Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie. Merci Jacques (coll. Limas)
Enseignements au collège
Organisation
NOR : MENE1515506C
circulaire n° 2015-106 du 30-6-2015
MENESR – DGESCO A1-2
Texte adressé aux rectrices et recteurs d’académie ; aux inspectrices et inspecteurs d’académie-directrices et directeurs académiques des services de l’éducation nationale ; aux inspectrices et inspecteurs d’académie-inspecteurs pédagogiques régionaux ; à la directrice du centre national d’enseignement à distance ; à la directrice de l’association des établissements français à l’étranger ; au directeur général de la mission laïque française ; aux inspectrices et inspecteurs de l’éducation nationale – enseignement technique-enseignement général ; aux inspectrices et inspecteurs de l’éducation nationale ; aux chefs d’établissements publics et privés sous contrat ; aux professeurs des établissements publics et privés sous contrat
La loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République confie au collège unique, dont elle réaffirme le principe, la mission de conduire les élèves à la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Le collège unique est à la fois un élément clé de l’acquisition, par tous, du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, et un creuset du vivre ensemble. C’est pourquoi la mixité sociale et scolaire au sein des classes fait l’objet d’une attention spécifique.
Le nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture (publié le 2 avril 2015 au Journal officiel), les nouveaux programmes de cycle de la scolarité obligatoire, la nouvelle politique de l’évaluation des élèves et la nouvelle organisation des enseignements au collège doivent concourir à faire du collège, pour chaque élève, le tremplin vers la poursuite de ses études, la construction de son avenir personnel et professionnel, et la préparation à l’exercice de la citoyenneté.
L’objectif du collège est double : renforcer l’acquisition des savoirs fondamentaux dans tous les enseignements et développer les compétences indispensables au futur parcours de formation des collégiens. Assurer un même niveau d’exigence pour que tous les élèves acquièrent le socle commun de connaissances, de compétences et de culture par une priorité centrale donnée à la maîtrise des savoirs fondamentaux est un impératif. Toutes les disciplines d’enseignement contribuent à la maîtrise de ces savoirs.
Les enseignants sont des professionnels de haut niveau qui maîtrisent les savoirs disciplinaires et leur didactique, construisent, mettent en œuvre et animent des situations d’enseignement et d’apprentissage prenant en compte la diversité des élèves. Pour permettre à tous les élèves de mieux apprendre pour mieux réussir, et aux équipes de conduire une action déterminée auprès des élèves les plus fragiles, l’organisation du collège repose sur la confiance dans le professionnalisme de tous les personnels et libère leur capacité d’initiative.
Les personnels d’encadrement (personnels de direction et d’inspection), pleinement investis dans leur rôle d’animation des équipes pédagogiques, sont également des points d’appui essentiels pour une évolution des pratiques pédagogiques au service de la réussite de tous les élèves.
Les principes de la nouvelle organisation du collège, plus collective, sont définis par le décret n°2015-544 du 19 mai 2015 relatif à l’organisation des enseignements au collège et l’arrêté du 19 mai 2015 relatif à l’organisation des enseignements dans les classes de collège. La nouvelle organisation du collège entre en vigueur, pour tous les niveaux d’enseignement, à compter de la rentrée scolaire 2016.
1. L’organisation des enseignements dans l’établissement
L’organisation du collège renforce l’autonomie des établissements et des enseignants et par conséquent leur capacité d’adaptation aux besoins et aspirations des élèves. Les pratiques différenciées s’enrichissent de toutes les innovations et initiatives pédagogiques des équipes enseignantes.
Les enseignements obligatoires se répartissent en enseignements communs à tous les élèves et en enseignements complémentaires (accompagnement personnalisé et enseignements pratiques interdisciplinaires), qui contribuent à la diversification et à l’individualisation des pratiques pédagogiques. Le collège propose en outre aux élèves un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires « Langues et cultures de l’Antiquité » et « Langues et cultures étrangères ou régionales ». Cet enseignement porte sur le latin, le grec ou une langue régionale.
Tous les enseignements s’appuient sur les contenus disciplinaires des programmes d’enseignement déclinant le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, que les élèves doivent acquérir au meilleur niveau de maîtrise possible.
Le total hebdomadaire des heures mis à la disposition des établissements pour la prise en charge des élèves de la classe de sixième à la classe de troisième augmente : il passe de 110,5 heures à 115 heures à la rentrée 2016, et à 116 heures à partir de la rentrée 2017 (pour les quatre niveaux). Ce total hebdomadaire inclut, outre la dotation horaire élève correspondant aux enseignements obligatoires, une dotation horaire supplémentaire pour l’établissement, afin de favoriser, en fonction des besoins, le travail en groupes à effectifs réduits, les interventions conjointes de plusieurs enseignants, et de mettre en place les enseignements de complément.
Les équipes pédagogiques disposent d’une plus grande marge de manœuvre dans l’utilisation de la dotation correspondant aux marges heures professeurs, mais aussi pour l’organisation de l’accompagnement personnalisé et des enseignements pratiques interdisciplinaires. La répartition des volumes horaires entre l’accompagnement personnalisé et les enseignements pratiques interdisciplinaires est identique pour tous les élèves d’un même niveau.
Dans ce cadre, les équipes pédagogiques élaborent des projets. Les choix faits par les équipes doivent permettre une organisation équilibrée de l’emploi du temps des classes et des enseignants. Le travail en équipe s’appuie notamment sur les instances collégiales existantes. En fonction des besoins exprimés par les équipes, les chefs d’établissement doivent s’employer à dégager des plages horaires libres communes, qui facilitent le travail collectif, car elles sont anticipées et placées sur des temps compatibles avec l’organisation personnelle de chacun.
Les projets sont mis en cohérence dans les différentes instances selon les modalités qui régissent l’autonomie pédagogique et éducative dont disposent les collèges.
Le conseil d’enseignement
Le conseil d’enseignement, qui réunit les professeurs d’une même discipline, réfléchit à la mise en œuvre du programme de cycle, aux besoins de mise en œuvre de l’accompagnement personnalisé dans la discipline et à l’inscription de la discipline dans les huit thématiques des enseignements pratiques interdisciplinaires.
Le conseil pédagogique
Le conseil pédagogique, présidé par le chef d’établissement, réunit notamment au moins un professeur principal de chaque niveau d’enseignement et un professeur par champ disciplinaire. Il favorise la concertation entre les enseignants des différentes disciplines et des différentes équipes de classe, et prépare la partie pédagogique du projet d’établissement. Il est consulté sur la préparation de l’organisation des enseignements. Il formule des propositions quant aux modalités de l’accompagnement personnalisé – soutien, approfondissement, méthodes de travail – et de regroupement des élèves, que le chef d’établissement soumet ensuite au conseil d’administration. Il est saisi pour avis sur l’organisation des enseignements pratiques interdisciplinaires.
Le conseil d’administration
Le conseil d’administration, qui réunit les représentants des personnels, les représentants des usagers (parents d’élèves et élèves) et les représentants de l’administration et des collectivités territoriales, arrête la répartition des moyens horaires entre les enseignements communs, les enseignements complémentaires (accompagnement personnalisé et enseignements pratiques interdisciplinaires) et les enseignements de complément.
Sont présentées au conseil d’administration :
- l’offre d’accompagnement personnalisé : les modalités de la participation des disciplines à l’accompagnement personnalisé et, pour le cycle 4, le volume horaire hebdomadaire, dans la limite de 2 heures ;
- l’offre d’enseignements pratiques interdisciplinaires pour le cycle 4 : la liste des thématiques interdisciplinaires qui sont proposées aux élèves à chacun des niveaux (une même thématique peut être proposée sur plusieurs niveaux) ; les modalités de la participation des disciplines aux thématiques interdisciplinaires ; le volume horaire hebdomadaire et le nombre de semaines consacrées dans l’année scolaire à chacun des enseignements pratiques interdisciplinaires ; les modalités de la participation des élèves et de leurs représentants légaux au choix des thématiques interdisciplinaires qui seront suivies (progression en partie ou totalement imposée par l’établissement, ou libre-choix des élèves).
Le conseil d’administration répartit la dotation horaire supplémentaire mise à la disposition des établissements entre les moyens nécessaires à la constitution de groupes à effectifs réduits, aux interventions conjointes de plusieurs enseignants et aux enseignements de complément. Le volume de la dotation horaire supplémentaire pour l’établissement est calculé sur la base de 2 heures 45 minutes par semaine et par division pour la rentrée scolaire 2016, puis sur la base de 3 heures par semaine et par division à compter de la rentrée scolaire 2017. Il est, dans l’organisation actuelle du collège, de 2 heures pour quatre divisions. Un collège de 20 divisions pourra ainsi utiliser une enveloppe de 55 heures à la rentrée 2016 et 60 heures à partir de la rentrée 2017, contre 10 heures aujourd’hui, ce qui équivaut à une multiplication par six de la dotation horaire heures professeurs.
Les établissements qui proposent aujourd’hui les options latin, grec et langues régionales disposeront donc des moyens nécessaires à la mise en œuvre dans les meilleures conditions des enseignements de complément en latin, grec et langues régionales.
Les groupes à effectifs réduits ont vocation à être constitués en priorité pour les sciences expérimentales, la technologie, les langues vivantes étrangères, les langues régionales et l’enseignement moral et civique.
La forme courante d’organisation en classes peut être remplacée temporairement par d’autres formes de regroupements, dont l’objectif doit être de favoriser les pratiques pédagogiques différenciées.
Dans chaque établissement, les choix reposent sur les équipes et les compétences en place et sur les projets en cours.
La dotation horaire supplémentaire ne peut pas être utilisée, à l’exception des heures dédiées aux enseignements de complément, pour augmenter l’horaire hebdomadaire des élèves.
Dans les établissements d’enseignement privé sous contrat, l’organisation des enseignements est fixée par le chef d’établissement en concertation avec les professeurs. L’instance de concertation mise en place, représentative des niveaux et des disciplines, peut participer à la construction du volet pédagogique du projet d’établissement et formuler des propositions quant aux modalités de l’accompagnement personnalisé et de regroupement des élèves. Elle peut être saisie pour avis sur l’organisation des enseignements pratiques interdisciplinaires.
2. Les enseignements pratiques interdisciplinaires et les enseignements de complément
Les enseignements pratiques interdisciplinaires concernent les élèves du cycle 4. Ils permettent de construire et d’approfondir des connaissances et des compétences par une démarche de projet conduisant à une réalisation concrète, individuelle ou collective (qui peut prendre la forme d’une présentation orale ou écrite, de la constitution d’un livret ou d’un carnet, etc.). Ils peuvent être mis en œuvre progressivement tout au long du cycle 4. Le volume horaire hebdomadaire qui leur est consacré peut ainsi être croissant de la classe de cinquième à la classe de troisième. Des heures professeurs peuvent être mobilisées notamment pour des interventions conjointes de plusieurs enseignants.
Chaque enseignement pratique interdisciplinaire porte sur l’une des thématiques interdisciplinaires suivantes : corps, santé, bien-être et sécurité ; culture et création artistiques ; transition écologique et développement durable ; information, communication, citoyenneté ; langues et cultures de l’Antiquité ; langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales ; monde économique et professionnel ; sciences, technologie et société.
Toutes les disciplines d’enseignement contribuent aux enseignements pratiques interdisciplinaires. Les professeurs documentalistes et les conseillers principaux d’éducation, dans leurs champs de compétences respectifs, ont vocation à apporter leur expertise dans leur conception et à participer à leur mise en œuvre. Le programme d’enseignement du cycle 4 fixe le cadre des contenus enseignés pour chacune de ces thématiques.
Les enseignements pratiques interdisciplinaires contribuent, avec les autres enseignements, à la mise en œuvre du parcours citoyen, du parcours d’éducation artistique et culturelle ainsi que du parcours Avenir. La mise en œuvre des parcours doit favoriser la participation d’autres personnels de l’établissement et les partenariats.
Les enseignements pratiques interdisciplinaires sont des temps privilégiés pour développer les compétences liées à l’oral, l’esprit créatif et la participation : les élèves apprennent à s’inscrire dans un travail en équipe, à être force de proposition, à s’exprimer à l’oral, à conduire un projet, individuel ou collectif.
Les enseignements pratiques interdisciplinaires sont aussi l’occasion privilégiée de mettre en pratique les langues vivantes étudiées ainsi que les outils numériques. Notamment dans le cadre de l’enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures étrangères et régionales », un enseignement de discipline non linguistique peut être proposé aux élèves. Les recteurs mettent en place dans les académies des procédures simples de certification pour les professeurs non linguistes volontaires.
À l’issue du cycle 4, chaque élève doit avoir bénéficié d’enseignements pratiques interdisciplinaires portant sur au moins six des huit thématiques interdisciplinaires sauf, nécessairement et à titre transitoire, les élèves des classes de troisième pour l’année scolaire 2016-2017 et les élèves des classes de quatrième pour les années scolaires 2016-2017 et 2017-2018. Les enseignements pratiques interdisciplinaires offerts aux élèves doivent, chaque année, être au moins au nombre de deux, portant chacun sur une thématique interdisciplinaire différente.
Les enseignements pratiques interdisciplinaires peuvent être de durée variable (trimestrielle, semestrielle, annuelle), sur un horaire hebdomadaire de 1 à 3 heures. Un établissement peut combiner des enseignements pratiques interdisciplinaires de durées différentes. Par exemple :
- trois enseignements pratiques interdisciplinaires trimestriels de 3 heures ;
- deux enseignements pratiques interdisciplinaires semestriels de 2 heures, et trois enseignements pratiques interdisciplinaires trimestriels d’une heure ;
- un enseignement pratique interdisciplinaire semestriel de 3 heures, un enseignement pratique interdisciplinaire semestriel d’une heure, un autre de 2 heures ;
- un enseignement pratique interdisciplinaire annuel d’une heure, et deux enseignements pratiques interdisciplinaires semestriels de 2 heures ;
- un enseignement pratique interdisciplinaire annuel d’une heure, et trois enseignements pratiques interdisciplinaires trimestriels de 2 heures.
Les organisations trimestrielles ou semestrielles sont à privilégier. D’autres modalités peuvent être conçues, telles que des semaines interdisciplinaires.
Une même thématique interdisciplinaire peut être suivie par un élève au cours de chacune des trois années du cycle 4.
Un élève peut ainsi suivre l’enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures de l’Antiquité » en classes de cinquième, quatrième et troisième. Il peut en outre suivre, de la classe de cinquième à la classe de troisième, l’enseignement de complément de latin et, en classe de troisième, l’enseignement de complément de grec. Les langues et cultures de l’Antiquité jouent un rôle important dans l’acquisition de la culture commune et la construction de la citoyenneté, pour leur dimension linguistique comme pour l’apprentissage de l’histoire des civilisations. Les enseignements de complément de latin et de grec sont pris en charge par les professeurs de lettres classiques, qui ont en outre vocation, avec les professeurs d’autres disciplines, à être mobilisés pour la prise en charge de l’enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures de l’Antiquité ».
De la même façon, un élève peut suivre l’enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures étrangères et régionales » en classes de cinquième, quatrième et troisième. Il peut en outre suivre, de la classe de cinquième à la classe de troisième, l’enseignement de complément de langue régionale. L’enseignement des langues vivantes régionales au collège reste régi par la circulaire n° 2001-166 du 5 septembre 2001 sur le développement de l’enseignement des langues et cultures régionales à l’école, au collège et au lycée. S’agissant spécifiquement de l’enseignement bilingue d’une langue régionale, celui-ci reste organisé d’après les instructions pédagogiques figurant dans l’arrêté du 12 mai 2003 « Enseignement bilingue en langues régionales à parité horaire dans les écoles et les sections « langues régionales » des collèges et des lycées ». Les sections bilingues de langue régionale, les dispositifs bi-langues de continuité en classe de sixième et les enseignements d’initiation et de sensibilisation en classe de sixième sont par conséquent maintenus.
Les élèves qui bénéficient d’un enseignement de complément doivent être répartis dans plusieurs classes, afin d’éviter la constitution de filières sur la base de ce choix.
3. L’accompagnement personnalisé
L’accompagnement personnalisé concerne les élèves de tous les niveaux. Tenant compte des spécificités et des besoins de chaque élève, il est construit à partir du bilan préalable de ses besoins. Tous les élèves d’un même niveau de classe bénéficient du même nombre d’heures d’accompagnement personnalisé.
Toutes les disciplines d’enseignement peuvent contribuer à l’accompagnement personnalisé. Il est destiné à soutenir la capacité des élèves à apprendre et à progresser, notamment dans leur travail personnel, à améliorer leurs compétences et à contribuer à la construction de leur autonomie intellectuelle. Les professeurs documentalistes et les conseillers principaux d’éducation, dans leurs champs de compétences respectifs, ont vocation à apporter leur expertise dans sa conception et à participer à sa mise en œuvre.
L’accompagnement personnalisé prend des formes variées : approfondissement ou renforcement, développement des méthodes et outils pour apprendre, soutien, entraînement, remise à niveau. Quelles que soient les formes retenues, il repose sur les programmes d’enseignement, dans l’objectif de la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, notamment le domaine 2 « les méthodes et outils pour apprendre ».
En classe de sixième, les 3 heures d’accompagnement personnalisé ont pour objectif de faciliter la transition entre l’école et le collège, en rendant explicites les attendus du travail scolaire dans les différentes disciplines enseignées au collège et en conduisant tous les élèves à les maîtriser. On cherchera notamment à faire acquérir plus explicitement les méthodes nécessaires aux apprentissages : en lien avec les attendus des différentes disciplines, apprendre une leçon, faire des révisions, comprendre et rédiger un texte écrit, effectuer une recherche documentaire, organiser son travail personnel, etc.
Au cycle 4, les élèves bénéficient d’une heure à deux heures hebdomadaires d’accompagnement personnalisé. Il favorise, en classe de troisième, la construction de l’autonomie, dans la perspective de la poursuite d’études au lycée.
Les élèves peuvent être regroupés en fonction de leurs besoins, au sein de groupes dont la composition peut varier durant l’année. Des heures professeurs sont mobilisées pour la prise en charge des groupes.
4. Les langues vivantes étrangères et régionales
L’offre de formation en langues vivantes étrangères de l’établissement est définie dans le cadre de la nouvelle carte académique des langues vivantes (public et privé sous contrat), qui sera achevée à la fin du premier trimestre de l’année scolaire 2015-2016.
La nouvelle carte des langues vivantes assure, dans chaque académie, une continuité de l’apprentissage entre le primaire et le collège, et vise le développement de la diversité linguistique, notamment en faveur de l’allemand. Tous les recteurs d’académie réunissent, dans la perspective de ce travail, la commission académique sur l’enseignement des langues vivantes étrangères. Les réseaux d’éducation prioritaire (REP et REP+) constituent une cible prioritaire pour le développement d’une offre linguistique diversifiée dans le premier degré et la mise en place de dispositifs bi-langues de continuité au collège.
Les élèves qui ont bénéficié à l’école élémentaire de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais ou d’une langue régionale peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. L’apprentissage de ces deux langues se fera à hauteur de 6 heures hebdomadaires. Les élèves doivent être répartis sur plusieurs classes pour éviter toute constitution de filières.
Le démarrage de la deuxième langue vivante en classe de cinquième, avec un horaire hebdomadaire de 2,5 heures de la classe de cinquième à la classe de troisième, augmente le temps d’exposition des élèves à la langue vivante étrangère. Il revient aux établissements de déterminer la fréquence hebdomadaire d’exposition des élèves aux langues vivantes étudiées. L’organisation de l’apprentissage de la deuxième langue vivante en trois séances est à privilégier. Elle peut être combinée avec l’organisation de séances de cours de trois quarts d’heures en langue vivante 1 au cycle 4.
5. L’organisation horaire des sciences expérimentales et de la technologie en classe de sixième et des enseignements artistiques
En classe de sixième, la dotation horaire est de 4 heures pour les sciences expérimentales (sciences de la vie et de la Terre, physique-chimie) et la technologie. Il revient aux établissements d’assurer l’enseignement des sciences de la vie et de la Terre et de la technologie selon un volume horaire pertinent. Les établissements qui ont mis en place l’enseignement intégré de science et technologie (EIST) peuvent le poursuivre dans ce cadre. Cet enseignement peut également être poursuivi en classe de cinquième. Ce n’est pas pour autant une modalité d’enseignement généralisée : ce choix reste du ressort des équipes.
Dans les tableaux des volumes horaires des enseignements obligatoires applicables aux élèves de la classe de sixième comme à ceux du cycle 4, le regroupement des enseignements artistiques – arts plastiques et éducation musicale – vise à faciliter les modalités d’enseignement de ces deux disciplines, à la condition nécessaire que les enseignants qui en ont respectivement la charge aient donné leur accord. L’organisation horaire pourra proposer 2 heures d’arts plastiques sur un semestre et 2 heures d’éducation musicale sur l’autre semestre. En effet, cette souplesse essaie de répondre aux spécificités du travail effectué par les élèves dans ces deux disciplines et des conditions matérielles de ces enseignements.
6. L’organisation du temps scolaire des élèves
La journée est le premier niveau de l’organisation du temps scolaire. Les enseignements doivent être répartis de façon équilibrée entre la matinée et l’après-midi, en veillant au respect d’une pause méridienne d’au moins une heure et demie. Leur amplitude quotidienne est limitée à 6 heures de cours par jour pour les élèves de la classe de sixième, à 7 heures de cours, autant que faire se peut, pour les élèves du cycle 4. Lorsque certaines contraintes locales l’imposent, ces deux dispositions relatives à la pause méridienne et à l’amplitude quotidienne des enseignements peuvent faire l’objet d’une dérogation accordée par le recteur d’académie, par exemple pour des problèmes de transports scolaires ou dans le cadre de classes à horaires aménagés.
Les collèges d’enseignement privés sous contrat ne sont pas concernés par ces deux dispositions.
L’établissement peut réfléchir à la mise en place d’une organisation du temps scolaire visant à réduire dans la journée et la semaine le nombre de séances, afin de limiter le morcellement des temps d’apprentissage. Des séquences d’une heure et demie peuvent constituer des temps d’apprentissage efficaces.
L’organisation du temps scolaire doit être attentive au travail personnel qui est demandé aux élèves en dehors des temps d’enseignement. Le conseil pédagogique doit intégrer cette dimension dans sa réflexion.
La semaine constitue le second niveau d’organisation du temps scolaire. L’arrêté du 19 mai 2015 relatif à l’organisation des enseignements dans les classes de collège fixe le cadre dans lequel d’éventuelles modulations peuvent être faites dans la grille hebdomadaire des horaires d’enseignement. Ces modulations font l’objet d’un suivi attentif par les autorités académiques.
L’établissement peut moduler de manière pondérée la répartition du volume horaire hebdomadaire par discipline, dans le respect à la fois :
- du volume horaire global dû à chaque discipline d’enseignement obligatoire pour la durée du cycle ;
- du volume horaire global annuel des enseignements obligatoires dû à chaque élève ;
- des obligations réglementaires de service des enseignants.
La modulation de la répartition du volume horaire hebdomadaire est fixée pour la durée du cycle. La répartition du volume horaire doit rester identique pour tous les élèves d’un même niveau. Toutes les disciplines d’enseignement obligatoire sont enseignées chaque année du cycle.
