les 2h hebdomadaires d’EPI sont prélevées sur trois disciplines : Mathématiques, Sciences Physiques et Histoire. Dès lors :
    - 3×40 minutes hebdomadaires de cours traditionnels seront remplacées par cet EPI (soit 2h de chaque discipline toutes les trois semaines) ;
    - sur le trimestre (base de 12 semaines), 24h de cours classiques au total seront remplacées par cet EPI ;
  • Cet EPI s’effectue en classe entière ;
  • La formulation « avec leurs professeurs de mathématiques, de physique-chimie et d’histoire » peut s’interpréter différemment :
    • Les trois professeurs, X, Y et Z, sont présents ensemble pendant les deux heures de la séance, ce qui serait très gourmand en marge horaire professeurs : cela représente 4h par semaine sur un tiers de l’année, c’est-à-dire 1,33h sur les 2,75h de marge ;
    • Le professeur X est présent la première heure, le professeur Y la demi-heure suivante et le professeur Z la dernière demi-heure. Aucune heure n’est prélevée sur la marge, mais l’organisation est assez complexe (pertes de temps à chaque transition : on peut prévoir que le professeur Y intervienne la semaine A et le professeur Z la semaine B, etc.) et surtout, l’intérêt pédagogique de cette organisation est moindre.

b) Modalités pédagogiques :

  • Les professeurs ont choisi de former des groupes de travail au sein de la classe (« îlots ») : ils circulent dans la salle et vont d’un groupe à l’autre au gré des besoins ; nous étudions le cas d’un groupe de trois personnes, Nadia Carole et Jérôme.
  • Nadia, Carole et Jérôme doivent créer un magazine consacré à la machine à vapeur ; ils en feront une présentation finale à l’ensemble de la classe ;
  • Tous les groupes valideront-ils les mêmes compétences ? D’autre part, les EPI sont pensés comme un autre moyen d’enseigner les disciplines ; il est donc légitime de se demander si tous les groupes travailleront les mêmes éléments des programmes, à savoir la révolution industrielle au XIXe siècle (histoire), les propriétés des gaz (Science Physique) et les calculs de vitesse (Mathématiques) : qu’en est-il des autres groupes ?

 

Information, communication, citoyenneté : enseignement moral et civique, arts plastiques
 

Les débats en caricatures
Agnès, Éloïse, Léo, Lorraine, Zinedine et Matteo sont élèves en classe de 5e. Leurs professeurs d’arts plastiques et d’enseignement moral et civique ont décidé de réaliser un travail autour de la liberté de la presse et, plus particulièrement du dessin de presse. En enseignement moral et civique, il est demandé à chaque élève d’être en capacité d’argumenter et de confronter ses jugements à ceux d’autrui dans une discussion. Les six élèves doivent se regrouper pour organiser un débat autour de caricatures qu’ils doivent préparer dans le cadre du cours d’arts plastiques. Leur enseignant a choisi de faire venir pendant une heure de cours un caricaturiste du journal local, qu’il a trouvé dans l’annuaire des réservistes citoyens et qui a accepté d’être le grand témoin de ce débat en classe.

Agnès et Zinedine sont doués pour le dessin, ils ont donc réalisé chacun une caricature sur un même sujet qui divise en ce moment les élèves du collège : la proposition des élus du conseil de la vie collégienne d’organiser des Olympiades pour tous les élèves dont la finale aurait lieu un samedi après-midi. Agnès a défendu la proposition alors que Louis a proposé une caricature dans laquelle il critique le fait que cela se fasse en plus des heures de cours. Éloïse et Lorraine ont préparé et animé le débat dans la classe avec l’aide de leur enseignant et ont pu bénéficier d’un regard extérieur sur le sujet grâce au caricaturiste. Chacun a pu exprimer son point de vue. Léo et Matteo ont pris des notes pendant le débat et préparé un article pour le journal du collège.

Les enseignants les ont évalués sur ce projet complet : les caricatures, l’organisation du débat et l’article de presse.

 

Analyse de l’exemple n°2 :

a) Organisation :

  • Aucune donnée horaire n’est précisée : on ignore combien d’heures hebdomadaires sont dédiées à l’EPI et quelle est la durée de l’EPI (mois ? trimestre ? semestre ?) ;
  • Les heures d’EPI sont prélevées sur deux disciplines : Arts Plastiques, Enseignement Moral et Civique. Dès lors :
    - entre 2x1h et 2x1h30 hebdomadaires de cours traditionnels seront remplacées par cet EPI ;
    - si l’EPI s’étend sur un trimestre (base de 12 semaines), entre 24h et 36h des 2 cours traditionnels seront remplacées par cet EPI ;
    - si l’EPI s’étend sur un semestre (base de 17 semaines), entre 34h et 51h  des  2 cours traditionnels seront remplacées par cet EPI
  • Il n’est pas fait mention d’effectif réduit ;
  • Deux séances d’EPI (2x1h ou 2x1h30) sont organisées dans la semaine ; pendant la séance, un seul professeur est présent dans la salle de classe.

b) Modalités pédagogiques :

  • Les professeurs ont choisi de former des groupes de travail au sein de la classe (« îlots ») : ils circulent dans la salle et vont d’un groupe à l’autre au gré des besoins ; nous étudions le cas d’un groupe de six personnes, Agnès, Éloïse, Léo, Lorraine, Zinedine et Matteo ;
  • Le projet complet évalué comprend la réalisation de caricatures, l’organisation d’un débat et la rédaction d’un article de presse ;
  • Un problème se pose dans cet exemple : il est dit que l’évaluation est faite sur le projet complet mais les élèves y ont effectué des tâches différentes. Zinedine (qui devient Louis) et Agnès sont évalués en arts plastiques, tandis qu’Eloïse et Lorraine ont été évaluées sur des compétences d’oral (gestion de débat), enfin Léo et Mattéo sont évalués sur des compétences d’écrit. Cela pose au minimum la question de la pertinence de l’évaluation qui peut difficilement être présentée comme disciplinaire : chaque élève n’aura pas été évalué sur toutes les disciplines impliquées dans l’EPI.

 

 Développement durable : physique, sciences de la vie et de la terre, technologie
 

Des éoliennes en maquette
Lucas et Nora sont élèves en classe de 3e et vont s’intéresser aux éoliennes avec leurs enseignants de physique, de SVT et de technologie. Pour leur projet, Lucas et Nora doivent créer une maquette et faire un reportage vidéo sur le blog du collège.

Du cours de physique, Lucas et Nora utilisent ce qu’ils ont appris sur l’alternateur et les possibilités de production de l’électricité pour expliquer comment une éolienne produit de l’électricité. Avec quelques recherches personnelles, ils parviennent à aller plus loin et expliquer pourquoi certaines éoliennes sont plus performantes que d’autres. Du cours de SVT, le chapitre sur les énergies fossiles et énergies renouvelables qu’ils ont étudié il y a quelques semaines. Leur enseignant de technologie les accompagne dans la création d’une petite maquette représentant une éolienne. Ils ont déjà eu l’occasion en 5e et 4e d’être initiés aux démarches de conception et de modélisation numérique ; ils ont vu comment cela pouvait fonctionner sur un pont. À l’aide d’une maquette numérique, ils mettent en application leurs connaissances pour produire un modèle simple qui associe une hélice, un aimant et une bobine de cuivre qu’ils font tourner grâce à un sèche-cheveux afin d’alimenter une LED.

Lucas et Nora ont été évalués sur cette vidéo dans laquelle ils sont parvenus à expliquer de manière simple comment fonctionnaient les éoliennes et pourquoi elles pouvaient représenter une source d’énergie d’avenir.

 

Analyse de l’exemple n°3 : l’analyse de l’exemple n°2 est entièrement applicable ici.

Sources

[1] Projet d’arrêté voté lors du CSE du 10 avril 2015, Annexe 2. Contrairement à ce que peut suggérer la présentation du total 22h+4h par niveaux, les 4h ne sont pas un ajout. Il suffit d’additionner les horaires disciplinaires : on obtient bien 26 heures, parmi lesquelles : 22h sont des « cours traditionnels », 4h des EPI et de l’AP.
[2] Site de l’Education Nationale, « Collège : mieux apprendre pour mieux réussir », 1.2. : « Les projets sont évalués et inclus dans les compétences du diplôme national du brevet. »
[3] Projet d’arrêté voté lors du CSE du 10 avril 2015, Article 3, §1°) ; id. Article 5.
[4] Projet de programme pour le cycle 4, CSE, 9 avril 2015 mis à jour le 15 avril 2015, p.56.
[5] Projet d’arrêté voté lors du CSE du 10 avril 2015, Article 6, I. 2°) et 3°).
[6] Projet d’arrêté voté lors du CSE du 10 avril 2015, Article 6, II.
[7] Projet d’arrêté voté lors du CSE du 10 avril 2015, Article 3, §1°).
[8] Projet de programme pour le cycle 4, CSE, 9 avril 2015 mis à jour le 15 avril 2015, p.56.
[9]Nous renvoyons, notamment, à l’article de J. Hamel, « La pédagogie comme pivot de l’interdisciplinarité » qui pose les termes du débat tout en émettant quelques critiques et réserves ; E. Morin et J.-M. Zakhartchouk sont engagés dans la défense de l’interdisciplinarité : nous renvoyons à leurs articles et ouvrages respectifs ; le n°521 des Cahiers Pédagogiques consacre un dossier à l’interdisciplinarité dont il vante les mérites (présentation) ; parmi les détracteurs, citons L. Tourret : nous renvoyons à son récent article « La réforme du collège 2016 défend l’interdisciplinarité et c’est une aberration ». Une étude en psychologie de l’éducation intitulée « Why minimal guidance during instruction does not work » traite la question dans une perspective plus large.
[10] Projet d’arrêté voté lors du CSE du 10 avril 2015, Article 3, §2°), b
[11] Projet d’arrêté voté lors du CSE du 10 avril 2015, Article 6, II.
[12] Eduscol, F.A.Q. du collège 2016, « En quoi les EPI diffèrent-ils des IDD ? ».
[13] Projet d’arrêté voté lors du CSE du 10 avril 2015, Article 4, II.
[14] Projet d’arrêté voté lors du CSE du 10 avril 2015, Annexe 2. Cf. remarque en note [1].
[15] Projet d’arrêté voté lors du CSE du 10 avril 2015, Article 4, II.
[16] Site de l’Education Nationale, « Collège : mieux apprendre pour mieux réussir », 1.2.