7. Les dispositifs spécifiques et les sections d’enseignement général et professionnel adapté
Les volumes horaires des enseignements des classes de troisième dites « préparatoires à l’enseignement professionnel », installées dans des collèges ou des lycées, sont identiques à ceux des autres classes de troisième. Ces classes disposent en outre d’un complément de dotation horaire spécifique. L’organisation des classes de troisième dites « préparatoires à l’enseignement professionnel » fera l’objet d’un arrêté spécifique.
Les enseignements complémentaires doivent permettre aux élèves de ces classes de découvrir différents champs professionnels afin de construire leur projet de formation et d’orientation. Ces élèves bénéficient en outre de périodes de stage en milieu professionnel.
En ce qui concerne les classes à horaires aménagés (classes à horaires aménagés musique, danse et théâtre et sections sportives) ainsi que les sections internationales, les aménagements horaires restent identiques aux conditions actuelles.
La section d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA), bien identifiée comme structure au sein d’un collège plus inclusif, permet aux élèves éprouvant des difficultés graves d’être mieux pris en compte dans le cadre de leur scolarité. Une circulaire relative aux SEGPA sera prochainement publiée.
8. La formation et l’accompagnement des personnels éducatifs
La mise en œuvre des nouveaux cadres d’enseignement et d’organisation pédagogique suppose un effort de formation important.
La formation de tous les professeurs, conseillers principaux d’éducation, personnels d’éducation et inspecteurs de l’éducation nationale sera assurée afin de permettre à chacun d’aborder la rentrée 2016 dans de bonnes conditions et de garantir le suivi nécessaire à la mise en œuvre de la réforme sur la durée. Une politique globale d’accompagnement des équipes est mise en œuvre, tant pour l’enseignement public que pour l’enseignement privé.
8.1 Un plan national de formation à destination des cadres et formateurs académiques
Le plan national de formation 2015-2016 porte fortement la priorité donnée à la scolarité obligatoire et propose 23 séminaires nationaux sur la réforme du collège, les nouveaux programmes, les nouveaux enseignements et le numérique.
8.2 Un plan ambitieux de formation en académie qui privilégie la formation de proximité
Dès le début de l’année scolaire 2015-2016, les personnels de direction et les inspecteurs territoriaux bénéficieront d’un plan d’accompagnement spécifique dans chaque académie.
Tous les enseignants et conseillers principaux d’éducation de collège seront formés dans le cadre d’organisations privilégiant la formation de proximité, en présentiel.
Ces formations se dérouleront à la fois dans les collèges et dans le bassin, selon les modalités d’organisation qui paraîtront les plus favorables à un travail collectif et à une appropriation des principes et des objectifs de la réforme, et à l’élaboration de réponses collectives aux problématiques d’enseignement auxquelles les équipes sont confrontées.
Les formations porteront sur la nouvelle organisation pédagogique du collège et sur les nouveaux programmes. Les enseignants et conseillers principaux d’éducation participeront à des formations portant sur :
- l’appropriation des nouveaux programmes de cycle ;
- la mise en place des nouveaux temps d’enseignement : enseignements pratiques interdisciplinaires, accompagnement personnalisé, groupes à effectifs réduits ;
- la différenciation pédagogique ;
- la pédagogie de projet ;
- les usages pédagogiques du numérique, en lien avec la mise en œuvre des programmes ;
- les pratiques d’évaluation des acquis des élèves.
Les formations des enseignants et conseillers principaux d’éducation se dérouleront entre octobre 2015 et mai 2016, dans un format qui doit être compatible avec l’importance des changements engagés. Elles dureront de quatre à cinq jours. Dans toute la mesure du possible, la première journée se déroulera avant la fin du premier trimestre de l’année scolaire 2015-2016.
La formation des enseignants et conseillers principaux d’éducation se déploie en plusieurs vagues, afin de ne pas mobiliser tous les enseignants d’un collège en même temps. La première vague des enseignants formés en bassin est composée d’enseignants volontaires, en particulier des membres des conseils pédagogiques des collèges, qui pourront accompagner la réflexion pédagogique au sein des établissements.
Dans l’enseignement privé sous contrat, un abondement des moyens de formation à hauteur de celui de l’enseignement public sera réalisé. L’abondement de ces moyens spécifiques sera fléché vers des actions de formation dédiée à la réforme du collège. Les chefs d’établissement seront invités à participer aux journées de formation destinées aux personnels de direction en début d’année scolaire 2015-2016.
Ayant été anticipée, l’organisation de la prise en charge des élèves pendant le temps de formation des enseignants est facilitée.
En complément de la formation en présentiel, des ressources pédagogiques, notamment numériques, sont mises à disposition des enseignants et des personnels de direction.
Les équipes de formateurs assureront un suivi et une veille auprès des collèges du bassin pendant l’année 2016-2017 pour répondre aux besoins complémentaires de formation.
[Collège 2016] L’organisation des enseignements au collège au
Les volumes horaires des enseignements obligatoires dispensés au collège dès 2016
Niveau sixième (cycle 3)
Enseignements | Horaires hebdomadaires |
Éducation physique et sportive | 4 heures |
Enseignements artistiques *
(arts plastiques + éducation musicale) |
1 heure + 1 heure |
Français | 4,5 heures |
Histoire-géographie
Enseignement moral et civique |
3 heures |
Langue vivante | 4 heures |
Mathématiques | 4,5 heures |
SVT, technologie, physique-chimie | 4 heures |
Total ** | 23 + 3 heures *** |
* Chacun de ces enseignements peut être organisé à raison de deux heures hebdomadaires sur un semestre.
** S’y ajoutent au moins dix heures annuelles de vie de classe.
*** Ces trois heures hebdomadaires sont consacrées aux enseignements complémentaires sous la forme d’accompagnement personnalisé.
Niveaux du cycle 4
Enseignements | Horaires hebdomadaires | ||
cinquième | quatrième | troisième | |
Éducation physique et sportive | 3 heures | 3 heures | 3 heures |
Enseignements artistiques *
(arts plastiques + éducation musicale) |
1 heure + 1 heure | 1 heure + 1 heure | 1 heure + 1 heure |
Français | 4,5 heures | 4,5 heures | 4 heures |
Histoire-géographie
Enseignement moral et civique |
3 heures | 3 heures | 3,5 heures |
Langue vivante 1 | 3 heures | 3 heures | 3 heures |
Langue vivante 2 | 2,5 heures | 2,5 heures | 2,5 heures |
Mathématiques | 3,5 heures | 3,5 heures | 3,5 heures |
SVT | 1,5 heure | 1,5 heure | 1,5 heure |
Technologie | 1,5 heure | 1,5 heure | 1,5 heure |
Physique-chimie | 1,5 heure | 1,5 heure | 1,5 heure |
Total ** | 22 + 4 heures par niveau *** |
* Chacun de ces enseignements peut être organisé à raison de deux heures hebdomadaires sur un semestre.
** S’y ajoutent au moins dix heures annuelles de vie de classe par niveau.
*** Ces quatre heures hebdomadaires sont consacrées aux enseignements complémentaires (accompagnement personnalisé et enseignements pratiques interdisciplinaires).
Les enseignements complémentaires
Les contenus des enseignements complémentaires sont établis en fonction des objectifs de connaissances et de compétences du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et des programmes des cycles concernés. Les enseignements complémentaires prennent la forme de temps d’accompagnement personnalisé et d’enseignements pratiques interdisciplinaires.
Les enseignements pratiques interdisciplinaires
Chaque enseignement pratique interdisciplinaire porte sur l’une des thématiques interdisciplinaires suivantes :
- corps, santé, bien-être et sécurité
- culture et création artistiques
- transition écologique et développement durable
- information, communication, citoyenneté
- langues et cultures de l’Antiquité
- langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales
- monde économique et professionnel
- sciences, technologie et société
Les enseignements pratiques interdisciplinaires incluent l’usage des outils numériques et la pratique des langues vivantes étrangères. Ils contribuent, avec les autres enseignements, à la mise en œuvre du parcours citoyen, du parcours d’éducation artistique et culturelle ainsi que du parcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel.
Une dotation horaire mise à la disposition des établissements
Outre la dotation horaire correspondant aux enseignements obligatoires, une dotation horaire est mise à la disposition des établissements afin de favoriser le travail en groupes à effectifs réduits et les interventions conjointes de plusieurs enseignants. Cette dotation horaire permet aussi, dans le cadre du projet pédagogique de l’établissement, de proposer, pour les élèves volontaires, un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires, qui porte sur un enseignement de langues et cultures de l’Antiquité ou sur un enseignement de langue et culture régionales.
Décorticage par le site reformeducollège.fr
A- Décodage du décret et de l’arrêté
Chacun d’entre nous a éprouvé combien il est difficile de se faire sa propre opinion sur cette réforme du collège. Nous subissons tous un déferlement continu d’informations. Mais ce tourbillon médiatique nous emporte, plus qu’il ne nous apporte de réponses. Faisons ensemble l’expérience de nous poser quelques instants et de regarder les faits. Nous pouvons commencer par examiner les textes du décret et de l’arrêté. Le décret commence par nous dire l’objet de cette réforme du collège : C’est de modifier le travail qui est fait au quotidien par les élèves et les professeurs dans les collèges.
De nouveaux programmes : quels contenus pour les enseignements ? Le contenu des enseignements visera à acquérir « le socle commun de connaissances, de compétences et de culture »[2] : c’est une ambition revue à la baisse.
Les options et dispositifs qui disparaissent Le texte supprime des options telles qu’elles existent aujourd’hui : Classes Euro et Découverte professionnelle. Autre dispositif appelé à évoluer : les SEGPA, qui scolarisent les élèves les plus fragiles, ceux qui présentent des difficultés d’apprentissage graves et durables.
Les options qui deviennent des enseignements de complément Le latin, le grec et les langues régionales sont maintenant appelées des enseignements de complément. Concrètement il ne sera pas toujours possible de proposer autant d’enseignements de complément qu’aujourd’hui. Cas particulier, les bilangues seront parfois maintenues au nom de la continuité des enseignements[6].
Et les enseignements complémentaires ? Il ne faudra pas les confondre avec les enseignements de complément. Les élèves de 6e n’auront que de l’accompagnement personnalisé[8]. Les horaires de ces enseignements complémentaires sont prélevés sur les horaires des matières. Pour les élèves de la 5e à la 3e l’accompagnement personnalisé se substitue à l’aide aux devoirs, qui disparaît à la rentrée 2015. L’aide aux devoirs était proposé en plus des heures de l’emploi du temps, l’accompagnement personnalisé sera fait sur les cours des matières. Cet accompagnement éducatif était proposé à tous les élèves de collège sur la base de leurs besoins. Il devient simplement obligatoire et intégré aux horaires disciplinaires .
L’autonomie des établissements La répartition des heures par matières et par années sera préparée en conseil pédagogique et votée au conseil d’administration[9]. Autre conséquence de cette organisation par cycle, les programmes ne seront plus annuels[12]. En particulier, il est intéressant de consacrer quelques minutes à la question essentielle des emplois du temps. Page mise à jour le 2 juillet 2015. Nous avons déjà vu ensemble quelques-uns des enjeux de cette réforme : (+) : La possibilité d’adapter l’organisation de chaque établissement à un contexte particulier. (+) : La possibilité pour un établissement d’optimiser les ressources dont il dispose. (+) : Une incitation à la mise en place de pratiques pédagogiques qu’une partie des enseignants souhaite expérimenter. (+) : Un assouplissement des modalités pour faire cours.
(-) : Une ambition revue à la baisse dans les contenus des enseignements. (-) : Un risque de déséquilibre de la quantité de travail par matière à la fois pour les élèves, mais aussi pour les enseignants. (-) : Une perte du repère structurant de « l’emploi du temps » figé pour les élèves avec une organisation qui devient annuelle. (-) : Le risque de quasi-disparition de matières dans certains établissements si les enseignements de complément ne sont pas proposés. (-) : Un changement de programmes sur tous les niveaux, non testé au préalable. Un gros budget pour renouveler tous les manuels. (-) : De nouvelles pratiques pédagogiques, comme les EPI, imposées à tous les enseignants et à toutes les matières, allant à l’encontre de leur « liberté de choix pédagogiques », certaines matières s’y prêtant probablement moins que d’autres. (-) : des risques de discontinuité dans les enseignements, les programmes étant écrits pour un cycle de 3 ans, mais les élèves changeant d’enseignant chaque année. [1] Décret Objet : « modifier les articles en vigueur du code de l’éducation relatifs à la formation dispensée dans les collèges et notamment à l’organisation des enseignements. » [2] Décret art. 1er : « Le collège dispense à chaque élève, sans distinction, une formation générale qui lui permet d’acquérir, au meilleur niveau de maîtrise possible, le socle commun de connaissances, de compétences et de culture défini en application de l’article L. 122-1-1 et dont l’acquisition a commencé dès le début de la scolarité obligatoire. » [3] Code de l’éducation art. 332-2 actuel : « Le collège dispense à chaque élève, sans distinction, une formation générale qui doit lui permettre d’acquérir au moins le socle commun de connaissances et compétences, défini en application de l’article L. 122-1-1 et dont l’acquisition a commencé dès le début de l’instruction obligatoire. D’autres enseignements sont dispensés au cours de la scolarité obligatoire et complètent le socle commun dont la maîtrise est indispensable pour la poursuite des études, l’exercice de la citoyenneté et l’insertion professionnelle future. » [4] La Ministre a été interpellée à ce sujet lors des questions au gouvernement le mardi 12 mai 2015, et elle n’a pas contredit l’idée que les programmes seraient modifiés sur 9 niveaux à la même rentrée. [5] Arrêté article 7 : « Cette dotation horaire attribuée à l’établissement lui permet également, dans le cadre de son projet pédagogique, de proposer, pour les élèves volontaires, un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires prévus à l’article 3, qui porte sur un enseignement de langues et cultures de l’Antiquité ou sur un enseignement de langue et culture régionales. Cet enseignement peut être suivi au cours des trois années du cycle 4, dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de deux heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième. » [6] Les élèves qui ont bénéficié de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais à l’école élémentaire peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. Le cas échéant, une dotation horaire spécifique peut être attribuée à cette fin. [7] Arrêté article 3-2 : « Les enseignements complémentaires prennent la forme de temps d’accompagnement personnalisé et d’enseignements pratiques interdisciplinaires» [8] Arrêté article 4 : « Pour les élèves de sixième, les enseignements complémentaires sont des temps d’accompagnement personnalisé.» [9] Décret article 2 : « l’organisation des enseignements est fixée par le conseil d’administration, conformément au projet d’établissement et après avis du conseil pédagogique. [10] Arrêté annexe 1 : « Total 26 heures » [11] Arrêté annexe 2 : « Français 4.5 heures + 4.5 heures + 4 heures » [12] Arrêté article 2 : «Le volume horaire et les programmes des enseignements communs d’un cycle sont identiques pour tous les élèves. » |
Loi de refondation de l’école
Le décret et l’arrêté de la réforme du collège, publiés le 20 mai 2015, visent à mettre en œuvre une partie de la loi de refondation de l’école. Cette loi a été publiée au Journal Officiel plus d’un an et demi auparavant, le 9 juillet 2013. Elle a une portée bien plus large que la réforme du collège : elle concerne tout le système éducatif. La réforme du collège ne couvre qu’un des aspects des nombreux chantiers ouverts par la loi de refondation*. Le texte nous donne les grandes orientations en matière d’évaluation des élèves, de formation des personnels, de santé à l’école,… Plusieurs arrêtés ont déjà été pris pour mettre en application certains points de la loi (par exemple l’arrêté du 24 juillet 2013 sur les cycles d’enseignement à l’école primaire et au collège). Plusieurs autres sont encore à venir, comme la réforme de l’évaluation des élèves. La réforme du collège quant à elle change l’organisation des enseignements dispensés au collège, ce que l’on appelle la « grille horaire ». Prenons un exemple : l’accompagnement personnalisé (AP), ce sont les heures d’aide aux élèves. Cependant, rien dans la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’Ecole de la République n’oblige à organiser les enseignements complémentaires (AP et EPI) sur les horaires des disciplines. Ce décret et cet arrêté prennent ainsi des dispositions qui ne sont ni imposées ni empêchées par la loi et qui font encore débat aujourd’hui.
On peut donc se demander dans quelle mesure les choix qui ont été faits pour la réforme du collège étaient intégralement inscrits dans la loi de refondation. Car en tant que décret et arrêté, ces textes doivent respecter l’esprit de la loi qui a été votée à l’assemblée nationale.
Or, cette réforme se met en place par étapes, dans de nombreux décrets et arrêtés, qui sont présentés séparément dans un vaste calendrier. Cela rend difficile la compréhension et la vision de l’ensemble de ces changements.
Dans la suite de cette page, nous mettons en évidence les liens qui existent entre la loi de refondation et les décrets et les arrêtés qui définissent la réforme du collège. Les textes officiels sont cités en italique. Dans les textes qui ont été modifiés, les parties abrogées sont barrées, les parties ajoutées sont soulignées.
En bref : dans quelle mesure la réforme du collège était-elle inscrite dans la loi de refondation ? Les points qui sont prévus par la loi et strictement mis en oeuvre par l’arrêté et le décret de mai 2015 : - Le redécoupage des cycles (notamment le cycle regroupant le CM2 et la 6e) et les programmes définis par cycles (sauf exception). - La création d’enseignements complémentaires. - L’introduction de l’enseignement d’une première langue vivante en CP. - La création de parcours : Enseignement Moral et Civique (EMC), Parcours d’Education Culturelle et Artistique (PEAC), Parcours Individuel d’Information et de Découverte du Monde Professionnel (PIIODMEP, en passe de devenir le Parcours Avenir). - La suppression de l’option Découverte professionnelle. - Les créations de postes.
Les points qui sont prévus par la loi et mis en oeuvre par l’arrêté et le décret avec des nuances sensibles : - Le principe de la mise en place d’une marge d’autonomie est présent dans la loi de refondation, mais les usages de cette marge sont bien plus larges (donc concurrentiels) dans l’arrêté de mai 2015 que dans la loi. - Les enseignements transversaux et interdisciplinaires : sur la base du volontariat selon la loi, décidés par les instances dirigeantes des établissements selon l’arrêté de mai 2015. - La continuité d’une langue autre que l’anglais entre le primaire et le collège : une continuité assurée selon la loi, possible selon l’arrêté de mai 2015. - Les langues régionales : un enseignement favorisé selon la loi, mais ensuite décision de la fin programmée de la dotation horaire spécifique pour l’enseignement optionnel de langue et culture régionale.
Les points en plus : ceux qui ne sont pas prévus par la loi mais qui apparaissent dans les textes de mise en oeuvre : - L’enseignement de la deuxième langue vivante à partir de la 5e (au lieu de la 4e jusqu’à présent). - La suppression des sections bilangues hors continuité (c’est-à-dire le commencement d’une deuxième langue vivante en 6e). - La suppression des sections européennes. - La réduction de la palette et des horaires des enseignements optionnels (qui deviennent des enseignements de complément). - La suppression de l’accompagnement éducatif dans les établissements hors éducation prioritaire.
Les points en moins : ceux qui sont prévus par la loi mais ne sont pas contenus dans les textes de mise en oeuvre publiés à ce jour : - La lutte contre l’illettrisme et les difficultés en calcul est érigée en priorité par la loi, mais pas de renforcement des horaires de Français ni de Mathématiques dans l’arrêté.
B- La réorganisation des cycles du collège
La loi de refondation stipule que les cycles sont fixés par décret. Le décret du 24 juillet 2013 intègre la classe de 6e au cycle 3, et crée un cycle 4 regroupant les classes de 5e, 4e et 3e. La loi réclame (en Annexe) un cycle commun au CM2 et à la 6e, pour une meilleure continuité pédagogique. Elle stipule également, paradoxalement, que l’école maternelle doit constituer un seul cycle afin de retrouver son unité.
La réforme des programmes est liée à la refondation de l’Ecole de la République, donc à la réforme du collège. La plupart des programmes présentés en avril 2015 sont cycliques, comme le rend possible l’article L.311-1 du Code de l’Education modifié par la loi de refondation, en définissant une progression régulière et non plus annuelle (« La scolarité est organisée en cycles pour lesquels sont définis des objectifs et des programmes nationaux de formation comportant une progression régulière ainsi que des critères d’évaluation, » article L.311-1 du Code de l’Education).
La mise en place de l’Accompagnement personnalisé et de l’interdisciplinarité
La loi de refondation requiert la création d’enseignements complémentaires, dont l’objectif est de favoriser l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et de faciliter l’élaboration du projet d’orientation.
L’arrêté distingue deux sortes d’enseignements complémentaires : l’Accompagnement personnalisé (AP) et les Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI). Il fait le choix de ne créer que de l’AP en 6e, et d’organiser de l’AP et des EPI au cycle 4. La loi n’oblige pas à organiser les enseignements complémentaires sur des horaires disciplinaires hebdomadaires. Mais les volumes horaires fixés dans l’annexe de l’arrêté indiquent que les enseignements complémentaires sont organisés sur les horaires disciplinaires.
La lutte contre l’illettrisme, les difficultés en calcul et le manque de maîtrise des compétences de base de la vie quotidienne est une priorité énoncée par la loi. Mais l’arrêté du 19 mai 2015 ne prévoit pas un renforcement de l’enseigement du Français ni des Mathématiques, au contraire puisque l’Accompagnement personnalisé (AP) sera organisé sur les heures de cours (l’AP correspond actuellement à des heures en plus), et probablement en groupes de la taille d’une classe car tous les élèves devront bénéficier d’AP (contrairement à aujourd’hui).
La loi de refondation reconnaît les limites de l’Accompagnement personnalisé (AP) en lycée. Chaque classe de Seconde reçoit une marge d’autonomie sur une base de 10h30, afin de pouvoir organiser, notamment, l’AP et les enseignements d’exploration. Face à la difficulté d’organiser l’AP, celle-ci est parfois dévoyée (enseignement disciplinaire organisé sur l’AP, AP en effectifs trop nombreux pour être efficace).
Les sections et options La loi pour la refondation ne vise, à aucun moment, les filières sélectives ou considérées comme « élitistes ». Elle ne recommande pas de réduire les sections bilangues pour en reporter les moyens sur l’anticipation de l’apprentissage de la deuxième langue vivante, elle ne recommande pas non plus de supprimer les sections européennes, ou de réduire les horaires d’options.
Ces choix relèvent de l’arrêté, et non de la loi. Ils n’ont donc pas été débattus à l’Assemblée nationale, et encore moins votés par les députés. Les langues vivantes
La sensibilisation à une langue vivante dès le CP est obligatoire depuis 2013 (BO du 5 janvier 2012, page 5). A partir de 2015, il devra s’agir d’un enseignement et non plus seulement d’une initiation.
D’après la loi, les langues étudiées en primaire doivent trouver une continuité au collège. 93% des élèves apprennent l’anglais en primaire. Pour les 7% restants, la réforme du collège prévoit un maintien des sections bilangues sur une dotation spécifique (« Les élèves qui ont bénéficié de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais à l’école élémentaire peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. Le cas échéant, une dotation horaire spécifique peut être attribuée à cette fin« , article 8 de l’arrêté du 19 mai 2015). Par contre, un élève qui aura étudié l’anglais en primaire ne pourra pas choisir d’apprendre une deuxième langue dès la 6e (ce qu’il peut faire aujourd’hui). Le Ministère a fait le choix de supprimer cette possibilité, ainsi que la possibilité de choisir une section européenne en 4e, afin de récupérer les moyens horaires attribués à ces sections et ainsi permettre à tous les élèves de commencer une deuxième langue vivante en 5e (aujourd’hui, cette langue est commencée en 4e).
Un lien est établi entre les langues étrangères enseignées et les accords de coopération régionale. On peut donc imaginer que l’enseignement de l’italien sera encouragé dans le sud-est de la France, que celui de l’allemand sera encouragé en Alsace notamment… Mais dans les autres régions, quels choix seront faits ? Il faut attendre la publication de la future carte des langues en primaire pour le savoir.
La loi garantit donc la poursuite d’une langue vivante étrangère commencée en primaire, tandis que l’arrêté n’en fait qu’une possibilité (« Les élèves [...] peuvent se voir proposer« , « une dotation horaire spécifique peut être attribuée« ). Le projet de circulaire, présenté en juin 2015, confirme qu’il s’agit d’une possibilité et non d’une garantie.
La loi garantit donc la poursuite d’une langue vivante étrangère commencée en primaire, tandis que l’arrêté n’en fait qu’une possibilité (« Les élèves [...] peuvent se voir proposer« , « une dotation horaire spécifique peut être attribuée« ). La circulaire d’application datée du 30 juin 2015, publiée le 2 juillet, confirme qu’il s’agit d’une possibilité et non d’une garantie.
L’enseignement des langues régionales suit les mêmes principes.
La loi affirme la place des langues et cultures régionales dans le système éducatif.
La réforme du collège prévoit effectivement un enseignement de langue et de culture régionales, dans le cadre :
Le cas de l’enseignement bilingue en langue française et en langue régionale n’est pas cité dans la réforme du collège. Cependant, le Ministère a certifié dans un courrier du 24 avril 2015 que « Les enseignements bilingues ne sont pas impactés par la réforme du collège. ». Ces enseignements, qui nécessitent une dotation horaire importante afin d’organiser des cours de langue régionale et des cours de disciplines non-linguistiques (DNL ; par exemple mathématiques enseignées en breton), devraient continuer à recevoir une dotation horaire spécifique. Par contre, le Ministère ne dit pas clairement si cette dotation horaire spécifique permettra d’organiser aussi les enseignements de complément (les options langues et cultures régionales sont actuellement comprises dans la dotation spécifique). Ils pourraient donc, comme le prévoit d’ailleurs l’arrêté du 19 mai 2015, être financés par la marge heures professeurs et donc entrer en concurrence avec les dédoublements, le co-enseignement, l’enseignement de complément langues et cultures de l’Antiquité.
La circulaire d’application du 30 juin 2015 (publiée le 2 juillet) donne une place explicite aux langues régionales : l’existence des filières bilingues est réaffirmée, la possibilité est donnée de proposer un enseignement de complément Langue régionale en 6e (niveau auquel il n’y a normalement pas d’enseignement complémentaire) mais sans évoquer les moyens (il pourrait s’agir de la marge, donc d’une mise en concurrence avec les groupes et le co-enseignement).
De nouveaux enseignements
Les moyens de la réforme du collège
L’arrêté du 19 mai 2015 prévoit une marge de manoeuvre hebdomadaire sur une base de 2h45 par classe en 2016-2017 puis de 3h par classe à partir de la rentrée 2017. Cette marge est laissée à l’appréciation du recteur, selon des critères qui ne sont pas explicités. (« Outre la dotation horaire correspondant aux enseignements obligatoires, une dotation horaire est mise à disposition des établissements afin de favoriser le travail en groupes à effectifs réduits et les interventions conjointes de plusieurs enseignants, conformément à l’article D.332-51 du code de l’éducation. Son volume pour l’établissement est arrêté par le recteur d’académie, sur la base de deux heures quarante-cinq minutes par semaine et par division pour la rentrée scolaire 2016, puis sur la base de trois heures par semaine et par division à compter de la rentrée scolaire 2017. L’emploi de cette dotation est réparti proportionnellement aux besoins définis dans le projet d’établissement pour chaque niveau d’enseignement [...]« , article 7 de l’arrêté du 19 mai 2015.
Cette marge devra aussi permettre d’organiser les enseignements de complément (langues et cultures de l’Antiquité, langues et cultures régionales) qui n’étaient pas prévus par la loi de refondation mais qui sont mentionnés dans l’arrêté (« Cette dotation horaire attribuée à l’établissement lui permet également, dans le cadre de son projet pédagogique, de proposer, pour les élèves volontaires, un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires prévus à l’article 3, qui porte sur un enseignement de langues et cultures de l’antiquité ou sur un enseignement de langue et culture régionales. Cet enseignement peut être suivi au cours des trois années du cycle 4, dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de deux heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième, » article 7 de l’arrêté du 19 mai 2015).
La loi prévoit que cette marge devrait permettre des expérimentations pédagogiques, des regroupements, du travail transversal et pluridisciplinaire, des projets collectifs etc. sur la base du volontariat. Cependant, le décret du 19 mai 2015 prévoit que l’organisation reviendrait au conseil pédagogique (avis consultatif) et au conseil d’administration (rôle décisionnel) : « II.-Conformément à l’article R.421-41-3, le conseil pédagogique est consulté sur la préparation de l’organisation des enseignements. En application du 2° de l’article R.421-2, l’organisation des enseignements est fixée par le conseil d’administration, après avis du conseil pédagogique et conformément au projet d’établissement« , article 2 du décret. Pour des raisons d’organisation à l’intérieur de chaque établissement, le travail transversal et disciplinaire, les projets collectifs (dans les EPI notamment) seront probablement imposés aux enseignants et aux élèves (impossibilité de proposer toute la palette des EPI, nécessité que toutes les mêmes matières d’un même niveau contribuent de façon égale aux EPI, quasi-obligation d’organiser plusieurs voire tous les EPI d’un même niveau sur un même créneau horaire pour pouvoir créer des groupes…).
Le Ministère prévoit effectivement la création de 4000 postes (il s’agit plus exactement de 4000 équivalents temps-plein, c’est-à-dire 4000 fois 18h d’enseignement hebdomadaire, le temps de service d’un professeur certifié étant de 18h). Mais rapporté au nombre de collégiens, c’est très peu : ces 4000 postes ne suffiront pas à organiser les petits groupes mis en avant par la réforme du collège.
En complément de ces 4000 postes, le gouvernement a fait le choix, pour attribuer davantage de moyens aux élèves les plus en difficulté, de limiter voire de supprimer les moyens dont bénéficiaient d’autres élèves. C’est ainsi que l’accompagnement éducatif sera supprimé à la rentrée 2015 (sauf dans les établissements de l’éducation prioritaire) et que la marge d’autonomie créée par l’arrêté du 19 mai 2015 sera laissée à l’appréciation du Recteur, sur une base de 2h45 puis 3h par classe (on suppose donc que le recteur pourra attribuer une marge moins importante ou au contraire plus forte selon le profil des élèves).
La création des 60 000 emplois dans l’enseignement (il ne s’agit pas nécessairement de 60 000 emplois de professeurs, et ils concernent tous les niveaux de l’éducation, du premier degré au supérieur, ainsi que la formation des enseignants) fait partie des promesses du Président de la République. Cette promesse est inscrite dans la loi. Fin 2014, 24 000 postes avaient été programmés ou créés. Le budget triennal 2015-2017 présenté le 9 juillet 2014 prévoit la création des 36 000 emplois restants. Cependant, depuis plusieurs années, les concours de recrutement des enseignants ne réussissent pas à pourvoir tous les postes mis au concours. |
C- Brevet et évaluation: vers la fin des notes?
La réforme du collège concerne son organisation, les enseignements, les programmes, mais aussi désormais l’évaluation des élèves.
Les textes sur l’évaluation des élèves du cycle 1 à 4 ont été travaillés fin septembre et remaniés par le Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE) le 15 octobre 2015. Le collège est concerné par la dernière classe du cycle 3 (cycle 3: CM1, CM2, 6e) et le cycle 4 en entier (5e 4e 3e). Rappelons qu’actuellement, les collégiens font l’objet d’une double évaluation :
Les actuelles expérimentations autour des évaluations interdisciplinaires par compétences (pas de note chiffrée) ainsi que l’existence de classes sans note dans certains collèges pouvaient déjà laisser penser que les notes auraient une place de moins en moins importante et que l’évaluation par compétences serait développée. Certaines informations (le détail des épreuves du brevet, entre autres) figurent uniquement sur le site internet du Ministère, lui-même soumis à des mises à jour régulières. Le nouveau Diplôme National du Brevet (DNB)Pour obtenir le brevet 2017, l’élève devra obtenir la moyenne, soit 350 points sur 700[1]. Le contrôle continu sera noté sur 400 (tout au long du cycle 5e/4e/3e), le contrôle final sera sur 300 (épreuves communes en fin d’année). Le contrôle continu: 400 points sur le SocleEn 2016-2017, les notes sur vingt que les élèves de 3e recevront dans chaque matière ne compteront plus du tout (en supposant que ces notes existent encore), alors qu’aujourd’hui, les résultats des élèves leur permettent de cumuler des points toute l’année dans toutes les matières (sauf en histoire géographie). L’élève ne recevra plus de points en fonction des notes attribuées par les professeurs dans chaque matière tout au long de l’année. Il recevra des points en fonction de son niveau de maîtrise des compétences du Socle Commun, lui-même remanié. Les compétences apparaitront dans le livret scolaire de la scolarité obligatoire. L’élève obtiendra pour chaque domaine, sans aucune modulation possible :
D’après le livret de compétences mis en ligne par le Ministère, il y aura huit domaines (en fait cinq domaines, mais le premier comporte lui-même quatre sous-domaines à valider). Tous les élèves auront donc au moins 80 points (maîtrise insuffisante). Un niveau de « maîtrise satisfaisante » lors du contrôle continu permettra presque d’obtenir à lui seul le Brevet (320 points sur les 350 points de moyenne nécessaires). En effet, les points attribués pour chaque niveau de maîtrise ont été revus à la hausse par le CSE le 15 octobre 2015 pour « rendre l’obtention du DNB plus probable » (amendement 2 article 8)[3]. Le contrôle terminal sur 300 points: trois épreuves finales (deux écrites, une orale).Chaque épreuve est notée de 0 à 100 :
Chaque épreuve regroupe plusieurs matières, d’après le projet de texte. Sur le site de l’Éducation Nationale, on observe que ce sont uniquement la physique chimie, les SVT et la technologie qui seraient regroupées en un seul et même sujet. Rappelons qu’actuellement, chaque épreuve correspond à un enseignement bien différent (épreuve de mathématiques, épreuve de français, épreuve d’histoire géo éducation civique, épreuve d’histoire de l’art). Concernant les points pouvant être gagnés grâce aux options (appelées enseignements de complément) : il ne sera plus possible de moduler les points attribués. Les élèves pourront obtenir soit 10 soit 20 points.[1] À noter également que les options seront moins nombreuses qu’aujourd’hui. L’obtention du niveau A2 en langue vivante n’est plus une condition à remplir pour obtenir le brevet. L’épreuve obligatoire d’histoire des arts disparait. Ce sera à l’élève de choisir le thème de son épreuve orale. Celle-ci peut (mais ne doit pas nécessairement) contenir des éléments d’histoire de l’art. Le premier mercredi de chaque année scolaire aura lieu une remise officielle des brevets obtenus l’année précédente. Cette cérémonie rassemblera la communauté éducative et les élus locaux autour des élèves. L’évaluation des élèves au collège.Elle reposera toujours sur le Socle Commun de connaissances, de compétences et de culture pour le collège. Il se présente sous la forme de listes de points à acquérir par chaque élève. Un nouveau Socle Commun est prévu pour l’année scolaire 2016-2017. Les enseignants se réuniront en conseils de cycle pour décider des modalités d’évaluation. Les compétences seront à évaluer en continu, tout au long de l’année pour chaque niveau. Un bilan sur l’acquisition des compétences sera effectué par les enseignants à chaque fin de cycle (fin 6e, fin 3e pour le collège) selon une échelle de référence qui comprendra quatre échelons. Ce bilan apparaitra dans le livret scolaire de l’élève, qui va prendre la forme d’un document très détaillé[4]. Par ailleurs, le bulletin existe toujours. Le site du Ministère en a publié un exemple, alors que le projet de décret ne l’évoquait pas. Sur ce bulletin seront récapitulés les thèmes vus dans chaque matière (ces thèmes apparaissent déjà dans le cahier de l’élève ainsi que sur le cahier de texte en ligne), en EPI et en AP. Il sera possible pour chaque enseignant d’attribuer une note sur 20 – possible, mais pas obligatoire. En effet, en ce qui concerne l’existence ou non de notes, « la liberté est laissée aux équipes enseignantes » [2]. D’ailleurs, aucune case n’est prévue pour indiquer la moyenne générale. Les EPI se feront pas non plus l’objet d’une note dans le bulletin, mais ils devront être évalués. Enfin, ce bulletin sera conservé pour une durée d’un cycle par l’Éducation nationale. Il aura donc moins d’importance que les bilans de fin de cycle. Les documents essentiels dans le livret scolaire seront donc les bilans de fin de cycle (6e et 3e au collège). En fonction de ces bilans, les enseignants devront proposer des modalités d’accompagnement afin de permettre à l’élève d’atteindre les objectifs. Notes ou pas notes ?Si la notice du décret sur l’évaluation évoque bien le fait de « diversifier les modalités de notation et d’évaluation » , le site du Ministère annonce la mise en place d’un nouveau bulletin sans moyenne générale, avec toutefois la possibilité d’attribuer des moyennes par matière (si les enseignants continuent de noter sur 20). Ces bulletins ne seront pas conservés plus d’un cycle par l’Éducation Nationale. Seuls les bilans resteront (fin 6e, fin 3e pour le collège). Dans les projets de textes, il est question du livret scolaire, ce document où figureront notamment les points à valider du Socle Commun. Il n’est pas question de notes. Enfin, on constate que le nouveau Brevet rendrait tout-à-fait possible de se passer des notes attribuées jusque-là pendant l’année par les professeurs des différentes matières. |
Ce qui dépendra de chaque collège
L’acquisition des notions par les élèves qui changeront de collège (en cours d’année ou même d’une année sur l’autre) est un problème qui n’est pas nouveau, mais qui va se poser dans des termes différents dès la rentrée 2016 puisque la réforme accroit l’autonomie des établissements du point de vue de l’organisation, des contenus et des pédagogies. Le décret publié le 20 mai 2015 rappelle que « l’organisation des enseignements est fixée par le conseil d’administration, après avis du conseil pédagogique et conformément au projet d’établissement ». Ces instances existent déjà au collège. La réforme 2016 vient allonger la liste des points qui seront décidés dans chaque établissement (par exemple: le contenu d’une partie des heures obligatoires, les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires). Vous trouverez ci-dessous un récapitulatif de ce qui sera différent d’un collège à l’autre. Ces informations sont détaillées, expliquées et sourcées dans les différentes rubriques de ce site. Organisation générale - la mise en place d’un emploi du temps pour l’année, par semestre ou par trimestre - la durée de certains cours: séquences de 45 minutes ou de 90 minutes encouragés dans certains cas - le nombre d’heures de cours traditionnels qu’il restera pour chaque matière: combien d’heures de quelles matières sont utilisées pour AP (Accompagnement Personnalisé) et EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires)? - la répartition entre le nombre d’heures d’AP et d’EPI en 5e, 4e, 3e. - la participation ou non de personnels non enseignants aux EPIs - l’organisation des heures de cours sur le cycle 5e, 4e, 3e : possibilité de mettre plus d’heures sur certaines matières certaines années au détriment d’autres, puis l’inverse l’année suivante - l’enseignement de certaines matières sur l’année ou sur un trimestre (arts plastiques et éducation musicale) Contenus enseignés - la mise en œuvre des programmes, comme ceux d’histoire, de français (choix des œuvres issues ou non de la littérature), de mathématiques (hors programme possible), selon ce que décidera l’enseignant - mettre en place l’Enseignement Intégré de Sciences et Technologie (EIST) ou pas en 5e, 4e, 3e. - la manière de mettre en place l »EIST en 6e: quel professeur est en charge de quoi? - selon les choix d’utilisation du budget d’heures (« marge »), qui ne permet pas de tout proposer: - enseignement de latin, ou pas - enseignement de grec, ou pas - enseignement de Langues et Cultures Régionales (LCR), ou pas - l’accompagnement éducatif : aide aux devoirs, soutien, clubs : en collèges REP/REP+ uniquement (dès la rentrée 2015)
- mise en place des petits groupes en sciences, ou pas - mise en place de co-interventions, ou pas |
D- Aux Origines de la Réforme
Essayons d’analyser la réforme du collège dans une échelle de temps plus longue : les dix années passées. Dans cet intervalle les changements de notre système éducatif se sont succédé à intervalles rapprochés : réforme du lycée, rythmes scolaire, réforme du collège. L’éducation nationale est un monde en pleine mutation. A ce titre, la lecture d’un document de 2006, nous est apparue comme éclairante quant aux origines de la réforme du collège. Ce rapport pourtant assez ancien, décrit avec des détails concordants les changements qui surviennent 10 ans plus tard. Cet audit portait sur la grille horaire des enseignements au collège. Ses auteurs n’emploient pas la langue de bois, ils sont très explicites sur les constats, les solutions, et les buts à atteindre. Ils nous donnent ainsi un aperçu des opinions les plus communément répandues chez les hauts fonctionnaires et les cadres supérieurs de l’éducation nationale. Une population très influente, qui s’exprime peu en direction du grand public, mais qui est au cœur de la conception des réformes. Alors, dans quelle mesure la réforme du collège était-elle déjà conçue dès 2006 ?
Une réforme conçue en 2006 ? Le rapport sur la grille horaire du collège répondait à une commande du monde politique en responsabilité en 2006 :
La réforme du collège s’annonce donc comme un prolongement de la réforme du lycée.
L’intention de départ de la réforme du collège est donc bien de recentrer le collège sur l’acquisition d’un socle minimal normatif de compétences.
Le constat sur les résultats du collège est nuancé par trois contraintes que subit le collège :
L’équipe d’audit insiste sur la faible flexibilité du système. Une organisation qui serait trop rigide et qu’il faudrait assouplir. Les principaux n’auraient pas la capacité localement d’utiliser au mieux les ressources dont ils disposent pour mettre en place des dispositifs innovants. Certes il y a des études sur l’efficacité du redoublement, encore ces études sont elles souvent imparfaites et dépendantes de l’ensemble des mesures éducatives prises pour pallier à la grande difficulté scolaire. Mais rien à notre connaissance ne démontre que l’organisation en semaines identiques soit un frein quelconque à la réussite des élèves.
Le référentiel horaire annualisé propose de réduire les enseignements disciplinaires au profit d’une marge non fléchée. Cette marge négociée avec le rectorat est un levier de conduite du changement vers des objectifs dits « de progrès ». On observe dans la réforme du collège un prélèvement horaire sur les enseignements disciplinaires d’environ 10%. C’est aux équipes de décider quelles matières verront leurs horaires de « cours classiques » diminuer. A cette érosion s’ajoutent 10% de marge horaire à distribuer aux disciplines, ce qui fait effectivement 20% d’autonomie au total : 10% de contenu définis par chaque établissement à la place des heures de cours (en respect du cadre général) et 10% de moyens à utiliser selon les choix de l’établissement.
Le rapport de 2006 propose d’intégrer aux horaires disciplinaires les dispositifs d’aide. Ce changement est à la fois un puissant levier d’économies structurelles et de management des équipes.
Le rapport reconnaît que la volonté de faire travailler les élèves en projets (les EPI dans la réforme du collège) a au moins une vingtaine d’années. Tour à tour appelés parcours diversifiés, travaux croisés et IDD chacune de ces modalités d’enseignement a été essayée à grande échelle, puis abandonnée. Il est d’ailleurs noté, que l’efficacité de tels dispositifs n’est jamais évaluée, et n’a donc jamais pu être démontrée.
La dualité entre qualité et quantité est clairement posée. D’une part apprendre prend du temps. Un temps incompressible et variable selon les individus.
L’introduction de la seconde langue vivante en cinquième est une mesure phare de la réforme du collège, obligatoire pour tous les établissements en 2016 :
L’équilibre entre diversité de l’offre de langues et coût de ces enseignements est déjà posé. A la lecture du rapport, on est surpris de trouver dès 2006 autant de détails sur une réforme qui n’est finalement mise en place que 10 ans plus tard. Dans ses grandes orientations la réforme du collège 2016 était déjà conçue en 2006 par une administration qui avance dans une direction bien déterminée. Mais en y regardant de plus près, un observateur attentif note des différences sensibles entre le projet de 2006 et sa réalisation concrète en 2016. Quelles volte-face entre 2006 et 2016 ? Le premier changement notable concerne les options pour lesquelles la tendance s’est inversée entre 2006 et 2016 :
La stratégie d’offre éducative , qui était le signe de l’autonomie grandissante des établissements et du dynamisme des équipes pédagogiques n’est plus d’actualité.
Malheureusement aucun dispositif d’aide n’est prévu pour traiter l’échec scolaire.
Qui sont les auteurs de ce rapport ? L’équipe d’audit était composée de membres des inspections de l’éducation nationale et des finances. La conduite du changement dans l’éducation nationale
Dès l’introduction il est question de conduite du changement des grandes organisations, telles que l’éducation nationale. Par conduite du changement on entend l’ensemble des techniques managériales utilisées au sein de l’éducation nationale pour mettre en place des réformes. Ces institutions sont réputées difficiles à réformer (il y a pourtant eu 11 réformes au collège ces 30 dernières années). - Stratégie des petits pas, chaque texte, livrés année après année, apportant une pièce du puzzle. - Formatage à l’obéissance dès la formation initiale : les cadres de l’éducation nationale reprochent aux enseignants d’être trop autonomes, voire de croire leur métier relever d’une « profession libérale ». Alors que ces enseignants sont surtout livrés à eux-mêmes pour trouver des solutions concrètes à des situations parfois critiques. - Passage en vitesse en évitant un débat parlementaire : La réforme du collège a été publiée sous la forme d’un décret, et ce n’est certainement pas un hasard. - Priorité donnée à la communication sur le contenu : On assiste aussi à des politiques qui donnent la priorité à la pédagogie de la réforme en direction de l’opinion publique, tâche jugée essentielle, au détriment du travail sur le contenu des changements.
Parmi les leviers listés on note : - L’annualisation des horaires : favoriser une gestion souple pour gagner en « efficacité pédagogique ». - La suppression du redoublement : le redoublement inefficace et cher (coût 1.5 milliard € en 2002), jugé comme une solution d’une époque révolue. - Éviter la systématisation du dédoublement des classes : mesure jugée peu efficace. On préférera les « groupes de besoin » dont la taille peut être équivalente, voire supérieure à une classe. - Créer des relais auprès du chef d’établissement : les coordonnateurs de discipline. - Valoriser la performance individuelle : améliorer les conditions de travail (emploi du temps, salle), allouer une « gratification individuelle non pécuniaire » quand un professeur donne satisfaction.
De l’état centralisé à l’état évaluateur : des règles écrites au management
Le fonctionnement de l’éducation nationale a toujours été organisé par un ensemble de règles écrites. Au fil des décennies ces textes se sont accumulés, ce qui leur a fait perdre beaucoup de leur force. Ce cadre offre paradoxalement une grande liberté pédagogique aux professeurs à l’intérieur de limites bien précises. Cette liberté pédagogique n’a de sens que si l’on fait confiance à des professeurs recrutés et formés pour leur excellence professionnelle. Cependant, la crise du recrutement que traverse l’éducation nationale ne garantit plus un niveau d’expertise suffisant, et la formation des enseignants est une faiblesse du système.