 

K- L’Accompagnement Personnalisé

Au collège, les élèves ont des heures de cours et des heures où où ils sont accompagnés dans leur acquisition de nouvelles méthodes de travail.
Actuellement, ces temps sont prévus dans leur emploi du temps, en plus des heures de cours.
Ces heures concernent tous les élèves de 6e et les élèves volontaires des autres niveaux, qui travaillent en petits groupes (dans le cadre de l’accompagnement éducatif).
À la rentrée 2016, il est prévu d’augmenter le nombre d’heures d’accompagnement et de les rendre obligatoires pour tous les élèves. La seule façon de conserver des petits groupes sera d’y consacrer une partie du budget horaire du collège. Par ailleurs, ces temps d’accompagnement seront pris sur les heures de cours, et non en plus. Il reviendra donc à chaque collège de définir quelles heures de quelles matières seront transformées en temps

Comment aide-t-on les élèves actuellement ?

Il existe différents dispositifs pour aider les collégiens à progresser[1], certains se déroulent en classe entière (groupe-classe, 6e1 par exemple), certains en groupes réduits, dans tous les cas en plus des heures de cours habituelles.

Ce qui existe aujourd’hui :

  • pour le niveau 6e (pour chaque classe de 6e) : l’accompagnement personnalisé, 2 heures par semaine, qui doit permettre à l’élève d’acquérir des « méthodes pour accroître et consolider ses compétences et pour approfondir ses connaissances ». L’établissement peut cependant choisir d’utiliser une heure pour tous les élèves, (par exemple pour toute la 6e1) et une autre heure pour ceux qui ont des besoins spécifiques (par exemple avec une partie des élèves de 6e1). Il existe par ailleurs en 6e les PPRE (programme personnalisé de réussite éducative) pour aider les élèves en très grande difficulté notamment en mathématiques et en français, en petits groupes. Le collège peut recevoir une enveloppe de 36 à 72 heures à utiliser sur l’année à cette fin.
  • pour les élèves volontaires, à tous les niveaux du collège: l’accompagnement éducatif qui permet de proposer (au choix dans chaque établissement) aide aux devoirs, pratique sportive, pratique artistique et culturelle, pratique orale des langues vivantes, en général 2 heures par semaine[2].

L’accompagnement personnalisé à la rentrée 2016 (réforme du collège)

Le terme « d’accompagnement personnalisé » est repris dans les textes de la réforme du collège. Le Ministère en redéfinit les contenus et les modalités, pour l’appliquer à tous les niveaux du collège, à la place de certains cours et pas toujours en petits groupes.

L’Accompagnement Personnalisé est une aide apportée à chaque élève pour lui permettre par exemple d’acquérir des méthodes (comment bien apprendre une leçon ?), de renforcer ou d’approfondir ses connaissances[3], selon les modalités suivantes :

  • « 3 heures en sixième et au moins 1 heure en 5e, 4e et 3e
  • Tous les élèves d’un même niveau suivront le même nombre d’heures d’accompagnement personnalisé
  • Les élèves seront regroupés en fonction de leurs besoins et au sein de groupes à la composition variable tout au long de l’année (c’est-à-dire pas dans leur groupe classe) pendant l’accompagnement personnalisé.»[3]

Il est question de travailler en groupes. Précisons que ce terme de « groupe », employé seul, ne signifie pas forcément « groupe réduit », « petit groupe » ou « demi-groupe ». Ainsi, une classe A composée de 30 élèves et une classe B composée de 30 autres élèves peuvent être réorganisées en deux groupes de 30 élèves chacun, en fonction de leurs besoins : groupe 1 (15 élèves de la classe A et 15 élèves de la classe B) et groupe 2 (les 15 autres élèves de la classe A et les 15 autres élèves de la classe B).

Un détail concernant les niveaux 5e, 4e et 3e : l’établissement doit répartir au total 4 heures pour l’Accompagnement Personnalisé et les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires, dont « une à deux heures » par semaine pour l’Accompagnement Personnalisé. La répartition exacte du nombre d’heures entre AP et EPI est laissée à la libre appréciation de l’établissement[4].

L’accompagnement personnalisé à la place des cours en 2016

Le Ministère fait apparaître dans sa grille horaire que l’Accompagnement Personnalisé (ainsi que les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) ont lieu à la place de certaines heures de cours. En 6e par exemple, si l’on observe la nouvelle grille horaire communiquée par le Ministère et que l’on additionne les heures de chaque discipline, on obtient un total de 26 heures par semaine par élève. Or, il est indiqué en bas du tableau que sur ces 26h de cours, trois seront dédiées à l’accompagnement personnalisé[4] et [5]. Par ailleurs, ce temps pris sur les heures de cours concerne potentiellement n’importe quelle matière puisque « tous les enseignants peuvent assurer l’accompagnement personnalisé. Il sera alors inscrit dans leur service hebdomadaire. »[3] C’est à chaque établissement de décider de quelles matières il s’agit. La mise en place de cet Accompagnement Personnalisé correspond à ce qui était prévu par la loi de Refondation de l’école votée à l’Assemblée Nationale en juillet 2013. Cependant celle-ci ne prévoyait absolument pas de prélever l’Accompagnement Personnalisé sur les heures de cours. Ainsi, la décision de retirer aux heures de cours pour mettre en place l’Accompagnement Personnalisé n’est apparue que 2 ans plus tard, tout récemment, dans les projets de décret et d’arrêté présentés en mars 2015 par la Ministre et publiés le 19 mai 2015. Étonnamment, un autre site gouvernemental communique dans sa foire aux questions qu’« il n’y aura de baisse horaire pour aucun enseignement disciplinaire ».[6]   Cette affirmation (parfois reprise dans les médias) contredit les contenus des textes officiels publiés le 19 mai 2015. Pour tout savoir sur la nouvelle grille horaire, cliquez ici !

Pourra-t-on constituer des petits groupes pour l’accompagnement personnalisé en 2016 ?

Une base de 2h45 supplémentaires (« marge de 2h45 ») est allouée par classe pour la rentrée 2016 (3h annoncées pour 2017). Ce temps ne change rien au nombre d’heures dans l’emploi du temps de chaque élève s’il est utilisé pour travailler avec de plus petits groupes ou s’il permet à deux enseignants d’intervenir en même temps dans une classe. Par exemple, l’élève peut suivre l’Accompagnement Personnalisé en demi-groupe, au lieu d’être en classe entière. Côté élève, c’est toujours une heure, mais dans de meilleures conditions. Côté professeurs, cela coûte deux heures, puisqu’il faudra encadrer chaque demi-groupe pendant une heure, donc deux heures au total.

Rappelons tout d’abord un point très important: cette marge est crée pour favoriser le travail en petits groupes (l’arrêté du 10 avril 2015 ne précise pas quelles sont les cours qui doivent en bénéficier prioritairement), l’intervention conjointe de plusieurs professeurs dans une classe et la mise en place, sous certaines conditions, d’une option langue et culture de l’antiquité/langue et culture régionale[7]. Chaque établissement devra donc opérer des choix en déterminant ses priorités pour utiliser au mieux la marge

On remarquera que l’Accompagnement Personnalisé ne fait pas partie des temps pour lesquels la Ministre de l’Education Nationale a explicitement recommandé le travail en petits groupes. En effet, dans sa lettre aux enseignants, elle évoque des ‘ »effectifs réduits – tout particulièrement en sciences expérimentales, technologie, langues vivantes étrangères et enseignement moral et civique »[8].

Supposons tout de même que le collège souhaite proposer de l’Accompagnement Personnalisé en demi-groupes pour toutes les classes. Que resterait-il de la marge?

3 heures d’AP en demi-groupes consommeraient en 6e 109% de la marge pour les classes de 6e en 2016 (autrement dit, la marge ne suffirait pas, il faudrait la prendre sur un autre niveau) et 100% à partir de 2017 (autrement dit, la marge ne serait dédiée qu’à cela). Pour les autres niveaux (5e 4e, 3e), 1 à 2h d’AP en demi-groupes consommerait 36 à 73% de la marge pour ces classes en 2016 et 33 à 67% à partir de 2017.  Afin de réduire la consommation de la marge, plusieurs pistes sont envisageables, comme proposer l’AP en partie en classe entière. Mais mettre en place de l’AP en demi-groupe toute l’année pour tous les élèves du collège semble plus que délicat, dans la mesure où cela rognerait sur une grande partie de la marge, au détriment des autres possibilités d’utilisation.

Les heures d’Accompagnement Personnalisé ne se feront donc pas automatiquement en petits groupes. Tout ou partie de ces heures se fera très certainement en regroupements en effectifs pleins, avec les difficultés qui vont de paire: fortes contraintes d’emploi du temps pour constituer des regroupements par niveau et suivi moins « personnalisé ».

Pour mieux comprendre la marge, cliquez ici !

Que deviendront les autres dispositifs ?

Les autres dispositifs ne figurent ni dans le décret[9], ni dans l’arrêté du 19 mai 2015. Les PPRE étaient pourtant bien évoqués dans la loi pour la refondation de l’Ecole de la République parue en juillet 2013. L’Accompagnement Éducatif, quant-à lui, serait supprimé dans les collèges hors éducation prioritaire dès la rentrée 2015[10].

 

Source

[1] Circulaire n°2011-118 du 27-7-2011
[2] BO n° 25 du 19 juin 2008
[
3] Le collège 2016 : faire réussir tous les élèves – Questions/réponses, Éduscol. (pdf)
[4] arrêté du 19 mai 2015
[5] Communiqué de presse « Adoption de la réforme du collège », par Najat Vallaud-Belkacem le 10/04/2015
[6] Questions/réponses sur la nouvelle organisation du collège, Éduscol.
[7arrêté du 19 mai 2015, article 7 
[8] lettre de la Ministre aux enseignants, le 17/04/2015
[9] décret du 19 mai 2015
[10] pas de communiqué officiel de la part du Ministère à notre connaissance à ce jour, mais la suppression des moyens pour l’Accompagnement Educatif pour la rentrée 2015 a déjà été annoncée en interne par les chefs d’établissement de collèges hors éducation prioritaire.
le Télégramme, mars 2015 ;  la FCPE, janvier 2015 ;  le SE-UNSA, janvier 2015 ;  la FCPE, académie de Toulouse.