L’évaluation des résultats des collèges n’a pas toute la rigueur scientifique souhaitée. Le principal indicateur reste les résultats au brevet des collèges. Ces tests n’étant pas corrigés en interne pour éviter d’être juge et partie. En l’absence d’une telle évaluation, les indicateurs utilisés (poursuite d’études au lycée, compétences, notes,…) reflètent plus l’obéissance des équipes disciplinaires à des souhaits de l’encadrement, où des pratiques locales. On voit donc qu’il est délicat de demander à des équipe d’atteindre des objectifs chiffrés qui ne représentent pas toujours une réelle amélioration de l’éducation des élèves. On passe alors de plus en plus d’un monde de règles écrites, à un monde de management oral. Ce management est plus basé sur le travail en équipes et l’obéissance aux consignes orales. Conclusion L’étude de ce rapport nous a passionnés car elle nous a permis de mieux comprendre les grands courants de changements dans lesquels s’inscrit la réforme du collège 2016. Curieuse genèse que celle de la réforme du collège : Elle a pour l’essentiel été conçue par les cadres dirigeants, hauts fonctionnaires de l’éducation nationale. Puis elle est mise concrètement en œuvre par une autre majorité politique en responsabilité en 2016.
Une éducation nationale pragmatique, qui cesserait de s’obstiner à proposer toujours les mêmes solutions, et qui ferait confiance à des acteurs de terrain que l’on recruterait et formerait pour viser l’excellence pédagogique, aurait sans aucun doute une marge de progression importante. Cet exposé, déjà assez long, nous a obligés à choisir quelques extraits représentatifs de l’audit sur la « grille horaire des enseignements au collège ». Nous vous encourageons à lire l’intégralité du rapport qui est riche de beaucoup d’enseignements. |
E- Emploi du Temps
Dans la réforme du collège, une réorganisation des emplois du temps de nos élèves est prévue. La tendance globale est à l’allégement et à l’uniformisation. Cette baisse concerne même les élèves ne prenant pas d’option complémentaire, et est particulièrement sensible en 3e. Pour réaliser ce que cela implique concrètement, voici des exemples concrets d’agendas : Avant la réforme du collège :
Pour cette semaine cet élève a 34h de travail au collège. Cet élève a choisi comme langues vivantes : Anglais en LV1 (3h/sem) et Espagnol en LV2 (3h/sem). Il a choisi d’étudier le Latin en option (3h/sem).
Avec la réforme du collège : Exemple d’agenda, compatible avec la réforme du collège, pour le même élève de troisième en semaine A.
Pour cette semaine cet élève n’a plus que 28h de travail au collège.
Avec la réforme du collège, tous les élèves de 3ème auront entre 3h (élève aujourd’hui sans option) et 8h de moins chaque semaine (cas le plus défavorable d’élève qui perd son option avec la réforme du collège). La pause déjeuner est maintenant d’au moins 1h30, cela devient une obligation légale[9]. La tendance générale pour l’ensemble du collège est à l’allègement des emplois du temps des élèves. Vous pouvez faire la même comparaison pour les autres niveaux. Sinon vous pouvez aussi approfondir votre compréhension des cours et des options avec la réforme du collège. |
F- Grille Horaire : Options
La réforme du collège propose d’abroger les options actuelles, d’en remplacer certaines par des parcours ou des projets de volume horaire bien inférieur et de limiter les compléments possibles
La réforme du collège propose une refonte des options telles qu’elles existent aujourd’hui :
Par contre, il semble acquis que la réforme du collège ne modifie ni les sections internationales, ni les sections sportives, ni les Classes à Horaires Aménagées (Musique, Danse…). A notre connaissance, les raisons du maintien de ces sections, souvent plus sélectives que les options supprimées, n’ont pas été explicitées. Les élèves suivant une option au collège sont fréquemment présentés comme minoritaires, ce qui est vrai pour chacune d’entre elle (à l’exception des langues anciennes qui concernent un élève sur 5). Mais même en tenant compte du cumul qui peut exister entre différentes options à l’heure actuelle, sur lequel malheureusement aucun chiffre officiel n’est disponible, on peut estimer que plus d’un collégien sur deux suit une option[7], sans compter les options moins généralisées que nous n’avons pas mentionnées. Ce qui ne ferait qu’une petite moitié d’élèves qui ne suivent aucune option sur leur cursus de collège. Graphiquement, les choses se résument ainsi :
Pourcentage d’élèves et Horaire total correspondant sur les 4 années du collège. Les pertes horaires de la Grille Horaire sont très amplifiées par la refonte des options
Hors toute option la réforme du collège aboutit d’une part à la diminution des heures d’enseignement (toutes disciplines confondues) malgré le démarrage anticipé d’une LV2 en 5e et d’autre part à la réaffectation d’une partie des heures attribuées aux disciplines vers l’accompagnement des élèves et les projets (cf. Grille Horaire Hors Options).
Tableau 5. Comparaison des volumes horaires (base hebdomadaires) pour les différentes options (actuelles) (1) l’option bilangue ne pourra être maintenue que pour les élèves ayant étudié une autre langue que l’Anglais à l’école primaire. Exemple de l’évolution horaire avant/après réforme du collège pour un collégien prenant l’option latin-grec :
Redistribution des moyens ? + 54H en LV2, mais le triple perdu pour les élèves ne suivant aucune option, et une perte moyenne d’au moins 9 semaines Du point de vue des heures de classe, la Réforme du collège met en place 54H de plus pour l’enseignement de LV2 sur les 4 années de collège. Mais au prix d’une diminution bien supérieure des heures d’enseignement pour tous : depuis 162H de cours perdues (plus de 6 semaines de classe) pour les élèves ne suivant aucune option, jusqu’à 450H (plus de 15 semaines de classe) pour un élève latiniste si son collège ne met en place un complément LCA (ou qu’ils ne puissent intégrer cet élève faute de places). Une autre manière de percevoir les changements horaires apportés par la Réforme du collège consiste à faire abstraction des heures d’enseignement qui sont communes entre l’Actuel et la Réforme du collège (même si sur la forme et sur leurs organisations il existe des transformations, par exemple avec l’apparition des EPI). Si on ne considère que les heures de cours qui disparaissent ou apparaissent avec la Réforme du collège :
Analysons ces modifications sur la base d’un panel de 100 élèves représentatif des principales options suivies en collège. Dans un tel panel, on retrouverait 20 élèves avec une option latin (LCA), 12 avec une option DP3, 10 avec une option Euro (e), 9 avec une option bilangue après avoir étudié l’Anglais en primaire (b*), 7 élèves avec une option bilangue en ayant étudié une autre langue en primaire (b) et 3 élèves avec une option de langue régionale (r). Le total des heures de cours reçues par l’ensemble du panel n’est pas modifié si des élèves cumulent plusieurs options. Sur l’ensemble de leur cursus de la 6e jusqu’à la 3e, si l’on dénombre parmi les heures de cours reçues par ces 100 élèves celles qui sont modifiées par la Réforme du collège, on obtient l’histogramme suivant :
Ce qui apparait ainsi, c’est que la perte principale des heures de cours concerne tous les élèves (avec la disparition des heures d’aide personnalisée et de projets qui jusque là s’ajoutaient aux heures des différentes disciplines). Accompagnement et projets sont très augmentés sur l’EDT des élèves avec la réforme du collège, mais cela est mis en place en parallèle d’une perte d’heures pour tous. Ensuite, concernant les options, la Réforme du collège est loin de correspondre à une redistribution pour tous des horaires accordées actuellement aux Options. En effet sont « redistribuées » 54 heures par élève (pour la LV2), alors que l’arrêt des options correspond à l’équivalent de 115 heure par élève (11 505 heures pour le panel de 100 élèves). En plus de proposer une nouvelle grille horaire et une refonte des options, la Réforme du collège augmente également la marge de manœuvre des collèges pour permettre d’assurer une partie des heures en moindre effectifs ou avec plusieurs enseignants. Aussi vous trouverez une analyse de la redistribution des moyens du point de vue de la dotation dans l’Onglet Marge (début partie 3.), qui nécessiterait pour pouvoir être complète quelques chiffres que nous n’avons pas réussi à trouver à ce stade. |
G-La Marge en Pratique
Exemple concret en bas de page La marge (marge professeur, heure professeur) est une notion inconnue de la plupart des parents d’élèves, ce qui est bien normal vu que leurs enfants reçoivent des heures qui sont de fait des « heures élève ». Typiquement, pour mettre en place des Travaux Pratiques (TP) de Sciences en demi-groupe, il est nécessaire de faire appel à un complément d’heures. En effet, dans ces cours en demi-groupe, chaque élève reçoit une heure de cours, mais pour cela le professeur de la classe, lui, a dispensé son cours à chaque groupe, autrement dit il a effectué 2 heures. Cette seconde heure, indispensable pour proposer 1h en demi-groupe à tous les élèves, est apportée par une enveloppe particulière : la marge horaire. La marge horaire, ce ne sont donc pas des heures qui s’ajoutent à l’Emploi du Temps (EDT) de l’élève. Ce sont les « heures professeur » qui permettent de proposer aux élèves des cours en petits groupes, ou des cours encadrés par plusieurs professeurs. Dans les textes, elle est appelée « marge horaire non affectée à répartir par l’établissement ». Ces heures sont attribuées à l’établissement par classe (ce que les textes nomment « division ») et par semaine. Elles peuvent ensuite être utilisées classe par classe, mais Il est fréquent que les heures de marges soient globalisées et réutilisées par niveau. La globalisation d’une partie de ces heures entre différents niveaux peut permettre, par exemple, de proposer un atelier de conversation en langue vivante, à la fois à des 5e et à des 4e. Le travail en effectif réduit est loin de se traduire systématiquement par un travail en demi-classe. Pour rester sur l’exemple des TP de Sciences, nous avons vu qu’1h en demi-classe nécessite 1h de marge par classe pour les SVT, encore 1h pour la Physique-Chimie et encore 1h pour la Technologie. Les enveloppes n’étant pas très conséquentes, une façon plus économique d’affecter une marge à chacune de ces 3 disciplines consiste à faire des groupes un peu plus grands qu’une demi-classe. En pratique, il s’agit d’obtenir des groupes juste assez allégés pour s’adapter au nombre de paillasses dans les salles expérimentales. Cela peut aller jusqu’à des combinaisons relativement complexes. Par ex. les 4 classes de 5e d’un collège peuvent se trouver réparties en 5 groupes de TP. Dans ce cas, pour 1h de cours à ces 4 classes, ce ne sont pas 4h (1h x 4 classes) mais 5h de temps d’enseignement (1h x 5 groupes) qu’il faut mobiliser. Cette organisation ne demande qu’1h de marge pour tout le niveau 5e (au lieu de 4h en demi-classe), soit 0h15 de marge pour chacune des 4 classes de 5e.
Actuellement Les textes indiquent une marge pour les niveaux 6e, 5e et 4e, à raison d’une heure pour une classe de 6e [1] ; d’une demi-heure pour une classe de 5e ainsi que pour une classe de 4e [2]. En regard, des horaires en effectifs réduits sont mentionnés dans les textes pour la classe de 6e (à raison de 30 minutes par semaine en Français, SVT et Technologie). Notons au passage que l’heure de marge accordée en 6e n’est pas suffisante pour une organisation en demi-classe aux 3 matières, puisque comme nous l’avons vu 1h30 en demi-groupe (3 disciplines x 0h30) nécessitent en fait 1h30 de marge. A cette marge au sens strict s’ajoute dans les faits l’accompagnement éducatif (AE), d’une durée indicative de deux heures par classe sur chacun des 4 niveaux, qui permet de proposer aux élèves volontaires : l’aide aux devoirs et aux leçons, la pratique sportive, artistique ou culturelle…[3]. Marge et AE permettent de proposer (liste non exhaustive) :
Actuellement, la marge est indépendante de la mise en place des options. Lorsqu’une option est ouverte dans un collège, l’enveloppe horaire spécifique correspondante est accordée en plus à l’établissement. Au total, un collège reçoit pour son fonctionnement : les heures mentionnées que doivent recevoir les élèves, matière par matière et niveau par niveau (cf. Grille Horaire), les enveloppes horaires correspondant aux options qu’il propose (cf. Options), et une dotation pour la marge horaire. La dotation se calcule à partir d’un indicateur hebdomadaire (cf. Grille Horaire). Il s’agit en fait, à partir de la Grille Horaire, d’additionner les heures d’enseignement sur l’ensemble du cursus en conservant la base hebdomadaire : pour chaque discipline, les horaires de 6e, de 5e, de 4e et de 3e sont cumulés. En quelque sorte, on additionne les heures d’une semaine de 6e, d’une semaine de 5e, d’une semaine de 4e et d’une semaine de 3e. Actuellement, les élèves reçoivent sur les 4 années du collège l’équivalent de 108h30 de cours hebdomadaires (cf. Grille Horaire). Si on y ajoute les 2h de marge strictement définie par les textes, on obtient une dotation de 110h30. C’est cette valeur qui est retenue pour décrire la situation actuelle dans tous les textes officiels concernant la Réforme du collège. On peut noter que cette dotation de 110h30 n’est dans les faits qu’un plancher. Tout d’abord parce qu’aujourd’hui les options sont mises en place sur des dotations complémentaires : une section bilangue, un groupe de Latin ou une 3e DP3 sont mises en place sur des heures ajoutées à la dotation initiale. Et ensuite parce qu’il faut également y ajouter les heures d’accompagnement éducatif (AE), en nombre variable, fonction de l’utilisation qui en est faite par chacune des équipes. En l’absence de compte précis des heures d’AE accordées globalement pour les collèges, nous pouvons tout de même estimer la dotation réelle moyenne en intégrant les différentes options actuellement suivies par les élèves de collège. En partant d’une base de 110h30 pour les élèves choisissant de ne suivre aucune option, des apports horaires de chaque option (cf. Options) et du pourcentage d’élèves qui suivent chacune (cf. Options), on obtient une moyenne pondérée d’environ 114h de dotation de la 6e à la 3e.
A la rentrée 2015, modification du financement des heures d’accompagnement éducatif (AE) Une modification de l’accompagnement éducatif (AE) se profile pour la rentrée 2015 : son financement ne sera maintenu que dans les collèges ZEP (REP et REP+ pour les nouveaux acronymes consacrés).[4] Cette mesure relève de la Refondation de l’Éducation Prioritaire 2014-2015[5] , et non strictement de la Réforme du collège 2016. Mais les liens entre les deux sont évidents : la Refondation de l’Éducation Prioritaire concerne toute la scolarité de la maternelle jusqu’au baccalauréat, mais ses grandes lignes rejoignent très clairement celles de la réforme du collège. Le « renforcement de l’action pédagogique et éducative » et la place du « travail collectif » ne sont pas sans rappeler les EPI mis en place par la Réforme du collège (cf. EPI). Autrement dit, avec la Refondation de l’Éducation Prioritaire : 85% des collèges ne pourront plus bénéficier du financement des heures d’accompagnement éducatif. Il est légitime de vouloir accentuer les efforts vers les collèges qui en ont le plus besoin. Mais pour cela supprimer brutalement les moyens à ceux qui ne relèvent pas de REP (ou qui n’auront pas décroché leur classement en REP…), n’est-ce pas simplement nier qu’il existe des élèves en difficulté dans tous les collèges ? Avec la Réforme du collège en 2016, la marge sera à la fois augmentée et beaucoup plus fortement sollicitée La Réforme du collège porterait la marge à 2h45 pour chacun des 4 niveaux du collège en 2016, puis à 3h à partir de 2017.
L’augmentation de la marge cumulée sur les 4 années de collège est conséquente en regard de la marge « stricte » des textes actuels, avec une augmentation de +9h en 2016, puis de +10h à partir de 2017. Elle est plus relative si l’on considère non pas la dotation plancher actuelle (110h30), mais la dotation pondérée par l’existence des options actuelles : 114h (cf. fin point 1.). De ce point de vue, l’augmentation ne serait que d’+1h en 2016, et de +2h à partir de 2017, sachant qu’avec la Réforme du collège les enseignements de compléments éventuels ne viendraient plus s’ajouter à la dotation mais devraient être pris sur la marge réformée déjà incluse (la dotation restera donc de 115h puis de 116h pour les collèges proposant un des trois enseignements de complément (latin, grec ou LCR). L’augmentation de la marge de manœuvre des établissement parait se faire en grande partie au prix de la suppression d’heures de cours pour tous les élèves (104h30 de la dotation seront à l’emploi du temps de l’élève avec la réforme du collège contre 108h actuellement et hors option) et des heures qui permettaient la tenue des options jusque-là. Sans vouloir remettre en cause l’annonce de 4000 postes supplémentaires pour accompagner la hausse de la dotation avec la Réforme du collège, on peut se demander si la restriction des heures d’AE aux seuls collèges REP ne finance pas en partie l’augmentation de la marge, même si ce point est impossible à chiffrer avec les informations dont nous disposons. Un des objectifs annoncés de la réforme du collège est que « 20 % du temps [soit] consacré aux nouvelles modalités d’enseignement » [8]. Si l’on cumule les heures allouées à l’emploi du temps pour l’accompagnement personnalisé (AP) et pour les projets (EPI) sur les 4 années du collège, on obtient 15h d’AP+EPI. Sur 104h totales à l’emploi du temps réformé sur les 4 années du collège (cf. Grille Horaire, Tab. 3), ces 15h ne représentent que 14.4% des heures d’enseignement (des heures élèves). C’est plus que les 5.5 % actuels (6h pour l’AP et les projets pour 108h30 d’enseignement). Mais ce n’est pas 20% du temps de l’élève. En fait, cette proportion s’appuie sur un autre point de vue : celui de la dotation (l’ensemble des heures dont l’établissement est doté). Qu’importe qu’il s’agisse d’heure élève ou d’heure professeur (qui éventuellement refait son cours à l’autre moitié de la classe), ce sont en fait 20% du budget qui pourront être affectés « à la carte » par chaque établissement. En effet, si l’on ajoute les 12h de marge aux 15h d’AP+EPI, alors les 27h résultantes correspondent à 23% de la dotation globale (104h de cours + 11 ou 12h de marge). Pour autant, les élèves ne bénéficieront pas d’ateliers en petits groupes sur 20% de leur emploi du temps.
Pour l’utilisation de cette marge de manœuvre, les textes indiquent :
Madame la Ministre a précisé des priorités: « le renforcement des marges heures professeurs favorisera le travail en groupes à effectifs réduits – tout particulièrement en sciences expérimentales, technologie, langues vivantes étrangères et enseignement moral et civique – et les interventions conjointes de plusieurs enseignants »[11]. Dans le tableau ci-dessous, vous trouverez une estimation des besoins portant sur la marge horaire, en limitant les cours en demi-classes pour diminuer les « coûts » en heure de marge. A titre d’exemple nous avons respecté les priorités énoncées, la place de l’informatique dans les programmes de Mathématiques (cf. Programme Maths), et le maintien d’un accompagnement « personnalisé » compte-tenu de l’importance d’effectifs réduits pour le conduire au mieux. En effet, on peut s’étonner que l’AP ne figure pas dans les priorités énoncées par la Ministre pour le travail en effectifs réduits. Entre l’évidence des besoins et les textes, cet exemple propose un maintien de l’AP sur les heures de marge actuelles. Ce qui explique le calcul du « renforcement de marge » par rapport à l’actuel, et l’application des consignes ministérielles à cette seule partie des heures de marge. Il est toutefois peu vraisemblable que les enseignants parviennent à proposer un accompagnement véritablement « personnalisé » ne coûtant que 1h de marge en 6e et 0h30 en 5e et en 4e.
Tableau 6 – Marge Horaire et estimation des besoins dans le cadre des priorités ministérielles et des nouveaux programmes. On voit que même dans cet exemple respectant les recommandations presque au plus juste (on peut retirer les TP d’Informatique si l’on estime leur mention infondée), la marge ne permet de couvrir les besoins pour aucun des 4 niveaux. Si la souplesse des recommandations ministérielles le permet, pour ne pas dépasser la dotation réelle, il faudra donc faire des choix. Sinon, une grande partie de l’AP devra être assurée en groupes… de la taille d’une classe entière. Le Dossier de presse Collège 2016 présente clairement d’un côté l’AP et de l’autre le travail en petits groupes (p11). Faut-il en déduire qu’effectivement l’AP doit se faire pour l’essentiel à effectif maximum ? y compris pour des sixièmes et des cinquièmes ? Autre possibilité pour économiser des heures de marge : à l’image des choix pratiqués actuellement par une partie des collèges, les TP de Sciences en effectifs réduits pourraient être réservés aux niveaux 6e et 5e. Les ateliers de langues pourraient eux être mis en place uniquement pour la LV2, compte-tenu du maintien des 4h de LV1 en 6e. Mais il faudra en tout état de cause, rester vigilant à maintenir des propositions équilibrées entre les différents niveaux pour répondre au mieux aux besoins de chacun. Le danger pour les compléments de Langues anciennes et Régionales (et a fortiori pour le Grec) est évident. Est-ce que seuls les gros collèges, qui auront peut-être un plus de souplesse pour globaliser la marge par niveau, pourront maintenir un enseignement de complément ? Les établissements qui proposent actuellement à la fois du Latin et une Langue Régionale vont-ils pouvoir maintenir leurs enseignements ? Les collèges qui proposent aujourd’hui l’option Latin à deux groupes d’élèves pourraient être amenés à n’en proposer plus qu’un seul. La demande n’ayant pas de raison de diminuer, cela ne risque-t-il pas de conduire à une sélection des élèves pouvant suivre une option ? Sélection qui n’existe pas aujourd’hui et contre laquelle la Réforme du collège s’élève… Une incertitude encore du côté de l’enseignement bilangue : pour l’instant l’Article 8 du projet d’Arrêté mentionne que, dans le seul cas des collèges d’un secteur où une autre langue que l’anglais est majoritaire en primaire, une dotation spécifique pourrait être accordée (cf. Langues Vivantes). Attention à ce que la possibilité de conserver une 6e bilangue dans tous les secteurs ne soit pas accordée en mettant encore une fois la marge à contribution. Pour les Collèges hors ZEP, sans financement de l’accompagnement éducatif donc, pour envisager de reprendre l’aide aux devoirs, un club Unesco, un atelier théâtre ou de conversations en anglais, quel autre choix que de puiser une nouvelle fois sur la marge ? Il est probable que les créneaux libérés par l’allègement des horaires ne deviennent rien d’autre que des heures de permanence. N’était-il pas question d’un temps de midi rallongé et éducatif ou citoyen ?