 

 

L- Structure et genèse des nouveaux programmes

I. SPÉCIFICITÉS DU PROJET DE NOUVEAUX PROGRAMMES

- Quelques observations

Ainsi qu’on l’a vu, il ne s’agit pas de nouveaux programmes, mais seulement de projets (il en va d’ailleurs de même pour la « réforme du collège » qui reste à l’état de projet, l’avis du CSE étant seulement consultatif).

Cependant du fait des faiblesses du dispositif de consultation, il est permis d’avoir quelques inquiétudes.

D’autre part il apparaît incertain que le projet de réforme du collège et celui de réforme des programmes soient totalement indépendants, et ce pour plusieurs raisons.

Ces deux projets ont été présentés de façon quasi simultanée. Ainsi le projet de réforme du collège, composé de deux projets de décrets (en fait un décret et un arrêté), a été présenté au Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE) pour avis consultatif. Les projets de programmes, quant à eux, sont le fruit du travail d’une structure indépendante du Ministère, le Conseil Supérieur des Programmes (CSP). Mais dans un cas comme dans l’autre, c’est le Ministère, et lui-seul, qui a la main : il lui suffit de signer les décrets…

Le site du ministère indique d’ailleurs que « la réforme du collège concerne simultanément les programmes, les pratiques d’enseignement et l’organisation pédagogique. » (source) En outre le CSP est saisi par la Ministre de l’Éducation et fait des propositions en réponse à sa lettre de commande. Or la deuxième lettre de commande, dédiée aux programmes (la première concernait le socle), imposait des évaluation interdisciplinaires qui évoquent les EPI de la réforme du collège, d’une part, et, d’autre part, les projets de programme du cycle 4 s’achèvent par un cahier des charges des EPI. On voit par là que les deux projets de réforme sont intimement liés.

-Projets de nouveaux programmes du CSP : les textes

Le projet de programmes du collège est consultable parmi les publications du Conseil Supérieur des Programmes. Nous les retrouvons ci-desous :

La première chose que l’on remarque, c’est la présence d’un cycle 3 à cheval sur l’école et le collège. Cela n’est pas sans poser de lourds problèmes. En effet dans la plupart des disciplines (à l’exception de l’Histoire/Géographie et des Mathématiques), la progression n’est pas précisée au sein du cycle, faute de repères annuels (voir les analyses pour chaque discipline)… Pour prendre une expression imagée, on peut avoir l’impression de devoir piocher dans un « libre-service »…

Ces projets couvrent l’ensemble des matières enseignées, sauf les suivantes : on n’y trouvera pas l’Enseignement Moral et Civique (remplaçant l’ancienne Éducation Civique) qui se trouve développé dans un texte à part, ni le latin-grec (disciplines fragilisées par le projet de réforme du collège, et pour lesquelles le CSP n’avait pas reçu de saisine du ministère s’agissant des programmes, mais il semblerait qu’il en soit désormais question).

Outre les projets de programmes eux-mêmes, le CSP a progressivement mis en ligne des ressources complémentaires (ce qu’on appelait autrefois « documents d’accompagnement) :

Pour finir, vous trouverez, sur cette page parue au Bulletin Officiel, les programmes actuellement en vigueur (mis en place en 2009 sans documents d’accompagnement).

- Principes de genèse des nouveaux programmes

Avant de présenter l’architecture générale du projet, nous synthétisons en quelques mots ce qui a été dit, dans la section dédiée, quant au CSP (la structure à l’origine des projets) et les observations apportées quant au processus de consultation prévu concernant les projets de programme. Ces projets ont en effet été rédigé sur commande de la ministre mais par une structure indépendante du ministère, le Conseil Supérieur des Programmes (CSP), en tenant compte des termes de la commande ministérielle. Par ailleurs ces projets sont soumis à consultation des enseignants, et ne sont pas définitifs dans leur forme, même si les modalités de la consultation et sa portée réelle apparaissent sujettes à caution, ainsi que nous l’avons expliqué.

Une infographie intitulée « la fabrique des programmes » synthétise le processus de genèse des programmes, sur le site du ministère, à la page du CSP.

Examinons à présent l’architecture de ces projets de programme…

II. L’ARCHITECTURE GÉNÉRALE DES NOUVEAUX PROGRAMMES

- L’architecture des cycles sur 3 années

Les projets de programmes du collège, pour toutes les autres matières, s’articulent autour de deux cycles de 3 années. Comme le collège ne couvre qu’une durée de 4 ans, nous avons un cycle 3 à cheval entre primaire et collège, soit CM1-CM2-6e. Vient ensuite le cycle 4 qui correspond aux trois dernières années du collège: 5e-4e-3e (que clôture actuellement le DNB, Diplôme National du Brevet, censé être rénové dans la foulée des programmes du collège).

La première difficulté de cette organisation des programmes en cycle de 3 ans, c’est qu’il devient indispensable aux équipes enseignantes de se concerter avec soin sur les 3 années du cycle pour s’assurer la cohérence de l’enseignement dispensé. A l’inverse, jusqu’à aujourd’hui, il « suffisait » aux équipes de traiter le programme annuel : la cohérence de chaque programme annuel au sein du collège était en effet prise en charge dans la conception même des programmes…

Ainsi qu’il a été dit, le cycle 3 présente la particularité d’être « à cheval » sur le primaire et le collège. L’idée peut sembler séduisante pour améliorer la liaison école/collège, c’est d’ailleurs l’intention affichée dans la loi de refondation de l’école, c’est aussi le rôle assigné au fameux CEC (Conseil école/collège). Cependant des buts affichés à la réalisation concrète, il y a parfois un gouffre.

Ainsi, dans les faits, des collèges à cheval sur deux secteurs peuvent voir leur population de 6e alimentée par 7 écoles primaires! Dans ces conditions on peut douter des possibilités même d’une concertation efficace pour construire une progression pertinente des apprentissages du CM1 à la 6e…

On l’a compris, tout ceci rend d’autant plus essentiel une construction cohérente du programme de cycle 3. Qu’en est-il s’agissant du français ?

Cela est d’autant plus problématique que les concepteurs des nouveaux programmes ont fait le choix particulièrement surprenant de n’indiquer aucun repère annuel dans la grande majorité des disciplines (sauf pour l’Histoire-Géographie, notamment)… Pire encore, dans certaines disciplines, s’agissant du cycle 3, on observe la disparition pure et simple d’un programme spécifique en classe de 6e.  Ainsi, si nous prenons l’exemple du français en 6e, les professeurs ne déplorent pas seulement la disparition de repères annuels (pour déterminer ce qui serait abordé en CM1, ce qui sera étudié en CM2, ce qui serait approfondi en 6e) mais l’absence de tout programme de littérature : plus aucune oeuvre, aucun auteur, aucune époque, ne sont spécifiés (Rappel : les programmes actuels de français proposent aux élèves de 6e de lire et étudier les contes et les textes fondateurs, légendes de la mythologie, etc.)

- La structure en 3 volets des projets de programmes

Le préambule des programmes explicite le choix d’une structure « tripartite » (en parties). Voici ses trois volets :

  1. Le volet 1 « présente synthétiquement les principaux enjeux et objectifs de formation du cycle, dans la perspective globale de la scolarité obligatoire et de l’acquisition progressive de la culture commune définie par le socle commun »
  2. Le volet 2 « rassemble les contributions des champs disciplinaires ou disciplines [c'est-à-dire des différentes matières] à l’acquisition des 5 domaines (1) de formation du socle commun, sous la forme d’un tableau ne retenant que la part essentielle de ces contributions »
  3. Le volet 3 « précise, par champ disciplinaire ou discipline, les niveaux de maîtrise attendus à la fin du cycle, les compétences et connaissances à acquérir et mobiliser,[mais aussi] des pistes de méthodes, de démarches et d’outils auxquels les enseignants peuvent recourir, des repères de progressivité pour organiser la formation des élèves durant les trois années du cycle. » (il est toutefois précisé par la suite que « les projets de programmes n’entrent pas dans le détail des pratiques de classe, des démarches des enseignants [qu'ils] laissent [libres] d’apprécier comment atteindre au mieux les objectifs des programmes en fonction des situations réelles qu’ils rencontrent dans l’exercice quotidien de leur profession. » )

- Rappel : le socle et ses 5 « domaines de formation »

Dans la mesure où ces projets de programmes s’articulent explicitement avec le Socle Commun de Connaissances, de Compétences et de Culture (alias « S4C » ou plus simplement « socle » !), texte réglementaire effectivement adopté, il n’est pas inopportun de rappeler les 5 domaines de formation de ce nouveau socle, sachant que les élèves devraient valider l’ensemble des 5 domaines au sortir de leur scolarité obligatoire, sans compensation possible entre les différents domaines.

Même si chaque discipline (chaque matière) est censée participer à chacun des 5 domaines, il apparaît que le français devrait concerner plus spécifiquement le 1er et le 5e domaine, encore qu’il ne faille pas négliger sa contribution en méthodologie et au domaine civique par la formation de l’esprit critique :

  1. « Les langages pour penser et communiquer » : c’est dans ce domaine que l’on trouve, premier parmi d’autres langages, l’apprentissage de la langue française. Il est précisé dans le décret qu’à l’intérieur même de ce domaine, il n’y a pas de compensation possible entre les différents « langages ». En clair un collégien ne pourrait compenser une absence de maîtrise de la langue française par la maîtrise du langage du corps ou des langages informatiques.
  2. « Les méthodes et outils pour apprendre. »
  3. « La formation de la personne et du citoyen. »
  4. « Les systèmes naturels et les systèmes techniques. »
  5. « Les représentations du monde et l’activité humaine » : ce domaine consacré, à la compréhension des sociétés dans le temps et dans l’espace, s’intéresse à la culture en général. On peut envisager que la dimension culturelle du matériau littéraire tienne une place importante ici.

Pour approfondir cette question, vous trouverez une partie dédiée au Socle Commun de Connaissances, de Compétences et de Culture dans la partie textes officiels. Avant de poursuivre votre examen des projets de programmes discipline par discipline, nous vous proposons quelques réflexions sur la consultation qui s’ouvre au sujet des projets de programmes du CSP.

III. QU’ATTENDRE DE LA CONSULTATION QUI S’OUVRE LE 11 MAI ?

- Enjeux et limites :

Ainsi que le précise le CSP, en préambule à ses projets de programmes, ceux-ci sont soumis à consultation :

« La consultation sur les nouveaux programmes
Le Conseil souhaite insister sur le fait que les projets de programmes de cycle soumis à consultation constituent une première proposition, une préfiguration qui nécessite encore d’être travaillée. Ils seront réexaminés et amendés suite aux avis et propositions recueillis durant la phase de consultation, comme l’a été le projet de programme pour l’école maternelle. Aux yeux du Conseil, la consultation nationale constitue en effet une étape à part entière dans le processus d’élaboration des programmes, et non une simple formalité qui ne conduirait qu’à des changements à la marge. Une vaste participation à cette consultation et des retours qualitatifs à la fois précis et argumentés permettront d’autant mieux au Conseil supérieur des programmes de mener à bien la mission qui lui a été confiée en proposant un projet d’enseignement et de formation qui soit compris, partagé et porté par tous.Conscient des difficultés rencontrées par les enseignants dans la mise en oeuvre des programmes actuellement en vigueur, notamment à l’école élémentaire, le Conseil a tout particulièrement besoin de recueillir des informations et avis sur les points suivants :
- l’adéquation entre les ambitions affichées par les projets de programmes, le cadre horaire disponible pour les mettre en oeuvre et l’âge et les capacités des élèves ;
- le niveau d’exigence des attendus de fin de cycle ;
- la continuité des apprentissages entre les cycles ;
- la lisibilité des projets ;
- la pertinence des contenus d’enseignement proposés au regard des objectifs du socle commun de connaissances, de compétences et de culture. »

Les intentions sont excellentes, et l’on ne peut que regretter que les conditions d’une consultation sérieuse soient loin d’être réunies :

  • Procédure de consultation non sécurisée : il est possible de se connecter sans passer par l’adresse mail professionnelle… Ainsi n’importe qui peut se prononcer en se présentant comme enseignant et dans n’importe quelle discipline !
  • Un questionnaire qui est exactement le même quelle que soit la discipline (d’ailleurs le questionnaire ne demande à aucun moment si l’on se prononce pour telle ou telle discipline, il est seulement demandé lors de l’inscription la discipline enseignée par celui qui s’apprête à répondre). Remarque : Cela montre d’ailleurs que la conception même des programmes s’est bâtie sur le présupposé qu’une structure unique serait pertinente pour toutes les disciplines. Un tel présupposé peut au minimum être questionné.)
  • Un questionnaire rigide (pas d’enregistrement partiel) et passe-partout.
  • Questionnaires fermés : l’essentiel porte sur la logique interne du projet, il est impossible de se prononcer sur les contenus enseignés en eux-mêmes. Les rares espaces d’expression personnelle ne pourront donner lieu qu’à un traitement statistique automatisé très sommaire (de type nuage de mots en fonction de leur fréquence d’apparition).
  • Précédent des consultations antérieures peu concluantes
  • Absence de temps de concertation pour les équipes disciplinaires
  • Période de l’année peu favorable pour les enseignants (programme à boucler, examen du DNB, épreuve d’Histoire des Arts, etc.)

Par ailleurs, à l’heure où débute la consultation des personnels, le président du CSP se multiplie en annonces de consultations parallèles d’associations disciplinaires, etc.

Ces initiatives sont louables mais n’auraient-elles pas dû précéder la consultation de l’ensemble des personnels, pour les éclairer ? Comment se fera la synthèse entre ces consultations parallèles ? On a l’impression que le CSP (que son précédent président considérait comme sous-dimensionné) a été contraint de travailler dans l’urgence, ce qui n’est pas la meilleure garantie pour réaliser un travail de qualité…

- Des faits : retour sur les précédentes consultations

Consultation sur le Socle commun : synthèse du Ministère

Les modalités de la consultation (source) :

« La consultation s’est déroulée pendant une période de 4 semaines ouvrables, du 22 septembre au 22 octobre 2014. »
Une réflexion collective a été organisée dans les écoles et les collèges, sous l’égide des IEN et des chefs d’établissement. Elle a permis aux personnels de s’approprier les enjeux du texte, d’échanger et de stimuler leur réflexion. Une
Aide à l’animation des échanges sur le socle commun a été élaborée par la DGESCO. Les personnels de l’éducation nationale ont pu faire remonter leur avis via le questionnaire individuel en ligne comprenant :
- un tronc commun destiné à tous ;
- une partie facultative, pour celles et ceux qui souhaitaient donner un avis plus détaillé sur les cinq domaines de formation.
Les personnels des lycées d’enseignement général, technologique et professionnel ont pu aussi participer à cette phase de consultation. »

Quelques remarques :

Pour cette consultation le Ministère a instauré une demi-journée banalisée pour la concertation des équipes, les élèves de collège étant libérés un mercredi matin.

Cela a permis une réelle concertation des équipes, et la participation d’un grand nombre d’enseignants : « 173 984 personnes (dont 136 708 appartenant à la cible principale de la consultation, constituée des enseignants du 1er degré et du 2nd degré hors lycée) ont cliqué sur le lien et ont répondu à des degrés divers au questionnaire. »

Cependant le déroulement de la concertation n’a pas été exempt de difficultés :

- Les personnels de l’académie de Créteil n’ont pas bénéficié de la demi-journée banalisée en raison d’un recourt au tribunal administratif engagé par la FCPE du 93. Le tribunal administratif a donné raison à la FCPE en droit, mais on peut regretter que la FCPE du 93 n’ait pas perçu l’intérêt pédagogique de la participation à la consultation des enseignants de l’académie où se concentrent les difficultés scolaires, d’autant que cela a produit une distorsion des résultats.

- Aucun temps de concertation n’a été prévu en lycée alors que le socle a nécessairement des répercussions en lycée.

- Aucune remontée des synthèses d’établissement n’a été prévue. Dans les faits les seuls synthèses remontées sont celles recueillies par les organisations syndicales.

- Le questionnaire a été conçu par la DGESCO sans concertation : on peut le regretter car cela limite d’emblée sa portée.

- Les aménagements apportés au texte par le Ministère n’ont pas toujours respecté les modifications apportées par le CSP suite à la consultation.

Consultation sur les nouveaux programmes de maternelle : synthèse du Ministère

Les modalités de la consultation (source) :

« La consultation s’est déroulée du 22 septembre au 18 octobre 2014.
Une réflexion collective a été organisée dans les écoles maternelles, sous l’égide des inspecteurs de l’éducation nationale et des directeurs d’école. Une demi-journée banalisée spécifique a été organisée pour cette réflexion collective. Les équipes pédagogiques ont pu profiter de ce temps commun pour la consultation sur le socle commun à laquelle elles ont bien sûr été associées.
La consultation sur le projet de programme s’est faite à partir d’une trame de questions élaborée par la DGESCO.
Recueil des avis des personnels consultés

Le questionnaire comportait à la fois :

- des questions « ouvertes », permettant de formuler des avis étayés et de faire état, éventuellement, de propositions ;
- -des questions « fermées » qui permettaient une mesure nuancée du niveau d’adhésion des personnels. Elles pouvaient être accompagnées d’observations complémentaires.

Celles et ceux qui le souhaitaient pouvaient en outre apporter une contribution en parallèle de la consultation menée dans les écoles. »

Quelques remarques :

Pour cette consultation le Ministère a instauré une demi-journée banalisée pour la concertation des équipes, les élèves de collège étant libérés un mercredi matin. Contrairement à ce qui s’est passé pour le socle, il n’y a pas eu de recours de fédérations de parents car ce temps de concertation a pu prendre place sur les journées prévues pour la formation des enseignants du premier degré. Les enseignants du second degré ne bénéficient pas d’un tel dispositif, toutefois la nouvelle version du calendrier scolaire adopté par le Ministère (par ailleurs, pas exempte de critiques) prévoit deux demi journées pour concertation. Cependant il sera trop tard l’an prochain pour les nouveaux programmes car un délai d’un an est obligatoire pour permettre aux éditeurs de concevoir des manuels).

La DGESCO avait élaboré un document pour guider la réflexion.

La consultation sur les nouveaux programmes de primaire (également proposés par le CSP) a permis une consultation assez large :

« La DGESCO a reçu les synthèses de 97 départements représentant les avis de près de 90 000 enseignants. Les enseignants de maternelle des établissements français à l’étranger, au sein de l’Agence française pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), ont également participé à la consultation : les contributions élaborées par les inspecteurs de douze zones géographiques ont été envoyées au ministère. Elles condensent les avis et suggestions de plus de 1 900 enseignants.« 

Là encore, le déroulement de la concertation n’a pas été exempt de difficultés :

- Aucun temps de concertation n’a été prévu en école élémentaire (CP-CE1 à CM2) alors que le programme de maternelle a nécessairement des répercussions sur la suite (notamment le CP)

  • Une remontée par les Inspecteurs (IEN) a bien été mise en place (outre celles recueillies par les organisations syndicales) : on peut se demander si les équipes enseignante avaient vraiment leur « liberté de parole » en présence des IEN, leurs supérieurs hiérarchiques directs par ailleurs chargés d’évaluer l’enseignement dispensé par les professeurs d’école (avec répercussion sur la déroulement de carrière et la rémunération…)
  • Le questionnaire a été conçu par la DGESCO sans concertation : on peut le regretter car cela limite d’emblée sa portée.

Malgré tout, le résultat de la concertation semble (à notre connaissance) avoir fait l’objet d’un relatif consensus.