Illustration des besoins en heures de marge dans un collège de 16 classes Attention : Les besoins d’effectifs réduits pour l’AP ont été ici volontairement estimés de façon plus réaliste, la proposition élaborée depuis les textes officiels dans le Tableau 5 paraissant largement sous-estimer les besoins. Dans un souci de ne pas trop déséquilibrer la proposition finale : les TP d’Informatique n’ont pas été comptabilisés, et la marge affectée aux EPIs a été légèrement abaissée. Pour toutes les autres matières, les exemples détaillés dans le Tableau 5 ont été conservés. Pour l’Accompagnement Personnalisé, il parait difficile de se contenter d’une part correspondant à la marge stricte actuelle (Tab.5), cela ne permettant de proposer qu’une seule heure d’AP par semaine en effectifs réduits (demi-classe en 6e, par groupe de 20 en 5e et 4e). Chaque équipe évaluera les besoins de ses élèves, nous avons estimé raisonnable pour notre part de retenir pour l’AP en effectifs réduits (bleu clair) : en 6e 2h par semaine en demi-classe, en 5e 1h par semaine en demi-classe, en 4e 1h par semaine par groupe de 20 et en 3e 1h par quinzaine par groupe de 20 élèves. Cette proposition correspond à 3h45 de marge cumulée de la 6e à la 3e, contre 2h dans le Tab.5. Aussi dans ce second exemple avons-nous abandonné les TP d’Informatique (en espérant malgré tout qu’ils trouvent une place dans les EPI), et diminué un peu la marge affectée à l’interdisciplinarité. Au lieu des 3h de marge cumulée pour les EPI de la 5e à la 3e dans le Tableau 5, nous avons choisi ici de n’affecter que 2h. Ce qui correspond pour les EPIs (bleu foncé) : 1h par quinzaine avec 2 enseignants en 5e, et 1h30 par quinzaine avec 2 enseignants en 4e et 3e. Pour les autres matières, soit SVT, SPC, Techno (besoins globalisés en jaune), Langues (vert) et EMC (gris clair), nous avons conservé les exemples détaillés dans le Tableau 5. Nous avons choisi de mentionner les 3 enseignements de complément pour tenir compte des collèges qui souhaiteront maintenir Latin-Grec et Breton (ou toute autre Langue Régionale), en vous laissant la possibilité de ne tenir compte que d’un seul (ils sont mentionnés en hachuré sur le graphique). Nous espérons dans tous les cas vous avoir donné toutes les informations nécessaires à l’élaboration de votre propre proposition le cas échéant. Nous avons pris comme exemple un collège de taille moyenne, c’est-à-dire comptant 4 classes de 6e, 4 classes de 5e, 4 classes de 4e et 4 classes de 3e. Les besoins de temps en effectifs réduits et en co-enseignement, définis par classe au départ (et dans le Tab.5) ont été multipliés par le nombre de classes par niveau. Pour la marge horaire par niveau (en noir), elle a été calculée sur la base de 3h par classe (c’est-à-dire telle qu’elle est annoncée à partir de 2017). Les enseignements de complément, eux, sont définis à l’échelle de chaque niveau, ils s’ajoutent donc aux besoins cumulés pour les 4 classes, mais une seule fois. En effet, nous avons retenu qu’à chaque niveau sur les 4 classes un seul groupe d’élèves suivrait chaque enseignement de complément (le cumul n’étant plus autorisé) pour les durées d’enseignement maximales de chacun (à savoir 1h en 5e puis 2h en 4e et 3e).
Marge Horaire et Besoins d’horaires en effectifs réduits ou co-animation de la 6e à la 3e ☺ Cliquer pour télécharger une version humoristique de ce graphique, inspirée par les analyses de notre site. Il est évident que parmi ces besoins qui paraissent tous légitimes, il va falloir néanmoins faire des choix. Les besoins dépassent la marge disponible de 5h sur le niveau 6e, de 6h20 sur le niveau 5e (4h20 sans enseignement de complément), de 7h20 sur le niveau 4e (3h20 sans enseignement de complément) et de 8h20 sur le niveau 3e (2h20 sans enseignement de complément). Chaque équipe fera certainement au mieux pour s’adapter à ses élèves, mais si la marge horaire n’est pas relevée et si les consignes ministérielles ne permettent pas davantage de souplesse, les choses risquent d’être particulièrement compliquées. |
Cours et Options
La place des options est modifiée avec la réforme du collège.
Leur nom change, elles s’appellent maintenant des « enseignements de complément ». Ce sujet a été au cœur du débat de la réforme du collège : le Latin et les Langues. Mais ne parler que du Latin et des langues c’est oublier d’autres changements importants de la réforme du collège. Les langues vivantes étrangères Deux options permettent à un quart des élèves de collège d’avoir davantage de cours de langues : - Les sections Euro qui permettent d’avoir 2h de plus de langues en 4ème et en 3ème. - Les sections Bilangues qui permettent de commencer une seconde langue en 6ème. Ces élèves ont 2h de plus de langues en 6ème et 3h de plus en 5ème. Les sections euro disparaissent avec la réforme du collège. C’est malheureusement rarement le cas. Par contre tous les enfants commenceront une seconde langue à partir de le 5ème, au lieu de la 4ème aujourd’hui. Mais le total du nombre d’heures de langues sur les 4 années au collège reste inchangé. Pour des explications détaillées sur l’enseignement des langues vivantes dans la réforme de collège : Langues Vivantes
Le latin Le latin est actuellement proposé à 20% des élèves à raison de 2h en 5ème, 3h en 4ème, et 3h en 3ème. Avec la réforme du collège il y aura une initiation au latin pour tous. Cela sera fait dans le cadre d’un EPI : « Langues et Cultures de l’antiquité », prélevé sur les heures de français. Cette initiation sera donc probablement l’équivalent d’une heure de latin par semaine, sur un semestre. Avec la réforme, les collèges pourront proposer en plus un enseignement de complément de Latin. A condition que le budget d’heures le permette, ce ne sera pas toujours le cas. Cet enseignement de complément sera au maximum de 1h en 5ème, 2h en 4ème et 2h en 3ème
La découverte professionnelle L’option découverte professionnelle est proposée en classe de 3ème. Cette option permet aux élèves de découvrir le monde de l’entreprise et de préparer leur projet professionnel. Ces élèves ont 3h par semaine pour faire ce travail. Malheureusement, cette option, ne sera plus proposée. Elle est remplacée par le « Parcours individuel d’information et de découverte du monde économique et professionnel ». Ce parcours doit permettre à tous les élèves, de la 6ème à la terminale, de découvrir le monde économique et d’apprendre à s’orienter. Tous les élèves doivent pouvoir en bénéficier, mais il ne s’agit pas d’une matière avec des horaires dédiés.
H- Les EPI La réforme fait aussi le choix de développer l’enseignement sous forme de projets. Il n’y a aucune heure pour faire ces projets en plus des heures de cours, contrairement à la situation actuelle. Aujourd’hui il y a 2h de projets (IDD) en 5ème et en 4ème en plus de heures de cours. L’accompagnement personnalisé Enfin la réforme du collège modifie l’accompagnement personnalisé. Cet accompagnement personnalisé (AP), c’est l’aide aux élèves. Aujourd’hui, il y a 2h d’AP en 6ème, ces heures sont en plus des heures de cours. Avec la réforme il y aura 3h d’AP en 6ème, mais à faire sur les heures de cours. Il faut savoir que l’accompagnement personnalisé ne se fait pas toujours en petit groupe. Il y a beaucoup de risques que cet accompagnement personnalisé ne soit souvent fait en classe de 25 à 30 élèves. |
I- Langues Vivantes
Les langues se sont retrouvées au cœur du débat sur la réforme du collège, à travers une mesure emblématique, l’introduction de la deuxième langue vivante dès la classe de 5e. La Ministre de l’ Éducation Nationale a rappelé à plusieurs reprises son attachement à développer un enseignement des langues vivantes qui profiterait à tous les élèves. Les langues vivantes sont aujourd’hui enseignées au collège dans le cadre d’enseignements communs à tous les élèves, et de nombreuses options et filières que les élèves volontaires peuvent choisir de suivre afin d’apprendre plus de langues ou de renforcer leurs compétences dans une langue donnée. La réforme du collège modifie légèrement les enseignements communs et réduit voire supprime les possibilités de suivre des filières et des options linguistiques. Les modalités de l’enseignement des langues vivantes pourraient aussi être bouleversées. Il est notamment question de confier au CNED l’enseignement de langues rares ou peu enseignées (plus d’informations dans le point 1, « Au collège »).
1. Le cadre commun de l’enseignement des langues vivantesA l’école primaire
Au collège
Voilà pour le cadre commun. Mais les élèves qui le souhaitent peuvent actuellement choisir un enseignement renforcé de langue vivante, ou choisir une troisième langue vivante. La réforme du collège prévoit de modifier profondément ces dispositifs. 2. Les dispositifs optionnels d’enseignement des langues vivantesLes classes bilanguesL’avenir des classes bilangues cristallise le débat autour de la réforme du collège. Ce paragraphe s’attache à présenter les classes bilangues dans leur forme actuelle, et leur place dans le collège à partir de 2016.
Les sections européennes ou de langues orientales
Les langues régionales
Le cabinet du Ministère de l’Éducation Nationale a été sollicité par des associations réunissant des enseignants de langues régionales, inquiètes de l’avenir de l’enseignement des langues et cultures régionales dans le Collège 2016. Le cabinet du Ministère s’est voulu rassurant, dans un courrier adressé fin avril 2015. Il y assure que »Les enseignements bilingues ne sont pas impactés par la réforme du collège, » que la réforme du collège serait bénéfique pour l’enseignement des langues régionales en LV2 (le début de l’apprentissage étant avancé à la classe de 5e) et pour l’enseignement optionnel (à travers l’EPI et l’enseignement de complément, accessibles à partir de la 5e). Cette réponse, qui affirme la volonté de maintenir l’enseignement des langues et cultures régionales, laisse des incertitudes quant aux modalités de cet enseignement à partir de 2016 :
C’est, en substance, ce que l’une des associations concernées a fait remarquer dans un communiqué, en réponse au courrier du Ministère. Les sections internationales
3. Zoom sur les classes bilanguesLes classes bilangues sont-elles élitistes ?Actuellement, les classes bilangues sont accessibles aux élèves qui en font la demande, quelle que soit la langue qu’ils ont étudiée en primaire. Il arrive cependant que des établissements ne puissent pas inscrire en bilangue tous les élèves qui le souhaitent, lorsque ces établissements n’ont pas obtenu des services académiques le nombre d’heures nécessaires à l’organisation de l’enseignement d’une deuxième langue en 6e et 5e. 70,21% des collèges proposent une (et parfois plusieurs) section bilangue. De nombreux élèves peuvent donc faire le choix du bilangue. Cependant, la répartition des classes bilangues est très inégale : 100% des collèges de l’Académie de Strasbourg et 90% de ceux de l’Académie de Paris ont des sections bilangues ; ils ne sont que 51,7% dans l’Académie de Caen et 40,4% dans l’Académie de Toulouse qui expérimente cette année la généralisation de la LV2 en 5e (source : Rapport sur les classes bilangues et les sections européennes et de langues orientales, décembre 2014, page 17). Les élèves qui ont appris deux langues étrangères dès le début du collège sont plus nombreux que la moyenne à se lancer dans l’apprentissage d’une troisième langue vivante au lycée : le fait d’apprendre deux langues étrangères à un jeune âge motive les jeunes à apprendre plus de langues encore lorsqu’ils grandissent, et rend plus facile cet apprentissage (par exemple dans l’Académie de Strasbourg, qui a fortement développé l’enseignement des langues : 16,2% des élèves qui ont étudié deux langues vivantes en 6e choisissent une 3e langue vivante en Seconde ; la moyenne nationale est de 6,9%). Les élèves des sections bilangues et des sections européennes ont, en moyenne, des résultats nettement plus élevés que les autres collégiens, en langues vivantes mais aussi en Français, en Mathématiques et en Histoire-Géographie (2 à 3 points d’écart de moyenne). Il est difficile de savoir si ces résultats sont dus à l’enseignement lui-même ou au profil des élèves qui choisissent ces sections (même en dehors de toute sélection par l’établissement, ces élèves sont motivés et sont capables d’assumer une charge de travail supplémentaire) (source : Rapport sur les classes bilangues et les sections européennes et de langues orientales, décembre 2014, pages 5 et suivantes). Ces élèves se disent très satisfaits de leur choix, affirment qu’ils bénéficient de bonnes conditions de travail et que le fait d’apprendre une langue en plus leur donne de bonnes habitudes de travail, qui les aident à réussir dans les autres matières aussi (source : Rapport sur les classes bilangues et les sections européennes et de langues orientales, décembre 2014, page 14). Ces élèves sont plus souvent que la moyenne issus de catégories sociales favorisées. Mélangés aux élèves des autres classes, ils constituent une tête de classe qui bénéficie à tous (source : Rapport sur les classes bilangues et les sections européennes et de langues orientales, décembre 2014, pages 21-22). Pourquoi le débat se cristallise-t-il autour des sections bilangues allemand ?Historiquement, c’est avec l’Allemagne que la France a passé les premiers accords internationaux qui ont permis le développement des sections bilangues. Des accords avec l’Espagne, l’Italie, le Portugal, ont ensuite été signés (source : Rapport sur les classes bilangues et les sections européennes et de langues orientales, décembre 2014, page 20). Ainsi, cela fait plus de 50 ans que la France et l’Allemagne oeuvrent à tisser des liens. Voici quelques étapes marquantes :
À chacune de ces étapes, la volonté de renforcer l’enseignement de la langue du pays partenaire est clairement et concrètement énoncée. Les engagements sont réciproques. Les enjeux sont culturels, mais aussi économiques : l’Allemagne est le premier partenaire économique de la France, et l’allemand est, en France, la deuxième langue utilisée lors des échanges commerciaux (après l’anglais). L’Allemagne a donc réagi vivement, et tout à fait officiellement, à la réforme du collège : l’ambassadeur d’Allemagne en France a demandé à rencontrer la Ministre française de l’Éducation nationale à ce sujet (Le Figaro : « Enseignement de l’allemand au collège : l’ambassadeur inquiet »). Le Ministère de l’Éducation nationale a tenté d’apaiser les craintes de l’Allemagne en proposant d’aménager la réforme du collège. Qu’est-ce que la réduction des sections bilangues changerait dans les établissements, concrètement ?Dans les collèges qui fermeraient leurs sections bilangues, le nombre d’heures de LVB (allemand, italien, portuguais…) enseignées chaque semaine diminuerait fortement (de 12h à 7h30 en cas de suppression du bilangue, et même de 14h ou 16h* à 7h30 si le collège comportait en plus une section européenne). De nombreux professeurs d’allemand devraient alors enseigner sur trois établissements pour travailler à temps plein ; mais il n’est pas certain, en raison de la fermeture de nombreuses sections bilangues, que tous puissent être nommés dans des établissements proches les uns des autres : avec plus de classes, dispersées sur plus d’établissements (potentiellement éloignés qui plus est), ces professeurs ne pourraient plus s’investir comme ils le font dans l’organisation d’échanges, de voyages, qui sont pourtant reconnus pour leur efficacité dans l’apprentissage d’une langue. * les 14h ou 16h correspondent au cumul : Quels aménagements permettraient de maintenir les classes bilangues existantes ?Fin avril, face aux contestations des enseignants d’allemand et de l’Allemagne, le Ministère de l’Éducation nationale a proposé deux aménagements afin de permettre aux classes bilangues actuelles de continuer à exister :
. Utiliser la « marge heures professeurs« . 4. Les inconnues de la réforme du collègeDe nombreuses données sont encore inconnues, empêchant d’anticiper pleinement la réforme du collège et ses effets sur les langues vivantes :
Qui attribuerait donc cette dotation horaire spécifique (ministère, Rectorat, autre ?) ? Comment serait-elle financée et pérennisée, dans un contexte de réduction budgétaire ? Quelles seraient les conditions d’attribution de cette dotation (effectifs, volonté du chef d’établissement, projet pédagogique du collège, carte des langues, présence d’autres options… ?) ? Quels établissements pourraient y prétendre ? Combien d’heures seraient attribuées, et pour quels niveaux de classes ?… Pourquoi ces questions, posées au Ministère, restent-elles sans réponse ?
Les textes officiels publiés par le Ministère dans le cadre de la réforme du collège (arrêté, décret, projets de programmes, circulaire d’application) ne répondent à aucune de ces questions. La FAQ publiée sur Éduscol et la communication médiatique du Ministère n’ont aucune valeur juridique, et ne garantissent donc pas la mise en place dans les établissements des aménagements promis. |
J- Latin et Grec
Actuellement :
1. Grille horaire et recrutement L’enseignement du Latin et du Grec est présent dans les grilles horaires actuelles du Collège à hauteur de :
Ces enseignements sont facultatifs : seuls les élèves volontaires s’y inscrivent. Les élèves suivant ces enseignements ne sont pas regroupés dans une classe de latinistes ou d’hellénistes, mais répartis sur plusieurs classes : ce ne sont donc pas des options ségrégatives. 2. Les effectifs et leur évolution Historiquement le nombre de latinistes en France a connu une évolution constante, augmentant en proportion de la démocratisation scolaire : en quatrième, les latinistes étaient en France 10 000 en 1920, 100 000 en 1965, 160 000 en 2004, 170 000 aujourd’hui. (Source : L’enseignement des langues et cultures de l’antiquité dans le second degré – Rapport de l’Inspection générale de l’éducation nationale » n° 2011-098 août 2011) A la rentrée 2013, 534 457 élèves suivaient un enseignement de Latin ou de Grec dans le second degré en France. Ainsi on notera qu’à l’heure actuelle 23% des élèves de cinquième reçoivent un enseignement de Latin. (Source : L’enseignement des langues et cultures de l’antiquité dans le second degré – Rapport de l’Inspection générale de l’éducation nationale » n° 2011-098 août 2011) Les effectifs sont en constante progression, en particulier dans des académies « sensibles » comme celle de Créteil. C’est ce que montre clairement le rapport de l’Inspection Générale de l’Éducation Nationale consacré à l’enseignement des Langues Anciennes dans le second degré :
Ce succès grandissant est expliqué ainsi par l’inspection générale : « Dans ces établissements classés en ZEP, l’enseignement du latin et du grec est ainsi une des réponses possibles pour donner plus à des élèves qui sont de bonne volonté et ont le désir d’apprendre et de réussir, mais qui, trop souvent, disent les enseignants et les élèves eux-mêmes, sont laissés sur le chemin. Dans des collèges de zone défavorisée, des élèves évoquent la satisfaction qu’ils ont de pouvoir partager avec leurs parents, qui ne les ont pas connus, les apports culturels des enseignements de langues et cultures de l’Antiquité. » La seule limite à l’inscription d’un élève en cours de Latin peut être, localement, le refus de certains rectorats d’autoriser l’ouverture d’un second groupe de Latin dans un collège sur un niveau donné même s’il y a suffisamment d’élèves volontaires pour suivre cet enseignement. 3. Contenus et programmes Les contenus de ces enseignements sont définis dans les programmes officiels de l’Éducation Nationale : ils représentent plusieurs dizaines de pages. Pour prendre connaissance des programmes actuels en Langues Anciennes : http://eduscol.education.fr/cid52757/langues-et-cultures-de-l-antiquite.html Ces enseignements associent apprentissages linguistiques et culturels : on apprend une langue, mais aussi la culture, l’histoire de ceux qui la parlaient. Ils sont aussi l’occasion d’un aller-retour entre la langue ancienne et la langue française, pour en éclairer l’étymologie, la syntaxe, etc. et entre l’Antiquité et notre époque, pour en éclairer différents aspects, mettre en lumière différents héritages communs. 4. Importance de cet enseignement L’importance cruciale de cet enseignement pour notre société est clairement soulignée par les Inspecteurs Généraux de l’Éducation Nationale dans le rapport de 2011 précédemment cité : l’idée même d’ « une décision de suppression radicale des enseignements de langues et cultures de l’Antiquité » leur paraît « impensable » : » Une décision de suppression [de l'enseignement des Langues Anciennes] paraît encore plus impensable : pareille mesure, surtout dans la période actuelle, ne resterait pas sans effets sur le pays. Les conséquences prévisibles en seraient à la fois culturelles à long terme (ce serait consommer la rupture avec nos origines culturelles) et à court terme, politiques. Le coût social, politique et budgétaire d’une mesure de suppression programmée serait assurément important, puisqu’elle impliquerait tant dans l’enseignement secondaire qu’à l’université des mises à la retraite anticipée, des plans de reconversion, un repositionnement institutionnel de l’ENS Ulm, de l’École des Chartes, de l’Institut français d’Athènes et de l’École française de Rome. La nécessité d’accompagner pareille décision d’un discours politique ne pourrait que rallumer des guerres de religion. » « Comment l’école pourrait-elle prétendre enseigner les valeurs humanistes si dans le même temps elle renonce à pratiquer les disciplines fondatrices de l’humanisme ? Le rôle de l’école n’est-il pas d’apprendre aux élèves à se situer par rapport aux évolutions sociales autant que de les y adapter ? La crise des humanités met en évidence les limites des stratégies adoptées depuis 1968 et celles des modèles successivement retenus pour réformer notre système éducatif. » (Source : L’enseignement des langues et cultures de l’antiquité dans le second degré – Rapport de l’Inspection générale de l’éducation nationale » n° 2011-098 août 2011) Et pourtant… Avec la réforme du collège : 1. Plus d’horaire dédié ni de programme Le principe même d’option « en plus » disparaît dans la réforme du Collège 2016. Les nouvelles grilles horaires du projet de décret ne font plus apparaître d’horaire pour le Latin et le Grec : ces enseignements ont disparu comme disciplines à part entière. Les projets de programme ne comportent plus de rubrique dédiée aux Langues Anciennes. Une simple mention d’une ligne et demie concerne le Latin au détour des programmes de Français du cycle 4, en bas de la page 16 : »Appui de l’étude de la langue sur les langues anciennes, particulièrement le latin : étude du lexique (étymologie, composition), fonctions syntaxiques ; comparaison du français et du latin. » Le Grec n’est même plus mentionné. Le Nouveau Socle Commun de Connaissances, de Compétences et de Culture ne mentionne pas non plus les Langues Anciennes. En pratique, les options Latin et Grec disparaissent. A leur place un Enseignement Pratique Interdisciplinaire (EPI) voit le jour, auquel peut s’ajouter localement un « Enseignement de complément ». 2. L’EPI « Langues et Cultures de l’Antiquité » Parmi les Enseignements Complémentaires mis en place au cycle 4, on trouve, dans la liste des 8 thèmes d’Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), un EPI intitulé : « Langues et Cultures de l’Antiquité « . Le principe des EPI, décrit dans le Projet d’Arrêté présenté au CSE le 10 avril 2015, est le suivant : « Les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires permettent
Pour consulter le Projet d’Arrêté : Projet de Décret & d’Arrêté NB : Les heures d’EPI ne sont pas de heures en plus des heures d’enseignement des disciplines, mais des heures qui sont prélevées sur les heures d’enseignement des disciplines impliquées dans le projet traité dans l’EPI. Mme Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Éducation Nationale, explique elle-même à la Commission des affaires culturelles et de l’éducation à l’Assemblée nationale le 24 mars 2015 le choix de créer cet EPI-LCA : « C’est exactement à cela que sert le format enseignement pratique interdisciplinaire. C’est pouvoir aborder au-delà de la langue, mais la langue sera préservée évidemment et aura un temps. C’est pouvoir aborder l’Histoire, la civilisation, la culture. Donc avec cet enseignement pratique interdisciplinaire Langues et Culture de l’Antiquité, je vous confirme qu’il y aura le même nombre d’heures qu’aujourd’hui, avec des heures pour l’étude de la culture et de la civilisation et des heures pour l’étude de la langue. Donc les élèves n’y perdent rien. » L’enseignement du Latin et du Grec prend donc dorénavant place dans le cadre d’un EPI.
Un peu d’étymologie, quelques mythes, voilà à quoi cet EPI risque de devoir se limiter, s’il est mis en place. La mise en pratique elle-même de cet EPI est compliquée et problématique, puisque devant retirer une heure d’enseignement à une autre matière et ayant vocation à être proposé à « 100% des collégiens ». (source : interview de Mme Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Éducation Nationale, à Jean-Jacques Bourdin sur RMC/BFM-TV le 13 avril 2015 : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/najat-vallaud-belkacem-le-latin-et-le-grec-vont-etre-renforces-au-college-497105.html ) Pour mieux comprendre, prenons l’exemple d’un collège lambda ayant 4 classes de 5e.
Et nous ne parlons dans notre exemple que d’une heure durant un trimestre en 5e, alors que les élèves actuels suivent toute l’année deux heures hebdomadaires de Latin, et les élèves de 4e et 3e respectivement 3 heures de Latin et/ou 3 heures de Grec en 3e. Or Mme la Ministre a affirmé à la commission de l’Assemblée nationale qu’il y aurait le même nombre d’heures qu’aujourd’hui et que les élèves n’y perdraient rien ( voir op. cité) : il apparaît très clairement que le compte est loin d’y être, sauf à prévoir un statut particulier dérogatoire à cet EPI, et à lui adjoindre un complément horaire optionnel. 3. Un EPI dérogatoire ? Ces nouvelles dispositions de l’enseignement des Langues Anciennes – plus d’horaire ni programme dédié, EPI – ont suscité beaucoup de protestations, et de nombreux médias ont relayé l’inquiétude qu’elles suscitaient. C’est dans ce contexte que Florence Robine, la Directrice générale de l’enseignement scolaire et numéro 2 du Ministère de Éducation nationale, a déclaré au journal L’Express : « Le latin ne sera plus une option proposée en plus des autres matières, mais l’un des nouveaux Enseignements pratiques transdisciplinaires (EPI). Mais un EPI un peu différent des autres car dérogatoire : contrairement aux autres EPI, l’EPI ‘Langues et civilisations [sic] de l’Antiquité’ pourra être suivi tout au long de l’année, et même jusqu’à la fin du collège, pour les élèves qui le souhaitent. » Cependant, on ne trouve aucune trace de cette disposition ni dans le projet de Décret ni dans le projet d’Arrêté remis au CSE. Que faut-il en conclure : oubli, effet d’annonce, ou changement de décision en cours de route ? Seule la FAQ mise en ligne par le Ministère l’évoque : « Tous les élèves pourront profiter d’un EPI portant sur les langues et cultures de l’antiquité, une ou plusieurs fois au cours de leur scolarité, et, ainsi, accéder à des apports culturels essentiels à notre civilisation. » Et l’on comprend bien que, même s’il était mis en place, un tel dispositif dérogatoire entraînerait nécessairement la perte d’une heure de Français, et non plus sur un trimestre comme dans notre exemple, mais sur toute une année, voire sur tout le cycle 4. Un élève qui choisirait donc de suivre cet EPI dérogatoire de façon continue de la 5e à la 3e aurait ainsi 108 heures de Français en moins dans sa scolarité. Mais en admettant que certains, malgré tout, le suivent continûment, on pourrait alors retrouver dans cet EPI des élèves l’ayant suivi depuis plusieurs trimestres, voire depuis plusieurs années, et des élèves qui choisiraient de le suivre ponctuellement sur un trimestre, de l’abandonner, puis de le reprendre, et ce à n’importe quel niveau. L’idée même d’une progression des apprentissages devient alors très problématique, pour ne pas dire impossible. On notera enfin que la mise en œuvre même de cet EPI, si l’on se réfère au Projet de Décret, ne sera pas obligatoire, mais un choix de l’établissement. En effet, l’article 6 du Projet de Décret remis au CSE par le Ministère prévoit que, sur les 8 thèmes d’EPI, au moins 6 devront être abordés par les élèves au cours du cycle 4. Il en résulte logiquement que deux EPI peuvent donc ne pas être mis en place dans un établissement. 4. La possibilité d’un « enseignement de complément » aux EPI A côté de l’EPI « Langues et Cultures de l’Antiquité », l’article 7 du Projet d’Arrêté prévoit pour les établissements la possibilité de mettre en place un enseignement de complément pour « proposer, pour les élèves volontaires, un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires prévus à l’article 3, qui porte sur un enseignement de langues et cultures de l’antiquité ou sur un enseignement de langue et culture régionales. Cet enseignement peut être suivi au cours des trois années du cycle 4, dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de deux heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième. » Il sera donc possible de proposer une option Latin ou Grec aux élèves volontaires : surprenant retour à l’existence d’un enseignement optionnel dont on nous a pourtant expliqué à l’envi qu’il était élitiste et ségrégatif, et devait, de ce fait, être éradiqué. On notera tout de même que cet enseignement de complément parle d’un horaire plafond (« dans la limite de ») et non d’un horaire plancher, comme c’est le cas actuellement : il s’agit donc du nombre maximal d’heures possibles, mais rien n’empêche un établissement de proposer moins, par exemple une heure seulement en 4e et 3e, puisqu’on resterait en deçà de la limite à ne pas dépasser.Il sera en tout cas possible, dans ce cadre, d’étudier véritablement les langues latine et grecque. Toutefois, outre la question de l’horaire plafond, cet enseignement de complément ne ressemblera que de très loin aux anciennes options, pour deux raisons :
Comme on le voit, cette marge n’est pas élastique : il faudra donc choisir localement, dans chaque établissement, entre mettre en place l’enseignement de complément, ou faire de plus petits groupes en AP, des groupes de TP en sciences, et de la co-animation. Et de nouvelles inégalités verront sans doute aussi le jour, en fonction de la taille de l’établissement. Dès lors, si l’on mutualise l’enveloppe donnée en l’envisageant non par classe mais par niveau, il devient possible, dans un gros établissement, de « ventiler » le prélèvement de l’horaire d’enseignement de complément sur plus de classes, et donc d’en diminuer le « poids » en répartissant la charge sans trop hypothéquer la capacité à mettre en place des petits groupes et de la co-animation. Pour bien comprendre, prenons un exemple concret :
Par conséquent, un gros établissement de centre ville pourra plus facilement se permettre de proposer cet enseignement qu’un petit établissement de campagne, aggravant ainsi les inégalités territoriales. En dernière analyse, loin de permettre « le Latin et le Grec pour tous » en gommant les inégalités, cette réforme du collège qui accentue les différences entre les établissements va amplifier les inégalités territoriales, et accroître encore la tentation pour les parents pouvant se le permettre de retirer leurs enfants du collège de secteur pour les scolariser ailleurs, où ces options auront été maintenues : résultat très exactement inverse de celui officiellement poursuivi par cette réforme du collège. |
J- Enseignements Pratiques Interdisciplinaires
La maquette de la réforme du collège 2016 voit l’apparition, en 5e, 4e et 3e, des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI).
EPI : principes généraux et objectifs. Statut des EPI. Les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires concernent le cycle 4, c’est-à-dire les classes de 5e, 4e et 3e.
Avec l’Accompagnement Personnalisé (AP), les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires font partie de ce que la réforme du collège intitule « Enseignements complémentaires ». Cela ne signifie pourtant pas qu’ils s’ajoutent aux enseignements communs : toute heure dédiée aux EPI sera prélevée sur les enseignements communs[1]. En effet, il ne s’agit pas d’un enseignement supplémentaire mais d’une « nouvelle modalité d’enseignement », autrement dit d’une manière différente d’enseigner les disciplines traditionnelles. Les EPI font l’objet d’une évaluation prise en compte dans le cadre du Diplôme National du Brevet (DNB)[2]. Caractéristiques des EPI. 1. Programmes. Les EPI sont une modalité nouvelle de mise en œuvre des programmes disciplinaires : ils sont en effet pensés comme une manière pour le professeur de réaliser une partie de son programme différemment : « le programme d’enseignement du cycle 4 fixe le cadre des contenus enseignés [dans les EPI]« [3]. D’autre part, leurs contenus seront établis en fonction des objectifs de connaissances et de compétences du socle commun de connaissances. [4] Les EPI s’inscrivent dans l’un des 8 thèmes de travail suivants :
Au moins 6 de ces thèmes seront traités par chaque élève au cours du cycle 4, à raison d’au moins 2 thèmes différents traités chaque année.[5] Enfin, les EPI doivent également contribuer à la mise en œuvre des trois parcours éducatifs : le parcours citoyen, le parcours d’éducation artistique et culturelle (PEAC) et le parcours individuel d’information et de découverte du monde économique et professionnel (PIIODMEP). » [6] N.B. Toutes les disciplines doivent contribuer aux EPI au cours du cycle 4.[7] 2. Principes du travail en EPI.
N.B. Des exemples de ces EPI sont fournis sur la page de présentation du site de l’Education Nationale, « Collège : mieux apprendre pour mieux réussir » ainsi que dans les projets de programmes pour le cycle 4 (CSE, 9 avril 2015 mis à jour le 15 avril 2015), en annexe p.58. Nous en avons analysé trois exemples ci-dessous. Le cas des EPI « Langues et cultures de l’Antiquité » et « Langue et culture régionale ».
EPI et IDD : quelles différences ? Les EPI ont été à plusieurs reprises comparés aux anciens Itinéraires de Découvertes (IDD)[12].
Parallèlement à une réduction des horaires disciplinaires, les IDD, mis en place au collège à la rentrée 2002, « [étaient] organisés à raison de deux heures hebdomadaires inscrites dans l’emploi du temps de la classe, en vue de permettre aux élèves de s’investir dans des projets interdisciplinaires et de travailler de façon autonome individuellement ou en groupe. Portant sur au moins deux disciplines, ils donnent lieu à la réalisation d’une production individuelle ou collective. » (circulaire 2002-160 datée du 2 avril 2002). On retrouve les principes d’interdisciplinarité et de démarche de projet qui ont inspiré la conception des EPI (cf. ci-dessus).
Organisation et modalités pédagogiques des EPI. Volume horaire.
4 heures d’Enseignements complémentaires sont prévues, dont 2 à 3 heures hebdomadaires d’EPI et 1 à 2h d’AP. N.B. La répartition du volume horaire entre EPI et AP doit être la même pour tous les élèves d’un même niveau au sein de l’établissement. [13]
Non. Les 2 à 3h d’EPI hebdomadaires seront prélevées sur les disciplines impliquées dans chaque projet [14]. Prenons deux exemples simples : Pour la 5e A du collège Jules Ferry, le conseil pédagogique a décidé d’organiser au premier trimestre un EPI « Sciences, technologie et société » mêlant Mathématiques, Sciences Physiques et Histoire (exemple fourni par le Ministère de l’Education Nationale) à raison de 3 heures hebdomadaires. Il s’agira de réaliser un magazine consacré à la machine à vapeur. Dans le temps que durera cet EPI (trimestre ou semestre) :
N.B. Ce seul exemple révèle que : Pour la 4e B du même collège, le conseil pédagogique a décidé d’organiser au premier semestre un EPI « Culture et création artistiques » mêlant Français et Langue Vivante 1 (Anglais) à raison de 2 heures hebdomadaires cette fois. Dans le temps que durera cet EPI (trimestre ou semestre) :
Comment s’organisent les EPI (répartition des heures, disciplines impliquées, etc.) ? L’organisation des EPI relève pour une grande part de chaque établissement. Il appartient au conseil pédagogique de chaque établissement de :
Cette variabilité d’un établissement à l’autre soulèvera quelques difficultés dans le cas d’un élève changeant d’établissement au cours du cycle 4 : il sera possible, en définitive, que contrairement à ce qu’impose le décret, cet élève n’ait pas étudié au moins 6 des 8 thèmes de travail à la fin du cycle. La réforme du collège ne prévoit pas, en l’état, de temps de concertation entre les enseignants pour l’organisation des EPI qui leur échoient. La page de présentation fournie par l’Education Nationale indique simplement que les enseignants des disciplines sollicitées par un projet devront « définir en équipe les contenus des cours ». Les EPI ont-ils lieu en effectifs réduits avec plusieurs professeurs dans la salle ? Les EPI en tant que tels ne le prévoient pas : pour organiser des cours en effectif réduit ou faire de la co-intervention (deux professeurs de disciplines différentes ensemble dans la même salle), il faudra prévoir des heures que l’on prendra sur la marge horaire (2,75h hebdomadaires affectées par le rectorat pour chaque division en 2016, 3h en 2017). Cependant, cette marge est fortement sollicitée et non exclusivement par les EPI (Accompagnement Personnalisé en effectifs réduits ; matières scientifiques : T.P. en effectifs réduits ; Langues Vivantes : travail en demi-classe ; Enseignements de complément de langues et cultures de l’Antiquité ou de langue et culture régionale, etc.) : de fait, la possibilité des EPI en effectifs réduits ou avec intervention simultanée de plusieurs professeurs est limitée. Vous trouverez les informations détaillées dans la rubrique La marge en pratique, « Avec la réforme du collège en 2016 » ; un tableau illustre les difficultés esquissées ci-haut. Trois exemples concrets d’EPI analysés. Voici trois des exemples d’EPI proposés par l’Education Nationale sur la page de présentation de la réforme du collège[16] :
Analyse de l’exemple n°1 : a) Organisation :
b) Modalités pédagogiques :
Analyse de l’exemple n°2 : a) Organisation :
b) Modalités pédagogiques :
Analyse de l’exemple n°3 : l’analyse de l’exemple n°2 est entièrement applicable ici. Sources [1] Projet d’arrêté voté lors du CSE du 10 avril 2015, Annexe 2. Contrairement à ce que peut suggérer la présentation du total 22h+4h par niveaux, les 4h ne sont pas un ajout. Il suffit d’additionner les horaires disciplinaires : on obtient bien 26 heures, parmi lesquelles : 22h sont des « cours traditionnels », 4h des EPI et de l’AP. |
K- L’Accompagnement Personnalisé
Au collège, les élèves ont des heures de cours et des heures où où ils sont accompagnés dans leur acquisition de nouvelles méthodes de travail.
Actuellement, ces temps sont prévus dans leur emploi du temps, en plus des heures de cours.
Ces heures concernent tous les élèves de 6e et les élèves volontaires des autres niveaux, qui travaillent en petits groupes (dans le cadre de l’accompagnement éducatif).
À la rentrée 2016, il est prévu d’augmenter le nombre d’heures d’accompagnement et de les rendre obligatoires pour tous les élèves. La seule façon de conserver des petits groupes sera d’y consacrer une partie du budget horaire du collège. Par ailleurs, ces temps d’accompagnement seront pris sur les heures de cours, et non en plus. Il reviendra donc à chaque collège de définir quelles heures de quelles matières seront transformées en temps
Comment aide-t-on les élèves actuellement ?
Il existe différents dispositifs pour aider les collégiens à progresser[1], certains se déroulent en classe entière (groupe-classe, 6e1 par exemple), certains en groupes réduits, dans tous les cas en plus des heures de cours habituelles.
Ce qui existe aujourd’hui :
- pour le niveau 6e (pour chaque classe de 6e) : l’accompagnement personnalisé, 2 heures par semaine, qui doit permettre à l’élève d’acquérir des « méthodes pour accroître et consolider ses compétences et pour approfondir ses connaissances ». L’établissement peut cependant choisir d’utiliser une heure pour tous les élèves, (par exemple pour toute la 6e1) et une autre heure pour ceux qui ont des besoins spécifiques (par exemple avec une partie des élèves de 6e1). Il existe par ailleurs en 6e les PPRE (programme personnalisé de réussite éducative) pour aider les élèves en très grande difficulté notamment en mathématiques et en français, en petits groupes. Le collège peut recevoir une enveloppe de 36 à 72 heures à utiliser sur l’année à cette fin.
- pour les élèves volontaires, à tous les niveaux du collège: l’accompagnement éducatif qui permet de proposer (au choix dans chaque établissement) aide aux devoirs, pratique sportive, pratique artistique et culturelle, pratique orale des langues vivantes, en général 2 heures par semaine[2].
L’accompagnement personnalisé à la rentrée 2016 (réforme du collège)
Le terme « d’accompagnement personnalisé » est repris dans les textes de la réforme du collège. Le Ministère en redéfinit les contenus et les modalités, pour l’appliquer à tous les niveaux du collège, à la place de certains cours et pas toujours en petits groupes.
L’Accompagnement Personnalisé est une aide apportée à chaque élève pour lui permettre par exemple d’acquérir des méthodes (comment bien apprendre une leçon ?), de renforcer ou d’approfondir ses connaissances[3], selon les modalités suivantes :
- « 3 heures en sixième et au moins 1 heure en 5e, 4e et 3e
- Tous les élèves d’un même niveau suivront le même nombre d’heures d’accompagnement personnalisé
- Les élèves seront regroupés en fonction de leurs besoins et au sein de groupes à la composition variable tout au long de l’année (c’est-à-dire pas dans leur groupe classe) pendant l’accompagnement personnalisé.»[3]
Il est question de travailler en groupes. Précisons que ce terme de « groupe », employé seul, ne signifie pas forcément « groupe réduit », « petit groupe » ou « demi-groupe ». Ainsi, une classe A composée de 30 élèves et une classe B composée de 30 autres élèves peuvent être réorganisées en deux groupes de 30 élèves chacun, en fonction de leurs besoins : groupe 1 (15 élèves de la classe A et 15 élèves de la classe B) et groupe 2 (les 15 autres élèves de la classe A et les 15 autres élèves de la classe B).
Un détail concernant les niveaux 5e, 4e et 3e : l’établissement doit répartir au total 4 heures pour l’Accompagnement Personnalisé et les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires, dont « une à deux heures » par semaine pour l’Accompagnement Personnalisé. La répartition exacte du nombre d’heures entre AP et EPI est laissée à la libre appréciation de l’établissement[4].
L’accompagnement personnalisé à la place des cours en 2016
Le Ministère fait apparaître dans sa grille horaire que l’Accompagnement Personnalisé (ainsi que les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) ont lieu à la place de certaines heures de cours. En 6e par exemple, si l’on observe la nouvelle grille horaire communiquée par le Ministère et que l’on additionne les heures de chaque discipline, on obtient un total de 26 heures par semaine par élève. Or, il est indiqué en bas du tableau que sur ces 26h de cours, trois seront dédiées à l’accompagnement personnalisé[4] et [5]. Par ailleurs, ce temps pris sur les heures de cours concerne potentiellement n’importe quelle matière puisque « tous les enseignants peuvent assurer l’accompagnement personnalisé. Il sera alors inscrit dans leur service hebdomadaire. »[3] C’est à chaque établissement de décider de quelles matières il s’agit. La mise en place de cet Accompagnement Personnalisé correspond à ce qui était prévu par la loi de Refondation de l’école votée à l’Assemblée Nationale en juillet 2013. Cependant celle-ci ne prévoyait absolument pas de prélever l’Accompagnement Personnalisé sur les heures de cours. Ainsi, la décision de retirer aux heures de cours pour mettre en place l’Accompagnement Personnalisé n’est apparue que 2 ans plus tard, tout récemment, dans les projets de décret et d’arrêté présentés en mars 2015 par la Ministre et publiés le 19 mai 2015. Étonnamment, un autre site gouvernemental communique dans sa foire aux questions qu’« il n’y aura de baisse horaire pour aucun enseignement disciplinaire ».[6] Cette affirmation (parfois reprise dans les médias) contredit les contenus des textes officiels publiés le 19 mai 2015. Pour tout savoir sur la nouvelle grille horaire, cliquez ici !
Pourra-t-on constituer des petits groupes pour l’accompagnement personnalisé en 2016 ?
Une base de 2h45 supplémentaires (« marge de 2h45 ») est allouée par classe pour la rentrée 2016 (3h annoncées pour 2017). Ce temps ne change rien au nombre d’heures dans l’emploi du temps de chaque élève s’il est utilisé pour travailler avec de plus petits groupes ou s’il permet à deux enseignants d’intervenir en même temps dans une classe. Par exemple, l’élève peut suivre l’Accompagnement Personnalisé en demi-groupe, au lieu d’être en classe entière. Côté élève, c’est toujours une heure, mais dans de meilleures conditions. Côté professeurs, cela coûte deux heures, puisqu’il faudra encadrer chaque demi-groupe pendant une heure, donc deux heures au total.
Rappelons tout d’abord un point très important: cette marge est crée pour favoriser le travail en petits groupes (l’arrêté du 10 avril 2015 ne précise pas quelles sont les cours qui doivent en bénéficier prioritairement), l’intervention conjointe de plusieurs professeurs dans une classe et la mise en place, sous certaines conditions, d’une option langue et culture de l’antiquité/langue et culture régionale[7]. Chaque établissement devra donc opérer des choix en déterminant ses priorités pour utiliser au mieux la marge
On remarquera que l’Accompagnement Personnalisé ne fait pas partie des temps pour lesquels la Ministre de l’Education Nationale a explicitement recommandé le travail en petits groupes. En effet, dans sa lettre aux enseignants, elle évoque des ‘ »effectifs réduits – tout particulièrement en sciences expérimentales, technologie, langues vivantes étrangères et enseignement moral et civique »[8].
Supposons tout de même que le collège souhaite proposer de l’Accompagnement Personnalisé en demi-groupes pour toutes les classes. Que resterait-il de la marge?
3 heures d’AP en demi-groupes consommeraient en 6e 109% de la marge pour les classes de 6e en 2016 (autrement dit, la marge ne suffirait pas, il faudrait la prendre sur un autre niveau) et 100% à partir de 2017 (autrement dit, la marge ne serait dédiée qu’à cela). Pour les autres niveaux (5e 4e, 3e), 1 à 2h d’AP en demi-groupes consommerait 36 à 73% de la marge pour ces classes en 2016 et 33 à 67% à partir de 2017. Afin de réduire la consommation de la marge, plusieurs pistes sont envisageables, comme proposer l’AP en partie en classe entière. Mais mettre en place de l’AP en demi-groupe toute l’année pour tous les élèves du collège semble plus que délicat, dans la mesure où cela rognerait sur une grande partie de la marge, au détriment des autres possibilités d’utilisation.
Les heures d’Accompagnement Personnalisé ne se feront donc pas automatiquement en petits groupes. Tout ou partie de ces heures se fera très certainement en regroupements en effectifs pleins, avec les difficultés qui vont de paire: fortes contraintes d’emploi du temps pour constituer des regroupements par niveau et suivi moins « personnalisé ».
Pour mieux comprendre la marge, cliquez ici !
Que deviendront les autres dispositifs ?
Les autres dispositifs ne figurent ni dans le décret[9], ni dans l’arrêté du 19 mai 2015. Les PPRE étaient pourtant bien évoqués dans la loi pour la refondation de l’Ecole de la République parue en juillet 2013. L’Accompagnement Éducatif, quant-à lui, serait supprimé dans les collèges hors éducation prioritaire dès la rentrée 2015[10].
Source
[1] Circulaire n°2011-118 du 27-7-2011
[2] BO n° 25 du 19 juin 2008
[3] Le collège 2016 : faire réussir tous les élèves – Questions/réponses, Éduscol. (pdf)
[4] arrêté du 19 mai 2015
[5] Communiqué de presse « Adoption de la réforme du collège », par Najat Vallaud-Belkacem le 10/04/2015
[6] Questions/réponses sur la nouvelle organisation du collège, Éduscol.
[7] arrêté du 19 mai 2015, article 7
[8] lettre de la Ministre aux enseignants, le 17/04/2015
[9] décret du 19 mai 2015
[10] pas de communiqué officiel de la part du Ministère à notre connaissance à ce jour, mais la suppression des moyens pour l’Accompagnement Educatif pour la rentrée 2015 a déjà été annoncée en interne par les chefs d’établissement de collèges hors éducation prioritaire.
le Télégramme, mars 2015 ; la FCPE, janvier 2015 ; le SE-UNSA, janvier 2015 ; la FCPE, académie de Toulouse.