Consultation sur l’Enseignement Moral et Civique (EMC) : synthèse du Ministère

Les modalités de la consultation (source) :

La synthèse rappelle d’abord le contexte particulier (poste attentats de début janvier 2015) dans lequel s’est déroulée cette consultation décidée très en amont (l’EMC étant la concrétisation du souhait de Vincent Peillon d’introduire une forme de morale laïque dans les enseignements) :

« La consultation sur les projets de programmes d’EMC s’est déroulée du 5 au 30 janvier 2015 dans un contexte particulier marqué par une mobilisation nationale inédite autour de la laïcité et de la transmission des valeurs de la République. Cette mobilisation, porteuse d’une exigence vis-à-vis de l’ensemble de la société et singulièrement de l’École, a trouvé un écho dans le cadre de cette consultation en raison même de l’objet qui était le sien : des programmes fondés sur les principes et les valeurs de la République et de la démocratie. Les remontées de la consultation nationale n’ont pas manqué de souligner l’importance d’un nouvel enseignement devenu encore plus impérieux dans ce contexte. »

« La consultation s’est déroulée en académie sous l’autorité des recteurs pendant une période de quatre semaines. Dans le premier degré, elle a été menée dans chaque département sous l’impulsion des inspecteurs d’académie, directeurs académiques des services de l’éducation nationale et des inspecteurs de l’éducation nationale chargés de circonscription du premier degré. Dans le second degré, les chefs d’établissement des collèges, lycées généraux, technologiques et professionnels ont été invités à transmettre à l’échelon académique les avis et les propositions des personnels sur les projets de programmes après consultation du conseil pédagogique. Les établissements relevant de l’enseignement privé sous contrat ont également participé à cette phase de consultation. Les IEN du premier degré, les IEN des enseignements généraux, techniques et professionnels et les IA-IPR ont, enfin, été invités à proposer une contribution collective »

Quelques remarques :

Pour cette consultation le Ministère aucun temps banalisé n’a été prévu. La consultation a pris la forme d’une remontée pyramidale particulièrement hiérarchisée et par là-même sujette à caution (les IEN et IA-IPR évaluant respectivement l’enseignement dispensé par les professeur des écoles et des collèges et lycées (avec des conséquences sur la carrière et les rémunérations).

Là encore la DGESCO a été mise à contribution pour élaborer une trame de questions « très ouvertes ». Saut que ce document n’a pas toujours été transmis aux enseignants du fait de défaillances dans la chaîne de transmission (ainsi cela n’a pas été fait pour l’un des 22 membres de l’équipe).

Pour assurer une plus grande pluralité, le Conseil de la Vie Lycéenne a également été sollicité sur le sujet, de même que les associations disciplinaires et les organisations représentatives. Nous vous renvoyons notamment aux conclusions de l’enquête réalisée par l’Association des Professeurs d’Histoire et géographie (APHG), suite aux attentats survenus en région parisienne en janvier 2015.

Pour plus de précisions sur les conclusions de la consultation proposée par le Ministère, nous vous renvoyons aux pages 6 et 7 (numérotées 7 et 8) de la synthèse du Ministère.

Consultation sur le numérique :

La présentation des résultats de cette consultation a eu lieu le 7 mai 2015, aux Mureaux, en présence du président de la République et de la ministre. Cette « grande concertation nationale sur le numérique pour l’éducation, organisée par [le] ministère, (…) s’est déroulée entre le 20 janvier au 9 mars 2015, (…) plus de 60 000 personnes [y] ont contribué, en ligne, ou en participant à 150 rencontres académiques. » (source).

Ses résultats sont accessibles dans cette synthèse du ministère. Il est notamment indiqué que « La richesse des retours tient d’abord à la diversité et à la complémentarité des modalités de contributions : 51 000 questionnaires ont été renseignés par une diversité d’acteurs ; 150 rencontres académiques ont réuni plus de 10 000 personnes dans les territoires ; 600 personnes ont dialogué sur le forum de la concertation (1 116 contributions ; le site de la concertation a été visité 171 000 fois, plus de 10 000 votes ont été enregistrés). » 

La répartition des acteurs est la suivante :
• 11% d’élèves
• 24,5% de familles ou partenaires
• 46,2% d’enseignants
• 15,5 % personnels de l’éducation nationale

Les enseignants seront donc ravis d’apprendre qu’ils ne sont visiblement pas « des personnels de l’éducation nationale ». Cette maladresse ministérielle mise de côté, on observe que les enseignants se sont, en proportion, sentis concernés par l’enquête. Ceci devrait nuancer le portrait du monde enseignant « forcément » rétrograde qui est parfois véhiculé.

Conférence sur l’évaluation

Il s’agissait d’une conférence « fermée », dont les membres avaient été choisi par le Ministère, de même que les choix d’intervenants (même si l’envoi de contributions écrites était possible). Voici la composition du jury :

« Le Jury est composé de 4 enseignants du premier degré, 4 enseignants du second degré, 2 chefs d’établissement, 4 inspecteurs du ministère de l’Education nationale, 1 responsable académique des services d’orientation, 9 parents d’élèves, 2 étudiants, 1 lycéen et 3 représentants du monde associatif et des partenaires de l’école. »

Le chercheur Etienne Klein, physicien du CEA (Commissariat à l’énergie Atomique), s’est vu confier la présidence du jury. Les conclusions de cette conférence (dont la neutralité a été contestée) n’ont finalement donné lieu à aucune décision. C’est qu’entretemps les attentats de janvier avaient affecté l’opinion publique, des enquêtes d’opinion soulignant la demande de fermeté, d’autorité. Le gouvernement a semble-t-il jugé inopportun de remettre en question la notation dans un tel contexte sur la base d’un conférence aux orientations très marquées (s’agissant des intervenants comme du jury). Il convient de noter qu’il ne s’agissait aucunement d’une « conférence de consensus » (comme cela a pu parfois être dit). Malgré tout il n’est pas inintéressant de consulter les travaux de cette conférence, notamment ce qui a trait aux différents biais d’évaluation (qui rendent nécessaire l’anonymat des travaux évalués, au moins aux examens)…

IV- Le CSP : son rôle, ses missions

Avant de présenter la genèse et la structure d’ensemble des projets de nouveaux programmes, il est indispensable de s’intéresser au Conseil Supérieur des Programmes (CSP) , puisque le CSP est, stricto sensu, l’auteur de ces projets controversés…

- Qu’est-ce que le CSP ?

« Le Conseil supérieur des programmes [CSP] est une instance indépendante placée auprès du ministre de l’éducation nationale, qui doit offrir les garanties scientifiques nécessaires pour émettre des avis et formuler des propositions dans ses champs de compétences. Il est ouvert à la représentation nationale et sociale en raison de l’importance de ses missions. Il est composé, à parité, de 9 femmes et de 9 hommes. » (site du Ministère)

Dans le détail, le Conseil supérieur des programmes réunit : « trois députés, trois sénateurs, deux représentants du Conseil économique social et environnemental (Cese), [ainsi que] dix personnalités qualifiées » (« nommées par le ministre de l’éducation nationale pour leur excellence dans leur domaine et leur connaissance du système éducatif »). Le ministre désigne également un président et un vice-président. Le Président du CSP nommé par Vincent Peillon, l’ancien recteur Alain Boissinot, a démissionné en juin 2014 (il estimait notamment que le CSP était sous-dimensionné par rapport à ses missions). Il a alors été remplacé par Michel Lussault, un universitaire (géographe). La présentation des 20 membres du CSP est accessible sur la page du Ministère.

 

- Rôle et missions du CSP

Le site du Ministère définit ainsi le rôle et les missions du CSP : « La loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République a institué le Conseil supérieur des programmes. Ce dernier est appelé à donner des avis et formuler des propositions soit à la demande de la Ministre, soit en se saisissant d’une question qui relève de ses compétences. Ses avis et propositions sont rendus publics. Le CSP réunit des universitaires, des chercheurs, des spécialistes du système éducatif et des représentants élus de la Nation et de la société. »

Ainsi, le CSP n’est pas uniquement une instance de consultation (sur les projets du Ministère), mais une structure chargée de proposer des projets (que le Ministère aura la charge de faire adopter par décret).

« Le Conseil supérieur des programmes répond :

  • à une demande de transparence dans le processus d’élaboration des programmes d’enseignement.
  • à un besoin de cohérence entre les contenus dispensés, le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, les évaluations et la formation des enseignants. »

La demande de transparence correspondait à une demande des personnels (enseignants) et de leurs organisations représentatives. En effet, les programmes actuellement en vigueur, depuis 2009, ont été établis par l’Inspection Générale de l’Éducation Nationale, sans qu’aucune structure n’ait permis un dialogue durant la phase d’élaboration. Notons que cela ne remettait pas nécessairement en cause leurs contenus, mais bien les modalités de conception. Le problème des programmes d’Histoire-Géographie réputés infaisables (en tout cas trop lourds) avait donc conduit à la demande d’une élaboration davantage concertée.

- Champ de compétences et limites du CSP

Le CSP « émet des avis et formule des propositions sur :

1. la conception générale des enseignements dispensés aux élèves des écoles, des collèges et des lycées, et l’introduction du numérique dans les méthodes pédagogiques et la construction des savoirs [c'est à dire les programmes].

2. le contenu du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, et des programmes scolaires, en veillant à leur cohérence et à leur articulation en cycles, ainsi que les modalités de validation de l’acquisition de ce socle.

3. la nature et le contenu des épreuves des examens conduisant aux diplômes nationaux de l’enseignement du second degré et du baccalauréat, ainsi que les possibilités d’adaptation et d’aménagement de ces épreuves pour les élèves présentant un handicap ou un trouble de la santé invalidant.

4. la nature et le contenu des épreuves des concours de recrutement d’enseignants des premier et second degrés, les possibilités d’adaptation et d’aménagement de ces épreuves pour les candidats présentant un handicap ou un trouble de la santé invalidant, ainsi que les objectifs et la conception générale de la formation initiale et continue des enseignants. »

On le voit, les attributions du CSP sont très larges et prévoient jusqu’à la définition des épreuves d’examen (ce qui semble plutôt cohérent) et même celle des concours de recrutement des enseignants, ainsi que la conception de leur formation initiale et continue !

« Le Conseil supérieur des programmes travaille sur saisine du ministre chargé de l’éducation nationale. Il lui est également possible de se saisir de toute question relevant de sa compétence. »

Cette particularité rend caduque l’objection apportée par le président du CSP, Michel Lussault, lorsque les promoteurs du latin ont déploré l’absence de programme de Langues Anciennes (Michel Lussault opposait que le CSP n’avait pas été saisi de cette demande par le Ministère…)

« Pour l’exercice des missions qui lui sont confiées, [le CSP] peut mettre en place des groupes d’experts, dont il choisit les membres selon leurs compétences. »

Ainsi, des groupes d’experts disciplinaires (d’une matière spécifique) et/ou interdisciplinaires ont été constitués pour l’élaboration de chaque projet de programme. La composition de ces groupes a toutefois suscité des critiques qui ne semblent pas infondées : pour ne prendre qu’un exemple, le groupe d’experts chargé de l’élaboration des programmes de français ne comportait aucun enseignant de français du 2nd degré en activité !

Il convient pour finir de se souvenir que le travail du CSP répond à une commande du ministère. Ainsi une première lettre de commande spécifiait les attentes du ministère concernant le Socle commun, tandis qu’une deuxième lettre de commande (téléchargeable ici) orientait les travaux du CSP concernant les projets de nouveaux programmes.

Remarque : Le CSP a reçu une troisième et dernière lettre de commande le 13 mai 2015. Suite aux demandes inlassables des promoteurs de langues anciennes, la ministre somme le CSP de réfléchir à une intégration de l’enseignement des Langues et cultures de l’Antiquité à travers 3 dispositifs éclatés : au sein de l’enseignement disciplinaire de français et d’histoire, au sein du thème « Langues et Culture de l’Antiquité » en EPI, enfin le fameux « enseignement de complément » (fantôme ?) de latin/grec. Ces aspects spécifiques sont développés dans la partie dédiée au Nouveau Programme de Langue et culture de l’Antiquité de la présente section.

N- Enseignement moral et civique

L’Enseignement moral et civique (EMC) remplace l’Education civique dès la rentrée de septembre 2015, à tous les niveaux de primaire, de collège et de lycée.

1. Présentation de l’Enseignement moral et civique

 

L’Enseignement moral et civique et l’Education civique ont de nombreux points communs, notamment au niveau de leurs objectifs et de leurs contenus.

Mais ces matières diffèrent par leur organisation, qui s’inscrit clairement pour l’EMC dans le cadre de la réforme du collège :

  • l’EMC convoque plusieurs matières (interdisciplinarité)
  • les élèves travaillent en coopération et mènent des projets
  • l’EMC peut participer aux Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI)
  • l’EMC est considéré par le Ministère de l’Education nationale comme une matière prioritaire pour le travail en groupes à effectifs réduits (« le renforcement des marges heures professeurs favorisera le travail en groupes à effectifs réduits – tout particulièrement en sciences expérimentales, technologie, langues vivantes étrangères et enseignement moral et civique – et les interventions conjointes de plusieurs enseignants », lettre de N. Vallaud-Belkacem aux enseignants, le 17 avril 2015).

L’objectif de l’EMC est présenté dans la loi de refondation de l’Ecole de la République, publiée en juillet 2013 : il s’agit de « permettre aux élèves d’acquérir et de comprendre l’exigence du respect de la personne, de ses origines et de ses différences, mais aussi l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que les fondements et le sens de la laïcité, qui est l’une des valeurs républicaines fondamentales » et de contribuer « à former des esprits libres et responsables, aptes à se forger un sens critique et à adopter un comportement réfléchi et empreint de tolérance.»

2. Les textes

Le programme d’Enseignement moral et civique des cycles 2, 3 et 4 a été publié au Bulletin Officiel du 25 juin 2015.

Le projet de programme avait été publié en juillet 2014. Il est téléchargeable sur le site d’Éduscol (cycle 3 à partir de la page 9, cycle 4 à partir de la page 13).

3. Les horaires

Le programme d’Enseignement moral et civique fait de l’EMC une matière enseignée dans deux temps différents :

  • « un horaire spécialement dédié », assuré par le professeur d’Histoire-Géographie (point 6 des Principes Généraux dans l’Annexe du programme publié au BO le 25 juin 2015)
  • des travaux interdisciplinaires, sans horaire dédié (même document, introduction au cycle 3 page 9, introduction au cycle 4 page 13).

L‘arrêté du 12 juin 2015, publié au Journal Officiel le 21 juin, réglemente le volume de l’horaire dédié d’EMC :

  • en 6e, l’Histoire-Géographie se voit attribuer 2h30, l’EMC 0h30 par semaine
  • en 5e et 4e, l’Histoire-Géographie-EMC représente 3h par semaine
  • en 3e, l’Histoire-Géographie-EMC dispose de 3h30 par semaine.

Ces dispositions sont les mêmes que dans les textes actuellement en vigueur (0h30 d’EMC en 6e, horaire non défini en 5e, 4e et 3e).

L’Inspection générale d’Histoire-Géographie demande aujourd’hui aux enseignants de « respecter la parité entre Histoire et Géographie et consacrer à l’Éducation civique le temps nécessaire au traitement intégral du programme » (document de travail de l’inspection générale d’Histoire-Géographie, page 4, point 2.1). On peut penser que cette recommandation restera d’actualité au cycle 4.

4. Le contenu

4.1. Un contenu défini par cycles

Le programme d’Enseignement moral et civique est un programme cyclique.

Il revient donc à chaque établissement de construire une progression des thèmes et des compétences au cours du cycle. Pour le cycle 3, cela requiert la mise en place d’une progression commune à tous les établissements (écoles, collège(s)) d’un même secteur. Concrètement, les professeurs du ou des collège(s) et les professeurs des écoles d’un même secteur devront se réunir afin de s’accorder sur cette progression. Il est à noter que certains collèges reçoivent des élèves en provenance d’écoles de plusieurs secteurs : comment organiser la concertation dans ce contexte ? Par ailleurs, le programme définitif de l’EMC n’a été publié qu’en juin 2015, alors qu’il entre en vigueur en septembre 2015 : les équipes ne peuvent pas commencer ce travail conséquent alors qu’une progression détaillée sur 3 ans devrait être prête avant la fin de cette année scolaire.

4.2. Un programme établi autour de 4 grands axes

Les programmes des cycles 3 et 4 prévoient chacun un travail autour de 4 mêmes axes :

  • « La sensibilité : soi et les autres » (connaissance de soi, respect des différences, maîtrise des règles de la communication… en cycle 3 ; identité personnelle et légale, addictions… en cycle 4)
  • « Le droit et la règle : des principes pour vivre avec les autres » (droits et devoirs, discrimination, loi, institutions, justice…)
  • « Le jugement : penser par soi-même et avec les autres » (jugement critique face à l’information, intérêt personnel et intérêt général, laïcité, paix et guerres…)
  • « L’engagement : agir individuellement et collectivement » (solidarité, code de la route, journée de défense et de citoyenneté…).

4.3. Un enseignement interdisciplinaire

L’EMC doit être mis en œuvre dans un horaire dédié et dans des travaux interdisciplinaires, et repose sur une diversité des intervenants et des démarches (programme d’Enseignement moral et civique, points 6 et 8 des Principes Généraux, en Annexe).

En effet, le programme d’Enseignement moral et civique stipule que cette discipline est liée à tous les autres enseignements ainsi qu’à la vie scolaire (programme d’Enseignement moral et civique, point 6 des Principes Généraux, en Annexe).

Actuellement, l’Éducation civique est parfois « sacrifiée » afin de pouvoir terminer des programmes d’Histoire et de Géographie lourds. L’horaire dédié d’EMC et la multiplication des intervenants visent à empêcher cette situation. Il est donc prévu que cet enseignement ne repose pas systématiquement sur le professeur d’Histoire-Géographie : tous les enseignants pourront participer à l’EMC dans le cadre de travaux interdisciplinaires.  Il a été décidé que l’horaire dédié d’Enseignement moral et civique serait systématiquement confié aux professeurs d’Histoire-Géographie pour l’année scolaire 2015-2016. Le projet de programme prévoyait une formation (initiale, continue, ou via les technologies de l’information et de la communication) à destination des adultes chargés de l’EMC, notamment les professeurs principaux et les personnels d’éducation (page 18 du projet de programme). Le programme publié en juin 2015 n’évoque plus la formation. Pourtant, les exemples de pratiques en classe cités par le programme pour les cycles 3 et 4 convoquent par exemple le Français (expression littéraire de l’inégalité et de l’injustice), l’EPS (respect du corps entre filles et garçons), la Géographie et les SVT (les risques naturels), le professeur principal (travail sur le règlement intérieur), la vie scolaire (intervention du CPE au sujet de la médiation scolaire) (programme d’Enseignement moral et civique)…

4.4. Les démarches recommandées pour la mise en oeuvre du programme

Le programme définit l’Enseignement moral et civique comme une matière qui doit relier les savoirs, les valeurs et les pratiques. Il insiste sur l’importance de l’expression orale et écrite, ainsi que sur la mémorisation.

5. De nombreuses incertitudes à quelques semaines de l’entrée en application de l’Enseignement moral et civique

Le programme d’Enseignement moral et civique ne semble pas encore fonctionnel alors qu’il doit entrer en application en septembre 2015 :

  • ce programme présente une organisation en colonnes qui regroupent des éléments nombreux, disparates et pas toujours liés entre eux (les éléments qui sont inscrits sur une même ligne ne sont pas liés) : il risque d’être difficile d’organiser une programmation cohérente sur un cycle de 3 ans.
  • les intitulés des 4 grands axes et certains sujets d’étude sont les mêmes en cycle 3 et en cycle 4 : il risque d’y avoir redondance.
  • le programme ayant été publié tardivement (25 juin 2015), il sera difficile pour les enseignants de construire une progression complète et cohérente avant la rentrée 2015, tant pour l’horaire dédié que pour l’horaire interdisciplinaire, d’autant plus que l’élaboration de cette progression nécessite des réunions entre enseignants de primaire et de collège pour le cycle 3, entre enseignants d’Histoire-Géographie de 5e, 4e et 3e pour le cycle 4, et entre enseignants de toutes disciplines pour tous les niveaux de collège. Il est pourtant nécessaire, dans le cadre de programmes de cycle, de répartir les sujets entre les différents niveaux de classe avant d’en commencer l’étude. Il est également à noter qu’en raison de la publication tardive du programme, les manuels scolaires ne sont pas finalisés.
  • l’EMC réclame la participation d’intervenants variés, mais qui sont-ils : des professeurs volontaires, désignés, de quelles disciplines ? les réserves citoyennes, un temps évoquées, qui devraient être formées de volontaires recensés dans chaque académie ? comment ces personnes, enseignantes ou non, seront-elles formées à cet enseignement qui aborde des sujets sensibles ? comment coordonner efficacement cet enseignement si les intervenants sont nombreux ? Une organisation trop complexe de l’EMC, une dilution de cet enseignement, risqueraient de nuire à cette matière elle-même.
  • les modalités de l’évaluation de l’EMC ont été éclaircies en juin : si le projet de programme stipulait que « L’évaluation fera l’objet d’une proposition ultérieure » (page 17), le programme publié le 25 juin 2015 précise que « Le caractère spécifique de l’enseignement moral et civique suppose la valorisation du travail en groupe ainsi que le recours à des  travaux interdisciplinaires ; cet enseignement fait l’objet d’une évaluation qui porte sur des connaissances et des compétences mises en œuvre dans des activités personnelles ou collectives et non sur le comportement de l’élève » (point 8 des Principes Généraux, en Annexe).
  • malgré ces éclairages, on ignore comment l’EMC sera évalué au Diplôme National du Brevet : pourra-t-on l’évaluer selon les mêmes modalités que l’Education civique aujourd’hui, alors que l’on demande aux enseignants de changer leurs pratiques en classe ? sur quels contenus pourra-t-on évaluer les élèves, étant donné qu’il n’y a plus de « programme de 3e »  (puisqu’il revient désormais aux professeurs de déterminer les sujets qui sont étudiés à chaque niveau de classe ) ? comment préparer les élèves à une épreuve dont les modalités ne sont pas définies au début de l’année scolaire ?