L- Structure et genèse des nouveaux programmes
I. SPÉCIFICITÉS DU PROJET DE NOUVEAUX PROGRAMMES- Quelques observationsAinsi qu’on l’a vu, il ne s’agit pas de nouveaux programmes, mais seulement de projets (il en va d’ailleurs de même pour la « réforme du collège » qui reste à l’état de projet, l’avis du CSE étant seulement consultatif). Cependant du fait des faiblesses du dispositif de consultation, il est permis d’avoir quelques inquiétudes. D’autre part il apparaît incertain que le projet de réforme du collège et celui de réforme des programmes soient totalement indépendants, et ce pour plusieurs raisons. Ces deux projets ont été présentés de façon quasi simultanée. Ainsi le projet de réforme du collège, composé de deux projets de décrets (en fait un décret et un arrêté), a été présenté au Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE) pour avis consultatif. Les projets de programmes, quant à eux, sont le fruit du travail d’une structure indépendante du Ministère, le Conseil Supérieur des Programmes (CSP). Mais dans un cas comme dans l’autre, c’est le Ministère, et lui-seul, qui a la main : il lui suffit de signer les décrets… Le site du ministère indique d’ailleurs que « la réforme du collège concerne simultanément les programmes, les pratiques d’enseignement et l’organisation pédagogique. » (source) En outre le CSP est saisi par la Ministre de l’Éducation et fait des propositions en réponse à sa lettre de commande. Or la deuxième lettre de commande, dédiée aux programmes (la première concernait le socle), imposait des évaluation interdisciplinaires qui évoquent les EPI de la réforme du collège, d’une part, et, d’autre part, les projets de programme du cycle 4 s’achèvent par un cahier des charges des EPI. On voit par là que les deux projets de réforme sont intimement liés. -Projets de nouveaux programmes du CSP : les textesLe projet de programmes du collège est consultable parmi les publications du Conseil Supérieur des Programmes. Nous les retrouvons ci-desous : La première chose que l’on remarque, c’est la présence d’un cycle 3 à cheval sur l’école et le collège. Cela n’est pas sans poser de lourds problèmes. En effet dans la plupart des disciplines (à l’exception de l’Histoire/Géographie et des Mathématiques), la progression n’est pas précisée au sein du cycle, faute de repères annuels (voir les analyses pour chaque discipline)… Pour prendre une expression imagée, on peut avoir l’impression de devoir piocher dans un « libre-service »… Ces projets couvrent l’ensemble des matières enseignées, sauf les suivantes : on n’y trouvera pas l’Enseignement Moral et Civique (remplaçant l’ancienne Éducation Civique) qui se trouve développé dans un texte à part, ni le latin-grec (disciplines fragilisées par le projet de réforme du collège, et pour lesquelles le CSP n’avait pas reçu de saisine du ministère s’agissant des programmes, mais il semblerait qu’il en soit désormais question). Outre les projets de programmes eux-mêmes, le CSP a progressivement mis en ligne des ressources complémentaires (ce qu’on appelait autrefois « documents d’accompagnement) :
Pour finir, vous trouverez, sur cette page parue au Bulletin Officiel, les programmes actuellement en vigueur (mis en place en 2009 sans documents d’accompagnement). - Principes de genèse des nouveaux programmesAvant de présenter l’architecture générale du projet, nous synthétisons en quelques mots ce qui a été dit, dans la section dédiée, quant au CSP (la structure à l’origine des projets) et les observations apportées quant au processus de consultation prévu concernant les projets de programme. Ces projets ont en effet été rédigé sur commande de la ministre mais par une structure indépendante du ministère, le Conseil Supérieur des Programmes (CSP), en tenant compte des termes de la commande ministérielle. Par ailleurs ces projets sont soumis à consultation des enseignants, et ne sont pas définitifs dans leur forme, même si les modalités de la consultation et sa portée réelle apparaissent sujettes à caution, ainsi que nous l’avons expliqué. Une infographie intitulée « la fabrique des programmes » synthétise le processus de genèse des programmes, sur le site du ministère, à la page du CSP. Examinons à présent l’architecture de ces projets de programme… II. L’ARCHITECTURE GÉNÉRALE DES NOUVEAUX PROGRAMMES- L’architecture des cycles sur 3 annéesLes projets de programmes du collège, pour toutes les autres matières, s’articulent autour de deux cycles de 3 années. Comme le collège ne couvre qu’une durée de 4 ans, nous avons un cycle 3 à cheval entre primaire et collège, soit CM1-CM2-6e. Vient ensuite le cycle 4 qui correspond aux trois dernières années du collège: 5e-4e-3e (que clôture actuellement le DNB, Diplôme National du Brevet, censé être rénové dans la foulée des programmes du collège). La première difficulté de cette organisation des programmes en cycle de 3 ans, c’est qu’il devient indispensable aux équipes enseignantes de se concerter avec soin sur les 3 années du cycle pour s’assurer la cohérence de l’enseignement dispensé. A l’inverse, jusqu’à aujourd’hui, il « suffisait » aux équipes de traiter le programme annuel : la cohérence de chaque programme annuel au sein du collège était en effet prise en charge dans la conception même des programmes… Ainsi qu’il a été dit, le cycle 3 présente la particularité d’être « à cheval » sur le primaire et le collège. L’idée peut sembler séduisante pour améliorer la liaison école/collège, c’est d’ailleurs l’intention affichée dans la loi de refondation de l’école, c’est aussi le rôle assigné au fameux CEC (Conseil école/collège). Cependant des buts affichés à la réalisation concrète, il y a parfois un gouffre. Ainsi, dans les faits, des collèges à cheval sur deux secteurs peuvent voir leur population de 6e alimentée par 7 écoles primaires! Dans ces conditions on peut douter des possibilités même d’une concertation efficace pour construire une progression pertinente des apprentissages du CM1 à la 6e… On l’a compris, tout ceci rend d’autant plus essentiel une construction cohérente du programme de cycle 3. Qu’en est-il s’agissant du français ? Cela est d’autant plus problématique que les concepteurs des nouveaux programmes ont fait le choix particulièrement surprenant de n’indiquer aucun repère annuel dans la grande majorité des disciplines (sauf pour l’Histoire-Géographie, notamment)… Pire encore, dans certaines disciplines, s’agissant du cycle 3, on observe la disparition pure et simple d’un programme spécifique en classe de 6e. Ainsi, si nous prenons l’exemple du français en 6e, les professeurs ne déplorent pas seulement la disparition de repères annuels (pour déterminer ce qui serait abordé en CM1, ce qui sera étudié en CM2, ce qui serait approfondi en 6e) mais l’absence de tout programme de littérature : plus aucune oeuvre, aucun auteur, aucune époque, ne sont spécifiés (Rappel : les programmes actuels de français proposent aux élèves de 6e de lire et étudier les contes et les textes fondateurs, légendes de la mythologie, etc.) - La structure en 3 volets des projets de programmesLe préambule des programmes explicite le choix d’une structure « tripartite » (en parties). Voici ses trois volets :
- Rappel : le socle et ses 5 « domaines de formation »Dans la mesure où ces projets de programmes s’articulent explicitement avec le Socle Commun de Connaissances, de Compétences et de Culture (alias « S4C » ou plus simplement « socle » !), texte réglementaire effectivement adopté, il n’est pas inopportun de rappeler les 5 domaines de formation de ce nouveau socle, sachant que les élèves devraient valider l’ensemble des 5 domaines au sortir de leur scolarité obligatoire, sans compensation possible entre les différents domaines. Même si chaque discipline (chaque matière) est censée participer à chacun des 5 domaines, il apparaît que le français devrait concerner plus spécifiquement le 1er et le 5e domaine, encore qu’il ne faille pas négliger sa contribution en méthodologie et au domaine civique par la formation de l’esprit critique :
Pour approfondir cette question, vous trouverez une partie dédiée au Socle Commun de Connaissances, de Compétences et de Culture dans la partie textes officiels. Avant de poursuivre votre examen des projets de programmes discipline par discipline, nous vous proposons quelques réflexions sur la consultation qui s’ouvre au sujet des projets de programmes du CSP. III. QU’ATTENDRE DE LA CONSULTATION QUI S’OUVRE LE 11 MAI ?- Enjeux et limites :Ainsi que le précise le CSP, en préambule à ses projets de programmes, ceux-ci sont soumis à consultation : « La consultation sur les nouveaux programmes Les intentions sont excellentes, et l’on ne peut que regretter que les conditions d’une consultation sérieuse soient loin d’être réunies :
Par ailleurs, à l’heure où débute la consultation des personnels, le président du CSP se multiplie en annonces de consultations parallèles d’associations disciplinaires, etc. Ces initiatives sont louables mais n’auraient-elles pas dû précéder la consultation de l’ensemble des personnels, pour les éclairer ? Comment se fera la synthèse entre ces consultations parallèles ? On a l’impression que le CSP (que son précédent président considérait comme sous-dimensionné) a été contraint de travailler dans l’urgence, ce qui n’est pas la meilleure garantie pour réaliser un travail de qualité… - Des faits : retour sur les précédentes consultationsConsultation sur le Socle commun : synthèse du MinistèreLes modalités de la consultation (source) : « La consultation s’est déroulée pendant une période de 4 semaines ouvrables, du 22 septembre au 22 octobre 2014. » Quelques remarques : Pour cette consultation le Ministère a instauré une demi-journée banalisée pour la concertation des équipes, les élèves de collège étant libérés un mercredi matin. Cela a permis une réelle concertation des équipes, et la participation d’un grand nombre d’enseignants : « 173 984 personnes (dont 136 708 appartenant à la cible principale de la consultation, constituée des enseignants du 1er degré et du 2nd degré hors lycée) ont cliqué sur le lien et ont répondu à des degrés divers au questionnaire. » Cependant le déroulement de la concertation n’a pas été exempt de difficultés : - Les personnels de l’académie de Créteil n’ont pas bénéficié de la demi-journée banalisée en raison d’un recourt au tribunal administratif engagé par la FCPE du 93. Le tribunal administratif a donné raison à la FCPE en droit, mais on peut regretter que la FCPE du 93 n’ait pas perçu l’intérêt pédagogique de la participation à la consultation des enseignants de l’académie où se concentrent les difficultés scolaires, d’autant que cela a produit une distorsion des résultats. - Aucun temps de concertation n’a été prévu en lycée alors que le socle a nécessairement des répercussions en lycée. - Aucune remontée des synthèses d’établissement n’a été prévue. Dans les faits les seuls synthèses remontées sont celles recueillies par les organisations syndicales. - Le questionnaire a été conçu par la DGESCO sans concertation : on peut le regretter car cela limite d’emblée sa portée. - Les aménagements apportés au texte par le Ministère n’ont pas toujours respecté les modifications apportées par le CSP suite à la consultation. Consultation sur les nouveaux programmes de maternelle : synthèse du MinistèreLes modalités de la consultation (source) : « La consultation s’est déroulée du 22 septembre au 18 octobre 2014. Le questionnaire comportait à la fois : - des questions « ouvertes », permettant de formuler des avis étayés et de faire état, éventuellement, de propositions ; Celles et ceux qui le souhaitaient pouvaient en outre apporter une contribution en parallèle de la consultation menée dans les écoles. » Quelques remarques : Pour cette consultation le Ministère a instauré une demi-journée banalisée pour la concertation des équipes, les élèves de collège étant libérés un mercredi matin. Contrairement à ce qui s’est passé pour le socle, il n’y a pas eu de recours de fédérations de parents car ce temps de concertation a pu prendre place sur les journées prévues pour la formation des enseignants du premier degré. Les enseignants du second degré ne bénéficient pas d’un tel dispositif, toutefois la nouvelle version du calendrier scolaire adopté par le Ministère (par ailleurs, pas exempte de critiques) prévoit deux demi journées pour concertation. Cependant il sera trop tard l’an prochain pour les nouveaux programmes car un délai d’un an est obligatoire pour permettre aux éditeurs de concevoir des manuels). La DGESCO avait élaboré un document pour guider la réflexion. La consultation sur les nouveaux programmes de primaire (également proposés par le CSP) a permis une consultation assez large : « La DGESCO a reçu les synthèses de 97 départements représentant les avis de près de 90 000 enseignants. Les enseignants de maternelle des établissements français à l’étranger, au sein de l’Agence française pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), ont également participé à la consultation : les contributions élaborées par les inspecteurs de douze zones géographiques ont été envoyées au ministère. Elles condensent les avis et suggestions de plus de 1 900 enseignants.« Là encore, le déroulement de la concertation n’a pas été exempt de difficultés : - Aucun temps de concertation n’a été prévu en école élémentaire (CP-CE1 à CM2) alors que le programme de maternelle a nécessairement des répercussions sur la suite (notamment le CP)
Malgré tout, le résultat de la concertation semble (à notre connaissance) avoir fait l’objet d’un relatif consensus. Consultation sur l’Enseignement Moral et Civique (EMC) : synthèse du MinistèreLes modalités de la consultation (source) : La synthèse rappelle d’abord le contexte particulier (poste attentats de début janvier 2015) dans lequel s’est déroulée cette consultation décidée très en amont (l’EMC étant la concrétisation du souhait de Vincent Peillon d’introduire une forme de morale laïque dans les enseignements) : « La consultation sur les projets de programmes d’EMC s’est déroulée du 5 au 30 janvier 2015 dans un contexte particulier marqué par une mobilisation nationale inédite autour de la laïcité et de la transmission des valeurs de la République. Cette mobilisation, porteuse d’une exigence vis-à-vis de l’ensemble de la société et singulièrement de l’École, a trouvé un écho dans le cadre de cette consultation en raison même de l’objet qui était le sien : des programmes fondés sur les principes et les valeurs de la République et de la démocratie. Les remontées de la consultation nationale n’ont pas manqué de souligner l’importance d’un nouvel enseignement devenu encore plus impérieux dans ce contexte. » « La consultation s’est déroulée en académie sous l’autorité des recteurs pendant une période de quatre semaines. Dans le premier degré, elle a été menée dans chaque département sous l’impulsion des inspecteurs d’académie, directeurs académiques des services de l’éducation nationale et des inspecteurs de l’éducation nationale chargés de circonscription du premier degré. Dans le second degré, les chefs d’établissement des collèges, lycées généraux, technologiques et professionnels ont été invités à transmettre à l’échelon académique les avis et les propositions des personnels sur les projets de programmes après consultation du conseil pédagogique. Les établissements relevant de l’enseignement privé sous contrat ont également participé à cette phase de consultation. Les IEN du premier degré, les IEN des enseignements généraux, techniques et professionnels et les IA-IPR ont, enfin, été invités à proposer une contribution collective » Quelques remarques : Pour cette consultation le Ministère aucun temps banalisé n’a été prévu. La consultation a pris la forme d’une remontée pyramidale particulièrement hiérarchisée et par là-même sujette à caution (les IEN et IA-IPR évaluant respectivement l’enseignement dispensé par les professeur des écoles et des collèges et lycées (avec des conséquences sur la carrière et les rémunérations). Là encore la DGESCO a été mise à contribution pour élaborer une trame de questions « très ouvertes ». Saut que ce document n’a pas toujours été transmis aux enseignants du fait de défaillances dans la chaîne de transmission (ainsi cela n’a pas été fait pour l’un des 22 membres de l’équipe). Pour assurer une plus grande pluralité, le Conseil de la Vie Lycéenne a également été sollicité sur le sujet, de même que les associations disciplinaires et les organisations représentatives. Nous vous renvoyons notamment aux conclusions de l’enquête réalisée par l’Association des Professeurs d’Histoire et géographie (APHG), suite aux attentats survenus en région parisienne en janvier 2015. Pour plus de précisions sur les conclusions de la consultation proposée par le Ministère, nous vous renvoyons aux pages 6 et 7 (numérotées 7 et 8) de la synthèse du Ministère. Consultation sur le numérique :La présentation des résultats de cette consultation a eu lieu le 7 mai 2015, aux Mureaux, en présence du président de la République et de la ministre. Cette « grande concertation nationale sur le numérique pour l’éducation, organisée par [le] ministère, (…) s’est déroulée entre le 20 janvier au 9 mars 2015, (…) plus de 60 000 personnes [y] ont contribué, en ligne, ou en participant à 150 rencontres académiques. » (source). Ses résultats sont accessibles dans cette synthèse du ministère. Il est notamment indiqué que « La richesse des retours tient d’abord à la diversité et à la complémentarité des modalités de contributions : 51 000 questionnaires ont été renseignés par une diversité d’acteurs ; 150 rencontres académiques ont réuni plus de 10 000 personnes dans les territoires ; 600 personnes ont dialogué sur le forum de la concertation (1 116 contributions ; le site de la concertation a été visité 171 000 fois, plus de 10 000 votes ont été enregistrés). » La répartition des acteurs est la suivante : Les enseignants seront donc ravis d’apprendre qu’ils ne sont visiblement pas « des personnels de l’éducation nationale ». Cette maladresse ministérielle mise de côté, on observe que les enseignants se sont, en proportion, sentis concernés par l’enquête. Ceci devrait nuancer le portrait du monde enseignant « forcément » rétrograde qui est parfois véhiculé. Conférence sur l’évaluationIl s’agissait d’une conférence « fermée », dont les membres avaient été choisi par le Ministère, de même que les choix d’intervenants (même si l’envoi de contributions écrites était possible). Voici la composition du jury : « Le Jury est composé de 4 enseignants du premier degré, 4 enseignants du second degré, 2 chefs d’établissement, 4 inspecteurs du ministère de l’Education nationale, 1 responsable académique des services d’orientation, 9 parents d’élèves, 2 étudiants, 1 lycéen et 3 représentants du monde associatif et des partenaires de l’école. » Le chercheur Etienne Klein, physicien du CEA (Commissariat à l’énergie Atomique), s’est vu confier la présidence du jury. Les conclusions de cette conférence (dont la neutralité a été contestée) n’ont finalement donné lieu à aucune décision. C’est qu’entretemps les attentats de janvier avaient affecté l’opinion publique, des enquêtes d’opinion soulignant la demande de fermeté, d’autorité. Le gouvernement a semble-t-il jugé inopportun de remettre en question la notation dans un tel contexte sur la base d’un conférence aux orientations très marquées (s’agissant des intervenants comme du jury). Il convient de noter qu’il ne s’agissait aucunement d’une « conférence de consensus » (comme cela a pu parfois être dit). Malgré tout il n’est pas inintéressant de consulter les travaux de cette conférence, notamment ce qui a trait aux différents biais d’évaluation (qui rendent nécessaire l’anonymat des travaux évalués, au moins aux examens)… |
IV- Le CSP : son rôle, ses missions
Avant de présenter la genèse et la structure d’ensemble des projets de nouveaux programmes, il est indispensable de s’intéresser au Conseil Supérieur des Programmes (CSP) , puisque le CSP est, stricto sensu, l’auteur de ces projets controversés…
- Qu’est-ce que le CSP ? « Le Conseil supérieur des programmes [CSP] est une instance indépendante placée auprès du ministre de l’éducation nationale, qui doit offrir les garanties scientifiques nécessaires pour émettre des avis et formuler des propositions dans ses champs de compétences. Il est ouvert à la représentation nationale et sociale en raison de l’importance de ses missions. Il est composé, à parité, de 9 femmes et de 9 hommes. » (site du Ministère) Dans le détail, le Conseil supérieur des programmes réunit : « trois députés, trois sénateurs, deux représentants du Conseil économique social et environnemental (Cese), [ainsi que] dix personnalités qualifiées » (« nommées par le ministre de l’éducation nationale pour leur excellence dans leur domaine et leur connaissance du système éducatif »). Le ministre désigne également un président et un vice-président. Le Président du CSP nommé par Vincent Peillon, l’ancien recteur Alain Boissinot, a démissionné en juin 2014 (il estimait notamment que le CSP était sous-dimensionné par rapport à ses missions). Il a alors été remplacé par Michel Lussault, un universitaire (géographe). La présentation des 20 membres du CSP est accessible sur la page du Ministère.
- Rôle et missions du CSP Le site du Ministère définit ainsi le rôle et les missions du CSP : « La loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République a institué le Conseil supérieur des programmes. Ce dernier est appelé à donner des avis et formuler des propositions soit à la demande de la Ministre, soit en se saisissant d’une question qui relève de ses compétences. Ses avis et propositions sont rendus publics. Le CSP réunit des universitaires, des chercheurs, des spécialistes du système éducatif et des représentants élus de la Nation et de la société. » Ainsi, le CSP n’est pas uniquement une instance de consultation (sur les projets du Ministère), mais une structure chargée de proposer des projets (que le Ministère aura la charge de faire adopter par décret). « Le Conseil supérieur des programmes répond :
La demande de transparence correspondait à une demande des personnels (enseignants) et de leurs organisations représentatives. En effet, les programmes actuellement en vigueur, depuis 2009, ont été établis par l’Inspection Générale de l’Éducation Nationale, sans qu’aucune structure n’ait permis un dialogue durant la phase d’élaboration. Notons que cela ne remettait pas nécessairement en cause leurs contenus, mais bien les modalités de conception. Le problème des programmes d’Histoire-Géographie réputés infaisables (en tout cas trop lourds) avait donc conduit à la demande d’une élaboration davantage concertée. - Champ de compétences et limites du CSP Le CSP « émet des avis et formule des propositions sur : 1. la conception générale des enseignements dispensés aux élèves des écoles, des collèges et des lycées, et l’introduction du numérique dans les méthodes pédagogiques et la construction des savoirs [c'est à dire les programmes]. 2. le contenu du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, et des programmes scolaires, en veillant à leur cohérence et à leur articulation en cycles, ainsi que les modalités de validation de l’acquisition de ce socle. 3. la nature et le contenu des épreuves des examens conduisant aux diplômes nationaux de l’enseignement du second degré et du baccalauréat, ainsi que les possibilités d’adaptation et d’aménagement de ces épreuves pour les élèves présentant un handicap ou un trouble de la santé invalidant. 4. la nature et le contenu des épreuves des concours de recrutement d’enseignants des premier et second degrés, les possibilités d’adaptation et d’aménagement de ces épreuves pour les candidats présentant un handicap ou un trouble de la santé invalidant, ainsi que les objectifs et la conception générale de la formation initiale et continue des enseignants. » On le voit, les attributions du CSP sont très larges et prévoient jusqu’à la définition des épreuves d’examen (ce qui semble plutôt cohérent) et même celle des concours de recrutement des enseignants, ainsi que la conception de leur formation initiale et continue ! « Le Conseil supérieur des programmes travaille sur saisine du ministre chargé de l’éducation nationale. Il lui est également possible de se saisir de toute question relevant de sa compétence. » Cette particularité rend caduque l’objection apportée par le président du CSP, Michel Lussault, lorsque les promoteurs du latin ont déploré l’absence de programme de Langues Anciennes (Michel Lussault opposait que le CSP n’avait pas été saisi de cette demande par le Ministère…) « Pour l’exercice des missions qui lui sont confiées, [le CSP] peut mettre en place des groupes d’experts, dont il choisit les membres selon leurs compétences. » Ainsi, des groupes d’experts disciplinaires (d’une matière spécifique) et/ou interdisciplinaires ont été constitués pour l’élaboration de chaque projet de programme. La composition de ces groupes a toutefois suscité des critiques qui ne semblent pas infondées : pour ne prendre qu’un exemple, le groupe d’experts chargé de l’élaboration des programmes de français ne comportait aucun enseignant de français du 2nd degré en activité ! Il convient pour finir de se souvenir que le travail du CSP répond à une commande du ministère. Ainsi une première lettre de commande spécifiait les attentes du ministère concernant le Socle commun, tandis qu’une deuxième lettre de commande (téléchargeable ici) orientait les travaux du CSP concernant les projets de nouveaux programmes. Remarque : Le CSP a reçu une troisième et dernière lettre de commande le 13 mai 2015. Suite aux demandes inlassables des promoteurs de langues anciennes, la ministre somme le CSP de réfléchir à une intégration de l’enseignement des Langues et cultures de l’Antiquité à travers 3 dispositifs éclatés : au sein de l’enseignement disciplinaire de français et d’histoire, au sein du thème « Langues et Culture de l’Antiquité » en EPI, enfin le fameux « enseignement de complément » (fantôme ?) de latin/grec. Ces aspects spécifiques sont développés dans la partie dédiée au Nouveau Programme de Langue et culture de l’Antiquité de la présente section. |
N- Enseignement moral et civique
L’Enseignement moral et civique (EMC) remplace l’Education civique dès la rentrée de septembre 2015, à tous les niveaux de primaire, de collège et de lycée.