N- Nouveau programme d’Histoire Géographie

L’importance de l’Histoire et de l’Éducation civique dans la formation des citoyens a été rappelée après les attentats du mois de janvier en région parisienne.

La FAQ d’Éduscol (page 23) signale que plus de 40% du temps de la grille horaire sont consacrés à trois disciplines : le Français, les Mathématiques et l’Histoire-Géographie.

Elle précise toutefois que le renforcement des fondamentaux ne passe pas par des heures ou des contenus en plus (le quantitatif), mais par les programmes et le travail pédagogique demandé aux enseignants (le qualitatif).

Cette page présente le projet de programme d’Histoire-Géographie.

Vous trouverez les informations relatives à l’Enseignement moral et civique sur la page dédiée au programme d’Enseignement moral et civique.

1. Les textes

 

Le projet de programme d’Histoire-Géographie est consultable sur le site du Ministère de l’Education Nationale.

  • à partir de la page 163 du document pour le cycle 3 (classe de 6e),
  • à partir de la page 293 du document pour le cycle 4 (classes de 5e, 4e et 3e).

Il s’agit de la seconde version du projet. Une première version avait été publiée en avril 2015, puis avait été soumise à la consultation des enseignants. Cette première version est toujours disponible sur le site du Ministère de l’Education Nationale.

La mise en application du programme est prévue à la rentrée 2016.

Le programme d’Histoire-Géographie-Éducation civique actuellement en vigueur est consultable dans le BO du 28/08/2008 pour les programmes de 6e, 5e et 4e, et dans le BO du 14/11/2013 pour le programme de 3e.

2. Les horaires 

L’arrêté du 19 mai 2015 prévoit de consacrer à l’Histoire-Géographie-Enseignement moral et civique les mêmes horaires qu’à l’Histoire-Géographie-Éducation civique : 3h en 6e, 5e et 4e, 3h30 en 3e.

La répartition de ces horaires entre l’Histoire-Géographie d’une part, et l’Enseignement moral et civique (EMC) d’autre part, a été annoncée tardivement, par l‘arrêté du 12 juin 2015, publié au Journal Officiel le 21 juin :

  • en 6e, l’Histoire-Géographie se voit attribuer 2h30, l’EMC 0h30 par semaine
  • en 5e et 4e, l’Histoire-Géographie-EMC représente 3h par semaine
  • en 3e, l’Histoire-Géographie-EMC dispose de 3h30 par semaine

Ces dispositions sont les mêmes que dans les textes actuellement en vigueur (0h30 d’EMC en 6e, horaire non défini en 5e, 4e et 3e). L’Inspection générale d’Histoire-Géographie demande aujourd’hui aux enseignants de « respecter la parité entre Histoire et Géographie et consacrer à l’Éducation civique le temps nécessaire au traitement intégral du programme » (document de travail de l’inspection générale d’Histoire-Géographie, page 4, point 2.1). On peut penser que cette recommandation restera d’actualité au cycle 4.

Plusieurs changements sont cependant prévus concernant les horaires de ces matières. Dans la réforme du collège, ces heures ne sont pas toutes, contrairement à aujourd’hui, consacrées à un enseignement disciplinaire commun. En effet, l’AP et les EPI pourraient être organisés sur une partie des horaires d’Histoire-Géographie-Enseignement moral et civique si l’établissement (Conseil Pédagogique, Conseil d’Administration) le décidait. Il s’agirait alors de traiter des points de programme dans une démarche de projet (EPI), ou d’aider les élèves sur un point de contenu ou de méthode (AP). Tous les élèves d’un même niveau ne feraient donc pas nécessairement la même chose en EPI et en AP, mais ils travailleraient tous la même matière.

Par ailleurs, l‘arrêté du 19 mai 2015 prévoit de laisser aux établissements une certaine autonomie dans la répartition de ces horaires, à condition de respecter :

  • le nombre d’heures prévu pour chaque discipline à l’intérieur du cycle (soit 9h30 d’Histoire-Géographie-EMC au cycle 4, qui peuvent être réparties en 3h par semaine en 5e, 3h en 4e, 3h30 en 3e, mais aussi 2h en 5e, 3h en 4e, 4h30 en 3e, etc.),
  • le nombre annuel d’heures dû à chaque élève toutes disciplines confondues,
  • et l’obligation d’enseigner chaque discipline lors de chaque année du cycle.

Pour information, actuellement, l’accompagnement personnalisé est actuellement financé en 6e par une dotation spécifique (qui vient en plus des horaires disciplinaires) et l’interdisciplinarité, quand elle est mise en place dans le cadre des IDD en 5e et en 4e, est aussi organisée sur des horaires en plus.

 

3. Le contenu

Le projet de programme d’Histoire-Géographie prévoit un découpage annuel, contrairement aux projets des autres disciplines.

3.1. Un projet qui précise les compétences à développer par les élèves

Outre les connaissances, le programme vise à développer les compétences des élèves dans les domaines suivants :

  • se repérer dans le temps : construire des repères historiques
  • se repérer dans l’espace : construire des repères géographiques
  • raisonner, justifier une démarche et les choix effectués
  • s’informer dans le monde du numérique,
  • analyser et comprendre un document,
  • pratiquer différents langages en histoire-géographie,
  • coopérer et mutualiser.

Pour chaque thème, le projet de programme précise, outre les contenus à enseigner, les démarches à mettre en oeuvre (par exemple, mener une étude de cas avant de mettre cette étude en perspective), les outils et supports (par exemple, exploiter des cartes et réaliser des croquis).

La première version du projet détaillait aussi chaque compétence en indiquant notamment des repères de progressivité dans le développement de la compétence, le niveau attendu en fin de cycle… Ces éléments ne figurent pas dans la seconde version du projet de programme d’histoire-géographie, qui a été rendue publique en septembre 2015. Les repères de progressivité sont pourtant détaillés pour les autres matières.

3.2. Le projet de programme d’Histoire

En cycle 3, les élèves apprennent à distinguer l’Histoire et la fiction, à s’interroger sur le passé, à construire des repères historiques communs et non-exhaustifs afin de comprendre le monde actuel.

La FAQ publiée par Éduscol (page 9) précise que l’Histoire a aussi pour finalité le travail de mémoire, consolide les valeurs républicaines et le « vivre ensemble ».

En cycle 4, il s’agit de poursuivre le travail effectué en cycle 3 en étudiant des moments forts et des traits marquants, sans prétendre construire un récit continu ; les élèves travaillent sur les sources historiques et les relient à un contexte, ils exposent leurs connaissances à l’oral et à l’écrit. La démarche chronologique est affirmée.

Le découpage chronologique du programme d’Histoire ne connaît pas de bouleversements majeurs :

  • l’Antiquité en 6e (à noter, la réapparition de l’étude de la Préhistoire à ce niveau),
  • du Moyen Âge au XVIIe siècle en 5e,
  • du XVIIe au XIXe siècle en 4e,
  • les XXe et XXIe siècles en 3e.

 

Le premier projet de programme distinguait des sujets obligatoires et des sujets facultatifs au cycle 4. Dans la seconde version, tous les sujets sont obligatoires. Le projet de programme demande aux enseignants de travailler selon les démarches et les orientations historiographiques qu’ils jugent pertinentes, et de trouver un équilibre « entre compétences et connaissances, sans excès d’érudition ». Il incite à mener des approches interdisciplinaires, dans le cadre des EPI ou en dehors.

3.3. Le projet de programme de Géographie

Le programme du cycle 3 est centré sur la notion d’ « habiter » (comme dans le programme actuel) : les élèves travaillent, à partir de cas concrets, sur l’organisation des espaces variés (une métropole, les littoraux, le monde) à toutes les échelles et sur les pratiques des humains dans ces espaces. Dans chaque thème, le programme invite à poursuivre la réflexion sur les enjeux liés au développement durable des territoires.

En cycle 4, le programme vise à aider les élèves à comprendre les enjeux du monde actuel. La notion de développement soutenable et la mondialisation sous-tendent là encore tous les thèmes.

Les thématiques étudiées sont assez proches de celles des programmes actuels : question démographique, développement, ressources et risques en 5e, mobilités humaines et mondialisation en 4e, la France et l’Union européenne en 3e.

Les élèves construisent un raisonnement géographique, réalisent des croquis et des schémas. La démarche repose sur l’étude concrète de territoires (études de cas) que l’on met ensuite en perspective.

Comme dans le programme d’Histoire, tous les sujets sont obligatoires. Devant l’ampleur des sujets traités, les professeurs sont incités à faire des choix afin de rendre l’étude compréhensible aux élèves.

Le programme encourage aussi les professeurs à engager « de nombreuses activités de type projet. »

4. Analyse

4.1. Des contenus sans bouleversement majeur mais qui n’ont pas échappé à la polémique

Les contenus prévus par les projets de programmes ont été plutôt bien accueillis par les enseignants, qui ont exprimé certaines réserves cependant. Le projet propose des sujets qui intéressent les élèves (la Préhistoire, « habiter »…) et sont en phase avec les avancées de la recherche universitaire (renouvellement récent sur la Préhistoire, notamment).

4.1.1. Un projet dans la continuité des programmes actuels

Les compétences et les démarches contenues dans les projets de programmes sont déjà présentes dans les programmes actuels.

Les programmes 2016 sont dans la continuité des programmes actuels, tant pour leur découpage que pour les thèmes étudiés et les compétences travaillées. Les contenus d’enseignement, qui n’apparaissaient pas dans la première version du projet (seuls les titres des thèmes à étudier étaient indiqués), sont développés dans la seconde version.

Mais contrairement aux programmes actuels, le projet ne liste pas, pour chaque thème, les capacités (qui sont des déclinaisons des grandes compétences) et les repères (chronologiques et géographiques) que les élèves doivent maîtriser à la fin de l’étude du thème. Les capacités sont citées en début de programme, à charge pour les enseignants de les répartir au cours du cycle pour chaque niveau de classe, en prévoyant une progressivité des apprentissages d’une classe à l’autre et à l’intérieur d’une même année scolaire. Cela nécessitera un travail d’équipe finement coordonné, ce qui n’est pas toujours facile quand ces équipes sont nombreuses, peu stables, et ne disposent pas de créneau de concertation commun prévu à l’emploi du temps. Quant aux repères, aucune liste explicite n’apparaît dans le projet de programme.

          4.1.2. Une mise en évidence des croisements entre les matières

Le projet de programme pointe dans une rubrique « Croisements entre enseignements » les sujets qui se prêtent à une approche interdisciplinaire, éventuellement dans le cadre des EPI et des parcours (Parcours citoyen, Parcours d’Education artistique et culturelle, Parcours Avenir). Ainsi, le texte propose en 3e un EPI sur l’aménagement du territoire faisant intervenir la géographie (thème « Pourquoi et comment aménager le territoire ? »), la Technologie, les SVT ou les Mathématiques, avec une contribution au Parcours citoyen, selon des modalités à définir localement.

4.1.3. Aperçu des points de programme qui posent question

Des enseignants regrettent la disparition de sujets qui motivaient les élèves, notamment en 6e la première partie de Géographie sur « Mon espace proche » qui permettait d’accueillir les élèves, en provenance d’écoles différentes, en travaillant sur des lieux familiers. Le projet de programme place ce thème en CM1.

En 5e, les critiques du premier projet de programme ont porté sur l’inégalité de traitement entre l’étude de l’islam au Moyen Âge (sujet obligatoire) et l’étude de la chrétienté à la même époque (sujet facultatif), ainsi que sur la longueur de la période étudiée (du VIIe au XVIIe siècle). Le second projet rend tous les thèmes obligatoires et précise que le programme de 5e « permet de présenter aux élèves des sociétés marquées par la religion, au sein desquelles s’imposent de nouvelles manières de penser, de voir et de parcourir le monde et de concevoir l’exercice et l’organisation du pouvoir séculier. »

La grille de lecture choisie en géographie, qui est celle du développement durable (comme dans le programme actuel), a aussi été critiquée. Le second projet a été recentré autour du développement, ce qui permet de faire des ouvertures sur le développement durable sans en faire une grille de lecture systématique et moralisatrice (le développement durable est une préoccupation inégalement partagée à travers le monde, donc parfois difficile à appliquer aux sujets étudiés).

En 4e, la période traitée est plus réduite (XVIIe – XIXe siècles) mais très dense et complexe puisqu’elle comprend notamment la Révolution française et la construction de la Troisième République. La Première Guerre mondiale, initialement prévue à la fin du programme de 4e, a été reportée au début du programme de 3e. En Géographie, l’étude de la mondialisation est maintenue ; elle est parfois complexe mais, ancrée dans le quotidien, elle intéresse souvent les élèves.

En 3e, la période étudiée en Histoire est très courte (depuis 1914), mais dense. Le programme de Géographie change peu.

4.1.4 Ces programmes font-ils l’impasse sur des sujets essentiels, en les rendant facultatifs ?

Si le premier projet de programme distinguait des thèmes obligatoires et des thèmes facultatifs, le second projet rend tous les thèmes obligatoires. Le caractère facultatif de certains thèmes avait alimenté la polémique au printemps 2015 (inégalité des élèves selon les choix opérés par les enseignants, risque de ne pas voir traités des sujets jugés essentiels…).

La première conséquence est l’alourdissement du programme. Ainsi, en histoire en 4e, les 8 sujets devront obligatoirement être traités tandis que le premier projet prévoyait 6 sujets obligatoires et 2 sujets facultatifs.

Une autre conséquence est la disparition de certains sujets, comme « Routes de commerces, échanges culturels » en histoire en 5e, la révolution américaine en histoire en 4e, santé et développement durable en géographie en 5e. Ces sujets pourront cependant être intégrés aux sujets obligatoires par les enseignants qui le souhaitent (la révolution américaine pourrait être traitée lors de l’étude de la contestation de l’absolutisme).

4.1.5 Les programmes d’histoire sont-ils chronologiques ou thématiques ?

D’une façon plus générale, l’ « abandon de la chronologie » au bénéfice d’un enseignement thématique a été dénoncé après la parution du premier projet de programme.

Le projet de programme est bien chronologique. Pour autant, il ne s’agit pas de construire un récit continu, exhaustif, ce qui est une chose impossible. Le programme est donc construit dans un ordre chronologique, autour de moments forts et de traits marquants des sociétés du passé, qui permettent de mieux comprendre le monde actuel. De plus, le repérage dans le temps fait toujours partie des compétences à travailler au collège. En effet, la compétence « Se repérer dans le temps et dans l’espace » demande :

  • d’ « Identifier des continuités et des ruptures chronologiques pour s’approprier la périodisation de l’histoire et pratiquer de conscients allers-retours au sein de la chronologie » (c’est une composante de cette compétence)
  • d’ « Utiliser des documents donnant à voir une représentation du temps (dont les frises chronologiques), à différentes échelles, et le lexique relatif qu découpage du temps et suscitant la mise en perspective des faits ».

Le projet de programme est donc bien chronologique, ce que n’est pas toujours le programme actuel. En effet, aujourd’hui, Charlemagne (VIIIe-IXe siècles) est étudié en 6e tandis que les débuts de l’islam (VIIe siècle) sont abordés en 5e. Mais, à la différence des programmes actuels, le projet ne prévoit pas de liste de repères chronologiques et spatiaux que tous les élèves devraient maîtriser en fin de collège. Actuellement, ces repères communs sont construits de la 6e à la 3e, et les élèves sont interrogés sur certains d’entre eux (quel que soit le niveau où ils ont été étudiés) lors de l’épreuve du Diplôme National du Brevet.

Ce projet de programme est aussi thématique.

Les thèmes seront simplement traités dans l’ordre chronologique. Les enseignants ont l’habitude de contextualiser les sujets étudiés et de faire apprendre aux élèves les grands repères chronologiques : les différents sujets qui composent les thèmes seront eux aussi organisés dans un ordre chronologique et jalonnés de repères.

4.1.6 Ce projet est-il définitif ?

Une consultation sur les projets de programmes s’est déroulée du 11 mai au 12 juin 2015 : les enseignants ont pu faire remonter leurs remarques. Sans attendre la fin de la consultation, le Ministère a nommé un comité d’historiens chargé de superviser la rédaction finale de ce programme. Le projet a ensuite été réécrit, avant d’être présenté au Conseil Supérieur de l’Education les 8 et 9 octobre 2015.

4.2 Des horaires maintenus… mais des incertitudes

Le projet ne prévoit pas de changement de l’horaire d’Histoire-Géographie-Enseignement moral et civique par rapport à ce qui existe aujourd’hui. En fonction des EPI organisés dans chaque établissement, le nombre d’heures des enseignements communs pourra varier sensiblement d’un collège à l’autre, d’un niveau à l’autre.

A noter également, la difficulté pour l’Histoire-Géographie de participer à l’EPI Langues et cultures de l’Antiquité car l’Antiquité est étudiée en 6e… le seul niveau pour lequel il n’est pas prévu d’EPI. Le projet de programme propose un croisement entre l’Histoire et les Langues anciennes en 5e, autour du thème « Chrétientés et Islam ». Il s’agirait de travailler sur des documents latins et grecs du Moyen-Age (des chroniques notamment). Des enseignants de Français, dont la matière contribuerait à cet EPI, signalent que le latin de l’Antiquité (celui qu’ils enseignent actuellement) n’est pas le latin médiéval. De plus, faire étudier à des élèves de 5e des textes médiévaux dans des langues qu’ils n’ont encore jamais étudiées paraît peu réaliste et peu productif. Il faudrait alors se limiter à l’étude de la culture médiévale en travaillant à partir de traductions, ce qui ne semble pas être la vocation d’un EPI intitulé Langues et cultures de l’Antiquité.

4.3 Un calendrier de réforme du collège qui pose question

Le calendrier de mise en œuvre de la réforme du collège reste incertain. Il semble que les programmes seront mis en oeuvre de façon simultanée à tous les niveaux dès 2016, mais aucune annonce officielle n’a été faite. Dans ce cas, des élèves qui auraient commencé l’étude du programme actuel devraient passer au nouveau programme en cours de cycle, avec le risque de perdre en cohérence. Une telle mise en place des programmes serait aussi problématique pour la préparation des cours des enseignants, qui devraient pour la plupart gérer le changement simultané sur 3 niveaux de classes, voire pour certains sur les 4 niveaux de collège, probablement sans manuel à jour (changer les manuels sur 4 niveaux est très coûteux), et tout en se coordonnant avec les enseignants d’autres disciplines pour mettre en place les nouveaux EPI.  Dans le cas d’une mise en œuvre progressive (6e en 2016, 5e en 2017, etc.) , les programmes actuels devraient s’adapter aux EPI. Or ces programmes sont bien plus lourds que ceux prévus par la réforme du collège, la plupart des thèmes devant être traités en 3 ou 4h de cours seulement. Quels thèmes pourraient donc faire l’objet d’un EPI, et surtout comment traiter les autres thèmes du programme après avoir amputé l’horaire de l’enseignement commun (un EPI auquel l’Histoire-Géographie contribuerait à hauteur de 0h30 par semaine, estimation basse, représenterait 18h d’enseignement sur l’année) ?

 

 

 

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