1. Présentation de l’Enseignement moral et civique
L’Enseignement moral et civique et l’Education civique ont de nombreux points communs, notamment au niveau de leurs objectifs et de leurs contenus. Mais ces matières diffèrent par leur organisation, qui s’inscrit clairement pour l’EMC dans le cadre de la réforme du collège :
L’objectif de l’EMC est présenté dans la loi de refondation de l’Ecole de la République, publiée en juillet 2013 : il s’agit de « permettre aux élèves d’acquérir et de comprendre l’exigence du respect de la personne, de ses origines et de ses différences, mais aussi l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que les fondements et le sens de la laïcité, qui est l’une des valeurs républicaines fondamentales » et de contribuer « à former des esprits libres et responsables, aptes à se forger un sens critique et à adopter un comportement réfléchi et empreint de tolérance.» 2. Les textes Le programme d’Enseignement moral et civique des cycles 2, 3 et 4 a été publié au Bulletin Officiel du 25 juin 2015. Le projet de programme avait été publié en juillet 2014. Il est téléchargeable sur le site d’Éduscol (cycle 3 à partir de la page 9, cycle 4 à partir de la page 13). 3. Les horaires Le programme d’Enseignement moral et civique fait de l’EMC une matière enseignée dans deux temps différents :
L‘arrêté du 12 juin 2015, publié au Journal Officiel le 21 juin, réglemente le volume de l’horaire dédié d’EMC :
Ces dispositions sont les mêmes que dans les textes actuellement en vigueur (0h30 d’EMC en 6e, horaire non défini en 5e, 4e et 3e). L’Inspection générale d’Histoire-Géographie demande aujourd’hui aux enseignants de « respecter la parité entre Histoire et Géographie et consacrer à l’Éducation civique le temps nécessaire au traitement intégral du programme » (document de travail de l’inspection générale d’Histoire-Géographie, page 4, point 2.1). On peut penser que cette recommandation restera d’actualité au cycle 4. 4. Le contenu 4.1. Un contenu défini par cyclesLe programme d’Enseignement moral et civique est un programme cyclique. Il revient donc à chaque établissement de construire une progression des thèmes et des compétences au cours du cycle. Pour le cycle 3, cela requiert la mise en place d’une progression commune à tous les établissements (écoles, collège(s)) d’un même secteur. Concrètement, les professeurs du ou des collège(s) et les professeurs des écoles d’un même secteur devront se réunir afin de s’accorder sur cette progression. Il est à noter que certains collèges reçoivent des élèves en provenance d’écoles de plusieurs secteurs : comment organiser la concertation dans ce contexte ? Par ailleurs, le programme définitif de l’EMC n’a été publié qu’en juin 2015, alors qu’il entre en vigueur en septembre 2015 : les équipes ne peuvent pas commencer ce travail conséquent alors qu’une progression détaillée sur 3 ans devrait être prête avant la fin de cette année scolaire. 4.2. Un programme établi autour de 4 grands axes Les programmes des cycles 3 et 4 prévoient chacun un travail autour de 4 mêmes axes :
4.3. Un enseignement interdisciplinaire L’EMC doit être mis en œuvre dans un horaire dédié et dans des travaux interdisciplinaires, et repose sur une diversité des intervenants et des démarches (programme d’Enseignement moral et civique, points 6 et 8 des Principes Généraux, en Annexe). En effet, le programme d’Enseignement moral et civique stipule que cette discipline est liée à tous les autres enseignements ainsi qu’à la vie scolaire (programme d’Enseignement moral et civique, point 6 des Principes Généraux, en Annexe). Actuellement, l’Éducation civique est parfois « sacrifiée » afin de pouvoir terminer des programmes d’Histoire et de Géographie lourds. L’horaire dédié d’EMC et la multiplication des intervenants visent à empêcher cette situation. Il est donc prévu que cet enseignement ne repose pas systématiquement sur le professeur d’Histoire-Géographie : tous les enseignants pourront participer à l’EMC dans le cadre de travaux interdisciplinaires. Il a été décidé que l’horaire dédié d’Enseignement moral et civique serait systématiquement confié aux professeurs d’Histoire-Géographie pour l’année scolaire 2015-2016. Le projet de programme prévoyait une formation (initiale, continue, ou via les technologies de l’information et de la communication) à destination des adultes chargés de l’EMC, notamment les professeurs principaux et les personnels d’éducation (page 18 du projet de programme). Le programme publié en juin 2015 n’évoque plus la formation. Pourtant, les exemples de pratiques en classe cités par le programme pour les cycles 3 et 4 convoquent par exemple le Français (expression littéraire de l’inégalité et de l’injustice), l’EPS (respect du corps entre filles et garçons), la Géographie et les SVT (les risques naturels), le professeur principal (travail sur le règlement intérieur), la vie scolaire (intervention du CPE au sujet de la médiation scolaire) (programme d’Enseignement moral et civique)… 4.4. Les démarches recommandées pour la mise en oeuvre du programme Le programme définit l’Enseignement moral et civique comme une matière qui doit relier les savoirs, les valeurs et les pratiques. Il insiste sur l’importance de l’expression orale et écrite, ainsi que sur la mémorisation. 5. De nombreuses incertitudes à quelques semaines de l’entrée en application de l’Enseignement moral et civiqueLe programme d’Enseignement moral et civique ne semble pas encore fonctionnel alors qu’il doit entrer en application en septembre 2015 :
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N- Nouveau programme d’Histoire Géographie
L’importance de l’Histoire et de l’Éducation civique dans la formation des citoyens a été rappelée après les attentats du mois de janvier en région parisienne.
La FAQ d’Éduscol (page 23) signale que plus de 40% du temps de la grille horaire sont consacrés à trois disciplines : le Français, les Mathématiques et l’Histoire-Géographie. Elle précise toutefois que le renforcement des fondamentaux ne passe pas par des heures ou des contenus en plus (le quantitatif), mais par les programmes et le travail pédagogique demandé aux enseignants (le qualitatif). Cette page présente le projet de programme d’Histoire-Géographie. Vous trouverez les informations relatives à l’Enseignement moral et civique sur la page dédiée au programme d’Enseignement moral et civique. 1. Les textes
Le projet de programme d’Histoire-Géographie est consultable sur le site du Ministère de l’Education Nationale.
Il s’agit de la seconde version du projet. Une première version avait été publiée en avril 2015, puis avait été soumise à la consultation des enseignants. Cette première version est toujours disponible sur le site du Ministère de l’Education Nationale. La mise en application du programme est prévue à la rentrée 2016. Le programme d’Histoire-Géographie-Éducation civique actuellement en vigueur est consultable dans le BO du 28/08/2008 pour les programmes de 6e, 5e et 4e, et dans le BO du 14/11/2013 pour le programme de 3e. 2. Les horaires L’arrêté du 19 mai 2015 prévoit de consacrer à l’Histoire-Géographie-Enseignement moral et civique les mêmes horaires qu’à l’Histoire-Géographie-Éducation civique : 3h en 6e, 5e et 4e, 3h30 en 3e. La répartition de ces horaires entre l’Histoire-Géographie d’une part, et l’Enseignement moral et civique (EMC) d’autre part, a été annoncée tardivement, par l‘arrêté du 12 juin 2015, publié au Journal Officiel le 21 juin :
Ces dispositions sont les mêmes que dans les textes actuellement en vigueur (0h30 d’EMC en 6e, horaire non défini en 5e, 4e et 3e). L’Inspection générale d’Histoire-Géographie demande aujourd’hui aux enseignants de « respecter la parité entre Histoire et Géographie et consacrer à l’Éducation civique le temps nécessaire au traitement intégral du programme » (document de travail de l’inspection générale d’Histoire-Géographie, page 4, point 2.1). On peut penser que cette recommandation restera d’actualité au cycle 4. Plusieurs changements sont cependant prévus concernant les horaires de ces matières. Dans la réforme du collège, ces heures ne sont pas toutes, contrairement à aujourd’hui, consacrées à un enseignement disciplinaire commun. En effet, l’AP et les EPI pourraient être organisés sur une partie des horaires d’Histoire-Géographie-Enseignement moral et civique si l’établissement (Conseil Pédagogique, Conseil d’Administration) le décidait. Il s’agirait alors de traiter des points de programme dans une démarche de projet (EPI), ou d’aider les élèves sur un point de contenu ou de méthode (AP). Tous les élèves d’un même niveau ne feraient donc pas nécessairement la même chose en EPI et en AP, mais ils travailleraient tous la même matière. Par ailleurs, l‘arrêté du 19 mai 2015 prévoit de laisser aux établissements une certaine autonomie dans la répartition de ces horaires, à condition de respecter :
Pour information, actuellement, l’accompagnement personnalisé est actuellement financé en 6e par une dotation spécifique (qui vient en plus des horaires disciplinaires) et l’interdisciplinarité, quand elle est mise en place dans le cadre des IDD en 5e et en 4e, est aussi organisée sur des horaires en plus.
3. Le contenu Le projet de programme d’Histoire-Géographie prévoit un découpage annuel, contrairement aux projets des autres disciplines. 3.1. Un projet qui précise les compétences à développer par les élèvesOutre les connaissances, le programme vise à développer les compétences des élèves dans les domaines suivants :
Pour chaque thème, le projet de programme précise, outre les contenus à enseigner, les démarches à mettre en oeuvre (par exemple, mener une étude de cas avant de mettre cette étude en perspective), les outils et supports (par exemple, exploiter des cartes et réaliser des croquis). La première version du projet détaillait aussi chaque compétence en indiquant notamment des repères de progressivité dans le développement de la compétence, le niveau attendu en fin de cycle… Ces éléments ne figurent pas dans la seconde version du projet de programme d’histoire-géographie, qui a été rendue publique en septembre 2015. Les repères de progressivité sont pourtant détaillés pour les autres matières. 3.2. Le projet de programme d’HistoireEn cycle 3, les élèves apprennent à distinguer l’Histoire et la fiction, à s’interroger sur le passé, à construire des repères historiques communs et non-exhaustifs afin de comprendre le monde actuel. La FAQ publiée par Éduscol (page 9) précise que l’Histoire a aussi pour finalité le travail de mémoire, consolide les valeurs républicaines et le « vivre ensemble ». En cycle 4, il s’agit de poursuivre le travail effectué en cycle 3 en étudiant des moments forts et des traits marquants, sans prétendre construire un récit continu ; les élèves travaillent sur les sources historiques et les relient à un contexte, ils exposent leurs connaissances à l’oral et à l’écrit. La démarche chronologique est affirmée. Le découpage chronologique du programme d’Histoire ne connaît pas de bouleversements majeurs :
Le premier projet de programme distinguait des sujets obligatoires et des sujets facultatifs au cycle 4. Dans la seconde version, tous les sujets sont obligatoires. Le projet de programme demande aux enseignants de travailler selon les démarches et les orientations historiographiques qu’ils jugent pertinentes, et de trouver un équilibre « entre compétences et connaissances, sans excès d’érudition ». Il incite à mener des approches interdisciplinaires, dans le cadre des EPI ou en dehors. 3.3. Le projet de programme de GéographieLe programme du cycle 3 est centré sur la notion d’ « habiter » (comme dans le programme actuel) : les élèves travaillent, à partir de cas concrets, sur l’organisation des espaces variés (une métropole, les littoraux, le monde) à toutes les échelles et sur les pratiques des humains dans ces espaces. Dans chaque thème, le programme invite à poursuivre la réflexion sur les enjeux liés au développement durable des territoires. En cycle 4, le programme vise à aider les élèves à comprendre les enjeux du monde actuel. La notion de développement soutenable et la mondialisation sous-tendent là encore tous les thèmes. Les thématiques étudiées sont assez proches de celles des programmes actuels : question démographique, développement, ressources et risques en 5e, mobilités humaines et mondialisation en 4e, la France et l’Union européenne en 3e. Les élèves construisent un raisonnement géographique, réalisent des croquis et des schémas. La démarche repose sur l’étude concrète de territoires (études de cas) que l’on met ensuite en perspective. Comme dans le programme d’Histoire, tous les sujets sont obligatoires. Devant l’ampleur des sujets traités, les professeurs sont incités à faire des choix afin de rendre l’étude compréhensible aux élèves. Le programme encourage aussi les professeurs à engager « de nombreuses activités de type projet. » 4. Analyse4.1. Des contenus sans bouleversement majeur mais qui n’ont pas échappé à la polémiqueLes contenus prévus par les projets de programmes ont été plutôt bien accueillis par les enseignants, qui ont exprimé certaines réserves cependant. Le projet propose des sujets qui intéressent les élèves (la Préhistoire, « habiter »…) et sont en phase avec les avancées de la recherche universitaire (renouvellement récent sur la Préhistoire, notamment). 4.1.1. Un projet dans la continuité des programmes actuelsLes compétences et les démarches contenues dans les projets de programmes sont déjà présentes dans les programmes actuels. Les programmes 2016 sont dans la continuité des programmes actuels, tant pour leur découpage que pour les thèmes étudiés et les compétences travaillées. Les contenus d’enseignement, qui n’apparaissaient pas dans la première version du projet (seuls les titres des thèmes à étudier étaient indiqués), sont développés dans la seconde version. Mais contrairement aux programmes actuels, le projet ne liste pas, pour chaque thème, les capacités (qui sont des déclinaisons des grandes compétences) et les repères (chronologiques et géographiques) que les élèves doivent maîtriser à la fin de l’étude du thème. Les capacités sont citées en début de programme, à charge pour les enseignants de les répartir au cours du cycle pour chaque niveau de classe, en prévoyant une progressivité des apprentissages d’une classe à l’autre et à l’intérieur d’une même année scolaire. Cela nécessitera un travail d’équipe finement coordonné, ce qui n’est pas toujours facile quand ces équipes sont nombreuses, peu stables, et ne disposent pas de créneau de concertation commun prévu à l’emploi du temps. Quant aux repères, aucune liste explicite n’apparaît dans le projet de programme. 4.1.2. Une mise en évidence des croisements entre les matières Le projet de programme pointe dans une rubrique « Croisements entre enseignements » les sujets qui se prêtent à une approche interdisciplinaire, éventuellement dans le cadre des EPI et des parcours (Parcours citoyen, Parcours d’Education artistique et culturelle, Parcours Avenir). Ainsi, le texte propose en 3e un EPI sur l’aménagement du territoire faisant intervenir la géographie (thème « Pourquoi et comment aménager le territoire ? »), la Technologie, les SVT ou les Mathématiques, avec une contribution au Parcours citoyen, selon des modalités à définir localement. 4.1.3. Aperçu des points de programme qui posent questionDes enseignants regrettent la disparition de sujets qui motivaient les élèves, notamment en 6e la première partie de Géographie sur « Mon espace proche » qui permettait d’accueillir les élèves, en provenance d’écoles différentes, en travaillant sur des lieux familiers. Le projet de programme place ce thème en CM1. En 5e, les critiques du premier projet de programme ont porté sur l’inégalité de traitement entre l’étude de l’islam au Moyen Âge (sujet obligatoire) et l’étude de la chrétienté à la même époque (sujet facultatif), ainsi que sur la longueur de la période étudiée (du VIIe au XVIIe siècle). Le second projet rend tous les thèmes obligatoires et précise que le programme de 5e « permet de présenter aux élèves des sociétés marquées par la religion, au sein desquelles s’imposent de nouvelles manières de penser, de voir et de parcourir le monde et de concevoir l’exercice et l’organisation du pouvoir séculier. » La grille de lecture choisie en géographie, qui est celle du développement durable (comme dans le programme actuel), a aussi été critiquée. Le second projet a été recentré autour du développement, ce qui permet de faire des ouvertures sur le développement durable sans en faire une grille de lecture systématique et moralisatrice (le développement durable est une préoccupation inégalement partagée à travers le monde, donc parfois difficile à appliquer aux sujets étudiés). En 4e, la période traitée est plus réduite (XVIIe – XIXe siècles) mais très dense et complexe puisqu’elle comprend notamment la Révolution française et la construction de la Troisième République. La Première Guerre mondiale, initialement prévue à la fin du programme de 4e, a été reportée au début du programme de 3e. En Géographie, l’étude de la mondialisation est maintenue ; elle est parfois complexe mais, ancrée dans le quotidien, elle intéresse souvent les élèves. En 3e, la période étudiée en Histoire est très courte (depuis 1914), mais dense. Le programme de Géographie change peu. 4.1.4 Ces programmes font-ils l’impasse sur des sujets essentiels, en les rendant facultatifs ?Si le premier projet de programme distinguait des thèmes obligatoires et des thèmes facultatifs, le second projet rend tous les thèmes obligatoires. Le caractère facultatif de certains thèmes avait alimenté la polémique au printemps 2015 (inégalité des élèves selon les choix opérés par les enseignants, risque de ne pas voir traités des sujets jugés essentiels…). La première conséquence est l’alourdissement du programme. Ainsi, en histoire en 4e, les 8 sujets devront obligatoirement être traités tandis que le premier projet prévoyait 6 sujets obligatoires et 2 sujets facultatifs. Une autre conséquence est la disparition de certains sujets, comme « Routes de commerces, échanges culturels » en histoire en 5e, la révolution américaine en histoire en 4e, santé et développement durable en géographie en 5e. Ces sujets pourront cependant être intégrés aux sujets obligatoires par les enseignants qui le souhaitent (la révolution américaine pourrait être traitée lors de l’étude de la contestation de l’absolutisme). 4.1.5 Les programmes d’histoire sont-ils chronologiques ou thématiques ?D’une façon plus générale, l’ « abandon de la chronologie » au bénéfice d’un enseignement thématique a été dénoncé après la parution du premier projet de programme. Le projet de programme est bien chronologique. Pour autant, il ne s’agit pas de construire un récit continu, exhaustif, ce qui est une chose impossible. Le programme est donc construit dans un ordre chronologique, autour de moments forts et de traits marquants des sociétés du passé, qui permettent de mieux comprendre le monde actuel. De plus, le repérage dans le temps fait toujours partie des compétences à travailler au collège. En effet, la compétence « Se repérer dans le temps et dans l’espace » demande :
Le projet de programme est donc bien chronologique, ce que n’est pas toujours le programme actuel. En effet, aujourd’hui, Charlemagne (VIIIe-IXe siècles) est étudié en 6e tandis que les débuts de l’islam (VIIe siècle) sont abordés en 5e. Mais, à la différence des programmes actuels, le projet ne prévoit pas de liste de repères chronologiques et spatiaux que tous les élèves devraient maîtriser en fin de collège. Actuellement, ces repères communs sont construits de la 6e à la 3e, et les élèves sont interrogés sur certains d’entre eux (quel que soit le niveau où ils ont été étudiés) lors de l’épreuve du Diplôme National du Brevet. Ce projet de programme est aussi thématique. Les thèmes seront simplement traités dans l’ordre chronologique. Les enseignants ont l’habitude de contextualiser les sujets étudiés et de faire apprendre aux élèves les grands repères chronologiques : les différents sujets qui composent les thèmes seront eux aussi organisés dans un ordre chronologique et jalonnés de repères. 4.1.6 Ce projet est-il définitif ? Une consultation sur les projets de programmes s’est déroulée du 11 mai au 12 juin 2015 : les enseignants ont pu faire remonter leurs remarques. Sans attendre la fin de la consultation, le Ministère a nommé un comité d’historiens chargé de superviser la rédaction finale de ce programme. Le projet a ensuite été réécrit, avant d’être présenté au Conseil Supérieur de l’Education les 8 et 9 octobre 2015. 4.2 Des horaires maintenus… mais des incertitudes Le projet ne prévoit pas de changement de l’horaire d’Histoire-Géographie-Enseignement moral et civique par rapport à ce qui existe aujourd’hui. En fonction des EPI organisés dans chaque établissement, le nombre d’heures des enseignements communs pourra varier sensiblement d’un collège à l’autre, d’un niveau à l’autre. A noter également, la difficulté pour l’Histoire-Géographie de participer à l’EPI Langues et cultures de l’Antiquité car l’Antiquité est étudiée en 6e… le seul niveau pour lequel il n’est pas prévu d’EPI. Le projet de programme propose un croisement entre l’Histoire et les Langues anciennes en 5e, autour du thème « Chrétientés et Islam ». Il s’agirait de travailler sur des documents latins et grecs du Moyen-Age (des chroniques notamment). Des enseignants de Français, dont la matière contribuerait à cet EPI, signalent que le latin de l’Antiquité (celui qu’ils enseignent actuellement) n’est pas le latin médiéval. De plus, faire étudier à des élèves de 5e des textes médiévaux dans des langues qu’ils n’ont encore jamais étudiées paraît peu réaliste et peu productif. Il faudrait alors se limiter à l’étude de la culture médiévale en travaillant à partir de traductions, ce qui ne semble pas être la vocation d’un EPI intitulé Langues et cultures de l’Antiquité. 4.3 Un calendrier de réforme du collège qui pose question Le calendrier de mise en œuvre de la réforme du collège reste incertain. Il semble que les programmes seront mis en oeuvre de façon simultanée à tous les niveaux dès 2016, mais aucune annonce officielle n’a été faite. Dans ce cas, des élèves qui auraient commencé l’étude du programme actuel devraient passer au nouveau programme en cours de cycle, avec le risque de perdre en cohérence. Une telle mise en place des programmes serait aussi problématique pour la préparation des cours des enseignants, qui devraient pour la plupart gérer le changement simultané sur 3 niveaux de classes, voire pour certains sur les 4 niveaux de collège, probablement sans manuel à jour (changer les manuels sur 4 niveaux est très coûteux), et tout en se coordonnant avec les enseignants d’autres disciplines pour mettre en place les nouveaux EPI. Dans le cas d’une mise en œuvre progressive (6e en 2016, 5e en 2017, etc.) , les programmes actuels devraient s’adapter aux EPI. Or ces programmes sont bien plus lourds que ceux prévus par la réforme du collège, la plupart des thèmes devant être traités en 3 ou 4h de cours seulement. Quels thèmes pourraient donc faire l’objet d’un EPI, et surtout comment traiter les autres thèmes du programme après avoir amputé l’horaire de l’enseignement commun (un EPI auquel l’Histoire-Géographie contribuerait à hauteur de 0h30 par semaine, estimation basse, représenterait 18h d’enseignement sur l’année) ?
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